S’abstenir de commettre des erreurs pour ne pas avoir à demander le pardon

Avr 21, 2024 par

İbrahim Emiroğlu

Nos ancêtres disaient : « Il est impossible qu’un serviteur soit sans défaut » et « Les individus peuvent s’égarer ».

Le musulman, en tant qu’être humain, n’échappe pas à cette règle.

D’ailleurs, notre Prophète Bien-aimé (r) a annoncé cette réalité humaine en déclarant : 

« Tous les fils d’Adam sont fautifs. »

Il fait suivre cette affirmation par cette autre déclaration :

« Et les meilleurs des fautifs sont ceux qui se repentent ».[1]

Notre Prophète Bien-aimé (r) nous a, en tout temps et avec persistance, encouragés à nous abstenir de commettre des erreurs et à nous repentir aussitôt que nous en commettons.

Il nous a aussi mentionné l’infinie miséricorde d’Allah, Son pardon et l’ampleur de la porte du repentir. C’est pour cela qu’un musulman ne sous-estimera pas son erreur et la corrigera immédiatement.

Il ne sied pas au bon musulman de se préoccuper des erreurs des autres plutôt que des siennes. L’une des qualités et capacités supérieures des humains est celle de « se corriger ». Il convient à l’être humain, et en particulier au musulman qui vise le plus excellent, de corriger chaque erreur qu’il commet et de manifester son talent supérieur à cet égard. Au lieu de persister à commettre une erreur, il faut insister pour la corriger parce que c’est un remède pour être « bon ». Ce qui devrait nous faire réfléchir et agir est la nécessité de corriger notre erreur en prenant en considération, non pas l’importance de l’erreur, qu’elle soit grande ou petite, mais l’étendue de la miséricorde d’Allah Tout-Puissant qui nous pardonnera cette erreur. En fait, un musulman ne peut pas sous-estimer son erreur.

Un hadith rapporte que notre Prophète Bien-aimé (r) a déclaré :

« Certes, le croyant voit ses péchés comme s’il était assis sous une montagne craignant qu’elle ne tombe sur lui, et certes, le pervers voit ses péchés comme une mouche qui passe vers son nez et alors il fait comme cela ». (Abû Shihâb a alors expliqué cela en faisant un geste de la main au-dessus de son nez.)[2]

En bref, le bon musulman n’est pas celui qui ne commet jamais d’erreurs, mais celui qui s’excuse pour l’erreur qu’il a commise ou qui cherche des moyens de se faire pardonner cette erreur.

L’humain est un être social et civilisé. C’est une créature qui peut être bien éduquée, qui peut parfaitement organiser la vie sociale et qui a la capacité d’entretenir des relations à un niveau humain. L’une des caractéristiques qui semble simple et sans importance, mais qui montre la position d’une personne dans la vie civile et sociale, est le fait de savoir demander pardon.

Ces demandes ne doivent pas être présentées uniquement par ceux qui ont une position sociale modeste, un statut inférieur et qui sont inférieurs en termes de rang et de position. Face aux injustices, aux méfaits et aux erreurs commises, le gouvernement, et même l’État, devraient présenter des excuses. On voit que des États procèdent à des restitutions, notamment en cas d’injustice, et que le nom de la personne lésée est donné à diverses zones, places ou bâtiments comme symbole de réparation.

Demander le pardon ne diminue pas l’individu. Au contraire, cet acte le magnifie et l’exalte. Notre Prophète Bien-aimé (r) ‒ qui était connu pour son innocence, sa protection contre les erreurs, et qui traitait les gens avec beaucoup de gentillesse ‒ a présenté ses excuses en s’adressant à la foule dans un de ses sermons.

« Musulmans, si j’ai frappé quelqu’un de vous, voici mon dos ; qu’il me frappe. Si quelqu’un a été outragé par moi, qu’il me rende injure pour injure. Si j’ai pris à quelqu’un son bien, tout ce que je possède est à sa disposition ; qu’il reprenne ce qui lui est dû. Qu’on ne craigne pas en cela de s’attirer ma haine, la haine n’est pas dans mon caractère. » (Muhammad Hamidullah, Le Prophète de l’Islam, Istanbul, 1980, Vol. II, 1165).

Que nous apporterons nos demandes d’excuse ?

Être capable de demander le pardon montre que nous réalisons que nous sommes avant tout des êtres humains. Cela nous fait comprendre que nous ne devons pas nous considérer comme étant supérieur à quiconque ; cela crée aussi en nous le désir et la volonté de ne plus commettre de telles erreurs.

La capacité de demander le pardon nous oblige en plus à être honnêtes, et enfin, cela nous apprend à valoriser et à respecter les autres.   

La personne à qui on demande le pardon doit être une personne respectable. La personne respectée sera toujours respectueuse avec les autres. La base de l’ordre social est le respect mutuel. En fin de compte, le fait de pouvoir demander le pardon améliore l’opinion que nous avons de nous, nous fait gagner la compréhension du respect des autres, et enfin cela ouvre la voie à un fonctionnement convenable de l’ordre social. 

La question du repentir et de la demande de pardon à Dieu, sur laquelle notre religion insiste, est en fin de compte un aveu de culpabilité, une déclaration de regret et une demande d’excuse. Un croyant qui sait demander le pardon d’Allah doit également savoir demander aux gens leur pardon.

En examinant notre vie, nous pouvons remarquer que nous demandons le pardon à quelqu’un si on lui marche sur le pied ou si nous avons sali sa tenue vestimentaire, mais en revanche, nous ne penserons pas à demander le pardon à autrui pour lui avoir rendu la vie misérable ou pour lui avoir assombri ses perspectives d’avenir.

Le fait qu’un individu puisse demander le pardon est un aveu et une reconnaissance de son impuissance. C’est une expression de son honnêteté et de sa sincérité et, à cet égard, c’est une vertu. La société humaine doit également être transformée en un cercle de personnes vertueuses.

Notre système d’éducation, notre politique et nos médias ont une responsabilité à cet égard. Parfois, des écrits mensongers ou de fausses nouvelles sont propagées délibérément et dans le but de calomnier autrui. Et, plus tard, lorsque la vérité est révélée, personne n’a la décence de s’excuser. Pourtant, pour donner l’image d’une personne honnête, il faut savoir demander le pardon.

C’est une maladie grave et un trouble lié à la personnalité d’une personne de ne pas savoir demander le pardon. Une lutte de plusieurs manières est nécessaire pour sauver la nation de cette grave maladie.

Comme nous venons de le dire, la question du repentir et de la demande de pardon à Dieu, sur laquelle notre religion insiste, est en fin de compte la déclaration d’amende honorable et la demande de pardon.

Un croyant qui sait demander le pardon à Allah devrait également savoir s’excuser auprès des gens.

C’est pour cela que le croyant qui ne remplit pas ses responsabilités religieuses sera blâmé par Allah, les politiciens qui ne peuvent pas mettre en œuvre ce qu’ils ont promis seront blâmés par la nation, les enfants irrespectueux le seront par leurs parents, comme le seront les petits-enfants qui ne parviennent pas à protéger leur héritage et le souvenir de leurs grands-parents, le conjoint qui n’est pas respectueux et affectueux, les enfants dont les parents n’agissent pas avec compassion, l’employeur qui ne verse pas l’intégralité de ses droits à son salarié, l’employé brutalisé par son chef,  le fonctionnaire qui ne fait pas son devoir fidèlement, le professeur qui ne prépare pas bien son cours et, conséquemment, l’élève qui ne réussit pas son cours parce que son professeur et ceux qui l’ont formé attendent de lui qu’il obtienne son diplôme, le passager qui dérange son entourage et les autres passagers, le chauffeur grossier avec les passagers qu’il transporte, Les commerçants qui n’agissent pas avec honnêteté et sympathie envers leurs clients… Tous devraient savoir demander le pardon.

Ne pas avoir la décence de demander le pardon est une maladie grave.

Iblis est maudit dans le Coran parce qu’il est devenu arrogant, s’est opposé à Allah et n’a pas renoncé à ses erreurs. Il nous est interdit, à nous les croyants, de suivre sa voie.

Alors, tous ensemble, essayons de ne pas commettre d’erreurs et si, accidentellement nous en commettons une, ou que nous soyons injustes, sachons immédiatement demander le pardon en surmontant notre arrogance et notre fierté qui nous en empêchent et vivons dans l’unité et dans la paix.


[1] Sunan Ibn Maja, Zuhd, 2451 ; At Tirmidhî, Qiyama, 2499, etc… (N.d.T.)

[2] Al-Bukharî, Tawba, 6308. (N.d.T.)

Articles liés

Tags

Partager

Exprimez-Vous