La pureté et la sincérité de l’intention

Déc 23, 2023 par

Sâdik Dânâ

Allah Tout-Puissant a ordonné :

« Il ne leur a été commandé, cependant, que d’adorer Allah, Lui vouant un culte exclusif.»1

«C’est à Allah qu’appartient la religion pure.»2

Le Messager d’Allah r déclare :

«Allah dit : La sincérité est l’un de Mes secrets. Je la place dans le cœur du serviteur que J’aime.»

Ahmad ibn Hadrawayh a vu Allah Tout-Puissant lui dire dans un rêve :

« Tous les gens attendent de Moi des faveurs, seul Abu Yazid ne veut que Moi.».

Shibli a lui aussi rêvé qu’il demandait à Ahmad ibn Hadrawayh :

« Qu’est-ce qu’Allah t’a fait ? »

Il dit : « Il s’est un peu fâché contre moi, parce qu’une fois j’ai prononcé cette parole :

« Qu’y a-t-il de plus malheureux que celui qui est privé du paradis ? »

Dieu m’a dit :

« Non, tu devrais plutôt dire qu’y a-t-il de plus malheureux que celui qui est privé de la vue de Ma Face Sublime. ».

L’INTENTION VAUT MIEUX QUE L’ACTE

                « L’intention vaut mieux que l’acte. L’intention qui pousse un serviteur à adorer Dieu peut être soit sa crainte de l’enfer ou soit son aspiration aux jouissances du paradis. Celui qui adore Dieu pour gagner le paradis est comme celui qui travaille pour remplir son estomac. Il n’hésitera pas à aller là où il pourra trouver ce que désire son estomac. Quant à celui qui adore Dieu par crainte de l’enfer, il est comme un mauvais esclave qui travaille juste par peur.

                Mais en fait aucun des deux ne peut être considéré comme étant un serviteur qui a agi pour Allah I. Le serviteur bien-aimé est celui qui accomplit ce qu’il fait pour Allah, et non pas pour le paradis ou par crainte de l’enfer. Il est comme celui qui admire son bien-aimé parce qu’il l’aime, sans attendre de lui amour, or ou argent. L’intention de celui qui admire son amant pour l’or et l’argent est alors l’or et l’argent.

                Ceci dit, ceux qui adorent Dieu pour Sa Beauté et Sa Majesté ne peuvent pas avoir de telles intentions biaisées. L’adoration de tels serviteurs devient une contemplation dans la beauté divine et un entretien avec Dieu Tout-Puissant. Tels sont en vérité les sages vertueux, les amis d’Allah. »

                Nous devons accomplir nos devoirs de servitude pour l’amour et la majesté d’Allah. Les actions accomplies à d’autres fins que celles-ci ne seront d’aucun profit. L’adoration, si elle est faite pour Allah, aura une grande valeur. Mais si elle est accomplie pour obtenir la faveur ou la bienveillance d’autrui, elle provoquera la colère d’Allah, et ces actes d’adoration apparemment parfaits conduiront même leur propriétaire à l’enfer.

                Quelle que soit l’intention qui précède les actes d’adoration, la récompense sera conforme à l’intention et à la sincérité du serviteur. Ceux qui accomplissent leurs devoirs avec une intention sincère recevront les bénédictions de ce monde et celles de l’au-delà. Ceux qui ne sont pas sincères dans leurs intentions connaitront l’opprobre pour leur manque de sincérité.

                En plus de récompenser Ses serviteurs pour la sincérité avec laquelle ils accomplissent les actes d’adoration, Allah évalue aussi leurs intentions pures et saines. Gloire à Dieu !

C’est un acte sublime d’aimer Allah l’Exalté, d’avoir de bonnes pensées envers Lui et de s’abandonner à Lui. De même, le fait d’aimer le bien-aimé Prophète r, la plus noble des créatures, les membres de Sa famille (Ahl al-Bayt) et ses Compagnons t, et d’avoir de bonnes intentions envers eux dénote d’une grande grâce divine à notre égard.

Quelle grande vertu que d’aimer les saints, de nourrir de bonnes intentions envers eux, et de leur manifester de la déférence.

Allah, Glorifié soit-Il a dit : « Je suis tel que Mon serviteur M’estime… »3

                Un pécheur qui espère le pardon d’Allah et nourrit de bonnes pensées, est plus proche de Dieu que le dévot qui tombe dans le désespoir au point de ne plus espérer de la miséricorde d’Allah. Un des pièges de Satan est toujours de tromper les croyants en les poussant au désespoir.

Le Messager d’Allah  déclare :

« Allah a réparti la miséricorde en cent parties. Il en conserva quatre-vingt-dix-neuf auprès de Lui et en fit descendre une seule sur terre. C’est grâce à cette partie que les créatures font preuve de miséricorde les unes envers les autres, au point que la bête soulève sa patte de peur d’écraser son petit. » 4

LE MARTYR, LE SAVANT ET LE RICHE

                Selon la narration d’Abou Hourayra t, le noble Messager d’Allah a dit :

« Le premier à être jugé au Jour de la Résurrection sera un homme mort en martyr. On le fera venir devant Allah qui lui rappellera Ses bienfaits en sa faveur qu’il reconnaîtra.

Alors, Allah lui demandera : « Qu’as-tu fait ? »

Il répondra : « J’ai combattu pour Ta cause jusqu’à mourir en martyr ! »

Allah lui répondra : « Tu mens ! En fait, tu as combattu afin que les gens disent : C’est un brave, un homme courageux ! Et ils l’ont dit. »

Puis, on ordonnera qu’il soit traîné sur son visage et jeté en Enfer. Ensuite, on fera venir un autre homme qui avait appris sa religion puis l’avait enseignée et avait mémorisé le Coran. Allah lui rappellera Ses bienfaits qu’il reconnaîtra et Il lui demandera : « Qu’as-tu fait ? »

Il répondra : « J’ai appris ma religion, je l’ai enseignée aux autres et j’ai mémorisé le Coran pour Toi ! »

Allah lui dira : « Tu mens ! Tu t’es plutôt instruit afin que l’on dise : C’est un savant ! Et tu as appris le Coran afin que l’on dise : Il récite bien le Coran ! Et tout cela a effectivement été dit. »

Puis on ordonnera qu’il soit traîné sur son visage et jeté en Enfer. Enfin, on fera venir un troisième homme qu’Allah avait favorisé en lui accordant toutes sortes de biens et de richesses. Allah lui rappellera Ses bienfaits qu’il reconnaîtra et Il lui demandera : « Qu’as-tu fait ? »

Il répondra : « Je n’ai négligé aucune des voies, dans lesquelles Tu aimes que l’on dépense ses biens, sans y avoir dépensé de mes biens pour Toi ! »

Allah lui répondra : « Tu mens ! Au contraire, tu as dépensé ton argent pour qu’on dise de toi : Il est généreux ! Et c’est ce qui a été dit. »

Puis, on ordonnera qu’il soit traîné sur son visage et jeté en Enfer. «5

DURANT LA BATAILLE DE TABUK

Toujours selon Abou Hourayra , le Messager d’Allah a dit :

                « Celui qui acquiert pour des profits mondains des connaissances qui servent à gagner l’agrément d’Allah, le Tout-Puissant et l’Exalté, ne sentira pas l’odeur du Paradis le Jour du Jugement. «6

D’après Abou Abdallah b. Jabir b. Abdullah al-Ansari  a dit :

« Nous étions avec le Messager d’Allah r à l’expédition de Tabouk lorsqu’Il a dit :

“ Il y a certainement à Médine des hommes qui, dans vos marches et dans toutes les vallée que vous traversez, sont avec vous. Ce sont ceux qui y ont été retenus par la maladie” »

Dans une autre version : « Ils partagent avec vous le salaire de vos œuvres ».

Selon le rapporta d’Al Boukhari, Anas t a dit :

Nous revenions de la bataille de Tabuk avec l’Envoyé de Dieu r qui a dit :

« Des gens derrière nous à Médine, il n’est pas un sentier de montagne ou de vallée qu’on parcourt sans qu’ils soient avec nous. C’est en effet une excuse valable qui les a retenus.»7

L’imam Abu ‘l-Kasim al-Qushayri raconte :

Après la mort du sultan de Khorasan, et celle de l’un des héros Amr bin al-Lays, connu sous le nom de Saffar, quelqu’un vit en rêve ce dernier et lui demanda :

« Quel traitement Dieu t’a-t-il réservé ? »

Il répondit : « Dieu m’a pardonné ! »

« Comment Dieu t’a-t-il pardonné ? Qu’as-tu fait durant ta vie pour que Dieu te pardonne ? »

Il raconta :

«Un jour, j’ai gravi une haute colline. J’y ai vu mes soldats. J’ai été si fier de leur grand nombre et j’ai été ému en éprouvant le désir d’exister à l’époque du Messager d’Allah pour combattre à ses côtés dans les batailles qu’il a livrées. Pour cela, Allah m’a récompensé en pardonnant mes péchés. » »

L’INTENTION EST L’ESSENCE DE L’ACTION

Omar ibn al Khattab r rapporte :

« Le Messager d’Allah a dit :

“ Les actions ne valent que par les intentions et chacun n’a pour lui que ce qu’il a eu réellement l’intention de faire. ”»8

Nous observons que les intentions des gens de notre époque divergent selon la nature des événements lorsqu’ils se produisent. Par exemple, en cas d’incendie, tout le monde se précipite avec enthousiasme sur les lieux.

Certains se rendent sur les lieux avec sincérité et de bonnes intentions. S’il y a des personnes à secourir ou des biens à préserver, ils risquent leur vie et pénètrent dans les lieux en flamme pour l’amour d’Allah.

D’autres sont miséricordieux, s’attristent face à la situation, veulent être bénéfiques, mais puisqu’ils n’ont pas la compétence, ils ne peuvent rien faire.

Certains accourent juste pour regarder ce qui se passe car ils ne sont que des badauds indifférents qui ne s’attristent pas.

D’autres courent sans savoir la raison de ce qui s’est passé parce qu’ils voient les autres courir

Un autre groupe de personnes se précipitent en étant animées de mauvaises intentions. Dans cette tourmente, leur seul souci est le pillage.

La situation est la même dans les accidents de circulation, les tremblements de terre et les catastrophes similaires.

La situation est la même dans les accidents de circulation, les tremblements de terre et les catastrophes similaires.

La personne qui se précipite pour aider avec de bonnes intentions, même si ne peut pas aider, elle verra toujours la récompense de sa pure intention.

Regardez ce grand sultan et commandant Amr Ibn al-Lays que nous avons mentionné plus haut! Bien qu’apparemment, il ne participa pas aux batailles du noble Prophète r, il mérita l’agrément d’Allah et a été récompensé pour ses intentions pures, saines et sincères.

Les degrés spirituels sont gravis avec la pureté de la foi et de l’intention. Tout est conquis avec l’aide d’Allah Tout-Puissant.

Les degrés spirituels sont gravis avec la pureté de la foi et de l’intention. Tout est conquis avec l’aide d’Allah Tout-Puissant.

Il est le Gardien et l’Assistant de celui à qui Il accorde cette grâce.

LA VISITE DES TROIS PERSONNES CHEZ YUSUF HAMEDANI

                Le maître Mahmud Sami répétait souvent la légende suivante :

Un jeune désirait rendre visite à sa sainteté Yusuf Hamedanî, pour bénéficier de son état spirituel et recevoir ses prières

Finalement, il prit sa décision et fit part de cela à son voisin tailleur qui lui dit : « Je voudrais venir avec toi car il y a une hésitation dans mon cœur au sujet de ce serviteur. Cet homme est-il vraiment un ami d’Allah ou pas ? Je veux connaître la vérité ».

Ils se mirent en route pour la réalisation de cet objectif et, en cours de chemin, ils rencontrèrent un érudit qui leur demanda : « Où allez-vous ? »

Ils répondirent : « Nous allons rendre visite à un homme appelé Yusuf Hamedanî. » Alors le savant malintentionné leur dit :

« Depuis longtemps, je cherche à rencontrer cet homme pour l’embarrasser, l’humilier et le rabaisser avec les questions que je lui poserais ».

Les trois firent ensemble le même chemin avec en apparence le même objectif, à savoir la visite…

Mais leurs intentions étaient différentes.

Le jeune voulait visiter l’homme pieux avec une intention pure, le tailleur avec l’intention de dissiper ses doutes, et l’érudit avec l’intention de l’embarrasser et le rabaisser

Finalement, ils arrivèrent à l’endroit où se trouvait cet ami de Dieu. Ils y furent reçus dans la salle des visiteurs et la porte de la salle fut fermée.

Ils restèrent assis un moment, leur curiosité et leur excitation augmentèrent. Il y avait une grande colonne au milieu de la pièce. Bien que la porte sot fermée, sa sainteté Yusuf Hamedanî fit son apparition sur la colonne.

Après avoir observé le silence pendant un moment, il se tourna d’abord vers le jeune homme et s’adressa ainsi à lui :

« Mon fils, Louanges à Allah ta vie mondaine et céleste semblent être prospères.»

Et il lui fit des compliments et eut pour lui une grande considération. Ce jeune homme à l’âme pure sera plus tard le célèbre Abdulkadir Geylani .

Puis, il se tourna vers le tailleur, qui avait des doutes dans son cœur, et lui dit :

« Je sais que tu es venu dans le but de me tester. Tu subiras de nombreuses épreuves dans ce monde. Mais à la fin, tu préserveras ta foi. »

Enfin, il se tourna vers le savant arrogant qui était animé d’intentions malsaines et lui dit :

« Tu connaitras la ruine dans ce monde, et tu seras incapable de préserver ta foi et mourras mécréant. »


1. Sourate Al Bayinah, verset 5.

2. Sourate az-Zumar, verset 3.

3. Muslim, Al Hadh ala Dhikr Allah, 4832.

4. Al Boukhari, Kitab-ul-Adab, 6000.

5. Riyad as-sâlihîn, 1617; Muslim, Al Imara, 1905

6. Riyad al-Sâlihîn, 1620; Abu Dawud, Al Ilm, 3664.

7. Riyad as Salihin, 4; Al Boukhari, Al Maghazi, 1423; Muslim, Imara, 1911.

8. Riyad as Salihin, 1; Al Boukhari, Al Iman wal Nudur, 6689; Muslim, Imara, 1907

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