Les récits renferment les secrets du paradis

Nov 26, 2023 par

Aydın Başar  

La narration des récits est une méthode dont fait usage le Saint Coran. Les récits de nombreux prophètes et tribus sont rappelés dans le Coran. À travers les récits, le Coran soumet les réalités et les vérités les plus importantes à la compréhension du lecteur. Les croyants lisent ces récits, les apprennent et en tirent des leçons de sagesse. Il est impossible de connaitre la communauté islamique, les valeurs morales islamiques, et même de comprendre l’histoire de l’humanité sans connaître les récits du Coran.

De nombreux grands savants islamiques, à l’instar de Mawlânâ Jâlal ud-Dîn Rûmî et Sadi Shirazî, procédaient par la narration des récits et paraboles pour exprimer les vérités. En effet, les récits et les paraboles sont des méthodes efficaces qui touchent les sens d’une personne et facilitent un bon apprentissage. Les histoires et les paraboles s’avèrent d’une grande importance surtout dans l’éducation des enfants et des familles. Les parents, les éducateurs et nos enseignants qui prêchent la bonne parole et dispensent des conseils, utilisent le plus souvent cette méthode.

Si vous souhaitez que le sujet que vous expliquez pénètre les cœurs, vous pouvez procéder par la narration d’un bon récit sur ce sujet, car vous atteindrez votre but beaucoup plus facilement. Vous pouvez faire usage des légendes et paraboles pour véhiculer des leçons de sagesse et des idées nobles. Les récits instructifs n’ennuient pas ceux qui les écoutent ou les lisent, et de surcroît, ils leur permettent d’avoir une très bonne expérience de vie en peu de temps. C’est pour cette raison que les récits sont devenus des outils indispensables d’éducation pour les maîtres soufis. De nombreux grands savants soufis ont profité de la méthode de narration de récits pour enseigner des leçons de sagesse à leur auditoire.

Pour tirer des leçons de sagesse

Certains récits sont basés sur des faits vécus et d’autres sont juste des contes inspirés de faits imaginaires ; il y a des récits dont nous connaissons les auteurs et d’autres qui nous sont parvenus de façon anonyme et qui ont été transmis d’oreille à oreille. Les anecdotes et les histoires racontées à titre éducatif ne doivent pas nécessairement être basées sur des faits réels. Il suffit que cela soit éducatif et instructif.

Mawlânâ Rûmî a exprimé ce point d’une manière frappante dans son Mathnawi. Il a déclaré qu’une personne sage, plutôt que de s’accrocher à l’authenticité d’un fait, devrait chercher à comprendre la leçon de sagesse qu’il renferme. Il raconte :

« Comment Dinme le muet communique-t-il avec Kelile ? Comment Dinme, incapable de parler, exprimait-il son intention à Kelile ? Admettons qu’ils se comprenaient mutuellement ; mais nous, en tant qu’humain, comment pouvons-nous comprendre ce que ces animaux se disent sans exprimer un mot ? Comment Dinme a-t-il joué le rôle de messager entre le lion et le bœuf, et comment les a-t-il persuadés tous les deux ? Comment le bœuf si intelligent est-il devenu le Premier ministre du lion ? Comment l’éléphant a-t-il eu peur du massacre de l’ours ? L’histoire de Dinme et Kelile n’est que mensonge. Sinon, ne dis pas : ‘Qu’est-ce que le corbeau a à faire avec la cigogne ? Comment peut-il avoir un combat entre eux ?’ Sache que le récit est comme une balance, c’est son contenu qui importe. Le sage prend le contenu et s’en passe du reste. Écoute le récit du rossignol et de la rose ; il n’y a aucun échange de mots entre eux, mais c’est un très beau récit.

Il s’agit là du parler et de la compréhension du langage des sens. Écoute ce qui est arrivé à la bougie et à l’hélice et tire des leçons de ce récit ! Il n’y a pas d’échange de mots entre elles, mais il y a le secret et le sens du mot. Ne sois pas comme le hibou en volant bas, prend des ailes et vole vers de hauts horizons. »[1]

Mentionner la vie exemplaire des vertueux

Abdul Fattah et Abû Gudda, qui ont commenté le livre d’Al-Muhasibi “Risala al-Mustarshidin”, ont abordé dans la préface de la deuxième édition un très bon sujet à propos de l’importance des récits et y ont mentionné ceci :

Junayd-i Baghdadi a dit :

“ Les récits représentent l’une des armées d’Allah. Grâce aux récits, Il affermit les pas de Ses serviteurs proches et les stabilisent sur le chemin de droiture. ”

L’Imam Abû Hanifa a dit :

« Les histoires des érudits sages et leurs vies exemplaires me plaisent plus que de nombreux aspects du fiqh[2]. Car ces histoires mettent à nu leurs bonnes manières et leur moralité noble.

Les versets coraniques suivants soutiennent ce point de vue :

 » Voilà ceux qu’Allah a guidés : suis donc leur direction ! »[3]

Dans leurs récits, il y a certes une leçon pour les gens doués d’intelligence. ”»[4]

Muhammad b. Yunus a dit :

« Je n’ai jamais rien vu de plus bénéfique pour le cœur que de mentionner la vie exemplaire des vertueux. « 

Malik b. Dinar a dit :

« Les récits renferment les secrets du paradis. « 

Un autre serviteur pieux a également déclaré :

« Racontez beaucoup d’histoires au sujet des vertueux. Car ils sont comme des perles. Peut-être serez-vous aussi une perle unique parmi ces perles. « 

Sufyan b. Uyayna a dit :

« Quand on mentionne le nom des pieux, la miséricorde descend. »[5]

La narration des récits est une méthode coranique.

Comme l’a souligné Abû Hanifa, la narration des récits est avant tout une méthode coranique. La narration des récits est une méthode dont fait usage le Saint Coran. Les récits de nombreux prophètes et tribus sont rappelés dans le Coran.

À travers les récits, le Coran soumet les réalités et les vérités les plus importantes à la compréhension du lecteur. Les croyants lisent ces récits, les apprennent et en tirent des leçons de sagesse. Il est impossible de connaître la communauté islamique, les valeurs morales islamiques, et même comprendre l’histoire de l’humanité sans connaître les récits du Coran. Celui qui n’aura rien appris des récits coraniques ne comprendra rien de la littérature islamique. Car la littérature islamique regorge de nombreuses notions qui font référence aux histoires des prophètes.

Tout comme notre bien-aimé Prophète (r) racontait souvent des récits, il n’a pas interdit non plus la narration des histoires des enfants d’Israël à des fins éducatives. À cet égard, le Pr. Dr. Yaşar Kandemir donne l’explication suivante :

« Puisque le Prophète nous a enseigné ceci : « Vous pouvez raconter les récits exemplaires venant des enfants d’Israël en disant « Ils ont dit ceci, ils ont avancé cela » ; Il n’y a rien de mal à cela[6] », il est donc plausible que les histoires venant des enfants d’Israël soient racontées. Cependant, il n’est pas juste d’évaluer ces histoires en disant telle partie est authentique, telle partie est fausse. En effet, le Messager d’Allah (r) a dit :

« Ne confirmez ni ne niez les Gens du Livre ! Dites seulement “Nous croyons en Allah et en ce qui nous a été révélé ! »[7]

Certaines personnes peuvent penser que les récits ne sont efficaces que pour les enfants et les adolescents. Cependant, tout au long de l’histoire, la narration des récits a traditionnellement été utilisée comme méthode d’éducation des personnes de tout âge, et elle continue de l’être. Les anecdotes et paraboles sont devenues indispensables non seulement pour l’éducation des enfants, mais aussi pour les cercles scientifiques et les cours à tous les niveaux.


[1]Mathnawi, c.2, p.277.

[2]En islam, désigne la « compréhension » de la charia, à savoir le droit positif regroupant tous les aspects de la vie, religieux, politiques et privés.

[3]Sourate Al-An’âm, verset 90.

[4]Sourate Yûsuf, verset 111.

[5]Al-Muhasibi, “Un guide pour ceux qui recherchent la vérité, Extrait de la préface d’Abû Gudda, Traduction de Mehmet Odabaşı, p. 21.

[6]Al-Bukhârî, Anbiyâ 50, nr. 3461.

[7]Al-Bukhârî, Tafsîr 2/11, 4485 ; Prof. Dr. Mehmet Yaşar Kandemir, Hadis Karşıtları Ne Yapmak İstiyor (Ce que veulent faire les opposants au Hadith), 234.

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