Qui sont les Serviteurs du Miséricordieux ?

Sep 24, 2021 par

« Les serviteurs du Miséricordieux sont ceux qui marchent humblement sur terre, qui, lorsque les ignorants s’adressent à eux, disent : «Paix», qui passent les nuits prosternés et debout devant leur Seigneur ; qui disent : «Seigneur, écarte de nous le châtiment de l’Enfer». – car Ton châtiment est permanent! Quel mauvais gîte et lieu de séjour ! »[1]

L’une des belles qualités que le Coran utilise pour louer les croyants est l’expression « Serviteurs du Miséricordieux ».

Dans ces versets, commençant par «Les serviteurs du Miséricordieux», sont contées les qualités morales supérieures que devraient avoir ceux qui s’élèveront à ce niveau spirituel.

Tout d’abord, la façon avec laquelle ils marchent est évoquée. Les serviteurs du Miséricordieux sont des personnes douces et courtoises dans leur façon d’agir, et humbles dans leur allure et leur démarche sur terre. Ils ne sont pas autoritaires, hautains, arrogants, irrespectueux, grossiers et durs ; bien au contraire, ils marchent calmement, avec dignité, modestie, politesse et douceur. Ils ne causent pas de tourment ou de détresse autour d’eux, ils ne trébuchent pas, et marchent en répandant la confiance et la paix avec une attitude de prudence, de respect et de compassion. Ils ne se forcent pas en marchant, et ne se donnent pas du genre dans leurs faits et gestes. Ils ne sont ni arrogants ni vantards. Ils ne marchent pas le nez en l’air et ne bombent pas le torse ni ne se dressent sur leurs ergots. Car, comme tous ses comportements, la démarche d’une personne est aussi un indicateur de sa personnalité et de ses sentiments. Celui qui a un esprit normal est sûr de lui, déterminé et sérieux et reflète ces caractéristiques dans sa démarche. Il marche donc normalement, confiant, sérieux et déterminé. Sinon l’expression « ils marchent humblement sur terre » ne veut pas dire qu’ils marchent comme s’ils étaient morts, le cou courbé et les épaules tombantes.[2]

Lorsque le Messager d’Allah (pbsl) marchait, il avançait d’un pas agile en se tenant droit. Parmi les gens, il était le marcheur le plus rapide, le plus beau et le plus calme.

Abû Hurayra r.a. relate :

« Je n’ai jamais vu une personne plus belle que notre Prophète (pbsl). C’était comme si le soleil rayonnait sur son visage. Je n’ai jamais vu quelqu’un marcher plus vite que lui. Lorsqu’il marchait, le sol semblait se dérouler devant lui. Nous avions du mal à marcher avec lui, mais cela ne le dérangeait pas. »

‘Ali ibn Abû Taleb r.a., quant à lui, a dit ceci :

« Le Messager d’Allah (pbsl) marchait comme s’il descendait. »

Il a dit un jour :

« Même en montant, il marchait comme s’il descendait. »[3]

Telle est la marche des gens déterminés, diligents et courageux.

Deuxièmement, les serviteurs du Miséricordieux sont tels :

Lorsque les ignorants et les malappris leur adressent des propos malveillants, ils leur disent «paix». Ils disent une parole qui se termine «pacifiquement» ou bien ils parlent «pacifiquement». En raison de leur sérieux, de leur dignité, de leur détermination et de la gestion de leurs grands idéaux, ils se moquent de la folie des insensés et des ignorants. Ils n’occupent pas leur esprit et ne dépensent pas vainement leur temps et leurs efforts à discuter ou à se quereller avec des écervelés et des imbéciles. Ils évitent la compagnie des imbéciles et la pratique d’actes inutiles. Ils répondent à de telles personnes avec des paroles douces. Ce n’est pas bien sûr parce qu’ils sont faibles ou qu’ils s’abaissent ; ce n’est pas non plus par désespoir, mais à l’inverse, c’est par sentiment de supériorité qu’ils agissent avec douceur. Ils répondent avec des paroles douces parce qu’ils ne veulent pas qu’une personne respectable qui s’intéresse à des valeurs plus importantes, plus honorables et supérieures perde son temps et ses efforts dans ce genre d’inconvenance et d’incongruité.[4]

Troisièmement :

Les relations de servitude de ces beaux serviteurs, dans les nuits noires, avec leur Seigneur sont présentées. Le style d’expression dans le verset met en évidence les prosternations et les stations debout des serviteurs du Miséricordieux durant leurs prières accomplies une partie de la nuit lorsque les gens dorment. Ils passent leurs nuits à prier et à implorer leur Seigneur. Ils s’adonnent à quelque chose de plus bénéfique et de plus relaxant qu’un sommeil doux et confortable, ils s’occupent à s’orienter vers leur Seigneur et à connecter leurs âmes et leurs membres avec Lui. C’est toujours ce qu’ils font en quittant leurs lits et leurs maisons la nuit. Qu’ils se couchent ou qu’ils se lèvent, c’est toujours pour Allah. Ils passent leurs nuits, parés de sentiments de crainte révérencielle (taqwâ), de contemplation de la Grandeur et de la Majesté d’Allah, et de peur de Sa punition.

Le Messager d’Allah (pbsl) a dit :

«‏ رَحِمَ اللَّهُ رَجُلاً قَامَ مِنَ اللَّيْلِ فَصَلَّى وَأَيْقَظَ امْرَأَتَهُ فَصَلَّتْ فَإِنْ أَبَتْ نَضَحَ فِي وَجْهِهَا الْمَاءَ رَحِمَ اللَّهُ امْرَأَةً قَامَتْ مِنَ اللَّيْلِ فَصَلَّتْ وَأَيْقَظَتْ زَوْجَهَا فَإِنْ أَبَى نَضَحَتْ فِي وَجْهِهِ الْمَاءَ ‏»‏

« Qu’Allah fasse miséricorde à un homme qui se lève la nuit pour prier et réveille sa femme, puis lui passe, si elle refuse, un peu d’eau sur le visage. Et qu’Allah fasse également miséricorde à une femme qui se lève la nuit pour prier et réveille son mari, puis lui passe, s’il refuse, un peu d’eau sur le visage. »[5]

Amre[6] c, une (femme) parmi les amoureuses du Divin, allait vers son mari à l’aube et lui disait : « Lève-toi maintenant… Tu as assez dormi… La nuit est finie ; le jour est venu. Les étoiles du Haut ont commencé à tomber sur la terre. Le convoi des bons reprend sa route. Tu restes toujours couché. Tu ne pourras pas les rejoindre comme ça ! »[7]

Les louanges méritées du Tout Puissant Seigneur en faveur de ces croyants reflètent entre autres les sentiments profonds de piété qu’ils ont dans leur coeur quand ils sont debout et prosternés. Ces beaux serviteurs ne comptent pas sur leurs propres actions, mais sur la miséricorde infinie d’Allah. Alors qu’ils se tiennent devant leur Seigneur, se prosternent et imaginent le Trône du Très- Miséricordieux, leurs cœurs sont remplis de crainte d’Allah et de l’Enfer, et ils disent : «Seigneur, écarte de nous le châtiment de l’Enfer». – car Ton châtiment est permanent ! En vérité, l’Enfer est un quartier général maléfique et un lieu de résidence terrible !” C’était comme si l’Enfer avait fait son apparition, coupé le chemin à toute l’humanité, tendu les bras, ouvert la bouche et s’apprêtait à dévorer tout le monde de près et de loin. Les serviteurs pieux d’Ar-Raḥmân ont aussi peur et tremblent ; ils supplient donc leur Seigneur de les préserver de ce tourment, de leur éviter d’affronter et de subir ce tourment. Ils n’ont pas vu l’Enfer, mais ils croient à l’existence de l’Enfer ; ils visualisent l’Enfer tel que décrit dans le Coran et par notre Prophète (pbsl) et cherchent refuge auprès du Seigneur miséricordieux des mondes contre ses tourments.

En fait, cet événement qui eut lieu durant l’Âge de la Félicité est très représentatif parce qu’il montre l’effet de la peur de l’Enfer sur le cœur :

La peur de l’Enfer s’était emparée d’un jeune Ansar. Quand on mentionnait la Géhenne, il se mettait à pleurer et finalement, il se confinait chez lui.

Cette situation fut signalée au Messager d’Allah (pbsl) qui vint trouver le jeune homme.

Ce dernier regarda le Messager d’Allah (pbsl) avec envie, sauta immédiatement et serra le cou du Maître des mondes, puis remettant son âme à Dieu, s’effondra au sol.

Le Bien-aimé Prophète (pbsl) dit alors :

« Lavez votre frère et enveloppez-le dans son linceul ! La peur de l’Enfer lui a arraché le foie. Je jure par Celui qui tient mon âme dans sa main qu’Allah l’a protégé du Feu. Celui qui veut quelque chose cherche les moyens pour l’obtenir ; et quiconque a peur de quelque chose, s’en échappe. »[8]


[1].          Sourate Al-Furqân (25), versets 63-66.

[2].          Elmalılı, Hak Dini Kur’an Dili, V, 3611; Seyyid Kutub, Fi Zılâl al-Quran, V, 2577.

[3].          Cf. Ibn Sa’d, Tabaqāt al-Kubra, I, 379-380. 

[4].          Elmalılı, Hak Dini Kur’an Dili, V, 3612; Seyyid Kutub, Fi Zılâl al-Quran, V, 2578.

[5].          Abû Dâwud, Witr, 1450.

[6].          Amre bint Abdurrahmân b. Sa‘d b. Zurare al-Ansariyya an-Nejjâriyya (m. 106/724). Elle grandit en compagnie d’Aïcha c.

             (Sce : http://www.ehlisunnetbuyukleri.com/Evliyalar-Ansiklopedisi/Detay/Suriye-Sam-ZUHRI/1331).

[7].          Evliyalari Ansiklopedisi, I, 219.

[8].          Al-Hâkim, Al-Mustadraq, II, 536/3828; Ali el-Müttakî, III, 708/8526.

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