LE GASPILLAGE : La Folie de La Consommation

Juin 11, 2021 par

Prof. Dr. Hasan Kâmil Yılmaz

Dans le Saint Coran, le gaspillage est un concept qui signifie repousser la limite du raisonnable et dépasser la modestie, en d’autres termes c’est quitter la voie du milieu. Le gaspillage se produit généralement dans les domaines de la consommation tels que la nourriture, la boisson et l’habillement. Aujourd’hui, il est également possible d’ajouter des thèmes tels que les loisirs, la santé et l’environnement. Réduire la consommation à son niveau le plus bas constitue l’avarice qui est considérée comme étant une économie et un gaspillage excessifs. En fait, le sujet est expliqué comme suit dans les deux versets suivants : « Qui, lorsqu’ils dépensent, ne sont ni prodigues ni avares mais se tiennent au juste milieu. » (Al Furqan 25 :67). « Ne porte pas ta main enchaînée à ton cou [par avarice], et ne l’étend pas non plus trop largement, sinon tu te trouveras blâmé et chagriné. » (Al Isra, 17 :29). Gaspiller, c’est dépenser plus que nécessaire sans en être satisfait. Le Noble Coran contient de nombreux versets qui interdisent aux musulmans, qui sont définis comme une nation qui suit la voie médiane (al-Baqara, 2/143), de quitter l’obéissance et de tomber dans le gaspillage. En voici deux d’entre eux : « O enfants d’Adam, dans chaque lieu de Salat portez votre parure (vos habits). Et mangez et buvez ; et ne commettez pas d’excès, car Il [Allah] n’aime pas ceux qui commettent des excès. » (Al Araf, 7 : 31). C’est Lui qui a créé les jardins, treillagés et non treillagés ; ainsi que les palmiers et la culture aux récoltes diverses ; [de même que] l’olive et la grenade, d’espèces semblables et différentes. Mangez de leurs fruits, quand ils en produisent ; et acquittez-en les droits le jour de la récolte. Et ne gaspillez point car Il n’aime pas les gaspilleurs. » (Al An’am,6 :141). Le Saint Coran contient un autre concept proche du fait de gaspiller (وَلاَ تُبَذِّرْ) ce qui signifie « déverser, dépenser dans un lieu illégitime » et c’est là une autre dimension du gaspillage. Le fait de piétiner les belles mesures instaurées par notre suprême religion et faire preuve d’excès dans les actes et les comportements est aussi considéré comme faisant partie du gaspillage. C’est pour cela qu’Allah nous exhorte à faire cette invocation : « Seigneur, pardonne-nous nos péchés ainsi que nos excès dans nos comportements… » (Al Imran, 3:147). Dimensions relatives aux dégats causés par le gaspillage Le gaspillage est une frénésie de consommation, une extravagance. Tout comme la nourriture, la boisson et l’habillement, le gaspillage a atteint des dimensions remarquables dans des domaines tels que le temps, la santé et l’environnement. Le gaspillage cause de nombreux dommages matériels et spirituels tant au niveau individuel qu’au niveau sociétal. 1. Préjudice individuel causé par le gaspillage Le gaspillage provoque de nombreux dommages matériels, spirituels et psychologiques sur les personnes. Le gaspillage, puisqu’il signifie consommer plus d’un produit ou dépenser plus que nécessaire, bouleverse d’abord les budgets personnels et familiaux. Cependant, ceux qui décrivent l’économie la définissent comme «la science de la satisfaction de besoins illimités à partir de ressources limitées ». C’est-à dire que selon l’économie les besoins sont illimités mais que les ressources sont limitées. De ce fait étant donné que les ressources sont limitées le meilleur moyen de les employer est de limiter les besoins et cela se fait en évitant le gaspillage. Le gaspillage provoque également des dommages moraux et spirituels dans la vie de l’individu qui ne sont pas moins importants que ses dommages matériels et économiques. Le désir de consommation est un désir inhérent à l’homme. Ce désir amène l’homme à ambitionner de posséder des bienfaits dans ce monde et de courir après eux. La consommation et le gaspillage rendent les gens égoïstes et individualistes. Le gaspillage interdit correspond à l’appropriation et à la consommation individuelle supérieure aux besoins. Mais il n’y a pas de gaspillage dans les dépenses faites au profit d’autrui car en fait selon la notion de « générosité » qui est considérée comme une base morale, alors que la dépense faite pour soi-même est considérée comme étant du gaspillage, les dépenses faites pour autrui quelque puisse être leur importance ne sont pas considérées comme étant du gaspillage. Le gaspillage stimule l’individualité et les sentiments pragmatiques. Les gens individualistes et pragmatiques, du fait de leur compréhension de « vivre leur propre vie », sont éloignés de la compréhension du sacrifice ce qui les empêche de donner au nom d’autrui. Pourtant le fait d’atteindre sans limite tout ce que son âme désire est considéré comme étant un gaspillage. Cela car en fait le Noble Omar (r.a) demanda à son fils Abdullah (r.a) lorsqu’il le vit manger de la viande : « Quoi ! tu manges de la viande ?» Son fils (r.a) lui dit : « Oui j’en ai eu envie… » Omar (r.a) attristé lui dit : « Alors tu cèdes ainsi à tes envies mais ne sais-tu pas que notre Prophète(pbsl)a dit :« C’est gaspiller que de manger tout ce que ton âme désire ?» (Ibn Maja, Taam, 51). Les gaspilleurs sont dépourvus de la capacité de dompter leur âme ; cela les rend esclaves de leur âme au point qu’ils font de leur âme leur Dieu.En fait le Coran indique : « Ne vois-tu pas celui qui a fait de sa passion sa divinité ? Est-ce à toi d’être un garant pour lui ? » (Furqan 25 :43). « Et quand le malheur touche l’homme, il fait appel à Nous, couché sur le côté, assis, ou debout. Puis quand Nous le délivrons de son malheur, il s’en va comme s’il ne Nous avait point imploré pour un mal qui l’a touché. C’est ainsi que furent embellies aux outranciers leurs actions. » (Yunus 10 :12). Le contentement des bienfaits entraine de nouvelles quêtes et ouvrent la porte à une nouvelle insatiabilité et diminue le charme des bienfaits. Cela rend l’homme mécontent des bienfaits de ce monde. Une consommation exemplaire sans gaspillage rend les bienfaits plus charmants et attrayants aux yeux humains. La valeur des bénédictions diminue aux yeux d’une personne qui mange, porte ou consomme tout ce qu’elle veut chaque jour. Celui qui, par sa propre volonté ne tombe pas dans le gaspillage et parvient à freiner certains de ses désirs, est plus heureux car les bienfaits deviennent à ses yeux plus précieux. 2. La dimension sociale des méfaits du gaspillage Le gaspillage est une aberration qui concerne autant la société que l’individu, peut-être même plus. Au fur et à mesure que les différences de classe augmentent, le gaspillage des riches opprime les pauvres et crée un certain nombre de blessures sociales qui les mèneront au gaspillage. Cependant, les gens deviennent respectés et heureux dans la mesure où ils savent partager. La condition fondamentale de l’amour est le partage et la dévotion. C’est faire profiter aux autres des bénédictions que l’on possède. Le partage n’est pas possible pour ceux qui s’enthousiasment pour le gaspillage. C’est pour cela que le Noble Prophète (pbsl) a ordonné aux gens de ne pas gaspiller en disant comme ce récit nous l’enseigne : D’après ‘Abdallah Ibn ‘Amr (r.a) le Prophète (pbsl), alors qu’il passait près de Sa’d (r.a) qui faisait les ablutions, lui dit : « Qu’est-ce que ce gaspillage ô Sa’d ?! ». Sa’d (r.a) a dit : « Y a-t-il du gaspillage dans les ablutions ? » Le Prophète (pbsl) dit : « Oui, même si tu es au bord d’un fleuve qui coule ». (Ibn Majah, Tahar, 460). De nos jours, toutes les sortes de gaspillage, des robinets qui restent ouverts et coulent jusqu’aux déchets jetés, sont autant de plaies sociales au point qu’il est dit que la quantité annuelle de biens et d’énergie est supérieure à notre déficit budgétaire. La paix sociétale dépend de deux principes fondamentaux, l’un matériel et l’autre spirituel. Le matériel est le pouvoir économique, le spirituel est la croyance et la moralité. La puissance économique passe par l’économie, la production et la consommation sans gaspillage. Les sociétés gâtées par le gaspillage ne peuvent pas atteindre la puissance économique nécessaire pour se débarrasser de leur dette qui les asservit à la fois économiquement et culturellement et les rendant dépendants des pays étrangers. Cependant, toutes les sortes d’investissements et de dépenses réalisés au profit de la société ne rentrent pas dans le cadre du gaspillage. Raisons qui entraînent le gaspillage Le désir inhérent de consommation est une des principales raisons du gaspillage. Tant que la volonté n’est pas utilisée pour retenir ce désir, ou tant qu’il y a un environnement pour maintenir ce sentiment vivant, les individus tombent dans le gaspillage. Une des raisons qui encourage au gaspillage est l’environnement social et l’interaction des gens qui se fréquentent. De nos jours la publicité est une raison supplémentaire. Les « outils » publicitaires, qui réjouissent et plaisent aux yeux ou aux oreilles ou au deux à la fois, sont comme les moteurs de la société et de l’économie de la consommation et au-delà de leurs méfaits à savoir le gaspillage. Voie de protection contre le gaspillage Pour éviter et prévenir le gaspillage un certain nombre de tâches et responsabilités incombe à l’individu, à la communauté et aux autorités publiques et gouvernementales. 1. Au plan individuel La première façon de sauver les individus du gaspillage est l’éducation. Tout d’abord, dans la famille, puis à l’école et dans la société. Notre peuple doit être éduqué sur le gaspillage et être instruit quant aux précautions à prendre pour ne pas s’habituer à trop dépenser et trop consommer. La méticulosité à montrer concernant l’utilisation des biens ménagers et scolaires et des biens de l’État doit être enseignée, et les adultes doivent être un exemple pour les mineurs. Toutes sortes de dommages à l’environnement social et physique relèvent également du gaspillage. La conscience que les autres ont autant le droit de vivre aussi bien que nous dans un pays doit être implantée dans les cœurs et les consciences comme une valeur commune. Il ne faut pas oublier qu’il y a des individus qui sont souvent dans le besoin de produits alors qu’ils sont gaspillés et consommés excessivement par d’autres. 2. Au plan communautaire Apprendre à partager en communauté est le plus important facteur de prévention du gaspillage. Il faut savoir que la consommation n’est pas illimitée et que nous ne pouvons être respectés que si nous respectons les autres. Il faut écarter de nos esprits l’idée que « les biens de l’État sont illimités comme le sont les océans» Pour préserver les espaces et potentiels communs utilisés par la société, il faut les utiliser en tant que biens personnels. Pour protéger le potentiel individuel de santé et de loisirs, il faut produire des publications qui sensibilisent la société et instaurent de manière générale l’habitude de lire. 3. Au plan des autorités publiques et des gouvernements Il n’y a pas de production sans consommation, mais des hommes à propos desquels le devoir de préserver leur situation économique et leur niveau social de la persécution publicitaire incombe à l’État qui doit prendre des mesures pour éviter le gaspillage de temps, de potentiel et de papeterie pour ainsi les sauver du gaspillage et de la passion du luxe. Le contraire du gaspillage est l’efficacité. Il est principalement du devoir de l’État d’augmenter l’efficacité du travail, de l’industrie et de la production. Nos dirigeants, qui se plaignent parfois de la productivité de nos travailleurs, doivent savoir que le niveau de productivité des travailleurs turcs en Allemagne n’est pas inférieur à celui des travailleurs allemands. Nous avons donc un défaut à tirer de l’efficacité. Il est nécessaire de rechercher et de découvrir. Les ressources naturelles et la protection de l’environnement sont le devoir de l’État autant que des individus. La beauté naturelle de notre bel Istanbul et du golfe d’Izmit qui a été transformé en mer morte sont les plus vivants exemples de la destruction causée par la main humaine. C’est la preuve démontrant comment la nature et l’environnement ont été gaspillés. En foi de quoi c’est un gaspillage que d’utiliser inutilement et inconsciemment toutes les sortes de ressources et de possibilités. La manière de s’en débarrasser dépend de la conscience individuelle et intellectuelle, de la sensibilité de l’État et de la coopération entre le peuple et l’État. Si nous voulons vivre en paix dans notre belle patrie et laisser de bonnes choses aux générations futures, nous devons chercher et trouver des moyens de nous débarrasser de toutes les sortes de déchets en tant qu’État et nation.

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