Famille Sereine et Société Pieuse

Avr 27, 2021 par

Osman Nuri Topbaş Efendi

De l’héritage social

La vie sur Terre pour l’être humain constitue une salle de classe dont l’enjeu n’est autre que de gagner l’Au-delà. Nul n’est soumis seul à ce test, mais tout individu y est soumis.

En effet, Allah le Très-Haut, de par Son unicité (wahdaniyya) a créé toute chose par paire et a fait que les individus soient dépendants les uns des autres.

Les individus évoluent en société, en famille, avec les proches, les amis, les voisins, les personnes avec qui ils ont des relations en matière d’affaires. Par conséquent :

« La nature humaine est civilisée ; sa nature l’appelle à vivre au sein d’une famille et d’une société donnée. »

En d’autres termes, l’être humain possède intrinsèquement un fort échange avec les individus qu’il côtoie. Tout comme l’héritage qu’il reçoit de ses parents en raison de sa nationalité, il reçoit également un héritage social lié à son environnement. Si cette unité ou autrement dit si ces relations réciproques parviennent à progresser, l’influence sociétale n’en sera que plus bénéfique. Quelques maximes populaires disent :

« Le raisin s’assombrit quand on le regarde (de trop). »

« Dis-moi qui est ton ami, je te dirais qui tu es ! »

« Fais attention à ton voisin avant d’acquérir une maison ! »

De nombreuses maximes et autres proverbes abondent dans ce sens.

Pour le croyant, c’est là un enjeu fondamental parce qu’il y a une place pour gagner l’au-delà, c’est-à-dire, après avoir passé le test de ce monde d’ici-bas, jouir de la vie éternelle (ahira).

On demanda au Messager d’Allah (pbsl) :

« Ô Messager d’Allah ! Aurons-nous l’opportunité de te voir au Paradis, dans l’Au-delà ? Qui sera en ta compagnie ? »

Le Messager d’Allah (pbsl) répondit : « L’homme est avec celui qu’il aime. » (Al-Bukharî, Adab, 96).

Tout être humain se montre en conformité avec la moralité de celui qu’il aime et suit. Il fait ce qu’il fait, son cœur et son esprit ne faisant qu’un avec l’objet aimé. Relativement au sujet admiré, l’être humain définit sa propre personnalité et son existence. Et dans l’Au-delà aussi, il sera traité comme l’objet de son amour.

Tout comme le bon ami fait accéder l’individu aux sens spirituels, aux bonnes actions et au bon comportement, le mauvais ami ou la mauvaise compagnie mène irrémédiablement toute âme à l’égoïsme et à l’infidélité. Dans le Saint Coran, Allah le Très-Haut nous décrit la scène suivante :

« Puis les uns se tourneront vers les autres s’interrogeant mutuellement. L’un d’eux dira : “J’avais un compagnon qui disait : “Es-tu vraiment de ceux qui croient ? Est-ce que quand nous mourrons et serons poussière et ossements, nous aurons à rendre des comptes ?” Il dira : “Est-ce que vous voudriez regarder d’en haut.” Alors il regardera d’en haut et il le verra en plein dans la Fournaise, et dira : “Par Allah ! Tu as bien failli causer ma perte ! et sans le bienfait de mon Seigneur, j’aurais certainement été du nombre de ceux qu’on traîne [au supplice]”. » (As-Sâffât, 37 : 50-57).

Selon l’exégèse classique (tafsir), l’expression “le bienfait de mon Seigneur” signifie la grâce d’Allah en faveur de la foi et de la bonne Direction, et de l’aversion concernant le mauvais compagnon. (Abû Hayyân, al-Bahru’l-Muhît, As-Sâffât, 57).

Qui plus est, les habitants du Paradis questionneront les habitants de l’Enfer :

« Qu’est-ce qui vous a acheminé à Saqar ? » (Al-Muddaththir, 74 : 42).

Et les réprouvés répondront :

« Nous n’étions pas de ceux qui faisaient la Salat, et nous ne nourrissions pas le pauvre, et nous nous associions à ceux qui tenaient des conversations futiles, et nous traitions de mensonge le jour de la Rétribution, jusqu’à ce que nous vînt la vérité évidente [la mort]. » (Al-Muddaththir, 74 : 43-47).

En effet, l’une des choses qui mènent à l’Enfer est bien l’entente avec les désobéissants (polythéistes, malfaiteurs, pécheurs avérés…)

Aujourd’hui, certaines émissions de télévision, des images d’Internet, des émotions instillées par le monde de la mode et de la publicité font oublier l’Au-delà (et ses conséquences). Ces choses font de l’homme un esclave et un démon appartenant au monde d’ici-bas. Cela mine dans le même temps la personnalité et le caractère du serviteur [d’Allah].

C’est pourquoi tout croyant récite au moins quarante fois par jour dans sa prière : « Guide-nous dans le droit chemin, le chemin de ceux que Tu as comblés de faveurs, non pas de ceux qui ont encouru Ta colère, ni des égarés. » (Al-Fatiha, 1 : 6-7).

Le Seigneur, notre Dieu, est par conséquent notre refuge contre tout mal, contre le mal des hommes et des djinns et contre l’humeur des malfaiteurs.

Le Saint Coran dit explicitement : « Fuyez donc vers Allah […] » (Adh-Dhâriyât, 51 : 50).

Autrement dit : Fuyez tous les péchés, toutes les mauvaises actions, et courez vers Allah !

Notre Seigneur nous conseille en conséquence d’être en relation (constante) avec ceux qu’Il nous a confiés, mais aussi avec les justes et les véridiques, afin de montrer la voie du salut.

Les instructions d’Allah le Très-Haut sont à ce point très formelles :

« Ô vous qui croyez ! Craignez Allah et soyez avec les véridiques. » (At-Tawba, 9 : 119).

« Soyez avec les véridiques », selon une certaine lecture, constitue une injonction en faveur du bon maintien de la piété. Pour cette raison essentielle, se tourner affectueusement du côté des véridiques et demeurer en leur compagnie constitue le premier pas envers la loyauté. Le cœur étant un organe spirituel susceptible de perdre sa consistance selon l’environnement dans lequel il évolue, il est par conséquent indispensable que le croyant demeure auprès de ces véridiques et reste à l’écart des méchants afin de maintenir son niveau de guidance (ou de bonne Direction), de piété et d’intégrité.

Allah le Très-Haut dit aussi :

« Quand tu vois ceux qui pataugent dans des discussions à propos de Nos versets, éloigne-toi d’eux jusqu’à ce qu’ils entament une autre discussion. Et si le Diable te fait oublier, alors, dès que tu te rappelles, ne reste pas avec les injustes. » (Al-A’nâm, 6 : 68).

Bien plus encore, dans un autre verset relatif au même sujet, c’est-à-dire à l’interdiction formelle de demeurer avec les injustes et autres incroyants et hypocrites, l’avertissement suivant est sans appel :

« […] Sinon, vous serez comme eux […] » (An-Nisâ’, 4 : 140).

Le Messager d’Allah (pbsl) forma ses Compagnons par le truchement de son cœur et de ses conversations, tant et si bien que le terme sahabi et le terme conversation (suhba) sont de la même racine.

C’est dans la maison d’Al-Arqam (Dar Al-Arqam) à La Mecque, où les polythéistes étaient nombreux, qu’il (pbsl) rassemblait les croyants et les instruisait. Après l’Hégire, la Mosquée du Prophète (Al-Masjid an-Nabawî) et la Suffa[1] devinrent des lieux où les croyants se rassemblaient pour profiter de la spiritualité de la Fierté de l’Univers (pbsl). Les Compagnons virent par ce biais la consistance de leurs cœurs s’intensifier, grâce aux conversations et autres discours prononcés notamment lors des cinq prières canoniques et à d’autres occasions aussi.

Ceux qui se rendaient au marché ou aux champs s’entretenaient assidument avec leurs amis.

Les mères insistaient pour poursuivre leur conversation avec leurs fils. Hudayfa – qu’Allah soit satisfait de lui – donne un exemple probant :

« Un jour, ma mère me demanda :

  • Quand as-tu rencontré notre Prophète pour la dernière fois ?
  • Je ne l’ai pas vu depuis quelques jours, lui ai-je répondu.

Elle se mit alors en colère et me réprimanda sévèrement.

  • Ma chère maman ! Je t’en prie, ne t’énerve pas ! lui dis-je alors. Je me rendrai auprès du Messager d’Allah, prierai avec lui le soir et lui demanderai pardon en ton nom pour moi. » (Tirmidhî, Manâqib, 378 ; Ahmed, V, 391-2).

De telles mères sont assurément dignes d’une vie de remerciements. Comme signifié dans le hadith bien connu, le Paradis se trouve sous les pieds de telles mères vertueuses (saliha). Si nous désirons des enfants vertueux, nous devons être des parents vertueux.

Les femmes sahabi demandaient impatiemment aux hommes :

« Enseignez-nous ce que vous avez appris aujourd’hui du Messager d’Allah ! »

De ce fait, nombre de gens qui, à l’Époque de l’ignorance (Jahiliyya), vivaient une existence à demi sauvage et contraire à la nature sont devenus les personnes les plus vertueuses du monde après qu’elles eurent été honorées par l’Islam et eurent rencontré et conversé avec la Fierté de l’Univers (Fahr-i Kainat). Le siècle le plus vertueux fut sans aucun doute celui de la béatitude dans lequel vécurent notre Prophète (pbsl) et ses Compagnons. La vérité qui a entraîné ces hommes et ces femmes du fond de l’Océan Indien au sommet de l’Himalaya, c’est-à-dire de la plus profonde obscurité de l’ignorance au pinacle lumineux de la civilisation des vertus, était due aux conversations et à la proximité que toutes ces personnes ont eues avec notre bien-aimé Prophète (pbsl).

Tous l’écoutaient comme s’il (pbsl) était un oiseau prêt à s’envoler. Ils atteignirent une très grande maturité en cherchant à accomplir tous ses désirs. Ils l’accompagnèrent dans toutes les batailles. Ils le défendirent au prix de leur propre vie.

L’amour, la sincérité, l’effort et l’esprit de sacrifice dont ils faisaient preuve dans cette union sont également légendaires. La raison en est qu’ils se jetaient tous, corps et âme, au cœur de la bataille, uniquement pour se trouver auprès de leur Maître et Prophète (pbsl).

Voici un exemple pour illustrer ceci :

Lors de la Bataille d’Ouhoud, certains Compagnons parmi les Mouhajiroun et les Ansar se mirent à encercler le Messager d’Allah (pbsl) qu’ils aimaient tant et lui firent la confession suivante :

« Ô Messager d’Allah ! Mon visage est un bouclier devant ton visage, mon corps est sacrifié pour le tien ! Que la paix d’Allah soit sur toi en tout temps ! Jamais nous ne te quitterons[2] ! » (Ibn Sa‘d, II, 46 ; Wâqidî, I, 240).

Ainsi donc, le Messager d’Allah (pbsl) mit ce point d’honneur à vouloir préserver ses Compagnons de la société des impies.

Même après des siècles !

Ainsi donc ;

Tandis qu’une forte chaleur régnait lors de la Bataille de Tabūk, engendrant une soif intense chez les combattants, le Messager d’Allah (pbsl ) et ses Compagnons se maintenaient dans la zone nommée Al-Hijr, le site des Thamûd.

Afin de satisfaire à leurs différents besoins, les Compagnons commencèrent à puiser de l’eau dans les puits et à en faire de la pâte. Le Messager d’Allah (pbsl) leur ordonna de verser l’eau qu’ils avaient prise, de nourrir ensuite les chameaux avec la pâte qu’ils avaient confectionnée, puis de prendre l’eau du puits où la chamelle de Sâlih – sur lui la paix – était venue boire. (Al-Bukhârî, Anbiyâ, 17 ; Muslim, Zuhd, 40).

Cette attitude s’explique par le fait que le Messager d’Allah (pbsl) ne voulait pas que ses Compagnons restassent sous l’influence d’un lieu où la colère divine s’était jadis manifestée.

Notre Prophète (pbsl) avait traversé rapidement la vallée de Muhassir située entre Mina et Muzdalifa, durant le Pèlerinage (lors du tawaf al-wada)’, à la grande stupéfaction des Compagnons :

  •  Ô Messager d’Allah ! Pourquoi presses-tu ainsi le pas ? lui demandèrent-ils.
  • C’est à cet endroit que par le truchement des oiseaux d’Abâbil, Allah le Tout-Puissant détruisit l’armée d’Abraha composée d’éléphants. J’accélère le pas pour m’assurer que personne ne reçoive une part de cette colère. (Nawawî, Sharhu Muslim, XVIII, 111 ; Ibn Qasim, II, 255-256).

Expliquons cet effet par une analogie :

Lorsque l’atome se décompose, un rayonnement est émis. Selon la situation, ce rayonnement est bénéfique ou nocif. Il est invisible à l’œil, mais son effet est absolu.

Dans certains lieux, on y trouve des réfractions (İn‘ikâs) de Miséricorde divine comme on peut trouver (ailleurs) des manifestations de souffrance.

Dans des lieux bénis tels que la Ka’ba, Ar-Rawda, ‘Arafat et Ouhoud, pour tous ceux qui viennent ici et ouvrent leurs cœurs, l’effet du fayd[3] et de la spiritualité se produit.

D’autre part :

Des lieux tels que la Lac de Lot, Sodome et Gomorrhe et Pompéi qui furent sujets à la destruction rendent les cœurs mornes et appesantis comme les réfractions de la colère divine.

Si l’influence de ces réfractions, même depuis le lieu où le mal est commis, devait être calculée selon son intensité, le malfaiteur ou l’impie l’influencerait lui-même.

Quelques élèves de cours coranique ont voulu démontrer cet effet à partir d’une expérience singulière :

Ils prirent deux pots contenant une fleur appartenant à la même espèce et qu’ils plantèrent à la même date. Sur l’un des pots, ils inscrivirent des belles paroles et récitèrent le Coran avec une voix agréable qui conférait la spiritualité et la sacralité. Sur l’autre pot, ils inscrivirent des paroles mauvaises et firent entendre de la musique rock ainsi que des paroles affreuses.

En conséquence, de nouvelles fleurs épanouies ont poussé dans le pot où des voix agréables ont été prononcées. En revanche, la fleur qui a subi la musique rock et les paroles affreuses a fané et séché.

Voici bien une image marquante de la réfraction qui est efficace aussi bien chez les plantes que chez l’homme !

Malheureusement, la société d’aujourd’hui ressemble à la période de l’ignorance antérieure à l’Islam. Le monde est plein de corruption et devient de plus en plus pragmatiste et très égoïste. La compassion semble perdue, la conscience se dessèche. La vertu et la modestie sont foulées aux pieds. Dans certains endroits, il y a résurgence de l’époque de Lot. Les écrans, l’Internet, la mode et la publicité se répandent et propagent partout l’iniquité, le mal et l’égoïsme d’une manière rapide par rapport au passé. Même les sociétés musulmanes peu conscientes sont en la matière sous l’influence de la civilisation occidentale.

L’arrogance et la rébellion du peuple de ‘Âd et de celui de Thamûd, la cruauté du peuple de Nemrod et des Pharaons, l’immoralité du peuple de Lot (Lût), la tricherie commerciale de Madyan et d’Al-Ayka, et ainsi de suite, sont autant de péchés qui ont conduit tous ces peuples du passé à leur anéantissement, même si aujourd’hui, Allah notre Seigneur n’est pas enclin à détruire l’humanité d’une manière collective.

Étant donné que :

Une invocation parmi les trois que notre bien-aimé Prophète (pbsl) a formulé en faveur de sa oumma est qu’elle ne doit pas être détruite d’une manière collective (cf. Muslim, Fiten, 20) parce que cette invocation est acceptée au regard du Seigneur.

En une telle époque, un seul remède :

Ensemble, en compagnie des vertueux

Aujourd’hui tout croyant doit se demander à tout moment :

Quel genre de compagnie est présentement la mienne ?

Mon monde affectif, sentimental et d’opinion, de moralité, de comportement, avec qui je le partage ? À qui est-ce que je ressemble ?

Avec qui et comment est-ce que je partage mon temps ?

Pas seulement à la mosquée ou sur les tapis de prière, tezgâh ve kasa başında kimle beraberiz? En quelle compagnie sommes-nous devant Internet ou la télévision ?

Si nous ne procédons à une profonde révision de nos procédés, il ne peut y avoir en conséquence de protection contre les effets de l’insouciance et de mauvaise orientation à l’instar des radiations qui attaquent de tous côtés.

Cet effet œuvre si durement dans les cœurs peu prudents que l’individu emprisonné dans les courants d’air de la mode perd même le sens le plus naturel du plaisir et de l’esthétique et se transforme en un robot télécommandé. Un tel individu développe alors une tendance à la paresse, à la brutalité et à la malhonnêteté parce qu’il pense que cela est la mode. Qui plus est, il piétine sa personnalité et devient par conséquent l’imprudent esclave de ceux qui le commandent.

Et notamment les enfants de nos frères expatriés vivant dans des sociétés athées, dominées et peuplées par toutes sortes de criminels, sont eux aussi bouleversés. Ils doivent [impérativement] être pris en charge avant qu’ils ne deviennent des sujets de perversion (ifsâd) et consécutivement perdus.

Nul ne doit oublier ceci :

Tout musulman doit vivre dans un quartier où ses enfants peuvent grandir en toute impartialité. La famille, l’éducation et la vie professionnelle doivent également être organisées de manière à respecter la devise “ensemble, en compagnie des vertueux”.

Parce que :

Se plaindre constamment de la corruption de la société et dire : “il n’y a rien à faire” n’est pas digne du croyant.

Allah le Très-Haut veut que nous nous sentions responsables en toute chose. Il nous commande de réformer notre famille, notre environnement et notre société. Cela passe d’abord par nous-mêmes, en faisant des efforts, ensuite par l’ordonnance du bien et l’interdiction du mal (amr bil ma’ruf wa nahi ‘anil munkar). Allah le Très-Haut veut que nous soyons des chefs de file en matière de piété. Il nous exhorte à prier à l’instar des fidèles serviteurs d’Allah :

« Seigneur, donne-nous, en nos épouses et nos descendants, la joie des yeux, et fais de nous un guide pour les pieux. » (Al-Furqan, 25 : 74).

La société est composée de familles. La famille est composée d’individus. Si les individus sont justes et pieux, alors le peuple sera juste et pieux. Et une belle génération a besoin de mères pieuses pour évoluer.

Les parents désirent bâtir deux mondes – ici-bas et l’au-delà – pour leurs enfants en raison de leur tendresse innée et filiale. Mais un parent pieux pense d’abord à l’au-delà de son enfant parce que ce monde d’ici-bas est mortel alors que la vraie vie se situe dans l’Au-delà. Et s’il fait venir l’Au-delà [dans ce monde d’ici-bas], il vivra une existence paisible.

Le récit suivant vient illustrer ce propos et concerne le Calife ‘Umar ibn ‘Abdulaziz :

  • Ô Calife, lui dit-on, il semblerait que l’allocation que tu as reçue de la Maison de la Richesse (Bayt al-Mal) ne soit pas suffisante. Et que faire si tu as trop perçu ? Sauver des besoins nécessaires tes enfants et petits-enfants après ta mort ?

À cette proposition, ‘Umar ibn ‘Abdulaziz – qu’Allah soit satisfait de lui – donna la réponse significative suivante :

  • Et si mes enfants sont parmi les justes, je ne crains qu’ils souffrent. Allah le Très-Haut déclare en effet : « […] C’est Lui qui se charge (de la protection) des vertueux. » (Al-A’râf, 7 : 196). Allah le Très-Haut, le Tout-Puissant est assurément leur Tuteur et leur Protecteur. Et à ce titre, je ne me soucie pas de ce qu’ils rencontreront dans l’avenir. Et s’ils ne sont pas justes, c’est une vie dissolue qui les attend. « Et ne confiez pas aux incapables vos biens […] » (An-Nisâ, 4 : 5) est un commandement. Nonobstant cette révélation divine, vais-je rassembler des biens pour mes enfants qui deviendront misérables ?! (Abu’l-Ula Mardin, Huzur Ders, Istanbul 1966, II-III, 769-770).

Les enfants élevés par des pères justes et vertueux qui leur prodiguent de la nourriture licite (halal) et leur enseignent les bonnes manières et par des mères justes et vertueuses qui, grâce à leurs prières, leur enseignent la bonne doctrine afin qu’ils ne causent aucune corruption ou anarchie dans la société. À la faveur des efforts déployés sur le terrain, comme les fidèles, les vertueux (salih) et les vertueuses (saliha) croissent au sein de la société ; une société qui acquiert le bonheur et la paix.

C’est ce que l’Histoire rapporte lorsque nous la considérons.

Réformer la société par le biais d’individus vertueux…

[Un jour, pendant qu’il faisait sa tournée de la nuit pour voir l’état de son peuple, le Calife ‘Umar entendit une femme dire à sa fille] :

  • Lève-toi et mélange avec de l’eau le lait que nous allons vendre.
  • Mère, répondit la fille, n’es-tu pas au courant de ce que ‘Umar a déclaré à ce sujet ?
  • Qu’est-ce qu’il a déclaré ?
  • Il a envoyé un de ses agents aux vendeurs pour leur dire de ne pas mélanger le lait avec de l’eau.
  • Chère fille ! Lève-toi et fais ce que je te dis, car tu es dans un endroit où ni ‘Umar ni l’agent de ‘Umar ne te voient.
  • Mère ! Si ‘Umar ne sait pas ce que nous faisons, le Seigneur de ‘Umar, Lui, sait. Par Allah, je trouve inadmissible d’obéir à mon Seigneur en public et Lui désobéir quand je suis toute seule.

[L’histoire dit que ‘Asim, le fils de ‘Umar épousa cette fille et que de sa descendance naquit ‘Umar ibn ‘Abdulaziz, le célèbre calife connu pour son sens de la justice.]

Quelques autres anecdotes illustrant notre propos :

Par rapport au passé et au présent, les troubles psychologiques relatifs à la vie individuelle ainsi que les incompatibilités familiales ont tendance à augmenter sensiblement. Ce constat ne peut que devenir une raison suffisante pour se mettre en quête des principes d’unité qui nous lient avec les vertueux et rester à l’écart des injustes.

Un grand savant, Jafar ibn Suleyman – qu’Allah soit satisfait de lui – décrit ainsi la joie que ressent le cœur qui côtoie les justes et vertueux :

« Quand je sentais que mon cœur se raidissait, je me rendais immédiatement auprès de Muhammad ibn Wâsî (l’un des plus éminents érudits de l’époque) afin de me joindre à son conseil et de contempler son visage. C’est ainsi que toute rigidité dans mon cœur disparaissait, la joie de l’adoration me revenait, l’indolence décroissait et j’étais en mesure de me livrer avec joie aux actes d’adoration pendant (au moins) une semaine.

Relativement à notre passé glorieux :

Les personnes en détresse – hommes ou femmes – accouraient dans les dargah[4]. Là, chacun était en mesure de recevoir de la part des enseignants non seulement des conseils et suggestions liés à la patience et la joie, à l’affection et à la miséricorde, à la confiance et à la tolérance, mais également l’adoucissement du cœur par le biais de la conversation, du chant et de la réminiscence (d’Allah). Puis chacun rentrait chez lui, apaisé.

Même les Sultans sentaient le besoin de côtoyer les justes et de tirer des enseignements à partir de leurs propos. Tel fut le cas dans la lignée de Sheikh Edebali, mais aussi avec les tandems Orhan Gazî-Geyikli Baba, Yıldırım Bâyezid-Emir Buhârî, II. Murad-Hacı Bayrâm-ı Velî, Fatih-Akşemseddin, Kanunî-Yahya Efendi, Yavuz-Hasan Can, I. Ahmed-Aziz Mahmud Hüdâyî, Abdülhamid Han-Şeyh Zâfir Efendi. Tous ces personnages s’abstenaient de tout lien avec la mondanité que facilitaient le pouvoir et la richesse (matérielle) et maintenaient l’excitation spirituelle et la fraîcheur d’œuvrer pleinement dans le sentier d’Allah.

À titre d’exemple ;

Être le conseiller spirituel du Sultan était un combat sévère :

De retour d’une expédition en Égypte et rassasié de conquêtes matérielles et spirituelles, Cihangir Sultan-Yavuz Sultan Selim Khan (1470/1 – 1520), craignant l’influence négative de l’autorité et des applaudissements, préféra rentrer discrètement dans la ville après que les gens eussent regagner leurs demeures.

Comme les sociétés/communautés se développent toujours par l’influence des pécheurs et les impies, nombre d’individus se tournent (naturellement) vers les pieux et les véridiques.

L’Anatolie – où nous assistons toujours de nos jours à la conscience de la religion, de la patrie et du martyre chez le peuple – fut fermentée il y a des siècles par le courage de la foi et la sagesse d’hommes spirituels (derviches) tels que Ahmed Yasavî, [Abû’l-Qâsim] Saltûq, Taptuk [Emre] ou Yûnus [Emre]. Les Anatoliens furent élevés dans des foyers familiaux paisibles établis par des individus justes et vertueux, sous la direction de maîtres tels que Jâlal-ud Din Rumî, ‘Abd Al-Qâdir Al-Jîlânî ou Shah Naqshband.

Après la réforme des Tanzimat[5] et plusieurs périodes d’obscurité, d’aliénation et autres tourbillons dues notamment à des courants étrangers, le peuple (des fidèles) eut l’opportunité de revenir à la foi par le truchement des Amis d’Allah.

Mahmud Sâmi Ramazanoğlu – qu’Allah sanctifie son secret – fut l’un de ces personnages bénis. Dans toute l’Anatolie, de ville en ville, de village en village, il guida nombre de gens sur le chemin de la piété et de la vertu. À une époque où il était politiquement interdit d’évoquer les questions islamiques, il transmit le langage de la persévérance et du silence, tout en préservant le lien.

Il a toujours pris soin des bonnes choses (lit. halal). Bien que diplômé avec distinction d’une faculté de Droit, il est resté loin de ce domaine afin de gagner sa vie. Bien qu’il fût issu d’une famille aisée, il ne conserva pas ses biens. Il tenait un livre de comptes et assurait sa retraite. Il enseignait toujours avec vertu et modestie.

Sa personnalité était emplie de compassion, de tendresse, de politesse, de loyauté, de générosité, de délicatesse, de simplicité, de réflexion, de persévérance, de ferveur religieuse, de zèle, du sens de l’administration et de l’acceptation des évènements tels qu’ils se présentaient, c’est-à-dire la pleine acceptation.

Et notamment en matière de modestie et d’humilité… lorsque mon père Musa Efendi et moi allions visiter les Lieux Saints, Sâmi Efendi se servait à table en faisant montre d’une extrême modestie et tenait lui-même la serviette [pour les autres] après l’ablution.

Il prenait soin de rester à l’écart des choses qu’Allah a interdites et de leur préjudice spirituel. Il soutenait même l’opinion qu’il fallait éviter de passer par des rues où se pratiquaient l’intérêt usuraire et/ou la vente ou la consommation de boissons alcoolisées. Si tel devait être le cas, alors il fallait franchir ces rues le plus rapidement possible.

Dans ses conversations, Sâmi Efendi enseignait que le véritable savoir était l’éducation relative à la marifafullah ou connaissance d’Allah et rappelait [à ses auditeurs] l’honneur de la posséder à chaque occasion donnée.

Les sciences fondamentales

Un jour, un visiteur voulut recueillir les prières de demande (dou’a) de Sâmi Efendi en sa faveur et, par la même occasion, lui présenter ses neveux. En présence de Sâmi Efendi, l’homme dit après lui avoir baisé la main :

  • Maître ! Ces garçons ont étudié en Amérique et sont devenus ingénieurs. Nous sollicitons de votre part des invocations !

Sâmi Efendi leur adressa alors un sourire significatif et dit :

  • [Moi] je suis diplômé de Dar al-Funun[6], mais les sciences fondamentales sont celles attachées à la marifatullah ! (En d’autres termes, hormis cette science spirituelle), les autres sciences ont moins de valeur). (Cf. Mustafa ERİŞ, Mémoires de Mahmud Sâmi Efendi, I, 20-21).

Les autres sciences (profanes) sont également précieuses dans la mesure où elles peuvent servir de tremplin à la véritable science. En d’autres termes, si celles-ci sont aptes à conduire l’œuvre à l’artisan, la raison à son détenteur, et l’art à l’artiste, alors seulement ces sciences se montrent utiles. Dans le cas contraire, celles-ci demeurent inutiles, voire devenir un fardeau, et ne font qu’augmenter le sentiment de frustration.

L’élément le plus important faisant qu’une société soit affectionnée ou déshonorée est la pertinence ou l’indifférence dont font montre les membres de ladite société à l’égard du Saint Coran.

Samî Efendi tenait les “Gens du Coran” (Ahl al-Qur’ân) en haute estime. Son désir était que les maîtres en la matière atteignissent à un haut niveau de récitation. Par ailleurs, il rendait habituellement visite aux hâfiz[7]et autres savants et usait de gentillesse à leur endroit.

Aujourd’hui, le remède salutaire contre le mal des rues et des écrans se rencontre dans le soin à donner au Coran.

Dans l’expectative d’une société qui craint Dieu, il est impératif que les enfants soient éduqués d’une manière juste et conforme au Coran et à la Sunna. Sâmi Efendi a toujours montré sa détermination à vivre et à maintenir la religion d’Allah en marchant de village en village, parfois dans des véhicules tirés par des chevaux, à une époque où les efforts accomplis dans cette direction étaient considérés comme un crime.

Bien que de nos jours il existe de nombreuses possibilités, quel peut-être en conséquence notre niveau d’intérêt ?

Posons-nous la question encore une fois :

Avec qui nos enfants sont-ils en contact ?

Si nos enfants sont en contact avec le Saint Coran, s’ils le sont avec l’éminente Sunna (Sunna al-Saniyya), alors heureux sont-ils !

Si nos fils sont en relation avec des enseignants justes et loyaux ; si nos filles sont en relation avec des enseignantes pieuses et vertueuses, en conséquence ils seront une miséricorde pour leurs parents à la fois dans ce monde d’ici-bas et dans la vie d’après. De tels enfants sont pour les parents une aumône perpétuelle (sadaqa jariya), une occasion de recevoir également un salaire et autant de récompenses après leur mort…

Cependant, si les enfants ne sont pas élevés dans la justice et le droit, s’ils sont ignorés et négligés, ils deviendront autant de fléaux dans ce monde et dans l’Au-delà… Impiété, hypocrisie, discorde, péché… autant de mauvais éléments à l’encontre des parents ! Autrement dit, même après la mort de ces derniers, les œuvres impies sont écrites dans le livre des actes !

Il est donc impératif de prendre soin de nos enfants et de leur environnement. Il est également important de faire attention à leurs fréquentations et que nous-mêmes sachions mettre de l’ordre dans nos vies afin de nourrir notre relation avec eux.

L’Imam Ghazalî a donné le conseil suivant :

« Mon fils ! S’il y a une chose à laquelle tu dois faire très attention, c’est à qui tu as affaire. Juste pour que tu saches que ;

Un panier rempli de pommes peut contenir une pomme pourrie sans que personne ne s’en aperçoive. En revanche, une seule pomme peut les pourrir toutes (et cela se voit). C’est pourquoi, demeure en compagnie des justes et des vertueux ! »

Gerek sâlihlerle beraberliğin verdiği feyz, gerekse fâsıklarla beraberliğin getirdiği gaflet; gözle görülür, müşahhas bir şey değildir. Cependant, comme en toute chose, la sensibilité du cœur augmente en présence des justes et dans l’évitement des transgresseurs ; les mesures deviennent aussi plus ténues et de nombreuses manifestations sont ressenties cependant que d’aucuns sont incapables de les discerner. Le récit suivant donne de cette dimension un exemple probant :

L’effet de l’obscurantisme

« Seyfi Baba, l’un des amis (proches par l’affection) de Sâmi Efendi, était une personne ouverte d’esprit. Il vivait à Topkapi (à Istanbul). Un jour, il vint à Erenköy[8] afin de rendre visite à Sâmi Efendi. Mais au moment de pénétrer chez ce dernier, il tomba et s’évanouit. Onu karşılayıp üstâdın huzûruna iletecek olan kişi, telâşla üzerine su döküp ayılmasını temin ettikten sonra;

  • Appelons un médecin immédiatement !

Ce à quoi Seyfi Baba répliqua, la mine éreintée : 

  • Non, mon fils ! N’appelle pas de médecin, mon état n’a aucun rapport avec une quelconque maladie physique ! Je suis venu depuis Topkapi jusqu’à Erenköy, mais les émeutes dont j’ai été le témoin en chemin et la morosité des lieux de la rébellion ont fait que lorsque j’ai pénétré par cette porte immaculée, soudainement la spiritualité résidant au fond de mon cœur n’a pu supporter toute cette charge. Grâce aux bénédictions attachées au climat spirituel qui règne en ce lieu et le secours de Sâmi Efendi, le Sultan des Gnostiques (‘Urafâ), je vais me relever. »

C’était la situation à Istanbul il y a 60-70 ans. Quelle comparaison par rapport à aujourd’hui !

Le Messager d’Allah (pbsl) a souligné l’importance de côtoyer les pieux et d’éviter la compagnie des impies :

« L’image de l’homme de bonne compagnie et celle de l’homme de mauvaise compagnie est semblable à l’image du porteur de musc et celle du forgeron. Le porteur de musc, ou bien te donne un peu de son musc ou bien te le vend, ou bien tu jouis de sa bonne odeur. Tandis que le forgeron, ou bien il te brûle tes vêtements ou bien te nuit avec sa mauvaise odeur[9]. »

Dans son ouvrage “Le Jardin de Roses (Gulistan)”, Sâdî Shîrazî raconte l’historiette suivante :

« Un homme se rend au hammam. Un de ses amis lui donne une argile parfumée pour se laver. De cette argile, un parfum exquis s’exhale, caressant l’âme. L’homme demande à l’argile :

  • Es-tu de musc ? Es-tu de l’ambre ? car tu m’embaumes par ton parfum.

Et l’argile de répondre :

  • Je ne suis qu’une terre vile, mais j’ai habité quelques temps avec la rose, sa vertu a pénétré jusqu’à moi. Et c’est ce parfum qui donne du réconfort aux cœurs comme tu peux le ressentir présentement ; il appartient à la rose. »

La rose est le symbole de la Fierté de l’Univers (Fahr-i Kâinat), notre bien-aimé Prophète (pbsl). Autrement dit, le Maître des roses, c’est Muhammad (pbsl). Si nos cœurs se trouvent en sa présence, nul doute que notre état, nos mœurs et nos actions bénéficieront de son parfum.

Heureux sommes-nous d’être un bouton de cette rose !

D’autre part ;

L’autre point important à noter en matière de proximité avec les justes est que le cœur de cette proximité/convivialité, c’est justement le cœur à cœur dans l’unité.

Condition du cœur à cœur

En comparant l’unité du cœur et du corps, Sâdî Shîrazî montre un exemple tiré de l’histoire des Compagnons de la Caverne et directement inspiré de la sourate Al-Kahf :

« Le chien des Compagnons de la Caverne gagna un grand honneur en les suivant, car l’animal est non seulement mentionné dans le Coran[10] mais il est aussi et désormais entré dans la postérité. Comparons avec la femme de Nûh (Noé) et la femme de Lût (Lot) qui n’ont pas cru parce qu’elles côtoyaient les transgresseurs. » (Cf. Tahrim, 10).

Lesdites femmes étaient mariées à des prophètes qui étaient pourtant justes. Mais leurs cœurs étaient empreints de blasphème et de rébellion. Pour cette raison, la sentence à leur encontre fut sans équivoque : “Allez en Enfer !”

Notre mère Assiya était la femme de Pharaon. Mais sa grande piété la sauva de l’obscurantisme de son mari. Son cœur était lié à Hadrat Mûsâ (Moïse – sur lui la paix) et aux Croyants.

Voici donc un message pour nous :

Il est nécessaire de nous efforcer d’être au cœur de nos famille et de la communauté des justes. Pour que l’amour d’Allah et l’amour du Prophète puissent s’installer dans le cœur de nos enfants, nous devons mettre en œuvre des activités qui soient attachantes, agréables et évocatrices.

L’Imam Mâlik a dit :

« Lorsque encore enfant je mémorisais un hadith, mon père m’offrait un cadeau. C’était une époque où le fait de mémoriser un hadith m’apportait une saveur indescriptible, même si dans le même temps mon père ne m’offrait pas (toujours) de cadeaux. [En d’autres termes et conséquemment, l’effet du Messager d’Allah m’affecta tant que je continuai à apprendre en faisant montre d’une grande excitation spirituelle.] »

L’Imam Mâlik – qu’Allah lui accorde Sa miséricorde – qui a grandi de telle manière grâce à l’amour et à l’attention de son père finit par devenir le fameux initiateur de l’école juridique malikite et laissa derrière lui à l’intention de l’oumma musulmane un recueil de ahadith nommé Al-Mouttawa’ composé de récits authentiques.

‘Abdallah ibn Moubarak – qu’Allah lui accorde Sa miséricorde – était un savant très pieux et épris du Messager d’Allah (pbsl). Après avoir effectué la prière de l’après-midi (al-‘asr), il s’adressa à la congrégation :

« Je m’en vais à présent m’entretenir avec le Messager d’Allah. »

Cela voulait dire que le simple fait de lire un hadith ou bien d’enseigner la science du Hadith à ses élèves était synonyme d’entretien avec notre Maître bien-aimé (pbsl).

Ce qui signifie aussi :

La nécessité de lire et d’étudier la vie et l’œuvre du Prophète avec rigueur et sensibilité et profondeur de cœur. Il est également impératif de lire (et de méditer) les nobles paroles du Messager d’Allah (pbsl), et ce avec une telle cohérence de cœur qu’Allah nous fera bénéficier d’une petite parcelle de tête-à tête avec lui.

Ô Seigneur ! Guide-nous vers le chemin de ceux que Tu as favorisés. Avec les prophètes, les fidèles, les martyrs et les vertueux, dirige-nous – ainsi que notre descendance – dans nos cœurs, dans notre moralité et dans nos actes !

Adjoins-nous le Jour de la Résurrection sous l’Étendard de la Louange (Liwa’ al Hamd), en compagnie du Messager d’Allah et des bienheureux qui jouiront de la présence d’Allah !

Amin !


[1] En référence à as-Suffa – la Banquette – et par extension aux Gens de la Banquette – Ahl as-Suffa.

[2] Litt. « Jamais nous n’abandonnerons ton camp. »

[3] L’émanation des choses créées par Allah.

[4] Un dargah (en turc : dergah) est un sanctuaire soufi bâti sur la tombe d’un personnage vénéré pour sa piété. Ce terme est utilisé dans le sous-continent indien, mais aussi en Iran et en Turquie. Il est l’équivalent du khanqah au Moyen-Orient et de la zaouia au Maghreb.

[5] Les Tanzimat (ou réorganisation en turc ottoman) furent une ère de réformes dans l’Empire ottoman. Commencée en 1839, cette réorganisation s’acheva en 1876.

[6] Haute École telle que Polytechnique. (Note complémentaire).

[7] Un hâfiz est une personne qui connaît le Coran par cœur.

[8] Un quartier d’Istanbul sur la rive droite du Bosphore.

[9] Al-Bukharî, Buyû, 38.

[10] Sourate 16, Al-Kahf, versets 18 et 22.

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