Les sagesses tirées des propos des pieux – Le Saint Rûmî (rh.)

Mar 14, 2019 par

Osman Nûri TOPBAŞ

Mawlânâ Rûmî nous révèle ceci :

“La majorité des hommes redoutent la mort physique; alors qu’en vérité, l’on devrait plutôt craindre la mort spirituelle de son cœur. “

L’homme appréhende généralement les catastrophes naturelles qui trépassent un grand nombre de personnes telles les tremblements de terre, les tsunamis, les guerres, les incendies. Fondamentalement, nous devrons craindre et fuir les péchés car, ils constituent des agents corrosifs de notre cœur et vie spirituelle. Il serait plutôt judicieux que nous prenions peur, dès à présent, des supplices infernaux que ces péchés nous feront subir dans la tombe et sur le plateau du jour dernier.

À la suite de chaque péché commis, une tâche noire se pose sur le cœur. Lorsque le cœur sera intégralement couvert et noirci par les tâches du péché, il sera endommagé, perdra toute sa sensibilité et ne pourra dignement distinguer le bien du mal, le juste de l’injuste, et la vérité du mensonge. Celui qui possède un tel cœur pourrait commettre les délits les plus insolents sans éprouver la moindre angoisse dans sa conscience. Bien qu’il soit vivant, il est similaire à une dépouille car son cœur n’est plus sensible aux péchés. Mais le cas le plus tragique, c’est d’avoir un cœur spirituellement mort et ne pas être en mesure de réaliser cela afin d’y remédier.

Wahb bin Munebbih (r.aleyh) dit ceci :

“Que les hommes sont parfois bizarres! Ils pleurent pour les morts et ne pleurent pas pour les vivants au cœur mort. Et pourtant, la véritable calamité est celle de la mort des cœurs. “

En effet, un cœur mort est comme un bateau sans gouvernail et sans destination fixe en plein milieu de l’océan. Il ne manquera pas de chavirer sûrement face à toute catastrophe qui surviendra, puisqu’il vogue vers une destination inconnue.

Ces verbes d’Oumar bin Abdoulazîz (r.aleyh) nous définissent clairement cette réalité :

“Les actes illicites sont comme le feu. Il n’ya que les personnes au cœur mort qui accourent vers lui. Si, ceux qui allongent leur main vers le feu (l’illicite) avaient un cœur vivant, ils auraient senti la douleur et se seraient éloignés de l’illicite. “

Quant à Abdullah ibn-i Mas’ûd (r.a.),il précise ainsi la différence entre un cœur mort et un cœur vivant :

Le croyant perçoit son péché aussi grave et énorme comme une montagne au pieds de laquelle il est assis et qui pourrait s’effondrer sur lui à tout instant. Il demeurera permanemment apeuré en prévoyant que cette immense montagne pourrait lui écrouler là-dessus. Quant au vicieux, il voit son péché comme une mouche posée sur le bout de son nez (c’est-à-direqu’il voit que son péché est insignifiant). “ (Bukhârî, Daawât, 4; Muslim, Tawba, 3)

Ceux qui disposent d’un cœur spirituellement malsains’attristent profondément lorsqu’ils subissent des dommages dans leurs affaires mondaines et cherchent mille et une solution afin de ne plus subir ces genres de pertes. Par contre, ils ne s’angoissent jamais pour une situation à même de compromettre leur bonheur éternel. Par exemple, quand ils sont en proie à une maladie, ils se précipitent à la recherche d’un médecin, de traitements, de médicaments, de précautions. Toutefois, qu’il est malheureux de voir ces derniers ne pas faire montre de la même sensibilité lorsqu’ils se retrouvent face à des situationsqui endommagent leur âme et vie spirituelle. Plongés dans l’ivresse de cette insouciance, ils ne pourront aucunement éviter la perte de leur âme. Cette perte se fera sentir dans tous leurs agissements. Comme illustration, ils consentiront tous les efforts et sacrifices pour l’obtention de grands diplômes et l’assurance d’un avenir radieux de leurs enfants;mais lorsqu’il sera question de la réussite spirituelle et du bonheur éternel de leurs enfants, ils s’en désisteront et ne manifesteront aucun zèle. Et pourtant, le bien le plus précieux dans cette vie, c’est celui de “la soumission totale et inconditionnée à Dieu Le Loué“ et de “la connaissance de son Auguste Créateur“.

Un jour, un homme rendit visite à l’un des amis de Dieu Sâmi Efendi. Il était venu solliciter les bénédictions de l’homme pieux et lui faire connaitre aussi ses neveux. Il fit son entrée, et en faisant un baisemain au saint, il dit :

“-Ô Cheik! Mes neveux que voici effectuèrent leurs études en Amérique et furent des ingénieurs. Nous sollicitons tous vos bénédictions. “

Quant à Sâmi Efendi, il leur fit un sourire significatif et dit :

“-Bien que pauvre, je suis un diplômé de Dâru’l-Funûn. Toutefois, la meilleure connaissance, c’est la connaissance du Divin.

Fadl bin Abbâs (r.a.) avoue ceci :

“Sincèrement, je suis dépassé quand je regarde les hommes; en fait, lorsque je perds un enfant, ils viennent par milliers me présenter leurs condoléances. Par contre, quand je ne parviens pas à accomplir en communauté une prière obligatoire, personne ne vient me consoler ni me faire savoir sa désolation.

Par Dieu! Quand je n’assiste pas à une prière en communauté, cela est pour moi encore plus calamiteux que la perte d’un enfant pieux et savant ayant atteint l’âge adulte. “

Abû’l-Hasan Harakānî attire ainsi notre attention sur notre insouciance face à nos dommages spirituels :

“Lorsqu’un morceau de feu jaillit du four sur ton vêtement, tu cours immédiatement l’éteindre. Eh bien, comment peux-tu donc laisser un feu à même d’éteindre ta foi, comme par exemple l’orgueil, l’hypocrisie et la jalousie, s’installer dans ton cœur? “

En résumé, pour les rapprochés de Dieu, ce que l’être humain doit craindre au préalable, ce sont les dommages spirituels à même d’encourir sa perte éternelle dans la vie céleste.

Mawlânâ affirme :

“La mort physique constitue un présent pour les pieux. En fait, quel dommage pourrait causer un ciseau à une pierre solide? “

La mort est pour le serviteur pieux une apothéose, un moyen de rencontre avec “L’Auguste Ami“. D’après cette expression de Mawlânâ“chab-i arûs”, c’est une nuit de noce. Par conséquent, la mort est pour les amoureux du Divin, la séparation de ce monde d’aventure pour un retour agréable vers la rencontre divine. Dans son Masnawî, Mawlânâ détaille largement, en guise d’exemple à cette réalité, la mort du valeureux compagnon Bilâl (ra), amoureux fou de Dieu et de Son Messager. Pendant que son épouse pleurait en sanglots, Bilâl (ra) rendait son âme en toute quiétude avec l’engouement et la nostalgie de rencontrer son Créateur et le Prophète.

De même, notre sainte mère Âicha (r.anhâ) relate ainsi l’émotion intense vécue dans les instants ultimes d’Aboubakr(ra), l’amoureux inégalable de Dieu et Son Envoyé :

“Je me rendis auprès de mon père quand il souffrait de la maladie de sa mort. Il me demanda :

«-À quel jour le Messager de Dieu (saw) rendit l’âme? »

«−Lundi.» Lui dis-je. Il demanda à nouveau :

«−À quel jour sommes-nous aujourd’hui?» Je répondis :

«−Lundi.» Il dit alors :

«−J’espère aussi rendre l’âme entre cet instant et la nuit.» “

Immédiatement, il ajouta à la suite de ces propos :

“-Si je rends l’âme durant cette soirée, ne retardez-pas mon enterrement jusqu’au matin! Car, pour moi, le meilleur des jours et des nuits est celui durant lequel on est plus proche du Messager de Dieu (saw)!» “(Ahmed, I, 8)

Pour ceux qui sont inconscients du jour de leur rencontre avec l’Ange Azrâil (as), la mortest un moment lugubre d’effroi inimaginable; alors que pour les serviteurs à la foi inébranlable, au cœur embelli avec l’amour du Divin et une vie de servitude loyale, la mort devient un instant agréable de la rencontre avec ses bien-aimés. Cet honneur ne peut être non plus mérité suite à une affirmation gratuite de notre amour à l’égard de Dieu et de Son Prophète. Le véritable amoureux éprouve le plaisir et la nostalgie de sa rencontre avec son bien-aimé. Quant à celui qui proclame hypocritement son amour pour son Créateur, il redoute la mort; et quand viendra le moment du retour à Celui-ci, il tentera en vain de s’enfuir aussi loin que possible. Cela nous rappelle le cas des fils d’Israël que le Glorieux Coran nous définit ainsi :

Ceux qui ont été chargés de la Thora mais qui ne l’ont pas appliquée sont pareils à l’âne qui porte des livres.

Quel mauvais exemple que celui de ceux qui traitent de mensonges les versets d’Allah et Allah ne guide pas les gens injustes. Dis : « Ô vous qui pratiquez le judaïsme ! Si vous prétendez être les bien-aimés d’Allah à l’exclusion des autres, souhaitez donc la mort, si vous êtes véridiques.[1]

Eu égard à cela, nous comprenons qu’il ne s’agira pas des croyants pieux, mais plutôt des vicieux ayant compromis leur bonheur éternel en gaspillant leur existence dans l’insouciance et le faux, qui souffriront bel et bien les affres de la mort. La mort sera légère pour tout croyant au cœur bondé de la lumière de la foi. D’ailleurs, toute âme gouttera à la mort après que la durée de sa vie soit expirée. Toutefois, même s’il arrivait que l’existence de toute personne au cœur mort soit prorogée, elle serait en vérité similaire à un cadavre enterré. L’incident suivant nous véhicule des enseignements très bénéfiques :

“Un jour, l’un des amis de Dieu Nadjmaddîn-i Kubrâparticipa en compagnie de ses adeptes à la cérémonie d’enterrement d’un serviteur pieux. Lorsque Nadjmaddîn-i Kubrâfaisait le sermon mortuaire devant la tombe, il fit un sourire. Ses adeptes furent surpris de le voir sourire à un tel moment et lui demandèrent la sagesse de cela. Au début, il ne voulait pas s’expliquer; mais suite à l’insistance de ces derniers, il affirma donc :

“Le cœur de l’imam délivrant actuellement le sermon est insouciant; alors que celui de la dépouille installée dans la tombe est méditatif. Je fus donc étonné qu’un homme au cœur inattentiffasse un sermon face à une dépouille au cœur éveillé.“

En vérité, la mort d’un croyant pieux ayant éduqué son âme et purifié son cœur correspond à sa naissance dans le monde au séjour perpétuel. Le corps vif de tout homme distrait et privé d’une éducation spirituelle n’est d’aucun profit pour son âme; alors qu’au jour dernier, ce qui sera bénéfique pour le serviteur, c’est l’âme purifiée. C’est pour ce motif qu’İmâm Gazâlîa pu dire :

“Perfectionne tes qualités et embellis ton âme! Car, ce n’est pas ton physique, mais plutôt ton âme qui fait de toi un homme. “

Mawlânâ affirme ceci :

“L’ami de la rose est celui qui la plante. “

En effet, la rose accède à la maturité et la beauté en tissant des liens d’amitié avec celui qui la plante, en passant des moments agréables avec ce dernier pour mériter son attention; c’est-à-dire qu’elle se soumet à celui-ci afin qu’elle puisse mériter une belle apparence et odeur suave. Il en est de même pour l’être humain; quand il se soumet à son Créateur, tolère et patiente face à toutes les épreuves qu’Il lui fait subir, son âme sera purifiée et atteindra de hauts degrés spirituels. C’est pour cette raison que les serviteurs les plus proches et aimés de Dieu sont ceux qui subissent les plus colossales épreuves et se résignent face à cela.

Quelle est belle, cette précision faite par As’adArbilî :

“Dans le chemin de l’amour, on ne craint pas les épines du rosier. Sur chaque épine, je cueille des centaines de bourgeons!

Je prends plaisir à gambader dans le jardin de l’ascétisme. Si je me fais un oreiller d’épines, je vois en songe la Rose!”

Quant à Mawlânâ, il exprime ces verbes :

“Le sot est celui qui, bien qu’il apprenne et assiste à la mort des autres, cela ne lui fait pas méditer sur sa propre mort. “

Lorsque l’âme est souillée, elle se révolte contre l’éphémérité de ce monde. C’est pour cette cause que tout homme prisonnier de son âme aspire à l’immortalité; il désire éternellement demeurer dans la vie ici-bas. Il déplore méditer sur la mort et s’angoisse face à toute chose évoquant l’au-delà. Ainsi, s’avise-t-il à fuir la mort et le jour dernier. Il pense qu’en agissant de la sorte, il pourra mener une existence mondaine qui ne débouchera jamais sur la vie céleste. Pour ce drôle insouciant, la mort ne concerne que les autres. Même si tout au long de son existence il assiste à bon nombre de cérémonies d’enterrement, il ne s’imaginera jamais dans la tombe. Il ne voudrait jamais même avoir à l’esprit qu’un jour viendra où il se retrouvera dans la tombe. Face à la mort, il s’invente toujours un faux prétexte pour ne pas se sentir concerné. En fait, il ne comprend jamais la sagesse de la mort et n’en tire point de leçons.Cela est un signe que cette personne porte un cœur mort, bien qu’elle soit elle-même vivante.

À l’époque de l’ignorance, les mécréants vinrent au Messager de Dieu (saw) et lui proposèrent de l’accepter comme Prophète de Dieu et de le suivre ; en contrepartie, il devrait renoncer à ses messages de rappel de l’au-delà, bannir toute notion de l’illicite et laisser cours à l’adoration des idoles. Leur posture nous rappelle aujourd’hui ceux qui s’angoissent quand on évoque en leur présence l’idée d’une vie future après la mort, qui souhaitent mener une existence démesurée et non-fondée sur un quelconque principe ou recommandation divine. Par exemple, lorsqu’on construit une mosquée dans un quartier habité par des personnes qui se tiennent loin du rappel divin, le coût des maisons aux alentours de la mosquée chute. Car, les prières mortuaires effectuées dans cette mosquée rappelleront aux insouciants la mort et ils ne pourront pas aisément mener leur existence dépourvue de toute pensée orientée sur le compte à rendre au jour ultime.

Encore un autre exemple, lorsque ce verset coranique fut inscrit sur la porte de ZincirlikuyuKabristanı[2] : “Toute âme goutera à la mort…[3], quelques personnes se sont plaintes en affirmant ceci : “Cette inscription nous fait éprouver de la dépression, veuillez l’enlever ! “

De nos jours, toutes les éditions et publicités de mode réalisées par les systèmes matérialiste, libéraliste et capitaliste nous imposent un monde et un mode de vie niant l’au-delà. Si l’homme se laisse emporter par cette réalité fallacieuse tandis qu’à chaque seconde il se rapproche de la mort, il ne pourra qu’assister à sa ruine éternelle au jour dernier. Car, penser être libre en niant l’existence du monde futur, c’est faire preuve d’une stupidité aberrée. D’ailleurs, nous n’avons jamais appris qu’un homme a pu se sauver de la mort et empêcher son retour vers son Créateur. Au contraire, le jour du jugement se présentera pour chaque créature, tel qu’il est stipulé dans ce verset coranique :

L’homme, ce jour-là, dira : “Où fuir?“[4]

Dans un autre verset, il est mentionné qu’à ce jour, l’homme n’aura d’autre refuge sinon son Créateur :

Fuyez donc vers Allah. Moi, je suis pour vous de Sa part, un avertisseur explicite. [5]

Mawlânâ nous enseigne ceci :

“Si tu détiens des yeux qui reconnaissent leur Seigneur, tu te verras dans la pleine présence de ton Seigneur dans les deux mondes. “

“Dieu est permanemment avec nous ; et pourtant, nous Lui posons la question : « Ô Seigneur, où es-Tu Seigneur ?» Bien que nous soyons sur la terre de Dieu, nous posons continuellement cette question comme si nous avions perdu la tête : « Où es Dieu, où es Dieu ?» “

Pour les cœurs spirituellement vifs et méditatifs, toute chose nous rappelle Dieu L’Exalté. Aux yeux des serviteurs pieux, toute créature est un indice de la Puissance Divine ; il n’existe même pas un atome dans cet Univers qui ne nous enseigne l’Existence Divine. L’ordre divin qui meut tout dans cet Univers en parfaite harmonie constitue une preuve patente de la Force Infinie de Dieu, démontre que la création du monde n’est pas un fruit du hasard et que rien n’a été créé en vain. La décoration fascinante de cet Univers, ses plantes, animaux, hommes, espèces diverses, depuis même les cellules, les atomes jusqu’aux électrons (protons, neutrons) contenus dans les atomes, représentent tous des accessoires d’une vitrine qui reflète la Beauté Sublime et la Grandeur Incommensurable de Dieu.

De ce fait, selon les véritables croyants connaisseurs du Divin, il est carrément impossible de nier l’Existence et l’Unicité de Dieu.C’est pour cela qu’il a été dit : “Dieu L’Exalté est tellement Apparent (à travers Ses signes en tout temps et tout lieu), qu’Il est Invisible à cause de l’intensité de Son Apparence. “ D’après ceux qui détiennent la connaissance de Dieu, comme notre nature humaine n’a pas été conçue dans la mesure de percevoir l’intensité de l’Apparence Divine, nous ne pouvons donc pas voir Dieu. Par exemple, si l’homme se retrouve dans une maison à l’intérieur de laquelle on allume une lampe de cinq mille volts, ses yeux ne pourront rien voir sous cette intensité électrique. Par conséquent, l’homme ne peut donc voir un Être dont la Lumière reflète une intensité infinie.

Quand on observe le paysage en plein jour de Printemps, on remarque la verdure et les différentes couleurs du paysage ; toutefois, on ne pourrait percevoir la lumière qui assure l’observation de ces diverses couleurs. Et pourtant, toutes ces couleurs sont contemplées grâce à la lumière. En fait, c’est parce que cette lumière se manifeste de façon très intense qu’elle ne peut être perçue par l’homme. Encore à titre d’exemple, évoquons le cas de l’air. Comme nous le savons, personne ne peut vivre sans l’air ; par contre, personne ne peut voir l’air qui souffle autour de lui. Nous le ressentons seulement lorsque nous l’aspirons. Bien que nous ne voyions pas l’air, nous admettons tous ceci : “Sans l’air, on ne saurait vivre ! L’existence de toute créature n’est rendue possible qu’avec l’air. “

Ceci dit, Dieu étant l’Être au–delà de toute vision et perception, Il est Le Plus Apparent et Le Plus Caché. Pour être plus précis, Il est Invisible dans Son Essence et Apparent à travers Ses signes. C’est dans la sagesse de nous éprouver que Dieu L’Exalté a établi un voile entre Lui et nous Ses serviteurs que nous sommes. N’eût été cette invisibilité, la foi en Dieu aurait été une contrainte et perdrait ainsi sa véritable valeur car, le principe fondamental de la foi, c’est la croyance en l’invisible. Mais en fin de compte, ce voile sera levé au jour dernier et personne ne pourra nier l’Existence Divine. Toutefois, cette attestation de l’Existence de Dieu à ce jour ne sera d’aucun profit.

Le Saint Coran a vanté de la sorte les croyants :

“…Qui croient à l’invisible…[6]

En vérité, face à toutes ces réalités évoquées, les doués de sagesse ne manqueront pas d’admettre que chaque créature représente un indice de la Puissance et la Grandeur Infinie de Dieu. Par contre, pour les insouciants au cœur aveuglé, l’Univers et ses composantes, la nature et les phénomènes de la nature sont tous le fruit du hasard. Tel que le dit Châir : “Il y a des poissons qui sont dans l’océan, mais ils ignorent que l’océan existe…“;à travers ce procédé rhétorique, il essaie de nous faire comprendre qu’il y a des hommes qui jouissent des bienfaits de la nature et ignorent qu’il existe un Créateur à cela. En croyant aux réalités mensongères que Satan le diable et leur âme leur soufflent à l’oreille, ils devinrent esclaves de leurs propres instincts. Leur stupidité est si énorme qu’ils prennent leur misère pour du bonheur. D’après NadjipFâzıl, ils tentent de s’envoler sans avoir à l’esprit le ciel. Bien qu’ils jouissent des grâces et bienfaits incommensurables de leur Seigneur, ils mènent une vie d’insouciance et nient Son Autorité Suprême et Absolue. Bien qu’étant créé dans la forme la plus parfaite, lorsque l’être humain observe l’Univers sans méditation et science comme des poissons qui nagent sans réaliser l’existence de l’océan, il devient la pire des créatures ; et quel égarement effroyable !

Quant à Djunayd-i Bağdâdî, il nous enseigne ceci :

“Mieux vaut pour certains de ne pas voir, plutôt que de voir car, ils ne tirent aucune leçon de ce qu’ils voient. “

Ceux qui ne méditent pas sur les signes patents et beautés étalées dans l’Univers, qui n’attribuent pas à l’Artiste son Art, ont les yeux du cœur atteints de cécité. C’est ce que nous confirme le Sublime Coran :

Que ne voyagent-ils sur la terre afin d’avoir des cœurs pour comprendre, et des oreilles pour entendre ? Car ce ne sont pas les yeux qui s’aveuglent, mais, ce sont les cœurs dans les poitrines qui s’aveuglent. “[7]

Ce qui fait mériter à l’homme son honneur de la meilleure des créatures, c’est sa sagesse qui lui permettra de contempler les cieux et la terre et d’en tirer des leçons;c’est son aptitude à accéder à la connaissance divine en méditant profondément sur les merveilles de l’Art Divin exposées dans le Coran, l’Univers et sa propre personne. Fasse Dieu que nous soyons du nombre de Ses pieux serviteurs qui observentavec l’œil du cœur les sagesses et secrets divins enfouis dans l’Univers. Amen !

[1]Sourate al-Djoum’a, versets 6 et 7.

[2]Nom d’une localité dans la ville d’Istanbul, Turquie.

[3]Sourate al-Ankabût, verset 57.

[4]Sourate al-Kıyâma, verset 10.

[5]Sourate az-Zâriyât, verset 50.

[6]Sourate al-Bakara,verset 3.

[7]Sourate al-Hadj,verset 46.

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