Une page du Mathnawî

Mar 13, 2019 par

 

(Histoire de la personne qui, au temps de David (sur lui la paix), priait jour et nuit, en disant : « Donne-moi des moyens de vivre licites, sans que cela me cause aucune peine.)

 

Au temps du prophète David, un certain homme, en présence de chaque sage et de chaque ignorant,

Avait coutume de faire toujours cette prière : « Ô Dieu, accorde-moi des richesses sans peine !

« Puisque tu m’as créé fainéant, receveur de coups, lent, paresseux.

« On ne peut placer sur le dos meurtri d’ânes malchanceux la charge portée par des chevaux et des mules.

« Puisque Toi, ô Être parfait, Tu m’as créé paresseux, en conséquence, donne-moi mon pain quotidien au moyen de la paresse.

« Je suis paresseux et je dors à l’ombre en ce monde de l’existence ; je dors à l’ombre de cette Générosité et Munificence.

« Sûrement pour ceux qui sont paresseux et qui dorment à l’ombre, Tu as prescrit un gagne-pain d’une autre manière.

« Quiconque n’est pas infirme cherche à gagner sa vie : Toi, aie quelque pitié à l’égard de celui qui est infirme.

« Envoie le pain quotidien à ce pauvre malheureux ; envoie les nuages chargés de pluie vers chaque pays.

« Puisque la terre ne peut se mouvoir, Ta munificence dirige doublement les nuages vers elle.

« Puisque le bébé ne peut marcher, sa mère vient lui octroyer sa ration de lait.

« Je sollicite une portion quotidienne accordée soudain sans fatigue de ma part, car je n’ai d’autres efforts que la demande. »

Il priait ainsi pendant longtemps, tout le jour jusqu’ à la nuit, et toute la nuit jusqu’au matin.

Les gens riaient de ses paroles, de la folie de son espoir et de sa prétention,

Disant : « Merveilleux ! Que dit-il, cet imbécile ? Ou quelqu’un lui a-t-il donné du haschich qui le rend insensé ? »

La manière de gagner le pain quotidien, c’est le travail, la peine, la fatigue ; Dieu a donné à chacun un métier pour gagner sa vie :

« Recherchez vos rations quotidiennes par les moyens qui conviennent : pénétrez dans vos demeures par les portes. »

 

(Djalal-ud-Dîn Rumî, Mathnawî, Livre troisième, 1450-1468, Trad. Eva de Vitray-Meyerovitch)

 

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