Ne néglige pas l’éducation de ton enfant !

Mar 13, 2019 par

 

Şefika MERİÇ

« Les biens et les enfants sont l’ornement de la vie de ce monde[1]. »

Ce verset est un rappel profond sur la nature de l’homme (fitra) : son cœur s’oriente naturellement vers les occupations mondaines, notamment les biens et les enfants.

Cependant, loin d’être une source d’oubli d’Allah (ghafla), les enfants sont avant tout une amanah[2] pour leurs parents, une source de bonheur, un espoir pour le futur, une existence précieuse comme il n’en existe nulle autre. Les enfants sont des amanah divines, qui font resurgir au sein de la femme et de l’homme le sublime sentiment maternel et paternel.

S’il est vrai que l’homme et la femme constituent déjà une amanah l’un pour l’autre – ils se recommandent le bien et se prémunissent du mal – les enfants le sont à un niveau plus élevé encore. Ils sont à la fois un cadeau divin et une lourde responsabilité. Ils sont une épreuve. De la même façon que nous ressentons de la joie et de l’apaisement en leur présence, ils peuvent être la cause de nos soucis et de nos inquiétudes. C’est la raison pour laquelle tout croyant prie et multiplie les efforts pour que chacun de ses enfants acquièrent la piété (sâlih) et la sincérité (sâdik) en religion.

En tant que parents, nous sommes les premiers responsables de la qualité de l’éducation de nos enfants. Quelles que soient les failles que l’on peut rencontrer au sein du système scolaire (un professeur, la direction, une matière spécifique etc.), ces dernières ne doivent en aucun cas constituer une excuse à notre négligence vis-à-vis de l’éducation de nos enfants. L’école ne fait que préparer les enfants aux codes et savoirs utiles au sein de la société ; néanmoins la véritable éducation de l’enfant se réalise à la maison à travers l’exemple parental. Les parents doivent être le refuge de l’enfant, sa citadelle, contre tous les dangers qu’il peut rencontrer, que ce soit à l’école, dans le quartier, parmi ses fréquentations, via les nouvelles technologies etc.

De la même façon que nous nous battons pour offrir à nos enfants la possibilité d’étudier dans les meilleures écoles afin qu’ils disposent d’un bon travail et de bonnes conditions de vie, nous devons multiplier les efforts afin de leur garantir un bel avenir spirituel. Si nous nous montrons exigeants avec nos enfants lorsqu’il s’agit du bulletin scolaire, nous devons aussi faire preuve de scrupules lorsqu’il s’agit de l’enseignement coranique et islamique.

Chacun des parents doit être perçu par leurs enfants comme une véritable « école », c’est-à-dire comme la source première de l’éducation et du savoir. Ici, la plus grande responsabilité revient au père de famille. Le père est la personne qui doit veiller à la bonne coordination de tous les membres de la famille. Il n’est pas seul, il dispose bien sûr du soutien de sa femme et de l’amour de ses enfants. Un comportement irresponsable du père entraîne automatiquement troubles et déséquilibres chez la femme et oisiveté chez tous les autres membres de la famille. En particulier, le manque d’amour parental vis-à-vis des enfants engendre des complications comportementales et psychologiques chez l’enfant. Le père doit ainsi garantir un environnement serein dans le foyer ; la mère doit quant à elle être une source de refuge et de miséricorde pour ses enfants.

Ces éléments doivent constituer la base de l’éducation au sein du foyer. Or, l’éducation est un véritable travail qui doit être alimenté par une conscience collective partagée par toute la famille. De la même façon que chaque enfant se rend quotidiennement à l’école, il est nécessaire que chacun d’eux suive un enseignement religieux régulier. Par exemple, tout enfant doit apprendre le Coran, avoir une relation quotidienne avec le Livre sacré. Ainsi, les membres de la famille qui ont mémorisé le Coran assistent ceux qui l’apprennent, les grands accompagnent les petits, chacun s’entraidant dans cette sublime tâche. De même, les parents doivent inviter l’enfant à prier à partir de l’âge de sept ans[3]. Lorsque le père ne peut pas aller à la mosquée, il doit mener la prière en groupe à la maison et y inviter ses enfants. Il ne doit pas hésiter à leur faire mémoriser des hadiths courts et leur raconter des histoires liées au Prophète (saws).

Mais l’un des points les plus sensibles au sein du foyer reste la télévision. Les parents doivent protéger leurs enfants des contenus négatifs, violents et malsains qui se trouvent tout particulièrement dans les séries télévisées et certains talk-shows. Le mieux reste de ne pas avoir de télévision chez soi. Nombreux sont en effet les programmes qui tiennent l’enfant loin des valeurs morales et religieuses. L’enfant, dont l’esprit critique n’est pas encore formé et qui accepte facilement ce qu’on lui dit, se trouve très vite influencé par ce qu’il regarde. Après plusieurs années passées devant le petit écran, son caractère et son identité finissent par être façonnés par ces programmes et non par l’éducation initialement voulue par ses parents.

La mère est un exemple, en particulier pour ses filles. Ces dernières voient généralement en leur père la figure de la sécurité et de l’assurance, et en leur mère un modèle en toutes circonstances. Pour cette raison, la mère doit faire attention à la façon dont elle s’habille – que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur de la maison – et à la façon dont elle parle (de ne pas être une « mauvaise langue »). La mère doit faire en sorte de tenir ses enfants le plus éloigné possible des travers de la culture capitaliste mondialisée (qui fait le culte de l’ego, du matériel et de la sexualité). Notre Seigneur a créé l’être humain tel un joyau précieux, pur et innocent. Dans ce cadre, l’enfant qui est pur de tout péché est une amanah revenant aux parents, sublime bien que lourde en termes de responsabilité.

En effet, par nature, l’homme a la capacité de s’orienter vers le bien comme vers le mal. Ainsi, qu’importe la croyance et la culture qu’on inculque à l’enfant, ce dernier se dirigera vers elles. Son cœur, son cerveau, son esprit, son âme se nourriront d’elles.

D’ailleurs, si le Coran insiste sur le « miracle » de la vie, il souligne dans le même temps la responsabilité qui l’accompagne :

« Et Allah vous a fait sortir des ventres de vos mères, dénués de tout savoir, et vous a donné l’ouïe, les yeux et les cœurs (l’intelligence), afin que vous soyez reconnaissants[4]. »

« Ô vous qui avez cru ! Préservez vos personnes et vos familles, d’un Feu dont le combustible sera les gens et les pierres…[5] »

De même, le Messager d’Allah (saws) insiste sur l’importance de l’éducation :

 

« Un père n’a pas de meilleur héritage à transmettre à ses enfants qu’un bon comportement et une moralité élevée[6]. »

 

« Faites des cadeaux à vos enfants et offrez-leur une belle éducation[7]. » 

En conclusion, les parents n’ont aucune excuse pour ne pas participer pleinement à l’éducation de leurs enfants. Ces derniers sont une amanah d’Allah, que les parents se doivent de préserver et de protéger. Enfin, une descendance bien éduquée est source de paix et de prospérité pour la société dans son ensemble. En somme, il s’agit de vivre pleinement notre foi afin de pouvoir la transmettre à nos enfants.

[1] Sourate Al-Kahf (La Caverne), verset 46.

[2] « Objet confié en dépôt, dépôt sûr, sécurité, fidélité, loyauté, probité, bonne foi, pacte assurant la sécurité. » cf. Maurice Gloton (2004), Une approche du Coran par la grammaire et le lexique, « entrée 0066 (878) » Al Bouraq, Paris.

[3] Bien que la prière quotidienne soit obligatoire qu’à partir de la puberté, c’est une sounna d’habituer l’enfant à faire la prière à partir de l’âge de sept ans.

[4] Sourate al-Nahl (les abeilles), verset 78.

[5] Sourate at-Tahrîm (L’interdiction), verset 6.

[6] At-Tirmidhî, Birr, 33.

[7] Ibn Mâja, Adab, 3.

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