Les réfugiés ou « Les Enfants De La Rue »

Mar 13, 2019 par

Ali Rıza TEMEL

‘‘L’enfant de la rue » ou « ibn û’s-sebil’’ constitue l’un des huit groupes auxquels l’aumône légale doit être donnée comme le précise le Saint Coran Le thème ‘‘L’enfant de la rue » est plus propice en lieu et place de celui du voyageur, hôte, déplacé ou étranger. La crise de réfugié vécue récemment a rendu cette expression plus compréhensible.

Sur le plan touristique, scientifique et commercial, cela signifie un voyage entrepris par le biais des moyens de transport actuels suite à un problème vécu.

Comme l’a dit le compagnon Ali (r.a) : « Un pauvre est comme un exilé en terre natale et un riche en exil est comme un autochtone ».

Mais si les riches en exil ne sont pas en état de manque, la situation de ceux qui ont quitté leur terre natale, abandonnant ainsi contre leur gré leurs biens et leurs pouvoirs à cause de la guerre et d’un régime arbitraire est différente car ils se sont généralement déplacés pour sauver leurs âmes. Ce sont en fait des exilés.

La majorité de ceux qui sont dans l’obligation d’immigrer de la Syrie, de l’Iraq, de l’Afghanistan vers notre pays et vers l’occident se noie dans les mers pendant leur immigration ou souffrent le martyre. Le thème adéquat pour désigner les réfugiés qui, privés d’endroit pour se mettre à l’abri, portent leurs effets de maisons sur le dos comme des insectes ou des oiseaux est celui de ‘‘ibnû’s-sebil’’ ou ‘‘Enfant de la rue ».

À ce sujet, quand le maitre Necip Fazıl disait dans son poème les trottoirs : “ Je n’ai pas reçu l’affection de ma mère qui rendit l’âme car je suis un enfant allaité des trottoirs.”, c’est comme s’il exprimait le drame actuel des femmes, des enfants et des personnes âgées qui perdent leur vie dans les rues et celui du jeune de Kobané ‘’Aylan’’ trainé sur le bord de la mer.

Beaucoup d’enfants viennent au monde sur ces chemins qui constituent leur obstétrique car ce sont les chemins de l’émigration qui se chargent du devoir de la “maternité”.

En disant : « Je suis débout lorsque tout le monde dort. Je recherche en serrant mes yeux l’endroit que j’ai vu une nuit en rêve », cela nous rappelle les enfants de rue oubliés qui ne peuvent que rêver seulement des endroits où ils s’en iront. Même les rues qui ont allaité ces personnes s’offrent à elles de temps en temps, se sectionnent ; leurs tricots de fil cèdent.

Les largesses infinies d’Allah Le Tout Puissant se rétrécissent aux yeux de ces personnes démunies. Nous sommes témoins des atrocités, terreurs et oppressions jamais vécues auparavant de notre monde actuel qui se réclame la civilisation et le respect des droits de l’homme.

La déclaration universelle des droits de l’homme que les Etats membres des nations unis ont signés le 10 Décembre 1948 à New York précise dans son article premier : “Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité.”

Et le quatorzième article décrète : “Devant la persécution, toute personne a le droit de chercher asile et de bénéficier de l’asile dans d’autres pays.”

Et puisque dans beaucoup d’autres articles il est accepté que tous les êtres humains sont comme des frères comment et par quel moyen expliquer cette attitude inhumaine et incivile face aux opprimés et victimes ?

Le deuxième article de cette déclaration dit exactement :

Chacun peut se prévaloir de tous les droits et toutes les libertés proclamées dans la présente Déclaration, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d’opinion politique ou de toute autre opinion, d’origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation.”

Eh bien ! Est-ce que tout le monde tire profit de ces droits et libertés ?

Est-ce que les principes de la déclaration sont valables pour chacun ?

Ou bien comme le disait Balzac ; « les lois sont des toiles d’araignées à travers lesquelles passent les grosses mouches et où restent les petites » ?

On définit les principes pour les appliquer. Si les sujets tels que définis dans les lois et les déclarations des droits de l’homme étaient respectés, il n’y aurait ni terrorisme, ni problème de réfugiés et pas plus d’autre problème.

Si le monde occidental qui prétend défendre les droits de l’homme plus que quiconque n’avait pas souffert à ses frontières de la crise des réfugiés, il ne se serait jamais soucié de ces problèmes. L’émoi et l’inquiétude qu’ils manifestent n’est pas dû à la souffrance qu’éprouvent les réfugiés, mais plutôt au fait qu’ils se sentent gênés. S’ils avaient voulu, ils auraient pu empêcher que ce problème survienne dès le début avec la force et les moyens qu’ils ont. Ils n’auraient pas donné l’occasion au printemps arabe de se transformer en hiver et auraient facilité le départ des régimes dictatoriaux et l’adoption des méthodes par la voie démocratique.

Mais ils n’ont pas jugé digne la démocratie des pays comme la Lybie, l’Egypte, l’Irak, la Syrie et le Yémen. Ils ont toujours défendu leurs intérêts en premier lieu. Ils sont en faveurs des personnes et des institutions qui leur feront de la sous-traitance. En raison de cette attitude et ce comportement injuste, la catastrophe qui importune tout le monde a émergé.

Disons que c’est le comportement des non-musulmans de l’occident. D’ailleurs, tout au long de l’histoire, leur attitude a été généralement telle.

Comme le disait Iqbalرَحْمَتَاللهعَلَيْهِ : « Tout en donnant une leçon humanitaire d’un côté, ils boivent aussi le sang de l’autre ».

On n’attend pas l’équité de ces voleurs mais que dire de l’attitude des pays musulmans qui comptent plus d’un milliard et demi d’adeptes dans le monde ?

N’étions-nous pas une seule communauté ?

Les musulmans n’étaient-ils pas tous des frères ?

La solidarité des Ansar-Muhajirs (les émigrés de la Mecque et les assistants Médinois) ne nous a-t-elle pas été enseignée ?

Ceux qui avaient des voisins affamés qui dormaient rassasiés n’étaient pas des nôtres ?

Notre Prophète (pbsl) ne disait-il pas ceci :

« Le musulman est le frère du musulman, il ne l’opprime pas, et ne livre pas (à ses ennemis). Celui qui aidera un de ses frères dans le besoin ; Allah l’aidera dans les besoins ; celui qui soulagera un musulman d’un souci de ce bas monde, Allah le soulagera d’un souci parmi les soucis de l’au-delà et celui qui préserve l’intimité d’un musulman en ce bas monde, Allah le préservera son intimité le jour de la résurrection. »[1]

Les musulmans qui ne respectent pas ces conseils du noble Prophète r peuvent-ils prétendre l’aimer et le respecter en priant sur lui seulement ?

Si on ne trouve pas de solution au problème des milliers et centaines de milliers des réfugiés qui se tortillent dans le besoin et le désespoir, quand est-ce qu’on le résoudra ?

Les laisser ainsi dans les mains de l’ennemi dans cette situation est-il convenable à la fraternité de l’Islam ?

Ne pas se soucier de leur problème est-il un principe réel de l’Islam ?

Cette situation n’est-elle pas une honte pour notre communauté ?

Livrer un musulman à l’infidèle ne nous affecte-t-il pas ?

Ne pas dépenser les moyens dont nous disposons pour dissiper les souffrances de nos frères et proférer seulement des paroles insensées nous convient-il ?

A titre d’exemple, la Turquie, notre pays, malgré ses moyens limités et serrés tend la main dans la mesure du possible aux réfugiés, aux enfants de la rue et à ceux qui sont restés démunis. Notre thème et attitude dans l’histoire aussi était le même.

L’histoire et la géographie nous oblige à refaire notre rôle dans l’histoire.

Tenir ce rôle pour la sécurité et la paix dans notre pays et dans le monde Islamique est un élément essentiel et indéniable.

Celui qui prend la fuite n’a pas la chance de se sauver et d’ailleurs, il n’a même pas d’endroit où s’évader. C’est ce que disent ceux qui ont fui les persécutions et pris refuge chez nous.

Tous les problèmes des musulmans sont nos problèmes en commun commençant par celui des réfugiés. Ceux qui ne contribuent pas dans la résolution de ce problème et se forgent à empirer la situation constituent le véritable problème en collaborant avec les ennemis, ils deviennent la source des troubles.

Pourquoi ne promeuvent-ils pas la fraternité et le sens du partage des Ansars et des Mouhadjirines (les résidents de Médine et les émigrés de la Mecque) ?

Par rapport au petit pèlerinage et au grand pèlerinage, pourquoi l’union physique qu’on représente autour Ka’aba, au mont Arafat, au Rawda (dans la mosquée du Prophète (pbsl) à Médine) ne se manifeste pas par une union spirituelle ?

Pourquoi ceux qui s’arrogent les ressources qu’Allah Ia octroyées comme le pétrole n’exploitent pas ces ressources dans l’intérêt des musulmans victimes et opprimés ?

Qui protègent les biens de qui ?

Pourquoi collaborer avec les impérialistes dans le seul but de faire perdurer leur règne ?

Comment peuvent-ils sacrifier leurs vies et règnes éternels pour un monde et un règne éphémère ?

Il faut privilégier les enfants de la rue (ibn-i sébil) parmi les groupes des pauvres, démunis et endettés auxquels l’aumône légale doit être allouée car, en plus de la misère se retrouver en exil, être sans-abri, souffrir sur les chemins de l’émigration requiert de nous une plus grande compassion et nous invite à fournir beaucoup plus d’efforts.

Les pays Islamiques doivent fonder des institutions au niveau des Etats et gouvernements et les développer pour produire des solutions drastiques aux problèmes tels que le terrorisme et l’asile. L’indépendance et l’avenir sont liés à cela.

Ceux qui voyagent dans le même bateau, le même avion doivent avoir des sensibilités communes pour être en sécurité. Pour la sécurité de tout un chacun, on ne doit pas percer le bateau.

Pour une renaissance islamique et humanitaire, nous formulons les prières et vœux pour le refuge des réfugiés, oppressés et victimes d’injustice…

[1]Al Boukhari 36 (Oppressions) Chapitre 3 Hadith 2442 ; Müslim 45 (Vertus) Chapitre 10 Hadith 2564

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