Le pèlerinage conforme (hajj mabrûr)

Mar 13, 2019 par

Osman Nûri Topbaş Efendi

Hazrat Adam et Hawâ (que la paix soit sur eux), constituant la famille qui est à l’origine de la formation de l’humanité, ont fait de la Ka’ba, à La Mecque, le premier lieu d’adoration qui demeura dans un climat religieux de bonheur et de sérénité. La descendance humaine, qui est en perpétuel changement à cause des questions sociales et humanitaires, est répandue partout dans des lieux différents. Des siècles s’écoulèrent, des générations passèrent et des peuples commencèrent à s’écarter de la religion et, plus tard, les temples sacrés perdirent leurs valeurs spirituelles. Hazrat Ibrahîm (sur lui la paix), sous les ordres du Seigneur, reconstruisit l’édifice et les invocations occasionnèrent même la bénédiction de toute la ville. Un verset du Coran nous révèle ceci :

 

« Et (rappelle-toi) quand Abraham dit: ‹Ô mon Seigneur, fais de cette cité un lieu sûr, et préserve-moi ainsi que mes enfants de l’adoration des idoles. Ô mon Seigneur, elles (les idoles) ont égaré beaucoup de gens. Quiconque me suit est des miens. Quand à celui qui me désobéit… c’est Toi, le Pardonneur, le Très Miséricordieux! Ô notre Seigneur, j’ai établi une partie de ma descendance dans une vallée sans agriculture, près de Ta Maison sacrée [la Ka’ba], – ô notre Seigneur – afin qu’ils accomplissent la Salat. Fais donc que se penchent vers eux les cœurs d’une partie des gens. Et nourris-les de fruits. Peut-être seront-ils reconnaissants? » (Coran, Ibrahîm, 14/35-37)

Ainsi donc vint la période du bonheur (asr al-saâda), une période ayant trait à un symbole du deuxième monde et période dans laquelle la première vie religieuse débuta avec le Prophète Muhammad (paix et salutations d’Allah sur lui). C’est ainsi qu’un dernier sommet culturel fut organisé à partir de ce souffle. Le Prophète (paix et salutations d’Allah sur lui) vécut une période de bonheur à La Mecque et à Médine, partageant également cette dernière avec d’autres. C’est de cette façon que ces cités sont devenues de nos jours et jusqu’au Jour de la Résurrection des lieux bénis où le pouls de l’islam bat là où se trouvent des musulmans.

Ceux qui gardent les souvenirs précieux de la chaîne des prophètes, ceux qui sont éduqués avec un esprit de foi religieuse et ceux qui accomplissent le hajj (le grand pèlerinage) avec affection et l’omra (le petit pèlerinage) sur ces terres saintes, prennent une superfluité de baraka dans les souvenirs de plusieurs prophètes. Ces lieux sacrés dans lesquels les adorations liées au hajj et à l’omra sont accomplies constituent une occasion propice pour la prospérité d’une existence emprunte d’obéissance. Durant le hajj, devant la grandeur du Créateur, le serviteur se rend compte de son infériorité et, dans sa toge blanche (l’habit que porte le pèlerin), il évolue dans un climat d’affection et de contemplation. Il est incontestable que dans le hajj se trouve l’avantage le plus nécessaire, le fait de vivre plus profondément et dans le fond du cœur demeure la soif divine qui se trouve dans le secret de « mourir avant que la mort ne survienne » et de « retourne vers ton Seigneur ». (Coran, Al-Fajr, 89/28)

Cependant, ceux qui se revêtent de la toge blanche, et à cause même de l’interdiction de certaines choses licites qui se trouvent dans des moments bien définis, sentent une autre inspiration pour s’abstenir des choses douteuses et illicites. Lorsqu’on est revêtu de la toge blanche, l’abstinence de certaines pratiques défendues nous permet d’atteindre la sensibilité d’une foi pleine de compassion, de grâce et d’élégance.

Comme dans tous les autres actes d’adoration, et dans le but de bénéficier d’une initiation divine satisfaisante, le hajj et l’omra sont également des moments où les adorations font augmenter notre foi et étendent davantage notre expérience. Car, pour exprimer le hajj et l’omra en un seul terme bien connu, on utilise « mabrûr » qui signifie « une occasion de se purifier des péchés et de gagner la satisfaction d’Allah ». C’est-à-dire, en d’autres termes, que les résultats qui résultent de ces actes d’adoration ne s’obtiennent qu’à travers l’unique effort de satisfaire Allah. Shiblî, un grand saint, en soulignant la place du hajj dans le cœur, s’adressa didactiquement à un pèlerin de la manière suivante:

« Lorsque tu formules l’intention d’accomplir le hajj et si tu ne te purifies pas de tes péchés commis jusqu’à aujourd’hui et ne t’orientes pas vers al- sirat al-moustaqim (le droit chemin), en réalité, ton intention n’est pas formulée.

Lorsque tu te déshabilles pour revêtir l’ihram (la toge) et si au moment du déshabillage tu ne t’es pas purifié de tes péchés, en vérité, tu ne t’es pas déshabillé.

Si pendant la prise de la grande ablution, tu ne te purifies pas des souillures spirituelles et des vices du cœur, en réalité, tu n’es pas purifié.

Quand tu rentres dans le Haram al-Charîf, si tu ne promets pas d’abandonner toute chose illicite et tout propos et comportement prohibés, en vérité, tu n’es pas entré dans le Haram al-Charîf.

Lors du sacrifice de l’animal pendant la Tabaski, si tu n’orientes pas tes sentiments et ta conscience vers la satisfaction du Seigneur, en vérité, tu n’as pas accompli ton sacrifice.

En lapidant Satan, si tu ne te débarrasses pas de l’ignorance et de la suspicion qui sont au fond de toi, si le savoir et l’expérience n’apparaissent pas en toi, en vérité, tu n’as pas accompli cet acte de lapidation.

Est-ce que les honneurs divins se sont accrus par ta visite à la Ka’ba ? Est-ce que ton cœur est rempli de joie et de douceur ? Comme le dit le hadith :

« Les pèlerins et ceux qui effectuent l’omra sont tous des hôtes d’Allah. L’acte honorable de la visite est un droit pour tout visiteur. » Et toi, si tu ne réalises pas cet honneur, ta visite sera invalidée… » [1]

En résumé, la particularité que le saint Shiblî a voulu souligner est celle-ci : « Et accomplissez pour Allah le Hajj et l’Omra » (Coran, Al-Baqara, 2/196), le respect du commandement du Seigneur. Ce même Shiblî a décrit toutes les convenances (mabrûr) prescrites par Allah et qui sont des mesures à effectuer nécessairement :

  1. Formuler avec un très grand désir l’intention d’accomplir le hajj et, de ce fait, renoncer à tout comportement qui ne va pas à son encontre

Pour pouvoir accéder à la satisfaction d’Allah et profiter des bienfaits divins au moment de la formulation de l’intention d’accomplir le hajj, s’engageant ainsi avec Allah, l’annulation de la position de l’ego (nafs) qui a pris place au fond de nous et un éveil à la faiblesse humaine nécessitent que nous soyons les visités du mystérieux palais divin. Dans ces lieux bénis, il est nécessaire de se dépouiller de tout égoïsme et de se laisser guider par le Livre saint. Ceux qui s’orientent vers le hajj et l’omra avec ces sentiments à l’esprit passeront par la porte de la charité et des bénédictions divines. Ceux-ci les recevront incontestablement par la suite.

  1. Le retrait de tout vêtement mondain au moment d’entrer en état d’ihram (en revêtant la toge blanche)

Dans la perspective de satisfaire Allah et consécutivement au désir d’accomplir le hajj ou l’omra, entrer en état d’ihram n’est pas seulement le fait de retirer de son corps des vêtements artificiels, mais cet acte nécessite que nous nous esquivions des choses mondaines telles que les possessions matérielles et notre condition sociale dans ce monde afin que le désir de transfiguration puisse s’initier dignement aux secrets divins. Car le Seigneur nous dit dans un verset coranique : « A réussi, certes celui qui la purifie. » (Coran, Ach-Chams, 91/9)

Dans cette atmosphère de spiritualité, il est absolument nécessaire de se détacher de toute pensée matérialiste et de se connecter affectueusement à Allah. Parce qu’à chaque fois que l’on s’aspergera de ce type de pensées, un sentiment de relâchement et d’inattention nous emportera ; les avantages de ces villes saintes, dans cette atmosphère, deviendront par conséquent inaccessibles. C’est la raison pour laquelle Hazrat ‘Umar (qu’Allah soit satisfait de lui) conseilla à tous ceux qui accomplissaient leur devoir de hajj ou d’omra de retourner immédiatement chez eux après avoir achevé leur collecte d’honneurs afin d’éviter son abrogation.

C’est un endroit dans lequel il faut chercher le Seigneur de la Ka’ba et « percevoir Son intime proximité plus que nos propres veines ne le sont ». [2] Ou bien encore « entre le cœur et l’individu, Allah s’engage ». [3]

À travers ce verset coranique susmentionné, il est donc nécessaire de parvenir à cette conscience qui indique le fait que toute chose ne peut échapper à Son regard. Autrement dit, les désirs temporaires de ce monde doivent être ôtés afin que l’attention soit portée sur le moyen de se rattacher au Seigneur. Ainsi est la quintessence du hajj et de l’omra.

  1. Une purification matérielle et spirituelle

Le Prophète (paix et salutations d’Allah sur lui), s’exprimant sur la finalité résultant du hajj et de l’omra et témoignant de toutes ces intentions bénies dans les adorations, a déclaré :

« Effectuez le hajj ! Parce qu’un hajj conforme purifie les péchés de la même manière que l’eau nettoie les saletés. » (et-Tergîb ve’t-Terhîb)

  1. Entrer avec prudence dans le Haram al-Charîf et honorer les règles religieuses en renonçant à tout ce qui est illicite et douteux.

Allah Ta’ala dit :

« Le hajj a lieu dans des mois connus. Si l’on se décide de l’accomplir, alors point de rapport sexuel, point de perversité, point de dispute pendant le hajj. Et le bien que vous faites, Allah le sait. Et prenez vos provisions; mais vraiment la meilleure provision est la piété. Et redoutez-Moi, ô doués d’intelligence! » (Coran, Al-Baqara, 2/197)

Dans cette perspective, il est indispensable de prendre garde aux conduites interdites et perverses telles que les batailles, les disputes, la fornication…À cause parfois de la promiscuité qui peut régner parmi les pèlerins, on peut être à chaque instant exposé à toutes sortes de conduites périlleuses. Pour se défendre de cela, et notamment au moment de la circumambulation, on doit se munir d’un caractère respectueux et poli. Après la circumambulation, il est important aussi de retourner à sa résidence en se dirigeant dans un sens opposé afin de ne pas gêner ceux qui sont en circumambulation.

Cependant, dans cet encombrement, qu’il soit au Haram al-Charîf ou bien dans les ascenseurs des hôtels, les relations (sociales) hommes-femmes doivent être soigneusement conçues. Les entrées et les sorties doivent être effectuées dans l’ordre et la solennité. Là-bas, il est nécessaire de ne pas perdre de vue l’interdiction du simple fait d’arracher un brin d’herbe pour que tous nos comportements, par l’intermédiaire de l’adoration, puissent nous rapprocher d’Allah. À la place des comportements déplaisants et sévères, le Créateur les alterne avec la charité, la révérence, la politesse et la courtoisie.

Ces différentes sortes de sensibilité, de commisération et de courtoisie qui symbolisent notre Prophète (paix et salutations d’Allah sur lui) sont d’importantes ténuités qui le couvrent également. En effet, notre Prophète s’adressa un jour à Hazrat ‘Umar de la façon suivante :

« Ô ‘Umar ! Tu as vraiment trop de force. Évite de faire du mal au faible (au moment de l’embrasser). Si un pilier te parait gênant, envahie-le en l’accostant, et si par contre il n’est pas un obstacle pour toi, formule alors un takbir et passe ! » (Ibn Hanbal, I, 23)

C’est de cette manière que la pudicité divine et spirituelle doit être consentie pour le visiteur présent dans ces lieux saints ; l’un des objectifs du hajj étant aussi d’honorer ces lieux et de faire parvenir jusqu’au cœur les sentiments et les souvenirs qui en découlent.

Le verset coranique suivant nous révèle ceci :

« Voilà [ce qui est prescrit]. Et quiconque exalte les injonctions sacrées d’Allah, s’inspire en effet de la piété des cœurs. » (Coran, Al-Hajj, 22/32)

Corrélativement à ce verset précité, des excellences et dimensions sacrées telles que le Coran, l’Envoyé d’Allah (Muhammad), la place sacrée où se situe la Ka’ba, les collines de Safa et Marwa et tous les quartiers à caractère sacré sont évoquées dans l’esprit de chacune des injonctions d’Allah. Lors du hajj ou de l’omra, il est surtout nécessaire de s’abstenir de tout travers en adoptant un esprit de révérence. En outre, il est également important d’éviter certains comportements déshonorables tels que s’asseoir ou s’allonger les pieds tendus vers la Ka’ba, communiquer inutilement et de façon incompréhensible, lire le Coran de manière inattentive et le déposer dans des lieux non conseillés.

D’autre part, dans ces lieux saints, des sentiments de consolation doivent être cultivés à l’égard de tous nos frères musulmans qui souffrent de maladie, de pénurie ainsi qu’à tous ceux qui sont en deuil ; bref, en un seul mot, à l’égard de tout croyant (mu’min) qui se trouvent dans une situation difficile. Il faut penser que le cœur constitue un lieu d’affection divine et que cette affection doit être extrêmement entretenue et protégée contre toute sensation vexatrice. En effet, les fenêtres des cœurs sont ouvertes en Allah et restent la plupart du temps imperceptibles pour l’homme.

Le hadith suivant évoque Halîd al-Bagdadî, l’un des plus grands sages spirituels, qui, lors de sa mission sur l’appel islamique, avait eu une pensée aussi riche de sens que lorsqu’il avait vécu avant l’engagement qui fut le sien :

Halîd al-Bagdadî prit donc la direction de La Mecque afin d’y effectuer le hajj et, sur le chemin, croisa un sage dont le visage était rayonnant. Ce dernier, un Yéménite, ami d’Allah, vit Halîd al-Bagdadî se laisser prendre par son attraction spirituelle et s’approcher de lui afin de lui demander conseil. Le sage dit :

« Eh Halîd ! Lorsque tu parviendras à La Mecque, dans le cas où tu verrais à la Ka’ba une chose en contradiction avec la pudicité, ne porte pas de faux jugement au sujet de ton interlocuteur et ne te laisse pas prendre par tes mauvaises pensées ! Retiens ton cœur et tes yeux de toute curiosité attentatoire ! Occupe-toi de la décoration de ton monde intérieur ! »

Effectivement, le sage Halîd al-Bagdadî, affectionné par l’émotion et la saveur de la spiritualité, arriva à la Mecque et, oubliant les avertissements qu’il avait reçus de l’homme sage rencontré précédemment, posa ses yeux un vendredi sur un homme qui avait une tenue débraillée et qui tournait le dos à la Ka’ba. Halîd al-Bagdadî se dit en lui-même :

« Mais quelle personne ignorante est-ce là, impudique et tournant le dos à la Ka’ba ! N’est-elle pas informée de l’endroit où elle se trouve ? »

Pendant qu’il pensait ainsi, ce sage, flegmatiquement, s’adressa à Halîd al-Bagdadî :

« Ne sais-tu pas que la révérence faite à l’égard d’un croyant est plus vertueuse que celle faite à l’attention de la Ka’ba. Le cœur est un lieu d’affection divine. Un cœur pur est la maison d’Allah (baytullah). Garde au fond de toi les conseils de cet homme sage de Médine ! »

Le sage Halîd al-Bagdadî, en entendant ces paroles, sursauta et sut que cette personne n’était pas comme il l’avait cru auparavant. S’étant rendu compte qu’il avait eu affaire à un grand walî (saint), il finit par lui embrasser diligemment les mains tout en se confondant en excuses.

Enfin, de ce récit, je voudrais rapporter quelques conseils de mon défunt père Mûsâ Efendi –qu’Allah bénisse son secret- :

« L’exhortation que je peux donner à ceux qui se rendent là-bas (dans les lieux saints), c’est de ne pas négliger la crainte d’Allah (taqwa). Vous vous occupez avec votre cœur de votre propre monde, ne vous embarrassez pas de futilités. Restez focalisés sur votre but qui n’est rien d’autre que de profiter des manifestations spirituelles. 

Bien sûr, à chaque moment du hajj, l’esprit de l’homme se développe d’une manière imperceptible. Ceux qui sont engagés dans les grands services vénérables sont ceux qui accomplissent le hajj d’une manière répétée. C’est avec les manifestations de la spiritualité issue du hajj que se développent la charité, la bénédiction et la compassion. L’affection du cœur et la main de telles personnes s’ouvriront et cultiveront leur amour pour Allah avec commodité et dans une atmosphère de foi savoureuse et émotionnelle. »

Le résumé de toutes ces questions :

  1. Pour la satisfaction d’Allah, initier la conscience à l’occasion du sacrifice de la Tabaski

Lors des actes d’adoration pratiqués au hajj et hormis le sacrifice de l’animal prédisposé, l’objectif est de se souvenir également de la délivrance de Hazrat Ibrahîm et de Hazrat Ismaïl (que la paix soit sur eux), profiter de leur sagesse divine et accomplir son devoir d’obéissance avec la crainte et l’amour d’Allah au fond du cœur. En d’autres termes, ceux qui ne font pas cas du matériel, ceux qui ne se font pas d’illusions sur l’existence, bref ceux qui se confient en Allah et qui s’entretouchent au moyen de l’affection divine doivent être dans la condition d’un derviche. Ceci est confirmé par le verset coranique suivant :

« Ni leurs chairs ni leurs sangs n’atteindront Allah, mais ce qui L’atteint de votre part c’est la piété. » (Coran, Al-Hajj, 22/37)

Il faut croire que Hazrat Ibrahîm (sur lui la paix) a sacrifié son fils et que la vie de son fils Ismaïl (sur lui la paix) a été également révélée. À quel point nous-mêmes pouvons-nous sacrifier notre âme et nos biens dans le sentier d’Allah ? « Certes, Allah a acheté des croyants, leurs personnes et leurs biens en échange du Paradis (…) (Coran, At-Tawba, 9/111) Dans quelle mesure pouvons-nous nous conformer au sens qualitatif de ce verset coranique ?

Ainsi donc, pour ces sacrifices, il existe un devoir qui nous revient durant toute notre vie.

  1. La lapidation de Satan et de l’ego (nafs)

La lapidation de Satan commence par extension avec son rejet à l’intérieur. Il s’agit du souvenir de la lapidation qu’avaient réalisée Hazrat Ibrahîm, Hazrat Ismaïl et notre mère Hadjar pour s’écarter de sa suspicion.

Ceci est donc le niveau de cohérence et de consistance qui est recommandé au serviteur afin qu’il puisse parvenir à l’assiduité voulue par le Seigneur dans toutes les étapes :

  1. Être permanemment dans le dhikr (souvenir) et faire continuellement des douas (invocations)

Allah Ta’ala dit :

« (…) Puis, quand vous déferlez depuis Arafat, invoquez Allah, à al-Mashar-al-Haram (Al-Muzdalifa). Et invoquez-Le comme Il vous a montré la bonne voie, quoiqu’auparavant vous étiez du nombre des égarés. » (Coran, Al-Baqara, 2/198)

« Et quand vous aurez achevé vos rites, alors invoquez Allah comme vous invoquez vos pères, et plus ardemment encore. Mais il est des gens qui disent seulement : ‹ Seigneur ! Accorde-nous [le bien] ici-bas !› – Pour ceux-là, nulle part dans l’au-delà. » (Coran, Al-Baqara, 2/200)

En fait, lors de l’accomplissement du hajj, il est recommandé de demeurer permanemment en état de dhikr (par la récitation de : Allahoumma labbayk) et de faire abondamment des douas.

Le Prophète (paix et salutations d’Allah sur lui) afin de conserver les acquis du dhikr et des douas, indiqua les circonstances dans lesquelles les actes d’adoration en dehors des prières doivent être accomplis dans ces lieux saints :

« La circumambulation autour de Baytullah (la Maison d’Allah) est comme une prière, mais vous pouvez vous y exprimer. Si c’est ainsi, lorsque quelqu’un veut s’exprimer pendant la circumambulation, qu’il ne parle uniquement que de bonté. » (Tirmidhî, Hajj, 112)

Les conséquences des règles que nous avons eues à citer sont les suivantes :

  1. Le goût du pardon divin, de la bénédiction et de la gratification

Un hadith stipule :

« Est dite pratique kaffara tout acte commis entre l’intervalle de temps établi d’une ombre à l’autre. Hormis le paradis, il n’existe pas d’autre récompense pour le hajj mabrûr » (Bukharî, Omra, 1)

Le désir de tout croyant qui parvient à Harameyn doit être développé autour d’un sentiment lié à l’achèvement du hajj et/ou de l’omra, dans une béatitude joyeuse et joignant les pratiques gracieuses autour de cette joie.

La visite d’Al-Madina al-Mounawwara : « la Ville Illuminée »

Il ne faut jamais oublier que Médine l’illuminée qui est visitée avant ou après le hajj et l’omra est la plus précieuse pierre que porte l’univers. Elle doit être honorée avec une convenance spirituelle et dans un sentiment d’obéissance à son égard. Le Prophète (paix et salutations d’Allah sur lui) a dit à ce propos :

« Moi aussi j’ai imploré, faisant des douas en faveur d’al-Madina al-Mounawwara dans la région d’al-Haram, de la même manière qu’Ibrahîm avait imploré au nom de Makka al-Moukarama dans la région d’al-Haram. » (Bukharî, Fadhâilu’l-Madîna, 6)

C’est pour cette raison qu’il est nécessaire d’honorer al-Madina al-Mounawwara de la même façon que Makka al-Moukarama, peut-être même davantage. En effet, l’Imam Malik et les sages de Médine ont confirmé qu’al-Madina al-Mounawwara était plus vertueuse que Makka al-Moukarama et constituait le lieu le plus sacré de la terre parce qu’elle abrite également le tombeau du Prophète (paix et salutations d’Allah sur lui) [4] et que tout l’univers entier se consacre à lui, tout ayant été créé à cause de lui.

Cette sensibilité est une preuve que le sage Malik, imam de la Masdjid an-Nabî à l’époque, a démontrée de par sa conduite dans cette ville sainte. Afin de bénéficier de la grâce qu’offre la terre sur laquelle le Messager d’Allah a mis pied, jamais il ne monta sur un animal ou ne porta de souliers à al-Madina al-Mounawwara. Il était tellement pieux qu’il sortait à l’extérieur de la ville pour renouveler ses ablutions.

Ainsi donc, pour que ceux qui effectuent le hajj et l’omra puissent profiter dignement et en toute intégrité du climat spirituel et des souvenirs attachés à ces saintes cités, il est indispensable qu’ils y demeurent animés d’un sentiment empreint de pudicité et de respect. En effet, la première condition d’un juste profit est la pudicité.

En résumé, le nombre de vertus qu’un hajj et une omra bienheureux et conformes feront bénéficier aux cœurs est indénombrable. Comment se fait-il que si l’on passe du temps dans ces saintes cités d’une manière inconsciente, sans que la pudicité attachée au hajj et à l’omra ne soit observée, la possession d’une manière quelconque de n’importe quel profit ne soit possible ? Quelle qualité d’éveil d’esprit se trouve dans le sujet suivant :

Un jour, Muhammad Iqbal, l’architecte spirituel du Pakistan, qui avait un attachement particulièrement profond à l’islam, posa les questions suivantes à des pèlerins qui étaient revenus de Médine et à qui il avait rendus visite :

« Vous avez visité al-Madina al-Mounawwara et vous en êtes revenus : avec quelles sortes de cadeaux, de sa maison sacrée, avez-vous rempli vos cœurs ? Les cadeaux matériels que vous avez apportés vont s’altérer, se flétrir et finiront par disparaître. Avez-vous également rapporté ces cadeaux spirituels provenant de Makka al-Moukarama, des cadeaux qui sont intarissables et qui ravitaillent le cœur ?…

 

Parmi tous ces cadeaux, y a-t-il l’honnêteté et l’obéissance d’Abû Bakr, la justice de ‘Umar, la prudence et la générosité d’Osman, la sagesse et le sens du jihad d’Ali ? Aujourd’hui, est-ce qu’à partir de vos affections spirituelles, vous pourriez donner l’émotion d’une période de bonheur (asr-al-saâda) à ce monde musulman dans lequel sévissent des milliers de tourments ? »

Ô Seigneur ! Honore-nous en nous permettant de visiter Harameyn ! Rend précieux nos œuvres d’obéissance ainsi que nos actes d’adoration que nous effectuerons dans le cadre du hajj et de l’omra !

Amin  

[1] Voir. Tahkik, Osman Yahya, Ibn Arabî, Futuhât al-Makkiya, X, s.133-138.

[2] Voir. Coran, sourate Kâf, 16.

[3] Voir. Coran sourate al-Anfâl, 24.

[4] Voir. Kadı Iyâz, şifa i-şerif c II, s. 95-96.

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