La place de la femme au regard des différentes époques et croyances

Mar 13, 2019 par

Hafsa  Şendoğan

Comme chacun le sait, la société arabe préislamique a connu une époque nommée Jahiliya (Période d’ignorance). Cette dernière symbolise l’époque durant laquelle l’humanité, du point de vue de la foi, de la morale, du service adoratif, du droit et du civisme, a connu un déclin remarquable. La religion musulmane, grâce à la corde que Dieu a fait descendre (le Saint Coran), a sauvé nombre d’individus des marécages (religieux) dans lesquels ils étaient embourbés afin de les porter au pinacle de la vertu et de la civilisation.

Consécutivement à ces siècles écoulés, alors que l’humanité était appelée à progresser du point de vue civilisationnel et selon la vérité, force est de constater qu’aujourd’hui, malheureusement, c’est tout le contraire qui s’est produit. C’est à ce titre qu’au sein de nombre de sociétés humaines, la lumière que l’islam a allumée dans les cœurs et les esprits a été oubliée, les valeurs sacrées qu’il a enseignées ont été délaissées, conduisant les âmes à l’égarement au sein des plus obscures ténèbres. C’est suite à l’écroulement de ces croyances nuisibles qui ont marqué cette période d’ignorance que la « femme » a pu bénéficier de son « indult » à l’instar des hommes qui étaient au bénéfice de la vertu et de l’identité originelle que l’islam rehaussa en y accordant une valeur à nulle autre pareille.

L’islam a déployé le paradis sous les pieds des mères, et ces dernières, en matière d’honneur et de vertu, sont celles qui sont à la fois méritantes, vertueuses et élevées jusqu’aux nues. C’est pour cette raison que la vie moderne peut être considérée comme un retour à l’ère de l’ignorance, faisant de la femme l’esclave des désirs de la société, l’exposant partout hors de chez elle comme un jouet. C’est à cet effet que la femme tomba dans le filet de l’exploitation et dans le piège des slogans éloquents, voyant ses sentiments les plus délicats, sa faible constitution, son élégance et sa beauté brutalement piétinés.

Afin de permettre une quelconque possibilité de comparaison avec le degré d’ignorance que nous constatons aujourd’hui, je voudrais évoquer brièvement la place de la femme au cours des différentes périodes de l’histoire.

En Arabie préislamique

Les Arabes au temps de l’ignorance n’aimaient guère les petites filles. À cause du rang qui était le leur dans la société de l’époque, leurs propres filles étaient des sujets de honte et pour s’en débarrasser ils les enterraient vivantes. Les femmes, en général, étaient des êtres exploités, des êtres pouvant être achetés ou vendus. Le mariage se présentait comme un contrat de vente. La femme mariée était affranchie de l’autorité de son père et vivait sous l’autorité de son mari.

Le mahr (douaire) attribué lors des fiançailles n’était pas le droit de la femme, mais du père. Le mari pouvait épouser autant de femmes qu’il désirait et à tout moment. Il pouvait aussi divorcer quand il le voulait et se remarier si tel était son désir. Quand le mari venait à décéder, elle devenait un bien appartenant aux héritiers du mari, et celui qui parmi ceux-ci se manifestait le plus promptement entrait en possession de la femme.

À cette époque, les femmes étaient divisées en deux groupes, à savoir les femmes libres et les femmes esclaves. Chacune de ces femmes avait sa place bien définie dans la société. Certaines choses considérées naturelles pour la femme esclave ne l’étaient pas pour la femme libre ; lesdites choses pouvaient être source de honte pour cette dernière. Par exemple, la fornication qui était répandue parmi les femmes esclaves avait cours proportionnellement parmi les femmes libres. Mais la mort était le prix à payer pour une fornication consommée dans le mariage.

Aux yeux des Arabes, la femme était considérée comme cancanière, maudite, dotée d’un esprit rusé et vengeur, et trop mal vue à cause de cette pensée à son égard. On ne tenait pas compte de leur avis. On ne les consultait pas non plus.

Dans la Grèce antique 

Aucune différence notoire avec le statut de la femme dans la société grecque de l’Antiquité. L’homme bénéficiait du statut de chef de famille, au pouvoir illimité, et avait une totale domination sur sa femme et ses enfants. Son pouvoir était tel qu’il pouvait aller jusqu’à tuer son épouse ou lui faire subir tout ce qu’il voulait. De même que le père avait le droit d’accepter dans sa famille toute personne qui avait un lien avec son épouse, il avait aussi le droit de n’accepter personne. La fille n’avait aucun droit à la propriété.

En ce temps-là, Platon avait défendu l’idée selon laquelle la femme était une marchandise circulant de main en main ; quant à Aristote, il avait défini la femme comme la création inachevée de l’homme.

En Inde

Selon le droit de l’ancienne Inde, la femme n’avait aucun droit dans le partage de l’héritage, dans le mariage et autres règlements en matière familiale. En raison de son faible caractère, de son inclinaison à la fâcherie et de sa morale imparfaite, la Loi Manu contraignait la femme à rester auprès de son père dans son enfance, auprès de son mari dans sa jeunesse, auprès de son fils ou d’un proche parent si celui-ci était décédé. Une femme ayant perdu son mari était soit brûlée soit traitée comme une esclave dans la famille de son époux. Elle n’était pas autorisée à se marier, mais plutôt sacrifiée pour plaire aux dieux ou pour amener la pluie.

Dans le bouddhisme

Bouddha, le fondateur du bouddhisme, n’acceptait pas au début les femmes au sein de sa religion. Il les présentait comme des créatures dont il fallait se méfier. Cependant, Anenda ayant fortement insisté et après un certain temps d’hésitation, Bouddha finit par admettre les femmes dans sa religion, mais petit à petit. Néanmoins, il ne se garda pas de souligner que cela s’avérait très dangereux pour la communauté bouddhiste.

Dans le judaïsme

Selon les commentaires des rabbins, la femme, en général, est considérée de façon négative. Dans la maison de leur père, les filles juives étaient traitées comme des domestiques. Le père pouvait même les vendre.

La femme juive, considérée maudite pour avoir égaré Adam, mourait pendant la grossesse parce que, pensait-on, elle n’accomplissait pas avec justesse ses devoirs. Voici ce que déclare en substance le Talmud :

« La femme meurt pendant la grossesse pour trois raisons essentielles : 1 – pour n’avoir pas pris soin de ses menstruations ; 2 – pour n’avoir point séparé la pâte ; 3 – pour avoir commis des erreurs lors de l’allumage de la lampe à huile. »

Quant à la femme fraîchement sortie de sa période de menstruation, il lui est souvent recommandé de faire certains sacrifices d’animaux en tant qu’acte expiatoire (au péché). En effet, sans cela, que ce soit sa personne ou bien tout ce qu’elle touchera ou mangera sera considéré comme impur.

Notons également qu’il est interdit à la femme juive de participer aux offices religieux (en tant qu’officiante), au service adoratif (mais peut y assister), et ne peut en conséquence se vouer elle-même à son Seigneur.

Dans l’Iran ancien

Sous les Sassanides, épouser sa sœur était un acte religieusement acceptable. C’était même une pratique que l’on encourageait. La consanguinité n’était pas un facteur incitant au respect des femmes en tant que mères ou sœurs.

Dans le christianisme 

Ève, qui proposa à Adam de manger du fruit défendu et qui commit le péché dit « péché originel », est cette créature que l’on nomme femme. Elle est la source du péché, du trouble et de la perversion. À cause de cette faute ô combien incommensurable, la réprobation divine marqua de façon indélébile le genre féminin. Le péché est toujours là, source d’un mal impossible à éviter. Satan a envahi l’esprit de la femme. À l’instar d’Adam, ce n’est que par le biais de la femme que Satan peut s’approcher de l’homme.

Étant conçue imparfaite et souillée, se marier avec elle devient un acte sensiblement détestable. Un homme marié ne peut plus en conséquence penser à Dieu et à Sa grandeur, mais seulement à sa femme, ce qui est à même de l’éloigner du monde spirituel. C’est la raison pour laquelle les prêtres ne peuvent pas se marier. Quiconque est pur ne se marie pas et quiconque divorce pour se remarier commet un adultère.

Voici la teneur de propos qui furent tenus lors d’un concile qui eut lieu cinq siècles après la naissance de Jésus : « En dehors de la mère (parce qu’en état de semi-déesse) du Messie (Jésus), aucune femme ne  sera épargnée du châtiment de l’enfer. »

Dans tout ce qui a trait au mariage, au divorce et à d’autres faits qui leur sont liés en matière de lois relatives au droit civil, les protestants et les orthodoxes sont beaucoup plus tolérants que les catholiques.

En Europe

Tout au long de l’Antiquité, du Moyen Âge et des temps modernes, les sociétés restées sous l’influence d’une religion et d’une culture toutes deux infondées, principalement en Europe puis dans le monde entier, ont débattu sur l’existence ou de la non-existence de l’âme chez la femme. Les savants religieux et les philosophes ont fait preuve d’intellectualisme sur ce sujet pendant des siècles.

Ceux qui parmi ces derniers acceptèrent que la femme fût dotée d’une âme mirent sur table la question de savoir si cette âme était celle d’un humain ou d’un animal. Le groupe minoritaire ayant accepté la première proposition approuva néanmoins le fait que la femme doit être soumise au droit régulant les comportements humains dans la société. La femme doit demeurer sous domination, peut-être est-elle un peu supérieure à l’esclave, mais indubitablement elle demeure un être pauvre et ordinaire.

Dans la vie quotidienne, elle était victime de négligence, empêtrée dans l’ignorance, laissée à l’enfantement, travaillant nuit et jour comme une bête de somme. Qui plus est, en ce qui concerne les épouses des nobles et des seigneurs de tout rang, minoritaires, nanties, vivant dans le gaspillage et le luxe ostentatoire, elles n’avaient aucun mérite. Cette situation remonte à la révolution industrielle et a perduré ainsi jusqu’à son obsolescence.

L’adultère était toléré. On n’accordait pas d’importance à ce péché, parce qu’avec la méthode de purification des péchés qui avait cours en ces temps-là, on pouvait se purifier facilement. Les rois et les nobles pouvaient s’échanger ou bien vendre les filles ayant atteint l’âge du mariage.

En Angleterre, la femme ne pouvait pas toucher la Bible parce qu’elle était considérée comme une créature impure. Cette situation prendra fin avec une décision parlementaire prise à l’époque du roi Henri VIII (1491-1547).

Dans la société industrielle moderne

Dans la société industrielle, surtout en période de guerre, les femmes ont été autant utilisées que les hommes. Elles furent encouragées à accomplir les travaux les plus pénibles en dépit du fait qu’elles ne furent même pas reconnues dans les situations qui leur étaient propres, à savoir les grossesses et les menstrues. Par exemple, dans les années 1930, 65% des ouvriers qui travaillaient dans les fabriques de tissus en Grande-Bretagne étaient des femmes. Dans les travaux nécessitant une force accrue, les femmes étaient moins rémunérées que les hommes, à travail égal pourtant, à cause de leur statut de femme. Cette situation conduisit naturellement les femmes à se révolter, inaugurant ainsi le premier mouvement féministe en Occident.

En 1860, et pour la première fois aux U.S.A, les syndicats, sous la pression des femmes, revendiquèrent « l’égalité en matière de travail et de salaire ». Le droit de vote et d’élection des femmes ne fut reconnu qu’en 1928 en Angleterre et en 1944 en France.

En ce qui concerne la vie moderne, fonder une famille est pour la femme un luxe conçu comme un frein à sa liberté. Les femmes qui, fortes de cette pensée, s’adonnent aux choses de la vie moderne consacrent leur sentiment maternel le plus naturel à leur vie professionnelle. Cette situation qui a déjà mis en danger la continuité générationnelle ouvre la voie à la disparition de tout sentiment de paix et de solidarité au sein de la famille. Dorénavant, dans les sociétés occidentales modernes, la femme prouve qu’elle est l’égale de l’homme en travaillant dans tous les domaines, mais au risque de perdre sa féminité. Ainsi donc, en lieu et place de foyers stables, sacrés, caractérisés par le respect et l’affection au sein du couple, émergent de plus en plus des unions éphémères qui sont plus ou moins liées à l’argent, au plaisir et à l’intérêt.

À travers toutes sortes de films, de feuilletons, de publicités et autres de moyens similaires, on veut faire croire aux femmes et aux hommes qu’ils peuvent apprendre quelque chose sur leur sexualité, car tout est fait pour discréditer cette union sacrée (le mariage) en la désolidarisant de la surveillance (ou veille) institutionnelle. Ce qui empoisonne l’âme de l’homme et de la femme d’aujourd’hui, c’est que les deux sexes  s’autorisent toutes sortes d’excès en accélérant de fait la destruction des valeurs matérielles et spirituelles de la société.

La femme, de par sa beauté et son sex-appeal, est regardée comme un outil de marketing, un accessoire mettant en valeur une voiture, une lame de rasoir, un stylo, un scooter, un magazine, un parfum ou une paire de chaussures.

Parce qu’elle embellit par son attirance les produits à vendre, la femme est la première interlocutrice en matière d’économie de gaspillage. Des produits tels que la cosmétique, l’habillement et les bijoux contribuant à l’exposition des femmes au travers de la mode et de la publicité, sont censés leur apporter une « prétendue » liberté, mais ne servent au bout du compte qu’à soutirer de l’argent de la poche des femmes fortunées. Et c’est de cette manière que la femme voit son âme se transformer en argent à force d’embellir son corps, passant à côté de sa jeunesse et destinée à demeurer seule dans sa vieillesse, à la fois misérable et perdante dans les deux mondes.

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