La conformité au Messager d’Allah à la lumière des versets du Coran

Mar 13, 2019 par

Dr. Kerim Buladı

 

 Dis : « Si vous aimez vraiment Allah, suivez-moi, Allah vous aimera alors… »

 

Nous voulons commencer cet exposé en apportant des détails relatifs à la signification du mot « conformité ». Du mot « ittiba » en langue turque ottomane, son équivalence en langue arabe signifie « emprunter, poursuivre quelqu’un, se conformer à ».[1]

 

Des sujets tels que la soumission à la volonté d’Allah, à la conformité aux prophètes, à la révélation et aux livres qui leur sont descendus, au rattachement au chemin de délivrance, au Seigneur et au Coran, formant intrinsèquement les points fondamentaux de la religion musulmane, sont exprimés par le terme « ittiba ». De même, des sujets tels que la conformité aux désirs de l’ego et aux sentiments, à Satan, aux oppresseurs et à ceux qui divisent, au rattachement des croyants à d’autres voies, sont également exprimés avec le terme « ittiba ».[2]

Les détails et les conseils relatifs à la conformité au Prophète Muhammad (pbsl), évoqués dans différents versets coraniques ainsi que dans la révélation en général seront l’objet central de notre sujet. Allah le Très-Haut a ordonné à tous les croyants de se conformer au Prophète (pbsl), de demeurer pleinement sur sa voie, de s’attacher à lui et de l’aimer. Il a fait de sa personnalité et de ses pratiques le plus bel exemple (uswa al-hassana). Il est impossible de comprendre le Coran sans l’appui de Son guide, car Allah ne l’a pas seulement chargé de transmettre le Coran, mais aussi, en même temps, d’en donner l’interprétation. Un verset coranique vient corroborer cette fonction en ces termes : « (Nous les avons envoyés) avec des preuves évidentes et des livres saints. Et vers toi, Nous avons fait descendre le Coran, pour que tu exposes clairement aux gens ce qu’on a fait descendre pour eux et afin qu’ils réfléchissent. »[3]

 

Il est effectivement inimaginable de constituer une vie islamique sans se conformer aux interprétations du Messager d’Allah (pbsl) et à ses applications en termes de pratique effective. De même qu’il n’y a aucun doute sur la qualité de la première source fondamentale de la religion musulmane que constitue le Coran, de même il ne peut y avoir d’hésitation sur le fait que la Sunna du Prophète (pbsl) soit la seconde source. Ceux qui émettent des doutes là-dessus n’ont guère de preuves éminentes à formuler. En se lançant sur un pareil chemin d’interprétation, ils seront en contradiction avec les exhortations du Coran relatives à la conformité au Messager d’Allah (pbsl).

Sa’d, un Compagnon du Prophète (pbsl), dit à A’icha : « Ô mère des croyants ! Quelle était la moralité du Prophète ? » Celle-ci lui demanda : « Lis-tu le Coran ? » Sa’d répondit : « Oui, je le lis. » Et A’icha de lui dire : « Eh bien, la moralité du Prophète, c’est le Coran. »[4]

Ainsi, notre Prophète (pbsl) demeure permanemment l’exemple vivant du Coran. Il ne s’est pas seulement contenté de transmettre le Coran à sa communauté, il l’a aussi guidé en appliquant personnellement ses injonctions. C’est la raison pour laquelle il est inconcevable de comprendre le Coran en excluant son exemple et en abandonnant sa Sunna.

En effet, Allah le Très-Haut a élevé au même degré le devoir de soumission et d’amour à Son égard que la conformité au Prophète (pbsl) : Dis : « Si vous aimez vraiment Allah, suivez-moi, Allah vous aimera alors et vous pardonnera vos péchés… »[5]

 

Voici présentement les circonstances de la révélation de ce verset coranique :

À l’époque du Prophète (pbsl), Allah révéla ce verset suite à la déclaration commune d’un certain groupe de personnes : « Ô Muhammad, dirent-ils, nous jurons au nom d’Allah que nous aimons vraiment notre Seigneur. » En effet, dans ce verset précité, Allah a fait de la conformité à Muhammad (pbsl) et à l’amour dû envers lui une réalité probante.[6]

Tabarî donne une autre raison à cette révélation et fait savoir qu’il penche pour cette opinion : les chrétiens de Najran vinrent un jour rendre visite au Prophète (pbsl). Ceux-ci avaient coutume d’attribuer des propos honorifiques à l’adresse de ‘Issa (Jésus) et firent savoir (au Prophète) qu’ils agissaient ainsi par amour pour Allah. Là-dessus, Allah fit descendre ce verset et ordonna au Prophète (pbsl) de transmettre ce message aux chrétiens de Najran : « Si tout ce que vous dites au sujet de ‘Issa, vous le dites seulement pour glorifier Allah et Son amour, conformez-vous alors à Muhammad. »[7] Ces deux révélations signalent en conséquence la nécessité de se conformer à Muhammad (pbsl) et à sa Sunna. Demeurer dans la quiétude, en vertu de l’amour et du pardon d’Allah, n’est possible qu’en croyant au Prophète (pbsl) et en se conformant à sa Sunna. Le Coran témoigne que le vrai sens du succès et du salut ici-bas et dans l’au-delà ne sera évident qu’en vertu de la conformité au Prophète Muhammad (pbsl) :

 

« Ceux qui suivent le Messager, le Prophète illettré qu’ils trouvent écrit (mentionné) chez eux dans la Thora et l’Evangile. Il leur ordonne le convenable, leur défend le blâmable, leur rend licites les bonnes choses, leur interdit les mauvaises, et leur ôte le fardeau et les jougs qui étaient sur eux. Ceux qui croiront en lui, le soutiendront, lui porteront secours et suivront la lumière descendue avec lui ; ceux-là seront les gagnants. »[8]

 

Ceux qui ne croient pas à la prophétie de Muhammad (pbsl), qui ne lui prêtent pas son appui, qui ne le secondent pas, qui ne se conforment pas à lui et qui n’acceptent pas le fait que le Coran lui ait été révélé, ne parviendront pas au salut. La croyance aux prophètes, mais aussi aux feuillets et aux livres qui leur ont été révélés, est l’un des fondements de l’Islam. Par conséquent, consécutivement à l’apostolat de Muhammad (pbsl), tout homme a le devoir de croire en lui et de se conformer à lui (et cela dans la perspective du Jour de la Résurrection). N’est pas considéré comme croyant quiconque n’accepte pas sa mission prophétique et rejette le fait que le Coran lui ait été révélé par Allah. Cette réalité est soulignée d’une manière extrêmement concise dans le verset coranique susmentionné. Un autre verset vient s’ajouter à ce dernier et le corroborer :

Dis : « Ô hommes ! Je suis pour vous tout le Messager d’Allah, à Qui appartient la royauté des cieux et de la terre. Pas de divinité à part Lui. Il donne la vie et Il donne la mort. Croyez donc en Allah, en Son messager, le Prophète illettré qui croit en Allah et en Ses paroles. Et suivez-le afin que vous soyez bien guidés. »[9]

 

Ce verset coranique notifie le fait que le Prophète Muhammad (pbsl) est un prophète universel. Il n’a pas été seulement envoyé (par Allah) à son peuple ou dans une région déterminée comme cela l’a été chez les autres prophètes, il a été un prophète envoyé à tous les hommes ainsi qu’aux génies (djinns). Les injonctions divines qu’il a communiquées ne sont pas valables que pour un peuple ou un groupe en particulier, ou bien pour une seule nation en particulier, mais elles sont une opportunité pour que les hommes connaissent le bonheur. C’est la raison pour laquelle ceux qui se conforment à lui et qui croient profondément à son apostolat parviendront à la bénédiction et au salut et seront en mesure d’entrer à l’intérieur du cercle de la délivrance.

Tout l’amour du croyant doit se manifester pour Allah, sur le chemin d’Allah, dans le but d’acquérir Sa satisfaction. Puisque la religion d’Allah est définie dans le tawhîd (l’unicité d’Allah) et l’islam, l’amour s’inscrit et s’arrête toujours dans ce cadre. Cette religion n’est prédominante que dans une volonté manifeste à l’obéissance et à l’adoration. Dans ce cas, ceux qui aiment Allah, ceux qui disent : « J’ai confié tout mon être à Allah, moi, ainsi que ceux qui m’ont suivi »[10] et qui ne sont pas en opposition avec le Messager d’Allah (pbsl), l’annonciateur de cette religion (l’islam), sont ceux qui l’ont pris en exemple et qui se rattachent à son message dans leur vie religieuse. En revanche, s’opposer à ce principe précité signifie en clair : « J’aime Allah, mais je ne fais aucun cas de ce qu’Il m’ordonne de faire. Je n’aime pas ce qu’Il aime. Je n’aime pas non plus ceux qui L’aiment, qui se sacrifient sur son chemin, ni même ceux qu’Il a envoyés, et je ne veux pas ressembler à ces derniers. » Refuser de se conformer au Messager d’Allah (pbsl), c’est refuser d’affirmer : « J’ai confié tout mon être à Allah » et d’agir selon ce principe. C’est, en fait, refuser d’aimer Allah et demeurer privé de Sa bénédiction.

La raison de cette nécessité majeure appelant à se conformer au Prophète (pbsl) résulte du fait qu’il soit le Messager d’Allah, le prophète missionné, l’annonceur de la religion (l’islam), le transmetteur des différentes injonctions et prescriptions relatives au salut et sa fonction de messager. Ceux qui s’abstiennent d’obéir au Messager d’Allah, qui ne se soumettent pas à Allah et qui ne L’adorent pas ne sont pas considérés comme des croyants. Allah ne leur accorde aucune attention car la position que ces derniers arborent est pour Lui une injure.[11]

Se conformer au Messager d’Allah et l’aimer, c’est se soumettre à Allah et L’aimer. Car, en effet, Le Prophète Muhammad (pbsl) est assurément l’Envoyé d’Allah. Il a révélé Son nom, explicité Ses recommandations et Ses interdits, les a appliqués personnellement dans sa propre vie et, ainsi, est devenu un exemple pour sa communauté. Se soumettre au Messager d’Allah (pbsl), c’est se soumettre directement à Allah. Se conformer à lui sous-entend obéir à Celui qui l’a envoyé. Ainsi donc, la conformité au Messager d’Allah est une forte obligation (fard).

 

 

 

 

[1] Ibn Manzûr, Lisânü’l-Arab, Beyrouth, 1999, II, 13-15, (tebia’ maddesi); Osman Devellioğlu, Dictionnaire encyclopédique ottoman-turc, Ankara, 1978, I, 564.

[2] Muhammed Fuad Abdulbaki, Mu’cemü’l-Müfehres li elfâzi’l_Kur’ani’l-Kerîm, Istanbul, ts. s. 150-152.

[3] Coran, An-Nahl, 16/44.

[4] Muslim, Musâfirûn, 139; Tirmidhî, Birr, 69; Ibn Mâja, Ahkâm, 14; Ahmed ibn. Hanbal, VI, 54, 91.

[5] Coran, Al-Imrân, 3/31.

[6] Voir Muhammad ibn. Jarîr et Tabarî, Jamiu’l-Bayân fî Tafsîri’l-Kur’ân, Egypte (Kahira), 1981987, c. III, cz. III, 155; Muhammad al-Shawqânî, Fethu’l-Kadîr, Beyrouth, 1994, I, 420.

[7] Voir. Tabarî, a.g.e., III, 155-156.

[8] Coran, Al-A’raf, 7/157.

[9] Coran, Al-A’raf, 7/158.

[10] Coran, Al-Imrân, 3/20.

[11] Pour de plus amples connaissances, voir : Muhammad Hamdi Yazır, Hak Dini Kur’ân Dili, Sadeleştirenler, İsmail Karaçam et frères, Allemagne, ts. II, 342-344.

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