De l’accès à un niveau d’humanisme tel que le préconise l’islam

Mar 13, 2019 par

Fahreddin Yıldız

Le Coran se présente comme un livre qui révèle à l’homme ce qui est le plus juste, ceci dans l’effort de l’éclairer.[1] Dieu a offert le Coran en cadeau à l’humanité et a envoyé Son Messager suivi de la Religion Droite et de la guidance.[2] L’objectif étant d’assurer la supériorité de la religion islamique sur les autres croyances.[3] Cette vision ne peut se réaliser qu’en atteignant un niveau d’humanisme tel que le requiert le Coran et le Prophète (pbsl).

En une courte période (23 ans), le Coran a formé une société islamique caractéristique d’un modèle propice en toutes circonstances. Il a défini la limite de vie et de foi requise continuellement à quiconque désire lui être fidèle et en même temps rester musulman. Il a apporté une conception de société politique parfaite en épurant la pensée sociopolitique de tout fondement racial et ethnique, de tout ce qui se rapporte à la couleur de la peau.[4] Il a mis en place une organisation basée sur la notion de tawhîd (unicité divine) qui vit la soumission à Dieu comme l’axe de l’organisation de la société et des comportements de l’homme.[5] Ainsi donc, le Coran fit un pas définitif dans le processus de l’évolution de l’humanité et présenta le premier modèle de société ouverte à l’encontre des sociétés antérieures qui furent fermées à cause de leurs obstacles artificiels.[6]

L’appel de l’islam se réalisa brillamment durant les premiers temps où il planifia cette société. Celle-ci, basée sur la notion de tawhîd, appelait les gens à rivaliser entre eux en matière de vertu et à courir ainsi vers Dieu. À sa base se trouve donc un vrai contrat social. Celui-ci était un contrat authentique pris sous un rapport officiel venant de la Révélation et qui reflétait l’essence de l’islam. Alors pourquoi cet authentique contrat s’est-il trouvé ensuite fort éloigné (de sa source) ? Pour nous la réponse à cette question doit être recherchée dans le combat pour le tawhîd que les prophètes ont mené longuement et difficilement. Ce combat qui fut engagé par les prophètes exposa la réalité exprimée à partir de constats que les hommes eux-mêmes ont formulés, à savoir le fait que l’islam ne tienne pas ses promesses, la non-acceptation du système (divin) que propose Dieu et leur avidité à voir leurs propres divinités dominer leur existence.[7]

Le souffle contenu dans la révolution coranique

Quand l’islam est apparu dans la société mecquoise, il entra en conflit avec les valeurs polythéistes de ladite société de par sa nouvelle conception de Dieu formulée et sa vision du monde qu’il soumettait. L’islam ne s’engagea pas en faveur de l’aristocratie mecquoise, mais bien contre elle. Lorsque les Mecquois entendirent pour la première fois l’appel du Coran, ils restèrent réfractaires. La raison en est qu’ils étaient dépouillés de tout souci d’ordre spirituel et humaniste, leur vision ne s’arrêtait qu’à la cupidité et aux choses matérielles.[8] Pour ces gens, il n’était pas supportable de se rattacher à un objectif « moral-spirituel », ni de se donner à Dieu d’une manière sans concession.

Ainsi donc, ils menaçaient l’ordre constitué qui reposait sur les principes de valeur que le Prophète Muhammad (pbsl) avait apportés. Cette situation est liée à l’instillation du souffle de la révolution qu’opéra le message coranique qui fut à même de balayer l’ordre social traditionnel fondé sur des principes polythéistes. À leurs yeux, des sujets tels que l’économie, la politique et la justice étaient purement temporels et devaient être examinés hors de la religion. L’attitude afférente de l’islam quant aux solutions à de telles questions n’était pas à leur niveau une chose acceptable. Selon eux, la religion était un problème de conscience personnelle et ne pouvait avoir de rapport avec le cordon du comportement social. Voilà donc que dans tout cela, ce qui déplaisait aux polythéistes mecquois et qui était d’ailleurs pour eux source de souffrances, c’était la position réactionnaire inhérente au message coranique et à l’attitude du Prophète (pbsl) vis-à-vis des problèmes sociaux.

Le Prophète (pbsl) faisait resurgir son action comme une partie indissoluble du Coran. Fort de la rhétorique influente et de l’esprit solide avec lesquels Dieu l’avait honoré, il s’opposa tout d’abord à l’oppression et au pouvoir du fort sur le faible. Il changea les règles du jeu de l’exploitation de l’homme par l’homme, de l’intérêt, de la monopolisation et de l’exploitation des personnes en disposant d’une mainmise sur leurs besoins potentiels. Il ne permit pas que les jugements attachés aux principes de justice et de droit fussent piétinés. Par conséquent, dans le cadre des valeurs morales communes inhérentes aux personnes, il assura leur union de manière prestigieuse, consciente et libre. Jusqu’à aujourd’hui, tous les concepts sociaux et organisationnels que les défenseurs des principes monothéistes avaient constamment soutenus ont été dans leur totalité révisés et restructurés. La mentalité d’aujourd’hui a mis en évidence une nouveauté qui bouleverse l’ordre du polythéisme conçu en avançant une position radicale qu’ils ont condamnée en la commentant d’une insertion de la religion à la politique.

Ainsi donc, au combat honorable du Prophète (pbsl) qui plongea l’islam au sein de la vie sociétale, faisant de la croyance au tawhîd l’épicentre du changement social, s’opposèrent pour la même cause et d’une manière violente aux leaders blasphémateurs. Ces derniers conceptualisèrent ce glorieux combat qui accompagna la substitution du tawhîd comme un mouvement de révolte entrepris contre l’ordre déjà existant. Ayant remarqué que les partisans du Prophète (pbsl) se jetaient également dans l’action, les pères fondateurs de l’ordre constitué commencèrent à s’opposer à l’islam en mettant immédiatement en place une résistance acharnée.

Si la vision se perd et que la vision s’amoindrit

Afin d’assurer le passage du polythéisme à l’unicité divine, le combat effectué contre les organisations polythéistes constituées se fut avéré à l’époque très impressionnant. La foi de tous les héros du tawhîd se montra fort puissante car ces derniers se virent bénéficier de larges visions. Même si la masse des musulmans d’aujourd’hui est forte en nombre, sa foi demeure faible et sa vision restreinte. Aujourd’hui, ce ne sont évidemment pas les attitudes irresponsables des musulmans que craignent les détracteurs de l’islam, mais plutôt le dynamisme des attitudes normatives prônées dans la doctrine islamique. Ainsi cette réalité est la seule mesure de sécurité porteuse d’espoir relativement à d’éventuelles retrouvailles avec les succès acquis par la première génération de musulmans, à la condition néanmoins que le monde islamique, en s’éloignant des débats infructueux, puisse recouvrer l’appel de l’islam prêché avec clarté par le Prophète (pbsl).

Aujourd’hui, tout le monde islamique ainsi que l’accréditation du Coran se trouvent à un niveau si bas que le Prophète ne l’eût guère souhaité. La raison principale à cela réside dans l’échec des musulmans à appliquer les principes islamiques. Comme on le sait, peu de jours après le décès du Prophète (pbsl), la structure politique relative à l’essence de l’islam commença à se dissoudre et à se détériorer. Dans les années qui suivirent, ce modèle originel et exemplaire fut abandonné au sombre monde tel un feuilleton littéraire. Lorsque les germes du polythéisme prenant place dans le monde de la croyance de l’islam et que les séries littéraires devenant les repères des organisations politiques devinrent comme obsédés, la religion s’est retrouvée paralysée parmi les masses musulmanes et pratiquement en état de servitude au centre des pouvoirs politiques.

De nos jours, le monde musulman vit une crise d’identité majeure. Le mode d’inspiration occidentale a prééminence sur le modèle forgé par l’islam en matière de vérité, d’honnêteté, d’assiduité et de propriété. Lorsqu’on évoque un être véridique, honnête, de niveau supérieur, cela devrait automatiquement et avant tout nous renvoyer à « l’être musulman ». La raison avancée est que ces valeurs sublimes sont l’apanage du musulman. Par conséquent, force est de constater que la majorité des musulmans d’aujourd’hui n’offrent malheureusement pas cette réalité.

L’islam n’est pas simplement une théorie, mais également une religion d’application pratique. En réalité, le Coran a posé les jalons d’une nouvelle ère dans l’histoire de l’humanité en apportant une mentalité toute nouvelle ! Il conduit les hommes et les femmes à une structure saine et éternelle du point de la vue de la foi mais aussi du point de vue social et économique. De nos jours, le matérialisme et la cupidité ont pris l’aspect de l’avidité victimaire. L’humanité est devenue beaucoup plus avide en matière de valeurs matérielles. Pour cette raison, la politique dans sa globalité est fondée sur les intérêts matériels, les unions douanières et autres organismes créés selon cette logique.

Par conséquent, au centre de chaque objectif fourbe, un projet plus profitable attend les hommes. Cette passion, soumise à un état de soif inexorable, se poursuit jusqu’à la tombe en prolongeant l’âme humaine.[9] Comment se fait-il que les masses distanciées de l’islam ne font aucune remarque quant à cette course sans objectif ? Le salut de l’humanité, en cette époque où l’affairisme et l’exploitation sont en position dominante, ne peut s’orienter que vers l’esprit du Coran et un islam soumis à ce Coran.

[1] Coran, al-Isra, 9; al-Maida, 16.

[2] Coran, at-Tawba, 33.

[3] Coran, al-Fath, 28 ; as-Saf, 9.

[4] Coran, al-Baqara, 213 ; al-Hujurat, 13.

[5] Coran, al-Baqara, 207.

[6] Coran, al-Imran, 104, 110.

[7] Coran, al-A’raf, 59-93 ; Yunus, 15 ; al-Isra, 73; al-Qasas, 3-75-81.

[8] Coran, Ya-Sin, 47.

[9] Coran, at-Takathur, 1-2.

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