Réponse aux Philosophes matérialıstes (II)

Mar 12, 2019 par

Pr. Yacoub Doucouré

 

 

  1. La théorie spinoziste de la nature

La nature n’est pas cause d’elle-même comme le dit Spinoza : « La nature est causa sui. »

Dans « Histoire de la philosophie », pages 130 et 221, Spinoza estime que l’esprit n’est pas matériel. Qu’il se distingue de la propriété matérielle, Spinoza contredit du même coup ceux qui estiment que tout tire son origine de la matière physique. En effet, la matière est une existence matérielle constatable par les cinq sens de l’homme. Or qu’en est-il de l’esprit ?

Réponse du Pr. Doucouré :

Nous prenons la pensée de Spinoza telle qu’il l’a dite : « La nature est cause d’elle-même. »

Spinoza parle de cause, ce qui signifie qu’il faut une étape antérieure à la chose, car la chose ne pourrait précéder sa cause. La cause, c’est ce qui fait qu’une chose se réalise ; elle est donc nécessairement antérieure à la chose en question. Par exemple, lorsqu’on observe un nid d’oiseau, on voit l’oiseau qui fut l’artisan, ou lorsqu’on admire l’architecture d’une maison, on voit le génie de l’architecte, la vue d’un jardin signifie le jardinier, une termitière parle de termites. En substance, la chose ne peut être sa propre cause. Par conséquent, la nature ne s’est pas auto-engendrée mais a été engendrée. Il est impossible qu’une chose soit cause d’elle-même.

En substance, la nature ainsi que son mouvement ordonné ne va pas de soi comme le soutient Spinoza. L’enseignement de la philosophie dans de nombreux lycées accorde beaucoup d’attention aux philosophes matérialistes. Les philosophes qui ont affirmé l’existence d’un esprit supérieur ou d’un autre monde, comme Platon ou Anaximandre, sont passés sous silence ou partiellement débattus. Platon a affirmé l’existence d’un monde intelligible qui se diffère de notre monde qu’il qualifie de sensible ou de matériel. Quant à Anaximandre, il affirme l’existence d’un esprit divin, illimité et infini, embrassant tout, gouvernant tout, ne vieillissant pas. « Il est plus divin que les dieux de l’Olympe » a-t-il dit. La philosophie d’Anaximandre donne les attributs d’un esprit divin.

  1. Le concept hégélien de l’idée absolue

Hegel[1]est un éminentphilosophe allemand qui développera le concept d’idée absolue. Bien que ne prononçant pas le nom de Dieu, Hegel donne les caractéristiques du premier moteur, transcendant tout et subsistant à                           tout. Selon Hegel, l’idée absolue existe indépendamment de tout car elle a une existence objective. Il pense aussi que cette idée est le principe premier, la cause première de tout ce qui existe : nature, société et pensée.

Toute créature a besoin d’un créateur, cela est un postulat. Le raisonnement est souvent poussé jusqu’à Dieu, et certains se demandent qui a créé Dieu.

Réponse du Pr. Doucouré :

C’est le besoin de créer qui nécessite le créateur, or Dieu se passe du créateur. La preuve est que selon Aristote : « Il existe un premier moteur qui met tout en mouvement sans se mouvoir. » Le mot premier moteur indique qu’il est le premier et que rien n’est avant lui. Par conséquent, ce premier moteur dont Aristote fait allusion n’est que Dieu, le Créateur. C’est ce Créateur (premier moteur), le Seul à prouver qu’Il est le Créateur, Seigneur de l’univers par la révélation des Livres saints et l’envoi des prophètes. Sans réplique à ces citations, cela signifie qu’il n’existe d’autre créateur que Lui.

La créature concerne ce qui n’a pas toujours existé, or Dieu a toujours existé. Ce qui n’a pas toujours existé à besoin de créature, tel n’est pas le cas de Dieu.

Quoi de plus vrai que la caractéristique que donne Hegel du premier esprit. Le matérialisme cherche Dieu dans la physique ; il ne le verra sûrement pas car il faut voir du côté de la métaphysique.

La divergence entre la philosophie matérialiste et la doctrine de l’Église s’est produite au Moyen-âge, période pendant laquelle l’Église n’était pas encore séparée de l’État, ce qui facilita les persécutions contre des savants tels que Copernic et Galilée qui affirmèrent tous que la terre tourne autour d’elle-même, mais aussi autour du soleil. Ils subirent tous de lourds châtiments.

Ces souvenirs sont bien traumatisants pour la science philosophique. Celle-ci va juger toutes les religions monothéistes sur la base de ces rapports avec l’Église Catholique. Certains philosophes matérialistes estiment même que « la religion est l’opium du peuple ».

La religion n’est pas l’opium du peuple, au contraire, c’est la philosophie matérialiste qui est une drogue. En effet, elle cherche la réalité en surface ; pire, elle ramène l’homme à la bestialité. Nous reviendrons sur ce qu’avait dit Darwin, à savoir que l’homme provient du singe. Or, assimiler l’homme à l’animal est l’une des pires pensées qui soient. Nous nous excusons de répéter les caractéristiques de l’homme et de l’animal, mais il le faut. Voici donc quelques différences fondamentales qui montrent que le singe est un animal inférieur, tandis que l’homme appartient à un ordre plus évolué.

C’est justement le matérialisme qui pourrait être qualifié de drogue, car les matérialistes reconnaissent que les maisons, les routes, les voitures… ont toutes été fabriquées mais refusent que l’homme, qui est l’être le plus compliqué qui soit, provienne d’une existence supérieure plus forte et possède la science absolue. Il est indéniable que « fabriquer » l’homme est plus difficile, qu’il s’agisse même d’une simple partie comme les poils, la moindre goutte de sang, le moindre morceau de peau, les muscles, les traits de la paume de main, le cœur qui fait office de pompe, mais aussi le cerveau et l’esprit.

– La philosophie matérialiste est une drogue car elle reconnaît d’abord que :

  • Chaque royaume possède un roi.
  • Chaque État possède un chef, qu’on le voit ou pas.
  • Chaque ville possède un responsable.
  • Chaque région possède un gouverneur.
  • Chaque cercle possède un commandant.
  • Chaque famille possède un chef de famille.
  • Chaque termitière possède une reine.
  • Chaque direction possède un directeur.
  • Chaque ministère est dirigé par un ministre.

Mais l’ensemble de ces entités se trouvent dans le monde dont les matérialistes refusent l’appartenance à un esprit supérieur.

Blaise Pascal disait à propos de l’existence de Dieu : « Priez si Dieu existe, il vous mettra dans Son paradis. Si Dieu n’existe pas, prier ne fait rien. »

La sagesse de cette citation est qu’un homme raisonnable doit s’écarter de tout ce qui peut mettre sa vie en danger.

  1. II. Le big-bang au regard de la théologie

Nous restituons ici les connaissances scientifiques que les spécialistes tiennent pour vraies sur la question du big-bang. Le big-bang est l’époque dense et chaude qu’a connue l’univers il y a environ 13,7 milliards d’années, ainsi que l’ensemble des modèles cosmologiques qui la décrivent, sans que cela préjuge l’existence d’un « instant initial » ou d’un commencement à son histoire.

Cette phase marquant le début de l’expansion de l’univers, abusivement comparée à une explosion, a été désignée pour la première fois sous ce terme expressif de big-bang par le physicien anglais Fred Hoyle.

Le terme de big-bang chaud (hot big-bang) était parfois utilisé au début pour indiquer que selon ce modèle l’univers était plus chaud quand il était plus dense.

Le concept général de big-bang, à savoir que l’univers est en expansion et a été plus dense et plus chaud par le passé, doit sans doute être attribué au russe Alexandre Friedman et au prêtre catholique belge Georges Lemaître qui respectivement en 1922 et 1927 décrivirent dans les grandes lignes l’expansion de l’univers, avant que celui-ci ne soit mis en évidence par Edwin Hubble en 1929. Son assise définitive ne fut cependant établie qu’en 1965.[2]

Réponse du Pr. Doucouré :

Le big-bang est-il le début de tout ? D’abord il est important de savoir que si le big-bang a pu se produire, c’est parce qu’il y eut un espace pour ce faire. Cet espace lui est donc antérieur. Cet espace suppose un esprit supérieur et une science insondable.

Si la nature a engendré la vie organique à partir du phénomène du big-bang, que saurait-on dire de la période qui précéda le big-bang ? Pourquoi le big-bang ? Pourquoi avoir attendu le big-bang ? S’il s’est écoulé un temps avant le big-bang et que la vie n’existait pas encore, alors c’est une puissance extérieure qui l’a provoqué. Le résultat du big-bang prouve qu’il a été provoqué : les peuples et leur histoire, la science, l’espace et le temps, la terre et ses habitants, les savants et leurs œuvres, les dirigeants et les dirigés pour distinguer les hommes des animaux, les machines et la production industrielle, tout cela ne saurait être l’œuvre du hasard.

Le soleil n’est pas habitable mais il est vital pour la vie. C’est la terre qui est habitable mais elle est en rapport avec le soleil qui est situé à une distance vitale de la terre. Celle-ci est constituée d’éléments volcaniques qui sont souvent en ébullition. Dieu prit le soin d’apaiser la surface de la terre afin que la vie s’y passe. La vie est impossible sans l’eau, preuve que ¾ de la surface terrestre est constitué d’eau. La vie est aussi impossible avec une terre en tremblement continu, raison pour laquelle Dieu la stabilisa grâce aux montagnes de cailloux. Le vent étant vital dans la survie de l’espèce humaine, Dieu prit soin de le mettre sur terre uniquement.

Dieu, voulant se révéler à Ses créatures, a provoqué le phénomène révolutionnaire de la vie qui est tout d’abord une lumière. Tous les savants qui se sont intéressés à la question de l’origine de la vie (botanistes, géologues, archéologues et historiens) prennent pour repère antérieur le big-bang. De ce fait, l’idée que le temps et l’espace ont toujours existé est une erreur, ils ont tous deux un début et une fin.

Lorsque le big-bang se produisit, le monde et les éléments qu’il contient ont été& disposés dans un ordre rigoureux (les planètes, les saisons, les jours). Or, nous l’avons souligné tout haut : tout mouvement ordonné est l’œuvre d’un être pensant. Il est impensable de soutenir que la rotation des planètes est un fait qui va de soi. Celui qui est parvenu à mettre le système solaire en marche est certainement le plus savant. Mettre les planètes en ordre avec leur tonnage énorme relève d’une œuvre savante.

Par ailleurs, l’homme est doté d’une chose que les animaux n’ont pas encore, moins la nature qui est censée être l’origine de la vie. Il s’agit de la conscience. Nous sommes sûrs et certains que l’on ne peut donner que ce que l’on a. Par exemple une chèvre ne saurait engendrer un âne, ni une vache, ni un chien. Comment est-il possible que la nature qui n’est dotée d’aucune conscience puisse engendrer l’homme qui lui est doté de conscience et de raison. Peut-on donner ce que l’on n’a pas soi-même ?

La nature ne peut pas donner l’âme. Celle-ci se présente sous forme de lumière et de gaz, elle vient trouver le corps sombre qu’elle anime. Lorsqu’elle entre dans le corps, l’œil fonctionne, l’oreille entend, les membres font des mouvements ; instantanément tout le corps prend vie. Nous, théologiens, estimons qu’il existe une relation entre âme et corps, mais que la première n’est pas emboîtée dans le second. Lorsque survient la mort, cette lumière (âme) se sépare du corps, s’en va vers le ciel. Toutefois, elle garde un fil lumineux avec le corps qui ne s’éteint que lorsque la mort devient effective.[3]

Pour connaître le déroulement de la mort, il faut mettre un individu sous hypnose qui sera à même d’observer le déroulement de la mort d’une autre personne couchée à ses côtés.

III. Le libre arbitre

L’homme est le seul être qui possède le libre arbitre. Tous les savants du monde entier n’ont pu créer un être aussi petit soit-il en le dotant de l’âme et du libre arbitre (disposer de ses propres mouvements).

L’homme est libre de ses mouvements, mais les machines et les robots ne le sont pas. Quelle que soit la performance d’un ordinateur, il ne peut donner que ce que l’homme y a introduit dans sa mémoire. Dieu donna à l’homme la volonté de faire ce qui lui plaît mais dans la mesure du possible. L’homme ne peut tout faire car il est faillible. Si chacun avait le pouvoir de se déterminer, nous serions tous immortels, riches, puissants, beaux, etc. par conséquent, si nous ne maîtrisons pas ces paramètres, c’est que nous subissons la volonté d’un être supérieur.

L’homme a certes fait des inventions mais n’a pu créer un seul être qui soit doté de conscience. Par contre, l’homme est doté de conscience grâce à la volonté divine. La connaissance scientifique n’a jamais pu créer un être aussi petit soit-il. Les inventions scientifiques sont parvenues à faire des découvertes convaincantes mais n’ont pas inventé l’âme. Celui qui parvient à créer l’âme peut mériter l’appellation de créateur. La connaissance humaine n’est pas parvenue à créer l’âme et ne parviendra jamais à le faire.

En effet, l’âme qui a tant étonné les humains se trouve être une affaire strictement divine. Le secret de l’âme est au-delà des capacités humaines et que nulle âme, aussi intelligente soit-elle, ne saurait déceler le divin secret de l’âme.

Conclusion

Nous arrivons à la fin du débat qui n’est pas clos en réalité, mais il nous aura éclairés sur la nécessité de revoir le raisonnement des philosophes matérialistes. Il convient aussi de mieux considérer les arguments des deux camps principaux de la philosophie (matérialisme et idéalisme).

Par ailleurs, nous considérons avec estime les deux tendances philosophiques, mais notre but étant de sauver les individus de l’obscurantisme et de les conduire à la lumière de la vérité, cela nous pousse à une relecture de certaines idées philosophiques.

D’ailleurs, à propos des négationnistes de Dieu, Francis Bacon, un célèbre philosophe anglais, disait que l’étude superficielle de la philosophie conduit à l’apostasie. Et à lui de poursuivre que son étude approfondie amène à la conviction religieuse.

A ceux qui pensent que Dieu n’a pas créé le monde : le roi n’accepte pas un autre roi dans son royaume ; il n’existe pas deux commandements dans un bateau, pas deux ministres dans un ministère, pas deux gouverneurs dans une région, pas deux chefs de famille dans une famille… Par conséquent, de quelle manière y aurait-il deux créateurs dans ce monde. S’il y avait deux propriétaires, ce serait une guerre de conquête.

Reconnaître que les petits royaumes sont régis par des rois et refuser que le royaume des royaumes qu’est le monde n’ait pas de propriétaire seraient une négation pour le simple désir de nier. Il en va de même pour le corps humain qui se présente comme un royaume dirigé par le cœur.

Ce document a été écrit à titre inaugural pour solliciter d’éventuels débats entre chercheurs et spécialistes de la question. Nous sommes prêts à organiser des conférences-débats sur la problématique que soulèverait ce document.

Ma profession de chercheur en théologie m’oblige à reconnaître qu’il n’y a aucune entreprise humaine qui ne soit parfaite. De ce fait, nous sommes ouverts aux critiques et suggestions dans le cadre strict du débat.

[1] Hegel, Differenz des Fichteschen und Schellingschen Systems der Philosophie, 1801.

[2]Sur le phénomène du big-bang, voir par exemple Jean-Claude Pecker, « Big-bang ? Pas big-bang ? – Le débat sur les origines de l’univers » sur le site du cercle zététique ; Jean-Marc Bonnet-Bidaud, « Big-bang : pourquoi il va exploser », Ciel et Espace n°412 (octobre 2004).

[3] À ce sujet, voir Dr Raymond. A. Moody, Ed. Robert Laffont, Paris, 1977.

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