L’épreuve des Compagnons devant une parole de révélation

Mar 12, 2019 par

Yacouba Sawadogo

Lorsque le 284e verset de la sourate Al-Baqara fut révélé aux Compagnons du Prophète (pbsl), ces derniers furent ébahis par ce qu’ils entendirent. En effet, le verset en question dit ceci :

« C’est à Allah qu’appartient tout ce qui est dans les cieux et sur la terre. Que vous manifestiez ce qui est en vous ou que vous le cachiez, Allah vous en demandera compte. Puis Il pardonnera à qui Il veut, et châtiera qui Il veut. Et Allah est Omnipotent. »

 

À l’audition de ce verset, les Compagnons sursautèrent. Abasourdis, ils se présentèrent chez le Prophète (pbsl) qui leur dit :

« Si l’homme doit rendre des comptes au sujet de ce qui se passe au fond de lui, pouvez-vous imaginer l’état de ce dernier ? »

« La signification de ce verset est la suivante : la nuit, vous vous torturez la tête avec toutes sortes de mauvaises pensées, peut-être avez-vous l’intention de faire du tort à autrui ou bien avez-vous de mauvaises pensées au sujet d’un certain individu qui serait en train de semer des embûches sur votre chemin. Si vous tombez dans ce genre de considérations, Allah vous questionnera même à ce sujet ! »

« À cause d’une simple pensée que nous formulons dans notre conscience, Allah nous en tiendra grief en nous tenant par le col ! Même si cela ne s’avère pas être aisé pour l’homme, cela est néanmoins nécessaire. »

Quant à notre Prophète (pbsl) qui avait tout compris de cet état de choses, il s’était aperçu depuis fort longtemps de ce changement opéré chez les Compagnons. Notre Prophète (pbsl) en effet avait été missionné au nom de sa communauté. Il connaissait la raison pour laquelle les Compagnons s’étaient présentés à lui. Ils pleureront et le ciel en tremblera. Par la suite, Jibril (sur lui la paix) descendra et dira « la charge est allégée ».

Puis il leur demanda : « Pourquoi êtes-vous venu ? »

Les Compagnons manquèrent alors de courage. Ils ne pouvaient pas en avoir d’ailleurs. Alors l’un d’entre eux prit la parole et dévoila leurs inquiétudes. La révélation qui leur était parvenue était lourde. Ils désirèrent néanmoins obéir à cette révélation, s’y conformer bien qu’elle fût si lourde qu’ils ne purent en fait la porter. En revanche, ils eurent peur d’être victimes d’une impéritie sur cette voie.

Cette assemblée de fidèles avait jusqu’alors porté de nombreuses charges. Lorsque l’obligation de la prière fut révélée, ils prouvèrent leur fidélité en l’effectuant dès l’aube. Lorsque l’obligation du djihad fut révélée, ils prouvèrent leur fidélité en sacrifiant leur vie. Mais ce verset-là était tout à fait différent. Ils dirent au Prophète (pbsl) à quel point cette parole était lourde et que ce serait certes une difficulté intolérable si l’homme devait rendre compte de ces pensées les plus intimes.

« Ô Messager d’Allah ! Des pratiques qui nous ont été possible d’effectuer nous furent ordonnées : la prière, le jeûne, le djihad et l’aumône ; nous nous sommes adonnés à tout cela. »

Tandis qu’ils exprimaient ces paroles, le Prophète (pbsl), fronçant les sourcils et levant ses mains au ciel, finit par leur répondre, l’air mécontent :

« En fait, voulez-vous signifier ceci : ‘nous avons entendu mais nous ne voulons pas obéir’ à l’instar de l’attitude observée chez les Gens du Livre qui vous ont précédés ? Non, ce n’est pas comme cela. Dites plutôt : ‘nous avons entendu et avons obéi. Ô notre Seigneur ! Nous implorons Ton pardon et retournons à Toi’. »

À cet instant, les Compagnons reconnurent leur faute. Ils commencèrent à se dire mutuellement : « nous avons entendu et nous avons obéi. » Pendant que des larmes étaient en train de couler de leurs yeux, ils s’exclamèrent d’une seule voix : « Oui notre Seigneur, nous T’avons obéi. Tout ce que Tu ordonneras, nous le ferons en T’obéissant, même si Tu nous ôtes le salut, même si Tu nous précipites en enfer, nous ne cesserons de T’obéir. Nous sommes impuissants devant ce que Tu ordonnes, l’obéissance à Tes ordres nous appartient (désormais), nous nous abstiendrons également de ce que Tu as proscrit… »

Alors qu’ils s’exprimaient de la sorte, Jibril (sur lui la paix) descendit avec une parole de révélation et (leur) dit : « la charge est allégée ». Il est venu avec « amanarasulu »[1]… révélé aux hommes ainsi qu’aux anges. Tous les Compagnons obéirent promptement à l’injonction divine et s’écrièrent d’une seule voix : « sami‘na wa ata‘na » (nous avons entendu et obéi).

Ainsi donc, si de tels croyants ne pouvaient supporter une telle charge, ils déclarèrent néanmoins unanimement : « Oui, mon Seigneur, ordonne donc ». Juste après cette déclaration, la révélation des versets 285 et 286 fut parachevée.

[1] Terme désignant les versets 285 et 286 de la sourate Al-Baqara. (NDLT)

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