Le vernis des cœurs oxydés

Mar 12, 2019 par

Şule Sever

N’est-il pas vrai que trop de poids pèse dans nos cœurs ? Comme si un amas de poussière les avait recouverts d’une couche et qu’ils restaient immobiles et figés sur place, n’arrivant même pas à voir « le bout de leur nez ». Peu de temps après, une lourdeur profonde laisse place à la paresse. Nos cœurs réglés pour voir et sentir la réalité se sont soudainement endurcis ! En effet, à présent, ni la tristesse d’un enfant pleurant dans le coin de la rue, ni les images atroces que nous voyons tous les jours à la télévision n’attristent nos cœurs ! Comme une autruche, le rideau se ferme, la chaîne change et nous voyons que tout s’est arrangé !

Au bout du compte, nos cœurs s’oxydent. Oui, nos cœurs…

Un jour, le Messager d’Allah (paix et bénédiction d’Allah sur lui) dit ceci en se tournant vers son être :

« Ces cœurs s’oxydent comme s’oxyde le métal. »

Son être honoré demanda alors :

« Alors, qu’est-ce que le vernis des cœurs, O Messager d’Allah ? »

« Lire le Saint Coran (Kur’ân-al Karim) et se souvenir de la mort !.. »

Oui. Le cœur est le centre de notre monde moral. Notre compréhension, notre appréhension et notre explication de la vie sont liées au milieu dans lequel baigne le cœur. Seulement, si ce centre de sentiments est immergé dans l’ignorance et la désobéissance, les cloches du danger ne peuvent que sonner.

En fin de compte, il apparaît le portrait d’un cœur loin de la pensée et de la sagesse divine, hésitant, terne dans la compréhension et la réception du message divin, insensible, soit un cœur oxydé.

En réalité, ceci est le problème fondamental de l’homme de nos jours. Un cœur oxydé trouve aisément des excuses comme le stress, l’angoisse. Cette maladie manifeste sa présence avec la violence, la brutalité et l’incompréhension. La brutalité des réalités figurant dans les faits divers des journaux s’immisce aveuglément dans la poitrine des gens, ainsi que leurs photographies tout aussi atroces.

Et pour ceux qui restent indifférents à cette situation…

Seulement, l’Islam n’a jamais laissé l’homme désespéré. Il lui a toujours montré le chemin en lui tenant la main :

“Ceci [le Coran] constitue pour les hommes une source de clarté, un guide et une miséricorde pour les gens qui croient avec certitude.” (Coran, al-Jathiya, 45/20)

 

Le « Prophète Rahma » de la religion musulmane conseille de « lire Le Coran » pour vernir les cœurs oxydés.

 

Lire le Saint Coran

Le Saint Coran est un rayon de lumière émanant du cœur de Fahr-i Kâinat (paix et bénédiction d’Allah sur lui) jusqu’au Jour du Jugement Dernier avec une foi et une lumière surnaturelle.

Il est un miracle incomparable et incommensurable qui donne une ordonnance aux esprits.

Il est l’expression du plus beau remerciement envers Le Très Miséricordieux [Ar-Rahman], Celui qui rappelle constamment à l’homme la dignité d’être un homme et Celui qui nous a fait don de cet honneur : lire le Coran.

Allah Ta’âlâ dit : « Je donnerai plus de miséricorde à celui qui lit le Coran et qui M’invoque, qu’à celui qui se retient de Me demander quelque chose (de temporel) ainsi qu’à ceux qui Me remercient. » (Tirmidhî, d’Abû Sa’id)

Notons bien cette promesse divine « Il y a beaucoup plus de miséricorde en contrepartie de la lecture du Coran. » citée dans ce hadith qudsi.

La bonté est une sorte de récompense donnée par Allah suite à une bonne action, alors que le péché est tout le contraire. Comme il est expliqué dans un hadith sacré, chaque péché commis se pose sur les cœurs comme des points noirs et plus tard ce cœur s’endurcit en noircissant, c’est-à-dire en s’oxydant.

Alors que la bonté ne se contente pas seulement d’être une récompense devant les bonnes actions, il nettoie également les taches de péchés et transmet à nos cœurs une énergie positive. Si l’on fait attention, même la plus petite réussite dans nos activités quotidiennes donne de la force et de la vivacité à notre âme.

Ainsi, les bontés qui expriment les pas de rapprochement vers notre Créateur font gagner à notre cœur une force et une tonalité morales.

Et surtout, si cela concerne la lecture du Coran, le cœur commence tout doucement à remplacer la passivité par l’activité. Ainsi, les sentiments du cœur passent à l’action.

“ Ô gens ! Une exhortation vous est venue, de votre Seigneur, une guérison de ce qui est dans les poitrines, un guide et une miséricorde pour les croyants.” (Coran, Yûnus, 10/57)

Ainsi « le métal travaillé scintille ! », le cœur qui passe à l’action et qui s’enthousiasme avec le Coran commence à briller comme un miroir après avoir été verni.

Notre reflet dans le miroir du cœur

De temps en temps, notre cœur s’accroche avec notre mental. Nous nous questionnons : dans quelle situation notre cœur est-il ? Prend-il de la distance ? Avance-t-il ou recule-t-il ? Sommes-nous gagnants dans les prières que nous accomplissons ?

Nous le possédons dans notre poitrine, mais un silence solitaire couvre notre entourage à cause de notre impuissance. Cependant, il peut devenir un amoureux du Coran, un voyageur sacré sur le droit chemin. Voyez l’indice que nous donne Abdullah ibn Mas’ud (qu’Allah l’agrée) à ce sujet :

« Il n’est pas nécessaire que la personne examine sa situation (longtemps). Si elle aime le Coran et les obligations qui s’y trouvent, alors cela veut dire qu’elle aime Allah et Son Messager. Si le Coran ne lui plaît pas, alors cela veut dire qu’elle n’aime ni Allah ni le Prophète ! »

L’amour pour Allah et Son Messager a une grande place dans le développement du cœur. Seulement, nous constatons que pour obtenir cet amour, il faut aimer le Coran et ses obligations. Et cet amour, alors qu’il annonce le bonheur éternel dans l’autre vie, donne aussi une raison à notre vie dans ce monde en offrant à notre esprit les recettes du plaisir moral. Il fait gagner à nos comportements une harmonie complètement à part. En conséquence, il apparaît un point important relatif à la lecture du Coran : lire le Coran avec amour.

Lire le Coran avec amour

C’est l’amour qui donne un sens à la vie, qui augmente notre envie de vivre, qui nous fait ressentir notre présence, qui active les dynamiques qui nous aident à poursuivre notre existence, qui l’enflamme… Ne serait-il pas très étrange qu’un tel don du ciel ne s’unisse pas avec le Coran qui est la plus grande valeur des Musulmans ?

Dis : “[Ceci provient] de la grâce d’Allah et de Sa miséricorde; Voilà de quoi ils devraient se réjouir. C’est bien mieux que tout ce qu’ils amassent”. (Coran, Yunus, 10/ 58)

Le Coran nous guide vers le droit chemin en nous prenant dans ses bras comme la mère clémente protège son enfant. S’éloigner de lui et de ses obligations est triste et malheureux.

C’est pourquoi il faut lire le Coran avec amour, en prenant plaisir. Les anciens enroulaient le Coran dans des balluchons brodés, et, au moment de le lire, ils avaient peur d’en abîmer les pages. C’est pourquoi, ils utilisaient des aiguilles spéciales décorées, par amour et en hommage au Coran et à ses versets. Ensuite, ils le parfumaient de musc pour le conserver dans le coin le plus précieux de leurs demeures. Ils lui donnaient ce qu’il méritait en le lisant et en le vivant, ils ne le laissaient pas malheureux dans un balluchon, ce qui est ordonné dans le verset suivant :

“Voilà [ce qui est prescrit]. Et quiconque exalte les injonctions sacrées d’Allah, s’inspire en effet de la piété des coeurs.” (Coran, al-Hajj, 22/32)

Le Coran est du « Che’â-iri İslâm », c’est-à-dire qu’il est l’un des plus grands symboles de l’Islam. C’est pourquoi, il mérite davantage l’amour et l’hommage du croyant. Les « Anciens » y étaient très attentifs. Ainsi, les bienfaits provenant du Coran leur étaient davantage bénéfiques. La morale du Coran se manifestait particulièrement chez eux.

Comparons-nous par rapport à leurs situations. Regardons à présent le reflet de notre cœur. Quelle quantité d’amour se cache dans notre image lorsque nous lisons le coran.

Celui qui aime ressentira de la nostalgie

Le plus grand indicateur de l’amour que nous portons pour le Coran est qu’il doit beaucoup nous manquer. Car ressentir de la nostalgie pour le Coran, c’est ressentir la nostalgie de pouvoir converser avec Allah. Le Messager d’Allah (paix et bénédiction d’Allah sur lui) a dit : “ Si l’un d’entre vous apprécie la prière et la conversation (prier et discuter avec Lui) avec son Dieu, qu’il lise le Coran avec un cœur serein.” (Suyûtî, 1, 13/360)

L’attachement qu’avaient les Compagnons du Prophète [Ashâb-ı Kiram] pour le Coran était particulièrement profond. Ils étaient devenus tellement complices avec la Parole divine qu’ils attendaient avec impatience les venues de l’ange Gabriel [Djebra-il] avec ses révélations divines. Abû Bakr dit une fois à Omar (qu’Allah les agrée) après le décès du Messager d’Allah (paix et bénédiction d’Allah sur lui) :

« Lève-toi, allons voir Ummu Ayman, une proche du Messager d’Allah, rendons-lui visite comme le faisait Rasûlullâh. »

À leur arrivée, Ummu Ayman (qu’Allah l’agrée) commença à pleurer.

Ils demandèrent :

« Pourquoi pleures-tu ? Ne sais-tu pas que les bienfaits d’Allah en faveur de notre très Cher Prophète sont beaucoup plus bénéfiques ? » Ummu Ayman (qu’Allah l’agrée) leur répondit :

« Je ne pleure pas pour cela. Bien sûr que je sais que les bienfaits d’Allah en faveur de notre très Cher Nabiyy-i Ekrem sont plus bénéfiques. En réalité, je pleure parce que la révélation s’est arrêtée. »

Quel genre d’affection avaient-ils envers la Parole Divine pour que sa fin éveille une tristesse aussi terrible dans leurs cœurs ? Quelle sorte d’amitié s’était-elle manifestée dans leurs cœurs alors que les réponses à leurs besoins étaient évidentes ? Assurément, ils vécurent le chagrin de ne pas avoir à poursuivre de nouveaux efforts.

Et nous ? Quelle émotion le Coran nous donne-t-il ? Dans l’explication de notre situation, l’Imam Ghazâlî raconte ce récit « al-İhyâ » de Tevrat :

« Ô Mon être ! As-tu honte de Moi ? Lorsque tu reçois un courrier de tes amis tout en marchant sur le chemin, tu commences immédiatement à le lire dans ses moindres détails en te mettant de côté et tu fais attention à ce qu’il veut dire ; tu ne continues pas à le lire sans avoir compris le sens d’un mot. Alors que Moi, Je t’ai envoyé un “Livre”. Et dans ce “Livre”, il y a Mes ordres que J’ai répétés afin que tu les appliques en réfléchissant de long en large lorsque ce sera nécessaire. Toi, tu serais contre eux et tu ne les considèrerais même pas. Mais pour toi, n’ai-Je pas autant de valeur que ton ami ?

Ô mon être ! Lorsque tu discutes avec certains de tes amis, tu les écoutes avec beaucoup d’attention, tu t’orientes vers eux et tu te colles bien à eux. Et même, lorsque quelqu’un fait du bruit, tu te fâches ! Tu ne me donnes pas ton affection, alors que moi, Je te parle, Je M’oriente vers toi ! Ou alors, de ton point de vue, suis-Je sans valeur par rapport à tes amis ? »

Pour qui sont nos amours et nos aspirations, sur quoi sont-ils verrouillés ? Qu’est reflété dans le miroir de notre cœur ? Qui et quels environnements notre cœur accepte comme étant le centre du bonheur ? Alors que les médias, la technologie et toutes les choses réalisées au nom de la modernisation essaient de produire pour l’homme le bonheur imaginaire, pourquoi donc l’homme est-il malheureux et seul ?

Un jour Kasim ibn Abdurrahman rencontra dans un endroit isolé un fidèle et lui demanda :

« N’y a-t-il personne avec qui tu pourrais t’asseoir et discuter, que fais-tu donc tout seul ? »

À cela, l’homme lui montra le Coran et dit :

« Y a-t-il meilleur ami que celui-ci ? »

L’ami du chemin est selon la valeur du chemin ! Si le chemin que nous suivons est celui qui se rend à la porte de « Dar ul-Salâm », pourrait-il y avoir de meilleurs amis que le Coran et les serviteurs du Coran ? Si la vie est un voyage de deux jours et si nous sommes toujours conscients que toutes les choses ont une fin, nous ne serons pas seuls ! Car celui qui remarque que le mal disparaît est sur la bonne voie. Le Coran est le guide de celui qui est sur la voie de l’union et son ami est Allah. Allez, à présent, vernissons nos cœurs oxydés en suivant l’invitation du Messager d’Allah (paix et bénédiction d’Allah sur lui) à lire le Coran ! Ayons la nostalgie du Coran, grâce aux yeux de notre cœur étincelant d’amour pour lui ! Enfin, notre solitude aboutira à sa fin.

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