La peur de l’islam : une forme d’islamphobie

Mar 12, 2019 par

Ali Rıza Temel

L’Islam est dérivé du mot « salam » qui signifie la paix, le bien-être et le salut. De ce point de vue, le mot « salam » est le plus aimable des mots. Malgré cela, certaines cultures ont toujours essayé de présenter l’Islam comme une source de peur. Cela est dû non seulement au fait qu’elles considèrent l’Islam comme un obstacle face à leurs désirs impérialistes et leurs profits individuels, mais aussi aux écarts de comportement de certains musulmans et même de certaines communautés musulmanes qui ne parviennent pas à bien représenter l’Islam.

L’Islam a commencé à se propager rapidement, particulièrement après l’hégire. Quand le Prophète (saws) était en bonne santé, toute la Péninsule arabique était placée sous la domination de l’Islam. À l’époque de ‘Umar (r.a.a.), le compagnon du Prophète (saws), l’Afrique du Nord, la Syrie, l’Irak et l’Iran ont été conquis. Plus tard, l’Islam s’est propagé de l’Andalousie à l’intérieur de l’Europe jusqu’aux portes de Vienne à la faveur des Turcs.

D’après les dires du défunt Şekip Aslan, après la conquête de l’Andalousie, un groupe de vingt musulmans émigra de Barcelone pour Feroksime. Ils s’installèrent sur une montagne où ils construisirent un château. Leur nombre accrût avec le temps jusqu’à 100 personnes. Ils fondèrent un Émirat et leur puissance commença à se faire ressentir jusqu’au Sud de la France et au Nord de l’Italie. Les rois voisins firent la paix avec eux. Plus tard, ils entrèrent en possession des montagnes des Alpes, des passages entre la France et l’Italie, et plus particulièrement du passage de Saint Bernard. Les convois français furent obligés de payer les taxes de transit. Ce petit État grandit progressivement et s’élargit finalement jusqu’en Suède. Ils conquirent une bonne partie des terres de Suède. Cet État fondé par 20 personnes régna au centre de l’Europe pendant 95 années. Finalement, il s’effondra à la suite des assauts des alliés européens. Pendant sa chute, sa population avoisinait 1500 habitants.

L’entrée rapide de l’Islam dans le Sud et l’Est de l’Europe avait créé une panique totale. Particulièrement, les conquêtes de Jérusalem par Salah Eddine el Ayoubi en 1187, d’Istanbul en 1453 et de Vienne en 1529 semèrent la terreur en Occident.

La perte de l’Andalousie, le déclin de l’Empire Ottoman et plus tard la colonisation des États musulmans par l’Occident n’ont pas pu éliminer la peur qui existait auparavant. Bien que le Marechal Allenby fût entré à Jérusalem et eût déclaré : « C’est la fin de Croisades », l’esprit de croisade est toujours vivant. L’esprit européen est fondamentalement un esprit de croisade, car cet esprit né du slogan de libération de Jérusalem et des motifs chrétiens a uni pour la première fois les seigneurs féodaux au commandement en Europe contre les musulmans. Cet esprit de croisade basé sur la haine de l’Islam devient manifeste de nos jours sous plusieurs formes et sous plusieurs doses.

Le capitalisme sauvage de l’Occident ne peut proliférer sans inimitié. Le communisme en était un ennemi artificiel. Il a feint de combattre le capitalisme sous forme de guerre froide. Les musulmans ont également été utilisés dans cette guerre. Quand le communisme s’est effondré, plus précisément quand la prétendue guerre fut terminée, l’Islam a été réactualisé comme le principal ennemi de l’Occident. En réalité, L’Islam est l’adversaire le plus fort et peut être même l’unique adversaire de la civilisation colonisatrice de l’Occident. Cela est justifié par le fait que l’Islam dans son intégralité est une vision du monde et un style de vie. La vision occidentale et laïque du monde ne peut pas fonctionner harmonieusement avec le mode de vie islamique centré sur la foi. Mais cela ne veut pas dire en revanche que l’Islam et l’Occident ne peuvent pas cohabiter. Ils peuvent très bien vivre ensemble sur la base de la liberté de croyance et de pensée, du respect mutuel et du respect des Droits de l’Homme. Pourtant, les occidentaux avec leur système de concurrence basé sur la haine, considèrent depuis longtemps les musulmans qu’ils ont colonisés comme des terroristes et des ennemis éternels. En guise d’illustration, les attentats du 11 septembre 2001 à New-York (il a été révélé que ces attentats avaient été orchestrés par une organisation d’après les rapports de 200 pilotes américains civils et militaires) ont été instrumentalisés pour pénétrer en Irak, taxer la résistance à l’exploitation de terroriste et comme d’ordinaire identifier l’Islam à la terreur.

Le clash des civilisations alimente cette haine par le truchement des slogans. Pourtant, tout au long de l’histoire, l’hostilité entre juifs et chrétiens, ainsi que les affrontements entre les confessions chrétiennes, n’ont pas été moins denses que les affrontements entre l’Occident et l’Islam. L’Occident, en abandonnant l’antisémitisme et l’affrontement des confessions religieuses, a choisi comme ennemi principal l’Islam. La haine du communisme a été remplacée par celle de l’Islam.

La considération permanente de l’Islam comme « un autre univers différent », est justifiée de la manière suivante par Richard W Bulliet : « La principale raison pour laquelle nous n’acceptons pas l’Islam dans notre univers culturel est que nous sommes héritiers d‘une histoire chrétienne qui s’est délibérément armée d’une attitude exclusive. Le Christianisme européen a longtemps considéré l’Islam comme « le traître de l’autre monde » et pour maintenir ce point de vue il a inventé d’innombrables raisons. » (Richard W Bulliet, de l’affrontement à l’alliance, p. 25).

La haine de l’Islam résulte de la particularité de cette religion à octroyer une personnalité et une identité aux musulmans et à les protéger de l’impérialisme. Si les musulmans aux cœurs remplis de foi continuent à défendre leur pays respectif et leur honneur en faisant obstacle à l’armure en acier de l’Occident, c’est grâce à l’Islam. L’Islam est le catalyseur de tous leurs mouvements d’indépendance et de libération.

Pour juguler les affrontements de civilisations, il est impérieux de fournir des efforts honnêtes dans les travaux d’alliance des civilisations. L’Islam ne considère pas la différence de religion comme une source de guerre, car si Allah l’avait souhaité tout le monde serait obligatoirement musulman. La création des hommes croyants ou incrédules, dans le but de les soumettre à l’examen divin aux côtés des anges qui incarnent l’obéissance et la foi absolues, est une expression du respect de la volonté humaine.

En Islam, l’hostilité ne se manifeste que contre la persécution : « Allah ne vous défend pas d’être bienfaisants et équitables envers ceux qui ne vous ont pas combattus pour la religion et ne vous ont pas chassés de vos demeures. Car Allah aime les équitables. Allah vous défend seulement de prendre pour alliés ceux qui vous ont combattus pour la religion, chassés de vos demeures et ont aidé à votre expulsion. Et ceux qui les prennent pour alliés sont les injustes. »1

«Entraidez-vous dans l’accomplissement des bonnes œuvres et de la piété et ne vous entraidez pas dans le péché et la transgression… » 2

Le principal problème de l’alliance est de ne pas pouvoir trouver un terrain d’entente pour toutes les parties prenantes. En effet, l’entente consiste à sanctifier tous les prophètes de l’Islam et à accepter les valeurs communes qu’ils ont apportées. L’Islam considère la non-reconnaissance d’un prophète comme de la mécréance. Le plus grand obstacle à l’alliance musulmane est de se comporter comme les chrétiens et les juifs qui ont refusé de reconnaître le prophète Muhammad (saws) ainsi le Coran qu’il a révélé. L’alliance ne consiste pas à renier les prophètes mais à les sanctifier. L’islamophobie ne peut être combattue qu’à travers cette approche et cette vision.

1 Saint Coran, sourate Al Mumtahana (60), versets 8 et 9.

2 Saint Coran sourate Al Maida (5) verset 2

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