Organisez-vous des Assises Spirituelles ?

Mai 17, 2022 par

Mustafa Eriş

Les assises spirituelles sont admises comme une discipline dans l’éducation spirituelle de l’homme. Elles sont considérées comme une condition impérative de la purification du cœur et de la perfection de l’âme ; et le fait de se joindre à une assise spirituelle dès son commencement et d’y rester jusqu’à sa fin a été considéré comme une recommandation, une éthique. Selon les grands savants de la Naqshbandiyya, il y a quatre éléments fondamentaux qui permettent d’atteindre Allah le plus rapidement. Ceux-ci sont mentionnés dans le livre « Al-Hadikatu’n-Nadiyya » comme suit :

1. L’assise spirituelle,

2. La connexion (entre le guide et son disciple),

3. Le dhikr,

4. Le contrôle permanent de l’âme.

Dans l’éducation spirituelle, les assemblées spirituelles représentent les milieux qui permettent aux cœurs de s’imprégner des beautés de l’Islam, aux émotions, aux pensées et aux sentiments de s’anoblir, et à l’âme d’atteindre au plus vite la maturité spirituelle. Pour le croyant qui veut être en compagnie de ses frères croyants aux cœurs unis, partager avec eux les mêmes idées et la même vision, et accéder à l’amour et à la satisfaction d’Allah, le chemin le plus court, le plus fiable et le plus efficace demeure la participation constante aux assemblées spirituelles présidées par des guides vertueux.

Il y a une question très importante que feu Mahmud Sami Ramazanoğlu avait posée à ses proches qui lui avaient rendu visite à Erenkoy dans les années 1960-1970. Cette question renferme des significations à même d’élargir notre point de vue sur la vie spirituelle, et de nous imprégner de la discipline et d’un grand sérieux dans notre formation spirituelle.  

Telle est la question que son excellence Mahmud Sami posa à ses visiteurs : « Organisez-vous des assises spirituelles ? » Ainsi, a-t-il attiré leur attention en leur posant des questions pertinentes et en leur donnant des conseils porteurs de messages encourageants et de mesures salutaires. J’aimerais partager avec vous quelques souvenirs des efforts acharnés de ce grand ami d’Allah, dans l’intention de nous éveiller et de dissiper notre nostalgie et notre nonchalance vis-à-vis des assises spirituelles que nous avons abandonnées presque deux ans à cause de la lutte contre la pandémie. Je cite ces souvenirs :

« En 1967, notre frère aîné Ahmed Ertaş rendit visite à son excellence Mahmud Sami Ramazanoğlu à Erenkoy. Après la prière de l’après-midi, notre frère ainé, accompagné de son défunt gendre Ömer Kirazoğlu, entra dans la résidence du shaykh et dit : « Maitre, ce jeune homme est venu de Kayseri. Notre oncle Şaban l’a chargé de vous transmettre ses chaleureuses salutations ». Le shaykh reçut les salutations avec joie. Ils eurent une courte conversation. Puis il demanda à notre aîné Ahmed Ertaş : « Organisez-vous des assises religieuses ? » Et lui de répondre comme suit : « Oui cher maître, nous nous rassemblons dans un logement militaire (pour l’assise spirituelle). Nous ne sommes que deux, mon ami et moi. » Le shaykh, qui ne souhaitait pas que ces deux renonçassent à cette pratique, leur dit : « Si deux personnes se rassemblent pour l’amour d’Allah, leur troisième est le Créateur Lui-même. » Il déclara que peu importe les conditions dans lesquelles on se trouve, il est possible d’organiser une assise spirituelle même avec deux ou trois personnes. »

« En 1970, un disciple du shaykh Mahmud Sami qui vivait aux environs de Karaman était venu à Erenkoy. Lui et notre regretté frère ainé Abdulkerim Güçlü rendirent visite au shaykh. Lorsqu’ils furent en sa présence, l’homme de Dieu demanda à ce frère : « Participes-tu aux assises spirituelles ? » D’un air dégagé et aisé, il répondit ainsi : « Maitre ! (là où je suis), il n’y a pas de frères croyants avec lesquels on pourrait organiser des assises spirituelles. » Son excellence Mahmud Sami n’apprécia pas cette réponse vague. L’aspect de son visage changea ; et d’un ton majestueux, il posa ces questions au frère : « N’y a-t-il pas des frères croyants à Karaman ? N’y organise-t-on pas des assises spirituelles ?  » Face à ces questions, ce frère fut embarrassé et répondit : « Les assises spirituelles y sont organisées, cher maître ! » Suite à ces mots, le shaykh répliqua, toujours avec un air majestueux : “Ne peux-tu donc pas réserver un jour par semaine pour Allah ? Ne peux-tu pas aller à Karaman le matin pour participer à l’assise spirituelle et retourner le soir ? » »

Ces paroles permirent à notre frère de se remettre en cause et de retrouver le chemin des assemblées religieuses. En effet, son excellence Mahmud Sami lui avait montré le chemin en lui prescrivant une ordonnance spirituelle, pour que ce disciple pût manifester beaucoup plus de sérieux et d’engagement vis-à-vis des assises religieuses.

Le défunt frère Huseyin Erturan, le beau-père de notre honorable frère Mehmed Mencet, fut lui aussi confronté à la même question de son excellence Mahmud Sami lors d’une de ses visites chez lui. Quand il fut venu à Erenkoy depuis Kırıkkale Keskin et alla visiter le shaykh Mahmud Sami, ce dernier lui demanda : « Organisez-vous des assises spirituelles ? » L’homme répondit : « Maître ! Malheureusement, il n’y a pas de frères croyants au bourg pour cela. Ils sont tous dispersés dans les villages ». Ainsi, avança-t-il cette réponse comme un prétexte, une excuse. Notre shaykh Mahmud Sami lui demanda ensuite : « Y a-t-il un marché de rue chez vous ? » Il dit : « Oui maître, on établit un marché de rue chaque semaine.  » Là-dessus, son excellence lui établit cette feuille de route : « Alors ouvre la porte de ta maison aux frères qui viennent au marché pour une heure par semaine ! Rassemble-les et préside toi-même à l’assise spirituelle ! Que les assises spirituelles commencent de la sorte ! Cela vous sera très bénéfique. »

Son excellence Mahmud Sami aménageait sans cesse des efforts pour rappeler à ses proches l’importance capitale des assises spirituelles dans le cheminement spirituel, ce afin que ces derniers pussent organiser et participer constamment à celles-ci.

Lors des assises spirituelles à Erenkoy, notre défunt oncle Mehmed Öztürk nous rappelait ces paroles de son excellence Mahmud Sami :  » Si les frères croyants pouvaient voir la lumière et la miséricorde qui descendent sur les cercles spirituels, ils auraient aimé que chaque assise spirituelle se tienne dans leur propre maison. La miséricorde divine descend sur l’assemblée spirituelle. Les anges entourent la maison dans laquelle elle se tient, et prient pour les participants. “ À la suite de ces mots, il ajoutait alors ce qui suit : « C’est pour cette raison que même si rien n’est lu durant l’assise spirituelle, les cœurs, eux, reçoivent leur part de spiritualité. « 

Les assises spirituelles sont admises comme une discipline dans l’éducation spirituelle de l’homme. Elles sont considérées comme une condition impérative de la purification du cœur et de la perfection de l’âme ; et le fait de se joindre à une assise spirituelle dès son commencement et d’y rester jusqu’à sa fin a été considéré comme une recommandation, une éthique.

 Pendant que notre cher aîné Hidayet Erdogan étudiait au lycée confessionnel Imam Hatip à Doğanhisar, il écouta, au sujet de l’assise spirituelle, un souvenir très agréable raconté par le défunt frère Ali Arslan. Il rapporte ce souvenir comme suit : « Le regretté frère Ali avait effectué une visite à Erenkoy dans les années 1970. Lors de l’assise religieuse de ce jour, un frère posa cette question à son excellence Mahmud Sami : « Maître ! Dans certaines tûruq (confréries soufies), il y a la torture, le retrait, l’isolement et l’Arbaïn[1]. Ces pratiques sont admises comme des méthodes de purification de l’âme. Pourquoi ces méthodes ne figurent-elles pas dans notre tarîqat ? » Son excellence Mahmud Sami tourna le regard vers ce frère et dit : « Bi-iznillah ! Dans nos assises spirituelles, on y trouve toutes ces méthodes. Il y a la torture, tout comme l’Arbaïn. Il y a le retrait, tout comme l’isolement. Il y a même encore plus de beautés. »

Que les louanges infinies soient rendues à Allah Tout-Puissant ! Alhamdulillah, il y a vraiment tout sur ce chemin noble. Il existe de nombreuses autres beautés telles que les bonnes manières, la modestie, la chasteté, la compassion, la miséricorde, le service, l’échange fraternel, la fraternité, l’hospitalité et la bienveillance. Nous avons juste besoin de faire montre de patience, de persévérance et d’efforts indéfectibles pour profiter de tout ceci. Persévérons avec loyauté sur notre chemin, dans nos assises spirituelles et nos dhikr ! Que notre Seigneur, Exalté soit-Il, nous fasse bénéficier d’une part de ces beautés sublimes ! Amin…


[1]L’Arbaïn est une commémoration chiite qui marque la fin du deuil de l’imam Hussein ibn Ali. L’Arbaïn a lieu le 20 Safar du calendrier hégirien, soit 40 jours après l’Achoura qui commémore la mort de l’imam Hussein ibn Ali. Le pèlerinage d’Arbaïn est un important pèlerinage, en Irak, des chiites vers Karbala.

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