La Disposition des Cœurs face aux Versets d’Allah

Sep 24, 2021 par

Les conduites adoptées par les hommes face à la Parole divine sont différentes les unes des autres. Cela se traduit par de multiples réactions dissemblables des cœurs face à la Parole de Dieu. Les versets, alors qu’ils sont pour certains une source de miséricorde, de guidance et de guérison, deviennent une cause de tristesse, de malheur, de désarroi, voire même d’égarement pour d’autres. Le secret caché derrière cette réalité n’est rien d’autre que l’intention, le sentiment et le dessein nourris par le cœur à l’endroit de la Parole divine.

En d’autres termes, le degré de foi, ou l’état de doute et de déni de la Parole d’Allah, détermine la fin.

Avec les versets 7 et 8 de la sourate Al-‘Imran, Dieu Tout-Puissant attire notre attention sur cette réalité :

« C’est Lui qui a fait descendre sur toi le Livre : il s’y trouve des versets sans équivoque, qui sont la base du Livre, et d’autres versets qui peuvent prêter à d’interprétations diverses.[1] Les gens, donc, qui ont au cœur une inclinaison vers l’égarement, mettent l’accent sur les versets à équivoque, cherchant la dissension en essayant de leur trouver une interprétation, alors que nul n’en connaît l’interprétation, à part Allah. Mais ceux qui sont bien enracinés dans la science disent : «Nous y croyons : tout est de la part de notre Seigneur ! « Mais, seuls les doués d’intelligence s’en rappellent. »

La question fondamentale mise en évidence dans ce verset est la différence de posture adoptée par les serviteurs au cœur impie par rapport à celle de par ceux dotés de la science face aux versets d’Allah.

Les authentiques savants doués de sagesse ont foi que la totalité des versets coraniques provient d’Allah. C’est-à-dire qu’ils y croient au fond de leur cœur et ne manquent pas de l’affirmer par la langue.

Ceux qui ont des penchants vicieux dans le cœur, quant à eux, se cramponnent sur les versets qui laissent cours à des sens divers juste dans l’intention de créer une atmosphère de chaos (fitna).

Et Dieu nous rappelle que seuls ceux qui sont dotés d’intelligence peuvent comprendre ce point sensible et en tirer des leçons, afin d’accéder à la voie de droiture et d’y demeurer constamment. L’expression « doté d’intelligence » signifie jouir de la faculté de discernement inspirée par la foi et être à même de mener à la guidance.

À partir de tout cela, on peut conclure que la compréhension des signes de sagesse enfouis dans les versets coraniques s’avère d’autant plus difficile que la foi est déficiente. Et pire même, cette défectuosité de la foi peut conduire à une mauvaise compréhension des versets. On peut en plus renchérir en affirmant que les versets coraniques, censés normalement être source de guidance, augmentent la tristesse et le malheur dans les cœurs empreints d’impiété. 

Les véritables savants, puisque qu’ils sont doués de sagesse, sont pertinemment conscients de cette réalité.

C’est pour cela qu’ils ne manquent pas d’implorer en permanence leur Seigneur :

« Seigneur ! Ne laisse pas dévier nos cœurs après que Tu nous aies guidés ; et accorde-nous Ta miséricorde. C’est Toi, certes, le Grand Donateur ! »[2]

Le Coran est un Livre saint pour lequel on doit avoir de la révérence et une grande considération, car c’est la Parole de notre Seigneur.

Ceux qui veulent établir une relation saine avec les versets du Coran doivent, avant toute chose, veiller à ce que leurs intentions soient saines.

D’autre part, ils doivent aussi éviter cette grave erreur qui est de considérer le Coran comme la parole d’un homme ou d’une quelconque créature.

Kadir Misiroğlu raconte :

« J’ai connu de nombreux érudits et enseignants qui ont reçu des bénédictions ottomanes. Parmi eux, celui que j’admirais le plus était Reisü’l-kurrâ Abdurrahman Gurses. C’était un érudit sage et très honorable. À son propos, je voudrais partager avec vous ce souvenir :

Lors d’une assemblée de causerie spirituelle (sohbet), nous étions dans le salon de la maison du Cheikh Musa Topbaş Efendi (que Dieu bénisse son secret), un des guides spirituels de cette dernière époque. Il demanda de commencer l’assemblée spirituelle par une lecture coranique.

Bien avant d’entamer la lecture, Abdurrahman Gurses la précéda par la formule du “isti’adha”[3] et de la “Basmala”[4]

Juste à ce moment, l’un des assistants s’approcha du Maître pour lui dire à l’oreille :

“S’il vous plaît Maître, veuillez faire une lecture brève ! Car juste après vous, il y aura une allocution du Maître Necip Fazil.”

Là-dessus, le Maître Abdurrahman mit immédiatement fin à la lecture en récitant la formule “Sadak Allahou al Azîm”[5].

Parmi les assistants, certains ne cachèrent pas leur étonnement en disant :

“Mais Maître, vous n’avez absolument lu aucun verset coranique !”

Le Maître fit cette réplique pleine de sagesse :

“Je ne lis pas le Coran là où la parole du serviteur est préférée à Celle d’Allah !” »

Notre Seigneur nous informe que le Coran est une source de guidance vers le chemin de droiture, une source de miséricorde qui forge en l’homme une personnalité bénéfique, un moyen de guérison spirituelle pour les maladies du cœur, une lumière divine qui éclaire les ténèbres du déni et du doute, une prescription éminente qui rappelle à l’esprit et à la conscience les réalités divines, et enfin une source qui imprègne de l’ingéniosité et de la clairvoyance. 

Par conséquent, les croyants qui veulent accéder à la réalité du Glorieux Coran devraient s’approcher de lui et l’aborder avec des intentions nobles, l’admirer et enfin en tirer sainement profit.

Après avoir cru aux versets de Dieu, il incombe au croyant de s’imprégner de leur bonne compréhension et de les mettre en pratique dans sa vie quotidienne. La compréhension de la Parole divine est proportionnelle au degré de piété du cœur.

Celui qui veut sincèrement parvenir à la guidance y parviendra, qui souhaite accéder à la miséricorde divine y accédera, et qui veut être sauvé des ténèbres trouvera une échappatoire vers la lumière divine.

Tout comme nous l’avons mentionné plus haut, les versets du Tout-Miséricordieux visent à élever le serviteur et non à le rabaisser.

Cependant, celui qui, plutôt que de manifester de la foi et de la révérence à l’égard de ces versets, abuse d’eux en les utilisant pour assurer ses propres intérêts et aboutir à des fins vicieuses sera voué à la ruine et la disgrâce pendant qu’il demeure encore ici-bas.

Le Saint Coran donne un exemple[6] de ce à quoi de telles personnes seront vouées :

« Et raconte-leur l’histoire de celui à qui Nous avions donné Nos signes et qui s’en écarta. Le Diable, donc, l’entraîna dans sa suite et il devint ainsi du nombre des égarés. Et si Nous avions voulu, Nous l’aurions élevé par ces mêmes enseignements, mais il s’inclina vers la terre et suivit sa propre passion (qui suit les vices du cœur de son âme). Il est semblable à un chien qui halète si tu l’attaques, et qui halète aussi si tu le laisses. Tel est l’exemple des gens qui traitent de mensonges Nos signes. Eh bien, raconte le récit. Peut-être réfléchiront-ils ! »[7]

L’une des sagesses de cette recommandation divine Lorsque tu lis le Coran, demande la protection d’Allah contre le Diable banni[8] est qu’elle constitue un bouclier contre le mal des mauvais conseillers, djinns et humains, qui soufflent le mal et le doute dans les cœurs, et empêchent d’approcher le Coran avec un cœur sain. 

Et étant donné qu’à notre époque marquée par l’avancée technologique, il est très difficile de se préserver contre de tels doutes et incitations au mal. Il est donc de notre devoir de solliciter sans cesse l’assistance de notre Seigneur.

Ceci dit, à chaque fois que nous devons entrer en contact avec le Saint Coran, refugions-nous auprès d’Allah en prononçant la formule “Aoudhou Billahi min Ach Chaytân ar Rajim” (Je cherche refuge auprès d’Allah contre Satan le lapidé), tout en sollicitant constamment Son assistance à travers la formule “Bismillahi ar Rahmani ar Rahim” (Au Nom d’Allah le Miséricordieux, le Tout-Miséricordieux).


[1].          Verset sans équivoque : c’est un verset dont le sens et la signification sont clairement compris, qu’il soit interprété en soi ou expliqué par d’autres expressions.

             Verset à interprétations diverses : c’est un verset dont le sens et la signification ne peuvent être clairement compris, qu’il soit interprété en soi, ou expliqué par d’autres expressions.

[2].          Sourate Al-’Imrân (3), verset 8.

[3].          L’isti’adha est la formule de demande de protection contre Satan “Aoudhou Billahi min Ach Chaytân ar Rajim (Je demande la protection d’Allah contre Satan, le damné !)”

[4].          Basmala : c’est la formule “Bismillahi Ar Rahmani Ar Rahim (Au nom d’Allah le Très Miséricordieux, le Tout Miséricordieux)”.

[5].          Sadak Allahou al Azim (صدق الله العظيم) : cette formule, qui signifie “Allah l’Immense a dit vrai”, est prononcée après la récitation du Coran.

[6].          Des avis différents ont été émis à propos de la personne concernée par cet exemple. La majorité des exégètes soutiennent qu’il est question d’un savant juif du nom de Bel’am b. Bâûra.

[7].          Sourate Al-A’râf, versets 175 et 176.

[8].          Sourate an-Nahl, verset 98.

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