Sécheresses, inondations et érosion: Les trois grands dangers

Mar 12, 2019 par

Beytullah Demircioğlu

Les océans se réchauffent, les glaciers fondent, le niveau des mers augmente, les incendies de forêts progressent, le monde, pendant qu’un côté du monde croule sous les inondations, un autre attend la pluie depuis des mois… Nous vivons le printemps pendant l’hiver… Alors qu’on doit dormir pendant l’hiver, on reste éveillé pendant des mois en raison des hautes températures… Les oiseaux qui doivent émigrer n’émigrent pas pour les mêmes raisons… Il neige dans les endroits réputés chauds…

Les nouvelles du monde soulèvent la question qui est mise à l’ordre du jour de savoir ce qui se passe. Face à ce tableau montrant les signes du changement climatique auquel nous sommes confrontés, les scientifiques annoncent insensiblement qu’un avenir bien pire attend l’humanité. Mais en vain, nous consommons rapidement notre avenir. Plutôt que de tenir compte des avertissements annoncés par la communauté scientifique, nous préférons consommer beaucoup plus de choses de qualité et détruire l’équilibre naturel même au détriment de vivre une vie meilleure. La disparition de la faune, l’utilisation irresponsable des ressources naturelles, la détérioration de l’équilibre écologique, les sols rendus improductifs en raison de sa mauvaise utilisation et de l’érosion des mers, la diminution d’eau potable, la destruction des forêts pour diverses raisons, l’effet de serre et le changement climatique, les famines provoquées par la désertification, la disparition des valeurs culturelles et historiques, les guerres, les villes perdant leur identité, le bonheur de consommer sans produire, l’écosystème détruit. De tout cela, que place-t-on à notre ordre du jour ?

À propos de la plus fondamentale question du 21ème siècle, à savoir la relation de l’homme avec son environnement lié au réchauffement climatique, qui en est la cause ? Nous avons interrogé une des plus grandes sommités dans le domaine, le Professeur Docteur Mikdat Kadioğlu, conférencier au « Centre de Gestion des Catastrophes naturelles », pour savoir ce qui nous attend dans ce monde et ce que nous pouvons faire pour vivre dans un monde meilleur.

Beytullah Demircioğlu : À propos du climat et des saisons, nous sommes confrontés à une situation perturbante. Du plus simple citoyen aux hommes politiques, tous parlent du changement climatique mondial. Si vous le voulez bien nous allons commencer par expliquer ce qu’est le « changement climatique mondial » parce que ce sujet provoque beaucoup de confusion. Tous les événements météorologiques extrêmes sont expliqués au public comme étant l’émanation du changement climatique mondial. Est-ce que vous pouvez développer un peu sur le sujet ?

Prof. Dr. Mikdat Kadıoğlu :  Le changement climatique mondial se réfère à la variation des paramètres climatiques tels que la température et les précipitations dans de nombreuses régions du monde. C’est juste l’un des signes du changement climatique mondial. Le réchauffement climatique se réfère à l’augmentation de la température moyenne de l’air sur ​​le plan mondial. De nos jours on admet comme signe de changement climatique les paramètres suivants :

  • La fonte des glaces, la réduction des glaciers et de la couverture neigeuse au-dessus de la haute montagne et le retrait des pôles.
  • La hausse du niveau des mers.
  • L’air chaud et la prolifération des plantes tropicales aimant l’eau et des poissons vers les pôles. L’accroissement des migrations climatiques et des difficultés de refuge.
  • La diminution du nombre d’oiseaux sensibles à la pollution atmosphérique.
  • Les cernes des arbres devenant de plus en plus étroites démontrant une lente croissance.
  • L’année 1990 est considérée comme étant l’année la plus chaude de ces 1400 dernières années.

On observe certains signes de cette évolution des saisons tels que :

  • Aux États-Unis, le printemps vient maintenant trois semaines en avance.
  • 20 espèces d’oiseaux au Royaume-Uni ont commencé à faire leur nid neuf jours plus tôt que l’année dernière.
  • La famille Marsham dans le Sud de l’Angleterre enregistre depuis 1736 les signes du printemps. Selon ces enregistrements, l’année 1990 fut celle qui vit les feuilles du chêne s’ouvrir le plus tôt.
  • Avec l’accroissement de la chaleur des arbres, les écureuils et les petits animaux migrent vers le Nord du Canada.
  • En Angleterre ces 30 dernières années, l’automne a commencé chaque année deux jours plus tard.
  • Depuis 1860, 19 des 20 années les plus chaudes ont eu lieu après 1980, la 20e étant 1860, et parmi ces 20 années, 11 eurent lieu après 1990.
  • Selon les relevés instrumentaux et les cernes des arbres, l’année 1998 fut la plus chaude, et selon les relevés de glace, 2002 fut la deuxième année la plus chaude des 1000 dernières années.
  • Selon les enregistrements glaciaires, ces 50 dernières années furent le demi-siècle le plus chaud des 6000 dernières années.

B.D : Effectivement un désastre semble nous attendre ou bien est-ce que le réchauffement climatique de notre planète ne fait pas partie d’un cycle de réchauffement- refroidissement connu déjà dans le passé ?

M.K : On peut mesurer grâce aux derniers enregistrements les cernes des arbres et les échantillons prélevés sur les glaciers montrent à quel point le changement climatique a bien lieu. La modification astronomique est une des causes majeures. Par exemple, alors que l’axe de la terre est normalement orienté de 23 degrés vers la droite depuis 11.000 années il se trouve actuellement à gauche. À propos de cet événement, nous ne l’avons pas réalisé car il est demeuré très court, mais ce changement opéré depuis 11.000 années modifie l’emplacement de l’été et de l’hiver. D’une certaine manière ce mouvement est en train de changer le climat de la planète. C’est un facteur qui influence le climat et modifie la situation du soleil, ses explosions, son activité. Le climat volcanique est en cours de modification. Par exemple, lorsqu’en 1816 un volcan a explosé, il n’y a pas eu d’été dans le monde et il est même tombé de la neige en été. Ce sont des choses qui influencent le changement climatique. De plus, le déplacement des continents est en cours de changer le climat. Par exemple, il y a des années de cela des continents tels que le Groenland ou l’Islande ou des terres telles que l’Inde n’était pas à leur emplacement actuel. Ces événements ont un développement lent.

En rassemblant toutes ces données on voit que la planète sort d’une ère glaciaire entamée il y a 120.000 ans à 150.000 ans. Les changements de température jusqu’à nos jours n’avaient jamais dépassé 1,4 °. Avec un changement de température d’1° ou d’un réchauffement proche d’1°, le monde est sorti de l’ère glaciaire dans laquelle il était entré. Le problème actuel n’est pas le réchauffement d’1° depuis 120.000 ans, mais le réchauffement d’1° tous les 100 ans. C’est-à-dire qu’alors que nous avons besoin de refroidir la planète, nous en sommes incapables. Parce que maintenant la main de l’homme s’est interférée dans le circuit.

 

B.D : Le dernier rapport des Nations Unies portant sur le climat fabrique à partir des impacts du changement climatique de la planète un scénario alarmiste.  Il souligne que le réchauffement climatique a atteint des dimensions qui menacent toute l’humanité et que dans 50 années 90% de ce qui est en possession de l’homme disparaîtra, ce qui augure la fin des siècles. Tout d’abord, est-ce que vous pouvez nous dire comment on en est arrivé à ce constat ? Comment s’est produit le réchauffement climatique ? Quelle est la part de responsabilité de l’homme dans cette situation ?

  1. : L’atmosphère contrôle le système climatique avec la puissance naturelle des mers, des vents, de la pluie et la répartition des températures. Ce système dynamique est en constante évolution depuis l’ère glaciaire. Mais approximativement depuis ces 150 dernières années, la consommation en augmentation et en quantité excessive de pétrole, de charbon et des combustibles fossiles causent des changements de la croûte terrestre, de grandes quantités de gaz nocifs et de particules sont libérées dans l’atmosphère.

En premier lieu le pétrole et le charbon en sont des exemples. On pense qu’actuellement 75% des gaz à effet de serre provient des pays développés et 25% des pays en voie de développement. Le secteur principal étant celui de l’énergie. Le pétrole, le charbon le lignite et le gaz naturel, principale source d’énergie en Turquie, sont à l’origine des gaz à effet de serre.

De telle sorte que les dommages que l’humanité a causés et continue de causer aux terres et à l’eau ce dernier siècle a considérablement détérioré l’air qui est composé de terre et d’eau.

L’industrie en croissance et les gaz à effet de serre qui se manifestent dans les zones où elle est implantée contaminent en grande quantité l’environnement et l’atmosphère, ce qui provoque l’accroissement du réchauffement climatique.

Il a été révélé qu’en raison de leur accroissement le renforcement de l’opération à effet de serre dans l’atmosphère provoque l’actuel changement climatique induit par l’homme entraînant le réchauffement climatique. De telle sorte que nous faisons face de nos jours à de grands problèmes environnementaux en raison de la pollution atmosphérique et en particulier de la partie partant de la sphère de vie (biosphère) à la haute atmosphère (stratosphère), ce qui a pour résultat la destruction de la nature, de l’eau, de la terre et de l’air.

B.D : Du fait que nous n’avons pas pris les précautions nécessaires qu’est-ce qui attend notre pays ?

M.K : Du fait du changement climatique, rien que ces 100 dernières années, la température de l’air a augmenté en moyenne de 0,70°C et continue d’augmenter de nos jours en progressant durant les 40 années à venir de 0,1°C tous les 10 ans selon nos prévisions. D’ici 2030, la température en Turquie augmentera en moyenne de 2°C en hiver et de 2 à 3 °C en été, et pendant qu’en hiver la pluviosité augmentera peu, en été elle diminuera d’une fourchette comprise entre 5 & 15%…

En fait, ce qui doit faire peur aux gens n’est pas la théorie du changement climatique. Cette théorie aura des effets positifs et négatifs. Parmi les effets positifs il y a une augmentation du rendement céréalier dans les latitudes nordiques, mais les gens craignent les effets négatifs possibles du potentiel naturel.

Cette crainte n’est pas infondée, car parmi les effets négatifs du réchauffement climatique on peut compter :

  • Le risque de phénomènes météorologiques accentués et plus graves,
  • Le risque de sécheresse dans quelques régions,
  • Le risque d’inondation dans quelques régions,
  • Le risque provoqué par l’influence négative de l’activité économique et le stockage d’eau douce pour l’agriculture, l’aquaculture et l’élevage entraînant une généralisation de maladies telles que le paludisme ou la malaria exportées par les insectes des régions où ils sont la cause de ces maladies.

De telle sorte que tous les problèmes menaçant l’environnement et la vie de l’eau, de la terre et de l’air seront en progression, ce qui affectera l’agriculture et donc l’économie, et affecter la santé de l’être humain et de son environnement animal et végétal.

L’actuel réchauffement des pôles provoque une diminution de la différence de température entre les pôles et l’équateur et donc un faible jet-stream et de ce fait à une latitude médiane une formation de tempêtes. Ainsi on estime que le chemin suivi par les tempêtes se déplacera jusqu’à des latitudes septentrionales de la Turquie. Bien que les zones de pression soient bas et que les fronts atmosphériques causés par tempêtes et autres événements diminuent, l’accroissement de la vapeur d’eau dans l’air causé par le réchauffement climatique et non par les basses pressions, on s’attend à une augmentation des précipitations torrentielles plus brèves au printemps et en été. On s’attend à ce que de ces états irréguliers résultent des fortes pluies et des crues soudaines entraînant un accroissement des glissements de terrain et une érosion terrestre.

Les catastrophes attendues en Turquie sont les suivantes :

  • Effets du réchauffement climatique en Turquie : Selon les projections du GIEC[1] il est estimé que dans les pays situés dans la même latitude que le nôtre, le réchauffement climatique, la modification du régime des pluies, l’accroissement du niveau des eaux maritimes et une réduction significative de la teneur en eau du sol auront lieu. Il en résultera la sécheresse (aridité, incendies de forêt, vagues de chaleur, problèmes agraires etc.),
  • Des crues soudaines (fortes pluies et orages…),
  • L’accroissement du niveau des mers (érosion côtière, inondations du fait des débordements des fleuves et rivières et une faible augmentation de la salinité des terres). Nous ressentirons les effets de ces trois grands problèmes à l’avenir.

La Turquie est un pays semi-aride. En outre la sécheresse, du fait de la difficulté de trouver une solution à ses impacts socio-économiques et de sa permanence, est considérée dans le monde comme étant la plus dangereuse des catastrophes naturelles.

La pénurie d’eau potable dans les villes, pourrait conduire à une forte baisse de la production agricole et de l’énergie hydroélectrique. Par conséquent, la protection des bassins d’eau et des zones agricoles revêt une grande importance.

En outre conjointement avec la sécheresse les inondations des villes pourraient conduire à de graves problèmes et aller au-delà des frontières du pays. En résumé, quel que soit le scénario qu’on examine, le changement climatique mondial affectera d’une manière défavorable la Turquie. En d’autres termes, on s’attend à ce que des domaines tels que l’environnement, l’agriculture, les forêts et les ressources hydrauliques soient durement affectés par le changement climatique mondial.

Les plans actuels de notre pays sont orientés vers la distribution des précipitations naturelles pour alimenter l’agriculture en fonction de la quantité des précipitations et des terres qui peuvent être irriguées.

Le point le plus critique à prendre en considération dans ces planifications et les similaires est de déterminer à l’avance comment ces projets influeront sur le changement climatique.

B.D : Individuellement, comment pouvons-nous agir ?

M.K : En tant qu’individus, nous devons développer un style de vie respectueux de l’environnement et l’économie de l’eau et de l’énergie. À titre d’exemple, on peut citer les 10 messages aux particuliers faits dans les campagnes de sensibilisation des pays développés :

  • Prendre des conseils.
  • Planter des arbres.
  • Économiser l’énergie.
  • Débrancher les appareils électriques.
  • Faire ses courses dans les lieux d’habitation.
  • Limiter la distance de voyage.
  • Utiliser l’énergie solaire.
  • Apprendre à bien cuisiner et manger à la maison.
  • Consommer peu et réutiliser les produits
  • Être sensible aux décisions prises pour lutter contre le réchauffement climatique.

 

B.D : Nous vous remercions.

 

Intervenant : Beytullah Demircioğlu

« L’être humain est responsable du changement climatique »

Le rapport qui est depuis le début de la préparation des rapports sur l’environnement celui à propos duquel on a le plus parlé et qui est le plus attendu, celui de l’ONU sur les changements climatiques, a été diffusé le mois dernier.

Les principales conclusions du rapport, qui précise le rôle majeur de l’activité humaine sur le changement climatique, sont qu’il est probable que :

* L’activité humaine ait causé le réchauffement climatique.

* La température augmente de 1,8 à 40 d’ici la fin du siècle.

* Le niveau de la mer s’élèvera de 28 à 43 cm.

* La glace de l’Océan Arctique fondra complètement pendant la seconde partie du siècle.

* Certaines parties du monde subiront une augmentation des vagues de chaleur.

* Le changement climatique pourrait entraîner une augmentation de l’intensité des tempêtes tropicales.

Calendrier des catastrophes mondiales :

Selon l’Institut climatique de Potsdam :

En 2030 : Le réchauffement climatique commencera en premier à avoir une influence en Australie et sur la végétation de certaines forêts tropicales d’Afrique du Sud. Dans certains pays en développement on constatera une réduction de la production alimentaire et des pénuries d’eau commenceront à être vécues. Les pays du monde subiront les effets d’un climat plus sec et chaud.

En 2050 : Les dommages provoqués par le réchauffement climatique seront plus graves : 10 millions de gens tomberont dans la situation de « réfugiés climatiques ». Du fait du flux grimpant des eaux et de l’état de sécheresse qui commence, le nombre d’exilés atteindra le chiffre de 150 millions de personnes.

L’Inde sera inondée et le nombre de gens qui seront dans l’obligation de s’exiler pourrait se monter à 30 millions au minimum. Du fait de la fonte des glaciers, les ours polaires disparaîtront. Les feux de forêt ravageurs se multiplieront dans les pays de la région méditerranéenne. L’Amazone aura sa part de réchauffement climatique et la population diminuera en raison de famines.

En 2070 : En raison de la famine et de la soif, de très graves problèmes sanitaires verront le jour. Il ne restera plus de glacier dans ce qu’on appelle le Nord. De nombreuses variétés d’animaux disparaîtront en parallèle avec le réchauffement climatique. 2.8 milliards de personnes perdront la vie en raison des problèmes qu’ils rencontreront suite aux conséquences du réchauffement climatique.

 

Le réchauffement climatique frappera les populations pauvres

 

Le rapport intitulé « protection contre les dangers du changement climatique » publié par le gouvernement britannique indique qu’il y a une très faible probabilité pour que le niveau des gaz à effet de serre soit maintenu en dessous du seuil de dangerosité.

Les chercheurs sont préoccupés par le fait que la fonte des glaces au Groenland fera hausser le niveau des mers de 7 mètres. Selon ce rapport, cette modification aura une influence sur la pauvreté et du fait de la sécheresse, des millions d’Africains seront contraintes d’émigrer.

Selon les scientifiques, le réchauffement climatique de 20 provoquera :

* Une diminution de la production agricole dans les pays développés et en voie de développement.

* L’improductivité des récoltes sera multipliée par 3 en Europe et en Russie.

* De grandes migrations depuis l’Afrique du Nord en raison de la désertification.

* Une pénurie d’eau subie par 2 milliards 800 millions de personnes.

* L’extinction de la race des ours polaires.

* Une propagation du paludisme en Afrique et en Amérique du Nord.

[1]                                             Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (http://www.ipcc.ch/index.htm).

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