Une visite auprès de son amour

Mar 12, 2019 par

Irfan Öztürk

Allah le Tout-Puissant énonce dans le Coran : « (Mon bien-aimé, dis à Mes serviteurs) Si vous aimez vraiment Allah, suivez-moi, Allah vous aimera alors et vous pardonnera vos péchés. Allah est Pardonneur et Miséricordieux. » (Coran, Al-Imrân, 3/31) De même, on y trouve l’énonciation suivante : « (Ô Muhammad) Nous ne t’avons envoyé qu’en miséricorde pour l’univers. » (Coran, Al-Anbiyâ, 21/107) Et dans un hadith qudsi il est stipulé : « J’ai créé tous les êtres pour toi. »

Qu’Allah accorde la sagesse aux cœurs qui sont privés à la fois de la vérité et de Son amour. Qu’Il garde nos cœurs vivants grâce à l’amour du Prophète (sallalahu ‘alayhi wa sallam). En ce sens, après le départ de notre Prophète dans l’autre monde, qu’Il nous permette, alors que nous lui rendons visite (à son tombeau), de ressentir l’effet de son amour.

On relate que :

À l’époque de notre Prophète (sallalahu ‘alayhi wa sallam) il y avait dans le pays de Cham (l’antique nom de la Syrie) un rabbin juif, un éminent savant, qui était unique dans ce siècle. (Il connaissait) mille chapitres et chacun de ces chapitres étaient composés de mille versets. Un samedi, en lisant la Torah qui avait été donnée à Moïse, il s’aperçut qu’elle recelait quatre passages qui évoquaient les caractéristiques de notre Prophète et fit la rencontre de ses valeurs sacrées. Mais en raison de son émulation, de sa haine et de son animosité, il déchira les pages pour ne pas y voir les signes évidents et les jeta.

La semaine suivante, le même jour, toujours en lisant la Torah, il y remarqua que dans huit passages, il était encore fait mention des belles caractéristiques de notre Prophète (sallalahu ‘alayhi wa sallam). Cette fois-ci, il prolongea sa réflexion et sa compréhension devint plus ouverte. À ce moment-là, la lumière de Muhammad pénétra dans son cœur et l’enflamma par le feu de la foi. Il fut pris d’excitation. Aussitôt, il demanda à un coreligionnaire qui était auprès de lui :

« De quel côté se trouve la ville de Médine ? Peux-tu m’indiquer précisément le chemin ? »

L’ami du rabbin lui dit alors précipitamment :

« Pour l’amour de Dieu ! Que veux-tu faire ? Ne vas surtout pas dans cette ville, car il y a là-bas un magicien. Grâce à la magie, il a pris tout le monde sous son influence. Je crains qu’avec sa magie il te tienne aussi sous son influence. »

Mais l’autre était décidé :

« Tais-toi ! Ne dis pas de sottises. La chose n’est pas comme tu le prétends. »

Une autre personne lui ayant indiqué le chemin de Médine, il se mit donc en route. Son cœur brûlait d’amour pour Muhammad et des larmes coulaient de ses yeux. Il en avait même oublié de manger et de boire, car il avait posé un pas dans la voie de la prospérité. Quand il arriva à Médine, il rencontra Salman al-Farisi, lequel ressemblait à notre Prophète, et le supplia ainsi :

« Ô seigneur ! Je suis quelqu’un de pauvre. De grâce, amène-moi auprès du bien-aimé d’Allah, notre guide le Jour du Jugement et notre Prophète qui est le refuge des pauvres serviteurs ! »

Salman al-Farisi (radiyallahanhu) lui répondit :

« Salut ! Viens avec moi… »

Ensemble ils se dirigèrent vers Rawza ach-Charifa (espace se trouvant entre la tombe prophétique et la chaire). Mais, quatre jours auparavant, notre Prophète avait émigré vers le monde céleste. Médine était dans la tristesse. Concernant ce sujet, Salman al-Farisi n’avait donné aucune nouvelle au rabbin. De ses yeux coulaient des larmes de tristesse. Le rabbin, quant à lui, pleurait à cause de son amour pour Muhammad. Tous deux pleurèrent encore lorsqu’ils parvinrent à leur destination. Salman dit au savant juif :

« Ô toi dont le cœur est épris de Muhammad ! Toi qui es venu pour voir le Prophète des prophètes, le Bien-aimé d’Allah, Muhammad Mustapha. Cela fait quatre jours que, sur ordre d’Allah, il a rejoint le pays de l’éternité, rejoignant ainsi son Seigneur. Et nous, maintenant, nous sommes restés orphelins et abandonnés… »

Le visiteur de l’amour, en entendant ces paroles, se mit à pleurer de plus en plus fort et fut rempli d’une tristesse indescriptible, puis il finit par dire :

« Ô seigneur ! Je n’ai pas eu l’opportunité de le voir. Toi, l’as-tu vu ? T’es-tu assis en sa compagnie à la mosquée ? As-tu déjà entendu sa voix bénie ? »

Salman al-Farisi répondit :

« Oui, j’ai vu son visage, je me suis assis en sa compagnie à la mosquée. J’étais parmi ses fidèles. »

Ils arrivèrent devant le tombeau du Messager d’Allah (sallalahu ‘alayhi wa sallam). En compagnie d’un groupe de fidèles qui y était présent, ils pleurèrent et lui rendirent hommage. L’amoureux béni de Cham demanda :

« Ô communauté des fidèles de notre Prophète ! Y a-t-il parmi vous quelqu’un qui soit parent du Prophète ? «

L’Imam ‘Ali répondit :

« Moi je suis de sa lignée, le fils de son oncle et aussi son gendre. »

L’homme épris s’écria alors :

« Eh ! Toi qui es son proche parent, peux-tu me décrire le Bien-aimé d’Allah parmi ses belles caractéristiques et sa haute moralité ? »

‘Ali lui en fit donc la description autant qu’il avait pu le connaître et l’approcher. Sur ce, l’homme, après avoir parlé de choses qui lui étaient passées par la tête, déclara :

« Wallâhi wa billâhi ! L’homme qui est décrit dans la Torah est bien Muhammad Mustapha. Nul doute que ce soit lui ! »

Ensuite, il supplia, les yeux remplis de larmes :

« Est-ce que l’un d’entre vous possède un vêtement qui a été porté par le Prophète (sallalahu ‘alayhi wa sallam) ? De grâce, j’aimerais tant sentir son odeur, la bonne odeur provenant de son vêtement. »

‘Ali se tourna vers Salman al-Farisi et lui dit :

« Ô Salman ! Apporte donc de la maison le gilet qui appartenait au Messager d’Allah. »

Salman alla prendre le gilet en question et le rapporta. Abû Bakr, ‘Umar, Othman et ‘Ali prirent le gilet et le portèrent à leur visage et sur leurs yeux. En accomplissant ce geste, ils prirent de nouveau conscience que le Prophète leur manquait et ils ne purent retenir leurs larmes. Puis ils tendirent le gilet vers le voyageur béni. Ce dernier le prit et le porta à son visage. Ensuite, faisant face au tombeau du Messager d’Allah, il leva son doigt et déclara :

« Ash-hadu an lâ ilâha illa Llahu – wa ash-hadu anna muhammadan rasûlu Llahi ! » (J’atteste qu’il n’y a de divinité qu’Allah, et j’atteste que Muhammad est Son Envoyé). Puis, en s’écriant : « Ô toi le Bien-aimé des bien-aimés » il se mit à pleurer violemment. Il ouvrit ensuite ses mains et commença à supplier de la façon suivante :

« Ô mon Seigneur ! Tu es Grand, tu es Infini. Si Tu as confirmé ma foi et mon attachement à Toi et à Ton Bien-aimé, ne me laisse plus vivre ainsi ! Permets-moi de déposer mon esprit, là maintenant, devant la tombe du Bien-aimé ! »

Sa supplication fut à peine achevée qu’il cria « ALLAH ! » puis il tomba sur le sol.

Ceux qui assistèrent à la scène virent que son esprit était déjà parti au paradis.

Puisse Allah nous accorder de Son éternité. Les cœurs amoureux ne sont-ils pas également de cet ordre ?

Ô Messager d’Allah ! Celui qui a atteint la voie juste en devenant croyant t’a vu. Il a trouvé dans les deux mondes paix et sérénité. Celui qui ne trouve pas la voie de la raison t’a regardé mais ne t’a pas vu. Il n’était que de passage sur terre. Il a mangé et bu, il a trouvé fortune et nourriture. Les yeux aveugles ne t’ont pas vu, les cœurs morts n’ont pas réussi à te comprendre. Comment peuvent-ils te comprendre ? Te comprendre est un cadeau d’Allah, provenant de Sa grandeur.

 

Il a été dit du ciel : « salut ô Prophète, lumière de l’Islam »

Ô Mon Aimé, ô Mon Messager, ô aspect de la rose, salut !

Pas un, mais huit paradis ont été ouverts pour ton amour

Viens c’est à toi, il y a la fête sur terre, il y a la fête dans les cieux, salut.

 

(Gülzâr-ı İrfan)

 

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