Trois choses me sont agréables ici-bas

Mar 13, 2019 par

 

Dr. M. Selim Arık

Le monde d’ici-bas devient le lieu des désirs de l’ego dans le cas où celui-ci s’emplit de dénis de toutes sortes et de péchés. Il devient alors abominable et connaît alors la damnation[1]. Cependant, si en temps que terrain de l’au-delà[2] il se transforme en mosquée sur terre et prend l’état d’un lieu empli d’actions pieuses, cette fois-ci il devient admirable et doux[3]. En conséquence, Dieu le Très-Haut nous a octroyé le monde dans sa totalité avec toutes ses beautés attractives à partir desquelles il nous éprouve. De là, il est nécessaire de saisir les bons côtés de l’ego et de rejeter ses mauvais côtés. Notre cher Prophète (pbsl) a dit : « Trois choses me sont agréables ici-bas : Les femmes, le parfum et la prière, dans laquelle mes yeux se reposent[4]. »

 

D’abord, un point qui attire l’attention dans ce hadith susmentionné, c’est que ce désir n’a pas été formulé par le vocable « j’aime » mais par celui de « me sont agréables ». Cette indication est un signe probant appuyant le fait que le monde en soi n’est pas un but mais plutôt un moyen. Cependant, dans ce hadith, les femmes sont évoquées en première position, mettant ainsi en exergue l’importance que l’islam accorde à la femme, car la femme, à cause du fait qu’elle eut consommé le fruit défendu dans le paradis, s’est vue considérée comme une créature pécheresse dans toutes les sociétés antérieures (à l’islam). Alors que la religion musulmane a prouvé l’inexactitude d’une telle conception et a accordé la dignité à la femme en plaçant le paradis sous les pieds de la mère[5]. La prière est aussi l’autre sujet évoqué dans le hadith. Ici elle n’est pas citée en tant que subsistance de l’âme de part son amabilité en rattachement à la première phrase, mais formulée entièrement par « la prière qui rend à mes yeux la clarté ». Cette indication est un point qui exprime la dimension spirituelle de la prière.

On rapporte qu’Abû Bakr (que Dieu l’agrée), l’ami intime de notre Prophète (pbsl) et premier calife bien-guidé a dit : « Trois choses me sont aussi agréables ici-bas : contempler le visage du Prophète, dépenser de mes biens dans le sentier de l’islam, combattre aux côtés du Prophète. »

‘Umar (que Dieu l’agrée), le second calife bien-guidé, célèbre pour sa vision conforme au Coran, a dit : « Trois choses me sont aussi agréables ici-bas : ce sont al-amr bi’l-maruf (ordonner le bien et œuvrer pour son expansion), nahy al-ani’l-munkar (l’interdiction de mal, l’opposition au mal), al-hudûdullah (ne pas franchir les limites définies par Dieu). »

‘Uthman (que Dieu l’agrée), le troisième calife bien-guidé, monument de vertu, a dit : « Trois choses me sont aussi agréables ici-bas : offrir à manger, répandre le salam, se lever la nuit pour prier alors que les gens dorment. »

Quant à ‘Ali (que Dieu l’agrée), le quatrième et dernier calife bien-guidé, l’époux de Fatima (que Dieu l’agrée), il a dit ceci : « Trois choses me sont aussi agréables ici-bas : offrir à manger à mon invité, jeûner en pleine chaleur d’été et combattre. »

On rapporte que l’ange Gabriel (Jibril -sur lui la paix-), ayant appris ces paroles, aurait dit : « Trois choses me sont aussi agréables ici-bas : venir au secours de quiconque est en difficulté, indiquer le chemin à celui qui s’est égaré, passer mon temps en compagnie du Coran. »

Mikail, l’ange de la bienfaisance et de la bénédiction, a dit également ceci : « Trois choses me sont aussi agréables ici-bas : un jeune qui se repent, un cœur empli de Hachyatoullah, l’œil qui verse des larmes par crainte de Dieu. »

On rapporte qu’ayant eu connaissance de toutes ces paroles citées plus haut, l’Imam Abû Hanifa aurait déclaré : « Trois choses me sont aussi agréables ici-bas : l’abandon de l’orgueil, un cœur éloigné de tout attachement aux biens matériels et terrestres, la recherche du savoir la nuit au lieu de dormir. »

Renvoyant à l’Imam Azam, accomplir la prière de l’aube en état d’ablution à compter de la prière de nuit précédente est un encouragement aux adorations nocturnes.

Alors que l’Imam Malik, un des imams-fondateurs des quatre écoles juridiques musulmanes, a bénéficié directement de la spiritualité auprès d’Abû Hanifa, les autres imams-fondateurs l’ont reçue par l’intermédiaire de leurs élèves. Par conséquent, sous le double rapport de l’âge et du savoir, il serait supérieur en grade par rapport aux autres.

L’Imam de l’école malikite, Malik ibn Anas, a dit également ceci : « Trois choses me sont aussi agréables ici-bas : demeurer sur les terres du Prophète, la reviviscence du savoir religieux (la Sunna), la poursuite du chemin emprunté par les Khulafa al-Rashidin (les Califes bien-Guidés). »

L’Imam de l’école chaféite, Mohammad ibn Idriss ach-Châfî’i a dit également ceci : « Trois choses me sont aussi agréables ici-bas : ne pas se faire de souci, se comporter convenablement dans les rapports avec les gens, se conformer à la pratique du soufisme (tasawwuf). »

L’Imam de l’école hanbalite, Ahmed ibn Hanbal, a dit également ceci : « Trois choses me sont aussi agréables ici-bas : donner sans faire de reproches, un moi saturé de foi, d’invocations et d’actes d’adoration, l’obéissance à la Sunna du Prophète[6]. »

Parallèlement, nous aussi, nous pouvons inscrire la piété (taqwa), la satisfaction (riza), et …. (istiknâ) comme les trois choses qui nous sont agréables ici-bas. Ar-riza exprimant la satisfaction et l’assentiment induit la réalité que c’est l’assentiment de Dieu qui prime sur toute chose. Si Dieu le Très-Haut est satisfait d’un acte quel qu’il soit, l’inadvertance que le monde peut accorder à cet acte ne change rien. D’autre part, même si le monde entier était satisfait d’une chose alors que Dieu le Très-Haut n’en serait pas satisfait, c’est l’avis divin qui prime sur tout autre avis. La taqwa, c’est se protéger de la punition divine en recourant à des dispositions amenant à fuir les interdits et à obéir aux prescriptions de Dieu le Très-Haut. Par ailleurs, la taqwa exprime l’excellence ihlas) en matière d’adoration et l’abandon et l’attention en matière de péché. À cet égard, la taqwa est comme une clé en argent qui ouvre la porte de tous les bonheurs. Istignâ, c’est ne pas trouver chez l’autre ce qu’il y a chez Dieu le Très-Haut, c’est se contenter de ce que l’on a dans la main. Cette dimension résulte naturellement d’une conviction. Par conséquent, istignâ, c’est recourir uniquement à Dieu et à nul autre, c’est poursuivre son existence humblement, empreint d’une humeur vertueuse, doux de cœur lorsque surviennent les moments difficiles. Tous ces traits inhérents à la moralité islamique constituent le chemin du Coran et du Prophète (pbsl).

[1] Cf. Tirmidhî, Zuhd, 14.

[2] Cf. Sehavi, el-Makasıdü’l-Hasene, p. 225.

[3] Cf. Muslim, dhikr, 99.

[4] Cf. Ahmed ibn Hanbal, III, 128; Nasâî, İşratü’n-Nisa, 1.

 

[5] Cf. Nasâî, Jihad, 6.

[6] Cf. Ajlunî, Keşfü’l-Hafa, I, 408.

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