Statuts liés a la dépendance de l’homme et de la femme vis-a-vis d’Allah

Mar 13, 2019 par

Prof. Dr. Hasan Kâmil Yılmaz

  

Hasan Kamil Yılmaz est Professeur Docteur en sciences islamiques et actuel Secrétaire d’État au Ministère des Affaires religieuses turques (DIYANET). Spécialiste du soufisme, il est l’auteur de nombreux articles pour divers magazines et encyclopédies, ainsi que d’une vingtaine d’ouvrages, parmi lesquels Ana hatlarıyla tasavvuf ve tarikatlar (Le soufisme et les confréries spirituelles) aux éditions Ensar ; Aşıklar tabibi Aziz Mahmud Hüdayi (Aziz Mahmud Hudayi, le médecin des amoureux) aux éditions Sufi Kitap ; et de Marifetullah, Onu bilmek ve tanımak (La Marifetullah ou la connaissance d’Allah) aux éditions Erkam.]

Allah le Très-Haut a placé l’homme, Sa créature favorite, au centre de l’univers. Cette position de prédiction octroyée à l’homme remonte à l’époque d’Adam qui fut enlevé du paradis pour être placé sur terre. Ève (Hawa), qui fut créée pour être la compagne d’Adam dans le paradis, avait consommé le fruit défendu et poussé Adam à en consommer à son tour. Après la séparation qui s’en suivit, Adam et Ève se retrouvèrent sur terre et donnèrent naissance à l’espèce humaine.

Allah le Très-Haut explique ainsi la création d’Ève à partir du corps d’Adam :

« Ô hommes ! Craignez votre Seigneur qui vous a créés d’un seul être, et a créé de celui-ci son épouse, et qui de ces deux-là a fait répandre (sur la terre) beaucoup d’hommes et de femmes…[1] »

Ce verset coranique montre clairement que notre Seigneur a créé un être et à partir de lui, Il a créé sa partenaire. Ce fait a donné naissance à un couple formé d’une partenaire née de l’autre. Ainsi donc, l’homme et la femme, symbolisés par Adam et Ève, ont été créés pour affronter ensemble les épreuves de la vie.

Plus tard, les hommes et les femmes commencèrent à affronter les épreuves de la vie en tant que partenaires et parfois en tant qu’adversaires. La vie de couple fut parfois agréable, parfois désagréable, parfois fusionnelle. De temps en temps, les combats qui ont entraîné la domination des uns par les autres ainsi que la recrudescence de l’injustice, ont donné naissance à l’oppression. Ceci justifie la raison pour laquelle l’histoire a été jalonnée aussi bien par la naissance des idées excluant et vilipendant les femmes que par les idées donnant une position dominante aux femmes.

L’Islam place l’homme et la femme au même pied d’égalité en ce qui concerne la compétition pour l’adoration (d’Allah).

Ainsi, le verset 35 de la sourate al-Azhâb précise les domaines dans lesquels cette compétition est possible et indique l’égalité de l’homme et de la femme à ce sujet. La cause de la révélation de ce verset est relatée de la manière suivante :

Selon une première source, les femmes du Prophète(pbsl) lui auraient demandé : « Ô Messager d’Allah ! Allah parle fréquemment des hommes dans le Saint Coran. Cela signifie que nous n’avons aucune vertu qui peut y être évoquée. Nous craignons que notre adoration ne soit pas acceptée. » C’est dans ce contexte que ce verset fut révélé[2].

Dans une autre source, quand le verset « ses épouses sont leurs mères (aux croyants musulmans) » de la sourate al-Azhâb ainsi que les versets commençant par l’expression « Ô Prophète ! Dis ceci à tes épouses ! » (versets 6 à 18) furent évoqués, les femmes médinoises vinrent auprès du Prophète(pbsl) et lui dirent : « Aucune révélation n’a été faite à notre sujet. » Suite à cette réaction, ce verset coranique fut révélé[3] :

 

« Les Musulmans et Musulmanes, croyants et croyantes, obéissants et obéissantes, loyaux et loyales, endurants et endurantes, craignants et craignantes, donneurs et donneuses d’aumônes, jeûnants et jeûnantes, gardiens de leur chasteté et gardiennes, invocateurs souvent d’Allah et invocatrices : Allah a préparé pour eux un pardon et une énorme récompense[4]. »

 

Les dix sujets évoqués dans ce verset indiquent à quel point les hommes et les femmes sont égaux dans la compétition pour l’adoration. Ces dix sujets sont : l’Islam, la foi, la dévotion, la loyauté, l’endurance, la piété, l’aumône, le jeûne, la chasteté et (le plus important de tous) Allah.

L’Islam est une religion qui place l’homme et la femme au même pied d’égalité. Cela est visible à travers la présence d’une sourate intitulée « les Femmes (an-Nisâ) » dans le Saint Coran. Elle présente l’égalité entre l’homme et la femme au-delà ses difficultés du monde physique et crée une ouverture juste vers l’univers du charme métaphysique.

Le verset coranique susmentionné s’adresse aux musulmans ainsi qu’aux musulmanes. Il leur demande de se soumettre aux prescriptions d’Allah en temps de guerre et en temps de paix. Ce fait implique tous les soumis et toutes les soumises. Le sens de ce verset est le suivant : la maîtrise des instincts et désirs charnels octroie une particularité à l’être humain, ce qui permet à son entourage de trouver le salut par le biais de sa langue et de ses mains. Le musulman et la musulmane sont de ceux qui confient leurs affaires terrestres à Allah. Grâce à leur confiance en Allah, leur esprit n’est pas occupé par les futilités de ce bas monde.

Les croyants et croyantes : le terme mu’min renvoie à une personne dont l’esprit est illuminé par l’entrée de la foi dans son cœur. Cet esprit illuminé permet à l’être humain d’atteindre une position qui renforce la confiance en soi. Le terme iman confirme la croyance et les engagements des musulmans envers Allah. Le mu’min est celui qui atteste qu’Allah est son Seigneur et que Muhammad est Son Prophète et qui s’abstient du mensonge. C’est celui qui obéit aux prescriptions d’Allah et à la Sunna du Prophète. En ce qui concerne ces particularités, il n’existe aucune différence entre l’homme et la femme.

Les obéissants et obéissantes : les expressions obéissants et obéissantes renvoient à l’obéissance perpétuelle des serviteurs d’Allah. En fait, il s’agit d’adorer Allah avec enthousiasme et d’en faire l’objet de son existence. Il en ressort clairement que du point de vue de la dévotion, les hommes et les femmes sont au même pied d’égalité.

Les loyaux et loyales : la loyauté renvoie à ce qui est conforme à la vérité, à l’engagement, au bon comportement et à la fidélité. Il s’agit de s’abstenir du mensonge et de l’hypocrisie. C’est une lumière spirituelle qui émerge dans le cœur d’une personne en fonction de son degré de proximité avec son Seigneur. La dépravation (engageant la détérioration de la personnalité) est un problème commun à tous.

Les endurants et endurantes : l’endurance consiste à acquérir les bons comportements en évitant les interdits et en adorant Allah. C’est aussi la faculté de résister dans le malheur, de cesser de se plaindre et de se réfugier auprès d’Allah par le biais des invocations.

Les craignants et craignantes : il s’agit de ceux qui se soumettent à Allah avec leurs cœurs et leurs âmes. Il s’agit d’une soumission totale à Allah. C’est baisser la voix lorsqu’on est en présence d’Allah. C’est le reflet de la paix du cœur sur les organes. C’est la capacité de s’adonner à l’adoration d’Allah au point de ne pas constater qui est à sa droite ou à sa gauche. Et tout cela ne peut s’accomplir qu’à travers des efforts spirituels.

Les donneurs et donneuses d’aumônes : dans le contexte de ce verset coranique, le bienfaiteur est une personne qui fait l’aumône parce qu’il sait que les nécessiteux ont un droit sur ses biens. L’aumône est un concept qui désigne le fait de donner une partie de ses biens en guise de zakat ou de sadaqa dans le but de se rapprocher d’Allah. Quiconque donne au moins une petite somme d’argent par semaine en guise de sadaqa peut être considéré comme un bienfaiteur (donneur) ou une bienfaitrice (donneuse). Il est certes difficile de donner. Mais le fait de partager les biens de ce bas monde avec les autres et en tirer du plaisir est une dimension qui demeure très importante.

Les jeûnants et jeûnantes: il s’agit de personnes qui s’abstiennent de tout ce qui n’est pas permis par la religion en s’éloignant de tout rapport charnel et en s’adonnant à l’adoration. Tous ceux et toutes celles qui s’abstiennent de manger, de boire et de rapports charnels font partie des jeûnants et des jeûnantes. Et quiconque accomplit le jeûne en dehors du mois de Ramadan fait partie de ce groupe.

Les gardiens et gardiennes de leur chasteté : il s’agit des hommes et des femmes qui s’abstiennent des rapports charnels illicites(haram) en vue de protéger leur chasteté. Ce sont des personnes qui couvrent leurs parties intimes en présence des étrangers et qui n’entretiennent des rapports charnels qu’avec leurs maris ou leurs femmes. La multiplication de l’espèce humaine par des moyens licites (halal) est un facteur déterminant. Généralement, les femmes sont plus critiquées à ce sujet que les hommes alors qu’en réalité les deux partagent les mêmes péchés et les mêmes responsabilités.

Les invocateurs et invocatrices d’Allah : Il s’agit des hommes et des femmes qui adorent Allah avec leurs cœurs et leurs langues, par le rappel (dhikr) et tous les fragments de l’être spirituel. Il n’existe pas un lieu et un temps absolus pour pratiquer ledhikr. À tout moment, en tout lieu et toute condition, on ne doit oublier Allah.Quiconque s’adonne à une science utile, à la lecture du Saint Coran ou aux invocations fait partie de ce groupe. Même ceux qui accomplissent dûment leurs cinq prières quotidiennes peuvent être considérés comme des invocateurs d’Allah. Un hadith dit que « si un musulman qui réveille sa femme dans la nuit et accomplit une prière de deux ra’kat avec elle, ils seront inscrits parmi les invocateurs invétérés d’Allah[5]». Dans un autre hadith, la question suivante fut posée au Prophète(pbsl) : « Quel est l’acte le plus valeureux auprès d’Allah le Jour du Jugement Dernier ? » Le Prophète(pbsl) répondit : « L’acte des hommes et des femmes qui invoquent beaucoup Allah[6]. » Le dhikr dont il est question ici se résume en deux expressions : le cœur avec Allah, la main avec les gens. Cette action empêche les salissures d’atteindre le cœur.

Cinq des dix sujets abordés dans ce verset coranique concernent les relations entre Allah et Son serviteur. Ces cinq sujets sont : l’Islam, la foi, la dévotion, l’adoration, le rappel et le jeûne. Nous avons dit que l’homme et la femme ont les mêmes responsabilités devant Allah. Ceci prouve que ces deux êtres possèdent les mêmes qualités et détiennent les mêmes responsabilités. Parmi ces cinq choses, la loyauté, la crainte et l’endurance relèvent du domaine des épreuves auxquelles sont soumis l’homme et la femme. Quant à la chasteté et l’aumône, ce sont des responsabilités sociales nécessaires au bon fonctionnement de la société.

Les prescriptions de l’Islam décrites dans ce verset à l’endroit des musulmans et des musulmanes sont ainsi résumées. Seul le jihâdn’y est pas mentionné. Ce fait montre clairement que le jihâd est le seul sujet qui n’implique pas une égalité en matière de responsabilité et de statut entre l’homme et la femme. Il en ressort que les sujets auxquels l’Islam accorde le plus d’importance impliquent qu’il y ait égalité en matière de responsabilité entre l’homme et la femme.

[1]Coran, an-Nisâ, 4: 1.

[2] At-Tirmidhî, Tafsir, sourate 33: 13.

[3] Ibn Hanbal, VI, 305.

[4]Coran, Al-Azhâb, 33: 35.

[5] Abû Dawûd, Tatawu’, 18; Muslim, Dhikr, 4; At-Tirmidhî, Da’wat, 4.

[6] Ibn Maja, Adab, 53; At-Tirmidhî, Da’wat, 6; An-Nasa’î, Iman, 1.

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