Sagesses des maîtres spirituels: L’imam Rabbani

Mar 12, 2019 par

Osman Nûri TOPBAŞ

L’Imam Rabbani rapporte :

« Le but de la création de l’homme, c’est de s’acquitter de son devoir de culte. En s’acquittant de ce droit, son but est de se rapprocher du Divin par la foi. »

Notre Seigneur rapporte dans un verset du Coran :

« Je n’ai créé les djinns et les hommes que pour qu’ils M’adorent[1]. »

Ibn Abbas (qu’Allah soit satisfait de lui) traduit l’expression “pour qu’ils M’adorent” dans ce verset par “qu’il Me reconnaisse et Me connaisse”.

Voici un exemple, pour le croyant, de l’instant où il est le plus proche de son Seigneur : c’est lorsqu’il se prosterne. Une personne externe verra cela comme un simple mouvement, mais elle ne connaîtra pas le sens que traduit ce geste, car le fait de poser son front sur le sol devant son Créateur, en étant dans une grande humilité, traduit aussi qu’il n’est rien qu’un simple et impuissant serviteur. Dans cette position il Lui dit qu’il Lui est soumis, qu’il Lui obéira et ainsi il complétera par :

— Tu es mon Seigneur je suis Ton serviteur. Tu es Dieu et moi je suis Ta créature.

Ainsi il reconnaît son Seigneur dans son cœur aussi.

Tandis qu’ils accomplissaient la salât (prière rituelle), les Compagnons du Prophète (ﷺ) levaient les yeux au ciel jusqu’à que ce verset du Coran leur fut révélé :

« Bienheureux sont certes les croyants, ceux qui sont humbles dans leur salât[2]. »

Après la descente de ce verset, les Compagnons (dans une grande humilité) ont commencé à baisser la tête, car la véritable signification de la salât, c’est accepter d’être qu’un néant, impuissant et dépourvu, tout en reconnaissant la puissance et la grandeur divines. C’était cela le but de l’adoration et le fait d’être un serviteur. Ils ont su que pour accéder au summum de l’adoration divine il fallait d’abord reconnaître sa propre impuissance.

Le but de la prière et du culte d’adoration, c’est adorer Allah tout en Le reconnaissant dans son cœur pour pouvoir atteindre la vraie foi bannie de tous les doutes.

“La bienfaisance” de l’âme, c’est vivre sa foi comme si nous voyons notre Seigneur. C’est savoir et faire accepter à nos cœurs qu’à chaque instant nous nous trouvons sous les caméras divines. Pour le croyant pieux, il n’y a pas de but plus important que d’être le serviteur d’Allah. On demanda à notre Prophète (ﷺ) de choisir entre “être un prophète qui dirige” où “être prophète serviteur” et notre Prophète (ﷺ) choisit d’être “un prophète serviteur”.

Avec ce choix, il avait bien compris qu’être le serviteur d’Allah allait lui procurer un bonheur et une richesse si grande que même si la richesse terrestre et le bonheur lui eussent été offerts, ce que pouvait rapporter la première réalité eût été incomparablement supérieure, précieuse et permanente que la deuxième.

Vraiment, s’il était donné à un homme le monde entier et que sur cette terre il devait y vivre mille ans, quelle utilité cela pourrait avoir ? Puisqu’en fin de compte l’endroit où il ira, ça sera bien sous terre, dans une fosse étroite. Devant l’infini du monde de l’au-delà, le monde d’ici-bas ne représente qu’une goutte d’eau dans un océan. En conséquence, à la question “qu’est-ce que la vie ?”, on devrait y répondre seulement « de la terre humide et des pierres tombales ».  Il n’y aurait pas de réponse plus amère que le gaspillage de notre existence éphémère par cette insouciance. Un verset coranique rapporte à ce propos :

« Le jour où ils la verront, il leur semblera n’avoir demeuré qu’un soir ou un matin[3]. »

En raison de notre existence si courte sur terre, il n’y a pas de plus grande intelligence que de travailler pour obtenir le bonheur et les richesses de l’au-delà. Notre mission est de nous maintenir sur ce chemin en qualité de bons serviteurs d’Allah. Les hommes pieux proches d’Allah nous ont donné le conseil suivant :

« L’existence n’est qu’un court instant, et cet instant efforce-toi de le passer en effectuant toutes sortes de dévotions. »

Abdullah Dehlevi rapporte ces paroles :

« L’existence dans ce monde n’est que d’un jour ; et même pendant ce laps de temps efforce-toi de jeûner. »

Dans cette vie si éphémère il est utile de vivre en nous abstenant et en nous protégeant de ce qui est illicite et blâmable, nous efforçant à nous concentrer sur notre devoir d’être un bon serviteur d’Allah. D’un autre côté, chaque dévotion que nous faisons (convenablement) nous rapproche de notre Seigneur, renforce notre foi, purifie notre cœur de tout ce qui douteux.  C’est cette nourriture spirituelle qui nous conduira au véritable bonheur.

La foi est comme une source de lumière. Les vents maléfiques (nos désirs et les diables) souffleront à chaque instant pour pouvoir éteindre cette lumière. Les dévotions que nous faisons nous permettent de nous protéger de ces rafales et ainsi préserver notre foi dans une lanterne. İl est important de faire ses dévotions avec une intention sincère et grand plaisir, car la lumière qui est dans le cœur sera aussi forte et lumineuse. Sami Efendi (qu’Allah sanctifie son secret) nous interpelle sur la foi inébranlable qui atteint le cœur des croyants et qui multiplie le culte de l’adoration et de l’obéissance :

« Un croyant qui sait vers où il va doit être comme une montagne escarpée, car la montagne possède quatre signes qui justifient son statut :

  • elle ne fond pas sous la chaleur.
  • elle ne gèle pas.
  • le vent ne l’ébranle pas.
  • l’inondation ne l’emporte pas. »

Malgré toutes les conditions défavorables qui se présentent à lui, sa foi garde de sa puissance.

« L’Imam Rabbani (qu’Allah bénisse son secret) rapporte ces paroles :

« Dans toute amitié ou affection, il n’y a pas de place pour la tromperie parce que celui qui aime engage son amour et ne peut être en opposition avec l’être aimé. Celui qui aime n’aura aucune sympathie pour les opposants et ne fera aucune concession. »

La foi en son seigneur, c’est une affection profonde. Cette affection se produit par l’acte dans le cœur. Dans chaque cellule on trouve la maîtrise, mais le cœur fait exception. On ne peut lui faire aimer quelque chose sans qu’il le veuille et on ne peut le forcer à haïr. C’est pour cette raison qu’un croyant protégera toujours son cœur de ceux qu’Allah n’aime pas. Ça serait hypocrite d’affirmer que l’on aime Allah et que l’on ait un penchant pour les choses qu’Il n’aime pas, ceci serait incompatible avec une foi sincère.

Notre prophète (ﷺ) a dit :

« L’homme sera avec ceux qu’il a aimés. »

Il est important de penser et de se demander dans quelle mesure notre cœur est avec Allah ? Dans quelle mesure est-il proche du Prophète (ﷺ) ? Dans quelle mesure est-il proche des êtres qu’Allah et notre Prophète (ﷺ) aiment ? Dans quelle mesure est-il proche de nos propres envies et désirs ? Où se situe-t-il face au piège de Satan, face au adversaire d’Allah et de son Prophète (ﷺ) face à l’attrait de nos péchés ?

Dans tout amour véritable, celui qui aime aimera les choses que l’être aime et aura du dégoût pour les choses qu’il détestera.

Celui qui aime Allah et son Prophète (ﷺ) aimera les belles vertus que sont la générosité, la décence. La pudeur, la compassion, la miséricorde et le fait de pardonner. En revanche, il détestera les désordres comme le dévergondage, les maux, l’avarice, la cruauté et l’injustice. Le véritable amour découle d’une réciprocité. Dans tout amour sincère, les qualités de l’être aimé se transmettront à celui qu’il aime. L’amour sincère, c’est lorsque celui qui est aimé retrouve ses propres qualités chez l’être aimé. En effet, la moralité supérieure de notre Prophète (ﷺ) atteint son apogée et se retrouve bien chez Abû Bakr (qu’Allah l’agrée). Celui qui a le plus aimé notre Prophète (ﷺ) et qui a su être un compagnon dévoué, c’est lui. Et lorsque l’on considère Abû Bakr, on y contemple bien la moralité de notre Prophète (ﷺ).

Il ne suffit pas de dire « j’aime Allah et son prophète (ﷺ) ». Si l’on aime, il faut regarder le niveau de notre compassion, de notre sollicitude, de notre moralité. Combien retrouve-t-on des qualités de notre Prophète (ﷺ) chez nous ? Est-ce que l’on arrive à se libérer de notre égocentrisme ? Est-ce que l’on arrive à être philanthrope tout en nous occupant des problèmes de notre communauté ? Est-ce que cette affection rejaillit sur nos actes ? Ou est-ce qu’elle ne découle pas d’une fausse allégation ?

Il ne suffit pas simplement de dire « j’aime le Coran ». Dans quelle mesure notre personne retrouve-t-elle la moralité expliquée dans le Coran ? Est-ce que l’on arrive à agir avec les dispositions que nous accorde le Coran ? Qui d’entre nous envoie ses enfants dans des écoles coraniques pour parfaire sa religion ? Le Jour du Jugement dernier, le Coran va-t-il intercéder en notre faveur ou bien à cause de notre insouciance va-t-il se plaindre de nous ? Combien de fois arrive-t-on à y penser ? On doit pouvoir se poser ces questions quotidiennement.

Le dévouement est la véritable mesure d’un amour sincère. Le dévouement a besoin que l’on applique ce que l’on dit sinon les paroles n’auraient aucun sens. Mawlana Rumî (qu’Allah bénisse son secret) nous interpelle au sujet de cette personne ignorante disant aimer et qui pourtant est fort éloignée de cette notion :

« Ne soyez pas le bouffon de la parole ! »

La personne qui s’éloigne un peu de sa terre natale ressentira tout de suite de la nostalgie, car son air, son eau et sa terre lui manqueront. Même si son pays est un désert, cela lui manquera tout autant. İl y aura toujours un lien de cœur qui le liera à son pays avec toutes les caractéristiques qu’il possède. Le véritable amour est ainsi. Mawlana Rumî nous rapporte ces paroles tirées de son Mathnawî :

Majnoun qui se trouve dans le désert par amour pour Leila, caresse et embrasse un chien dont la salive dégouline et qui perd ses poils. Les gens qui le voient en train de porter un grand intérêt à ce chien le décrient. Lui répond :

« Si vous l’aviez regardé avec mes yeux, vous auriez compris mon action car ce chien vient du village de Leila alors qu’il y a d’autres villages.  Lui a choisi le village de Leila pour y vivre et y devenir le gardien. Comment ne pas l’aimer… »

En bref, toutes les particularités qu’aiment Allah et son Prophète (ﷺ), nous devrions les retrouver dans notre état et attitude. C’est pour cette raison que les serviteurs d’Allah dans leur façon de boire et de manger, de se lever ou de s’asseoir, ont toujours suivi les recommandations du Coran et de la Sunna et ont toujours éprouvé un plaisir spirituel indescriptible.

D’un autre côté, le véritable amour exige que l’on aime les choses que l’être aimé aime et que l’on repousse les choses qu’il n’aime pas. Alors si nous aimons Allah et son Prophète (ﷺ), on doit aussi aimer ce qu’ils aiment et avoir du ressentiment envers ce qu’ils détestent et ainsi forger notre caractère. Avoir une sympathie sincère pour celui qui le mérite et éprouver une haine certaine envers les ennemis d’Allah, de son Prophète (ﷺ), de l’Islam et des musulmans.

Même si Abû Lahab eût été l’oncle de notre Prophète, c’est parce qu’il persista dans sa violence blasphématoire que dans la sourate Al-Masad il fut damné par Allah.

Nous devons nous protéger des ennemis d’Allah et de son Prophète (ﷺ) en évitant de leur faire des éloges et en acceptant aucun compliment venant de leur part. Peut-être pensent-ils que leur réputation s’améliorera, mais cela les conduira seulement à la colère d’Allah.

Voici un hadith qui nous montre l’attitude que nous devrions adopter concernant les choses qu’Allah déteste :

« N’appelez pas “maître” l’hypocrite. Si vous le faites, la colère de votre Seigneur sera sur vous. »

L’Imam Rabbani rapporte :

« Mon frère ! Il y a deux choses envers lesquelles si tu ne montres pas de souplesse il n’y aura aucun problème. La première chose, c’est de marcher sur les pas de notre Prophète en pratiquant la loi islamique (charia) ; la seconde chose, c’est de manifester une amitié sincère et chaleureuse envers son maître spirituel (murchid). Si tu possèdes ces deux choses, rien ne pourra te nuire. Mais, qu’Allah te protège, s’il te manque une de ces deux choses, quand bien même tu ne pratiquerais que l’évocation d’Allah (dhikr), tu te trouveras toujours en état de frustration continue. Cet état de dhikr sera pour toi qu’un état d’istidraq[4].  La fin de cet état ne peut être que terrible. »

Il faut solliciter Allah du plus profond de son cœur, être persistant et vouloir demeurer sur le droit chemin, car ses deux points représentent la vérité et le principal capital en matière de salut.

Le croyant doit s’efforcer de marcher sur les pas du Prophète (ﷺ) et de ses héritiers (savants et dignitaires instruits et sages). Même dans ce cas, placé sur les voies les plus tortueuses, il pourra passer tranquillement et atteindre la porte du bonheur éternel. Dans le cas contraire, un homme sans guide est comme un bateau possédant un gouvernail brisé. Ce dernier ira toujours vers où le vent souffle, mais il ne pourra en aucun cas trouver le bon chemin. De plus, il ne pourra pas échapper à sa propre destruction. Dans ce cas, le croyant ne doit en aucun cas considérer comme acceptable son état et l’allure qu’il prend. Il doit toujours se remettre en question et corriger ses défauts. Il doit toujours pouvoir se regarder lui-même dans un miroir et ensuite s’arranger pour pouvoir rester sur la bonne voie.

Notre Prophète (ﷺ) représente le Coran par ses actes et ceux qui suivent son chemin sans jamais s’en éloigner sont les cheikhs. Prenons l’exemple d’un malade, il ne trouvera en aucun cas la guérison en lisant simplement un livre médical. Aucun homme ne pourra modifier son âme en lisant seulement les lignes des livres, car se débarrasser des maux comme l’orgueil, l’arrogance et l’égoïsme n’est pas facile. Même lorsqu’ils sont malades, les médecins font appel à d’autres médecins pour se soigner. Aucun juge ne rendra de jugement sur un dossier le concernant. Pour pouvoir obtenir un jugement, il devra être face à un autre juge. C’est pour cette raison que pour atteindre un degré spirituel élevé, nous avons besoin d’un guide spirituel pour nous diriger. Mawlana Rumî (qu’Allah bénisse son secret) nous explique pourquoi nous devons nous soumettre à un guide spirituel pour parfaire notre moralité, nous débarrasser de nos désirs et purifier notre âme pour parvenir à la vérité divine. Voici comment il nous l’explique :

« Un couteau qui possède un manche, comment peut-il se le faire tailler s’il n’y a pas un autre couteau pour le faire ? Va et montre tes blessures à un médecin qui soigne l’âme, car tu ne pourras pas te soigner toi-même… »

« Les pensées et les sentiments terrestres sont suivis par les médecins, mais les sentiments qui nous conduisent vers le divin, il faut les faire soigner par un guide spirituel. »

Notre Prophète (ﷺ) rapporte ceci dans un hadith :

« Le croyant est le miroir de son frère. »

En cela, notre Prophète (ﷺ) nous signale que les personnes sages sont comme un miroir clair et propre et que chacune d’elle peut s’y contempler pour voir son propre moi et sa véritable existence.

Ceux qui sont dépourvus d’un tel miroir ne pourront pas voir leurs erreurs et croiront que la misère qu’ils endurent est une bénédiction et qu’ils ne pourront pas se réveiller de leur insouciance. D’un autre côté, on retrouve de nos jours de tels ignorants tombés dans la fosse de l’insouciance qui n’hésitent pas à prendre à la légère et à minimiser les recommandations et la Sunna de notre Prophète (ﷺ). Ces derniers présentent des faiblesses majeures dans leur loyauté, leur respect et leur soumission face à notre Prophète (ﷺ). Ses malheureux n’hésitent pas à utiliser un langage irrespectueux (outrancier) à l’égard des grands sages qui ont marché sur les traces de notre Prophète(ﷺ). Ils minimisent le degré spirituel que ces sages possédaient. Il n’y a aucun doute que cet état soit un aveuglement terrible du cœur. C’est faire montre de grossièreté envers les personnes qu’Allah aime, cette attitude conduisant inévitablement à la colère divine. Il est rapporté qu’Allah déclare la guerre aux personnes qui commettent les deux péchés suivants :

Le premier concerne les intérêts :

Un verset du Coran stipule en effet :

« Ô les croyants ! Craignez Allah et renoncez au reliquat de l’intérêt usuraire. Si vous êtes croyants et si vous ne le faites pas alors recevez l’annonce d’une guerre de la part d’Allah et de son Messager. Et si vous vous repentez vous aurez vos capitaux. Vous ne léserez personne et vous ne serez point lèses[5]. »

Le second concerne la tyrannie faite envers les sages qu’Allah a choisis.

Un hadith rapporte en effet :

« Quiconque est hostile à un de mes sages serviteurs, qu’il sache que Je lui ai déclaré la guerre…[6] »

Il ne faut pas oublier que dans toute l’histoire de l’humanité il n’y a pas une guerre perpétrée contre notre Seigneur où l’homme est sorti gagnant. À cet égard, manifester un comportement déplacé envers les serviteurs d’Allah, c’est attirer sur soi Son châtiment.

L’Imam Rabbani nous rapporte en effet ces paroles :

« Ujub[7] peut attiser comme le feu attise le bois les bonnes œuvres d’un croyant. Ujub naît avec le fait que quelque action que la personne effectue, cela lui parait sublime. Pour se débarrasser de cela, il est important de mettre en avant devant nos yeux nos défauts et nos erreurs en trouvant nos bonnes œuvres incomplètes et insuffisantes. De plus, une certaine honte devrait se manifester à la seule idée que ces bonnes œuvres pussent être divulguées… »

La satisfaction d’Allah prime dans l’intention que nous plaçons dans nos bonnes œuvres. Le serviteur doit être reconnaissant envers son Seigneur pour lui avoir permis de faire de bonnes œuvres. Il ne doit pas se vanter d’avoir fait de bonnes actions sinon il risquerait de les faire disparaître.

La croyance monothéiste ne tolère aucun partenariat. Entre autres, un croyant qui a fait construire une mosquée ou une école religieuse doit s’abstenir d’y faire inscrire son nom. En revanche, s’il est décédé, il n’y a aucune raison pour que les proches donnent son nom à l’œuvre ; bien au contraire, cet acte sera propice pour que l’on puisse se souvenir de cette personne avec la miséricorde d’Allah. Le fait de donner son nom lorsqu’on est vivant peut endommager la sincérité de l’action et cela ne serait pas juste.

Le croyant, en réalité, lorsqu’il fait une bonne œuvre – peu importe la peine qu’il prendra – ne pourra jamais aboutir à une action purifiée des défauts intérieurs et extérieurs. C’est pour cette raison que même s’il a accompli une grande action, le croyant ne doit en aucun cas la surestimer. Il doit toujours être modeste et admettre son impuissance envers son Seigneur pour qu’Il lui fasse grâce et accepte sa bonne action. On ne doit jamais oublier que nous avons besoin qu’Allah accepte les invocations (douas) et les bonnes actions que nous faisons. Il est important que le croyant pieux qui a fait de bonnes œuvres ait une âme sincère lorsqu’il les adresse à Allah. Ses actions doivent donc être sincères sans qu’il n’y ait la moindre appréciation venant d’autres personnes qui s’y mêleraient. Il est impératif de dissimuler aux yeux du public toute bonne action que l’on entreprendrait de faire.

Un hadith rapporte qu’au Jour du Jugement dernier, il n’y aura aucune ombre autre que le trône d’Allah. Cet abri va abriter sept catégories de personnes dont l’une correspond à la personne qui donne une aumône de la main droite sans que la main gauche la voit. Si donner l’aumône peut inciter d’autres personnes à le faire aussi, il n’y a alors aucun problème, c’est autorisé.  Mais il est utile de protéger la sincérité de son cœur de l’orgueil et de l’arrogance. Lorsque nous faisons de bonnes œuvres, il n’est pas seulement important de laisser de côté les appréciations que les personnes nous font, il est aussi impératif de se protéger de l’appréciation de notre propre ego (nafs). À cet égard, afin de le faire taire, le médicament le plus efficace est de ne pas lui faire oublier ses erreurs et ses défauts parce que dans le cas contraire il pourrait se vanter. En outre, il nous sera impossible de recevoir la récompense des actes que nous aurons accomplis étant donné qu’ils seront détruits.

Seigneur, fais que nos intentions et nos actes ne soient que pour Toi. Nous qui sommes des serviteurs impuissants, fais que Tu sois satisfait de nos bonnes actions, de notre bon état et de notre bonne moralité. Oriente-nous vers le bon chemin. À l’égard de notre religion, protège-nous de la fitna. Amin !  

[1]          Adh-Dhâriyât, 51/ 56.

[2]             Al-Mu’minûn, 23 / 1-2.

[3]             An-Nâzi’ât, 79/46.

[4]               Il s’agit de l’état de toute personne qui a dévié du droit chemin et qu’Allah éprouve dans le but d’augmenter sa perversion. Allah lui accorde des bienfaits et lui montre que son état est satisfaisant. Une autre définition de l’istidraq correspond aux incroyants, aux pervers et aux faux maîtres spirituels.  Concernant ces derniers, un état de pouvoir surnaturel peut être vu et on peut observer chez eux un état d’orgueil démesuré. Cette perspective ne rapprochera en aucun cas ces personnes d’Allah, bien au contraire.

[5]      Al-Baqara, 2/278-279.

[6]             Al-Bukhârî, Riqaq,38.

[7]      Le fait de s’aimer soi-même et d’aimer ses propres oeuvres.

Articles liés

Tags

Partager

1 Commentaire

  1. Assalamou aleykoum
    J’ai bien apprecie la profondeur de l’analyse.
    Qu’Allah, l’ommiscient nous guide et nous accorde une bonne fin Dans sa soummission

Exprimez-Vous