L’islamphobie: L’instrument lugubre des puissances mondiales

Mar 12, 2019 par

Beytullah Demircioğlu

Les psychiatres décrivent la phobie comme la peur démesurée, angoissante et obsédante de certaines situations, activités et objets dont on ne devrait en réalité pas avoir peur. S’inspirant de cette maladie psychologique et utilisé pour la première en 1991, le terme islamophobie devenu largement populaire dans les milieux politiques et médiatiques de l’Occident après les attentats du 11 septembre 2001, se définit comme l’instinct de réticence, la peur de l’islam et des musulmans.

Même si d’après certaines analyses l’islamophobie tire ses origines historiques des croisades et de la conquête musulmane de la région d’Andalousie en Espagne, il est plus plausible de noter que les racines historiques de l’islamophobie s’étendent jusqu’à l’époque de la guerre entre les croyants et les infidèles consécutivement à la naissance de l’Islam. L’islamophobie qui avait régressé depuis des siècles s’est récemment accrue avec la propagation des relations entre l’Islam et le Christianisme.

Les occidentaux (avec leurs tendances racistes) qui considèrent les musulmans et l’Islam comme « un ennemi potentiel » du style de vie matérialiste et de la culture européenne, plus particulièrement après les fameux attentats du 11 septembre 2001, ont augmenté leurs manœuvres manipulatrices et transformé leur « haine maladive de l’Islam et des musulmans » en paranoïa partout en Occident.

L’islamophobie a fait l’objet d’un débat lors d’une conférence organisée le mois passé par l’Association des Fondations de la Société Civile du Monde Islamique (IDSB). Dans plusieurs pays du monde de l’Est à l’Ouest, les causes et les solutions de l’islamophobie, acceptées comme une forme de discrimination, ont été débattues par les académiciens et les politiciens.

Selon près de 60 annonces rendues publiques, le désir délibéré et conscient de transformer le monde en un univers dominé par la peur, vivant une crise de confiance, privé de la coexistence des cultures, serait une réalité.

Le non-respect des droits de l’Homme et de la justice par la politique capitaliste des puissances hégémoniques a accentué les menaces sur la paix et la réconciliation des hommes. Par conséquent, cela a entraîné plusieurs événements tels que l’occupation de l’Afghanistan, de l’Irak et de la Palestine, le massacre injuste de plusieurs milliers d’innocents, le fait que plusieurs millions de palestiniens soient condamnés à rester des réfugies tout au long de leur vie, l’instabilité des Balkans, l’abandon des peuples du Caucase et du Cachemire aux mains des affreux oppresseurs pendant des années et la privation de leurs droits prévus par la loi internationale ainsi que d’autres événements de la sorte.

Si ces politiques et pratiques, particulièrement celles fondées sur la peur qui sont nées de l’islamophobie et de l’opposition à l’Islam après la chute du Bloc de l’Est (oriental), ne tirent pas de leçons du drame qu’elles ont entraîné dans le passé et ne prennent pas de mesures nécessaires de nos jours, les conséquences pareilles à l’islamophobie risquent aussi de naître dans le futur.

Comme l’a indiqué la déclaration finale de la conférence, que ce soit en Occident ou dans les pays musulmans, les pratiques discriminatoires subies par les musulmans ont été énumérées de la manière suivante : les agressions verbales et physiques envers les lieux d’adoration et les croyants ; la privation des musulmans de leurs droits fondamentaux, les publications et déclarations blessantes et offensantes contre les valeurs sacrées et islamiques ; les pressions et pratiques politiques, psychologiques et sociologiques visant à empêcher l’application des valeurs religieuses, les traitements négatifs de toutes sortes infligés aux musulmans à cause de leur religion dans les secteurs de l’éducation, de la politique et de la santé. La nécessité d’évaluer toutes ces pratiques discriminatoires dans la portée de l’islamophobie a été soulignée.

Comment devons-nous combattre l’islamophobie ?

Les conseils suivants ont été recommandés pour la lutte contre l’islamophobie :

– La lutte contre l’islamophobie doit être menée au niveau national et international dans les domaines politiques, juridiques, économiques, médiatiques et éducatifs à l’aide des moyens professionnels, stratégiques et systématiques. Les travaux systématiques d’information contre la désinformation et la manipulation systématiques doivent être renforcés.

– Le monde islamique doit prendre conscience de l’importance de la solidarité et de l’unité, « la parole et la communication juste » et mettre en œuvre des principes de représentation efficaces. En cas de nécessité, il faut courageusement faire de l’autocritique. Il ne s’agit pas de critiquer les valeurs auxquelles on croit et on fait confiance, mais il s’agit de débattre courageusement sur l’échec d’expliquer à son propre peuple et aux autres personnes, et sur l’échec de mettre ces valeurs en pratique.

– Les appareils multimédias qui alimentent l’islamophobie et provoquent sa propagation doivent être systématiquement boycottés. Ces produits multimédias doivent être utilisés plus efficacement. Pour cela, les fonds suffisants doivent être alloués et les projets les plus appropriés doivent être mis en œuvre.

– Les expressions et les actions non pas réactionnaires mais actionnaires, non pas passives mais proactives, doivent être planifiées pour supprimer les malentendus et les mauvaises perceptions concernant l’islam et les musulmans, et des activités éducatives introverties et extroverties doivent être mises en œuvre.

– L’islamophobie est un nouvel outil d’oppression contre les musulmans, il faut créer et soutenir des institutions qui formeront des cadres professionnels spécialisés sur ce sujet pour freiner l’avancée d’une nouvelle clé sale servant à l’ouverture des portes obscures.

Les médias sont le facteur le plus important dans la propagation de l’islamophobie.

Quel est le facteur qui alimente le plus l’islamophobie ? D’après les résultats de la conférence, les organismes de presse et de publication sont l’une des causes principales de la formation et la propagation de l’islamophobie et de la désinformation systématique réalisée à l’aide des moyens divers qui sont sur le point de devenir les programmes enseignés dans les établissements scolaires.

Les publications fréquentes faites délibérément ou par ignorance des pratiques islamiques entraînent des malentendus et des préjugés dans le monde entier. Ces malentendus et préjugés intensifient l’islamophobie dans la société entière. Particulièrement, l’utilisation répétitive des termes tels que la terreur, la violence pour décrire l’Islam, l’évocation des expressions telles que l’islamo-fascisme, « les croyances extrémistes », les mauvaises réactions chaque fois qu’on parle de l’islam ou des musulmans, la critique des religieux, la discrimination des musulmans dans leurs vies actives et éducatives à cause de leurs tenues liées à leur croyance, blessent profondément la conscience des musulmans et causent des torts irréparables dans le monde spirituel des musulmans.

Selon Karen Armstrong : « L’Occident doit accepter qu’il est islamophobique. »

D’après l’ancien vice-président malaisien Anwar Ibrahim, le phénomène de l’islamophobie est en même temps la cause et la conséquence de la politique américaine de « guerre contre le terrorisme ». Les attentats du 11 septembre 2001, les armes chimiques et les prétextes nucléaires ont été instrumentalisés pour créer l’islamophobie.

– Selon le Professeur Ekmeleddin İhsanoğlu, Secrétaire Général de l’Organisation de la Conférence islamique, l’islamophobie est devenue une dynamique dangereuse ; et si des mesures ne sont pas prises, elle sera une menace non seulement pour les musulmans mais aussi pour toutes les religions et les cultures.

– Selon l’auteur anglais Karen Armstrong, les occidentaux doivent avouer qu’ils sont islamophobes. La conception occidentale de l’islamophobie tire ses racines de l’époque des Croisades. Karen Armstrong pense que la perception occidentale de l’Islam est très erronée. « L’Occident conçoit l’Islam comme une religion de violence et d’épée. Cette idée a été renforcée par les événements du 11 septembre 2001. Il existe même une réalité selon laquelle immédiatement après ces attentats, la vente du Coran aurait augmenté considérablement aux États-Unis et il en aurait même eu pénurie dans les librairies .»

Karen Armstrong pense qu’il existe deux éléments négatifs qui intensifient l’islamophobie. L’un de ces éléments est la présence des terroristes qui se qualifient musulmans, mais qui mènent des actions démontrant qu’ils ne sont ni de près ni de loin des musulmans. Le deuxième élément est ce qu’Armstrong a appelé « le laïcisme radical de l’Occident ». Il faut combattre ces deux éléments. Selon Armstrong, il n’y a pas de place pour la terreur et la violence dans aucune religion. « L’important est de pratiquer la religion dans la vie personnelle. Le Prophète Muhammad (saws) ne nous a pas seulement enseigné et conseillé la prière et les incantations, mais il nous a aussi enseigné et conseillé la pratique de la justice et de la paix dans nos vies.

– Le Professeur Mümtazer Türköne, quant à lui, pense que l’islamophobie n’est pas née de la différence de croyance mais des désirs politiques. Il faut bâtir une nouvelle civilisation pour combattre l’islamophobie. Türköne propose la formule de « Jérusalem » pour lutter contre l’islamophobie : « Quand les musulmans ont conquis Jérusalem, ils n’ont rencontré aucune difficulté. Nous devons parler au monde de la paix que nous avons construite et maintenue pendant des siècles à Jérusalem. »

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