Les principes d’éducation du Prophète (pbsl)

Mar 13, 2019 par

Fatma Nur Cihan

De nos jours, au sein de plusieurs facultés, sont enseignés des ouvrages qui compilent des informations expérimentées pendant des années par des spécialistes. Pareillement, les enseignants titulaires, spécialistes dans un domaine ou issus du domaine en question, inculquent leur contenu. Cependant, les élèves instruits par ce système issu de l’éducation moderne, et bien qu’équipés sur le plan de la connaissance, ne peuvent apprendre au sein même des écoles les modèles de bonne moralité ainsi que ceux des hautes personnalités. La raison en est que ce système d’éducation qui est appliqué partout dans le monde ne rassasie pas le cœur de l’homme comme il remplit sa tête. Il ne fournit pas d’effort à embellir le monde intérieur comme il décore l’apparence extérieure. Au bout du compte, ce système ne développe pas les valeurs humaines comme il se doit ; en sortent plutôt des « jarres de savoir » ou bien autrement dit des « porteurs de savoir ».

Voici le point récepteur le plus vif du système d’éducation de notre Prophète (pbsl), c’est sa prise de l’homme comme tout un ensemble… son action de l’envelopper avec son corps et son esprit, avec son physique et ses sens, avec son monde d’ici-bas et son au-delà… peut-être que lui-même (le Prophète) eût fourni autant plus d’effort à aider les âmes et les vertus à atteindre l’excellence qu’il l’eût fourni pour cultiver l’intérieur de la tête des élèves.

Voici les grands principes majeurs de l’éducation du Prophète (pbsl) que nous avons pu discerner :

  1. Enseigner et vivre de cet enseignement

 

Le tout premier principe que le Prophète (pbsl) a mis en évidence fut la mise en application dans sa propre vie des sujets qu’il enseignait. Quand il ordonnait une chose, il l’appliquait d’abord à lui-même, puis les gens prenaient exemple sur lui en accomplissant la même chose.

Sans nul doute qu’enseigner en pratiquant personnellement influence beaucoup plus comparativement à une explication ou à une description. Cette méthode est plus efficace du point de vue de l’apprentissage du sujet en le comprenant. Elle permet à cet effet de prendre rapidement exemple. En outre, Dieu le Très-Haut envoya des prophètes aux hommes, issus de leur propre communauté, afin qu’ils les enseignassent et fassent appliquer Sa révélation.

Ceci demeura également la plus importante et la plus fameuse méthode d’instruction du Messager de Dieu (pbsl). Cette particularité est la plus grande preuve de la vérité de la religion qu’il prêcha. La raison en est que lorsqu’il apportait une quelconque injonction, il la soutenait d’abord lui-même ; une chose était interdite, il s’en éloignait ; il recevait des conseils, il en devenait partisan ; on apportait l’effroi, il était effrayé ; on apportait l’espoir, il devenait le leader de ceux qui espèrent…

Malik ibn Huwayris (que Dieu soit satisfait de lui) raconte :

« Avec un groupe de cinq-dix personnes toutes âgées, nous nous rassemblâmes auprès du Prophète (pbsl) et y demeurâmes vingt jours. Il était particulièrement miséricordieux et affectueux. Quand il s’aperçut que nous étions nostalgiques de nos familles, il nous demanda qui nous avions laissé à la maison. Nous exposâmes la situation, puis il dit :

« Retournez près de vos proches et demeurez parmi eux. Apprenez-leur les savoirs nécessaires et dites-leur les choses qu’il faut dire. »

Il dit tellement de choses qu’à l’heure actuelle je ne m’en rappelle que d’une partie. Quant à l’autre, je n’en ai aucun souvenir. Puis il continua en disant :

 

« Priez comme vous me l’avez vu faire. Quand l’heure de la prière survient, que l’un de vous fasse l’appel à la prière et que le plus âgé d’entre vous soit l’imam. » (Bukharî, Adhan, 18)

Comme nous pouvons le remarquer, notre Prophète (pbsl) fut un critère très pratique pour ses compagnons. Il leur apprit comment vivre l’islam et leur ordonna de mener une vie exemplaire à travers leur comportement et leurs paroles quand ils retourneraient dans leur communauté respective.

Un bédouin vint un jour auprès du Prophète (pbsl) et lui demanda comment procéder aux ablutions. Le Prophète (pbsl) les lui montra (se laver trois fois les parties du corps concernées) puis lui dit ceci :

 

« Voilà comment procéder aux ablutions. Quiconque rajoute quoi que ce soit à cela aura commis une injustice. » (Nasaî, Tahara, 105)

 

À diverses occasions, notre Prophète (pbsl) ordonna d’effectuer la prière comme lui-même l’effectuait et d’accomplir l’omra et le hajj (le petit et le grand pèlerinage) comme lui-même l’accomplissait. Ceci étant, il était toujours le premier applicateur des ordres que lui-même transmettait.

  1. La méthode par étape

 

Le deuxième sujet important est le principe de la « méthode par étape ». La raison en est que dans cet univers que Dieu a coordonné, aucune chose n’apparaît brusquement sans que Dieu l’ait coordonnée. Après l’injonction « Koun ! » (Soit !), la vie fut réglementée étape par étape en dépendance avec la chaîne des causes-effets de la matière jusqu’à parvenir à la perfection. Dieu fit descendre les Livres divins sous forme de recommandations et d’interdits, conformément à la maturité de l’humanité, afin qu’ils imprègnent les individus jusqu’à leur moelle. Le dernier et le plus excellent Livre divin, à savoir le Saint Coran, porteur d’une autre « méthode par étape » (comparativement aux autres Livres) fut descendu fragment par fragment pendant vingt-trois années et non pas d’un seul coup.

La mission prophétique du Messager de Dieu (pbsl) dura vingt-trois années. Il fut un exemple vivant démontrant la manière dont le Coran put s’avérer également vivant dans sa vie, car l’ayant personnellement appliqué dès le commencement de la prédiction divine.

La méthode par étape également observée dès la descente du Coran est un sujet qui doit être séparément abordé. D’abord des versets, des sourates qui racontent l’existence et l’unicité de Dieu, l’au-delà et le Jour de la Résurrection, consolidèrent la foi des gens ; après avoir tout bonnement cultivé la foi dans les cœurs, ils descendirent sous forme de principes détaillés en rapport au jugement, au comportement en général et à l’adoration.

C’est également le procédé le plus évident qui montre avec quelle méthode les personnes peuvent s’adresser à leurs interlocuteurs.

De la même manière que l’homme mène sa vie par étape, de l’état de bébé, d’enfance, de jeunesse et de maturité, et que chaque période a des désirs et des besoins personnels, de même les pratiques qu’on attend des gens doivent aussi se développer comparativement à cela.

***

Abû Abdurrahman as-Sulamî raconte :

Il y avait un homme parmi les compagnons de notre Prophète (pbsl) qui donnait des cours de Coran. Il disait entre autre :

« Lorsque nous étions auprès du Prophète, nous prenions les versets par tranche de dix et tant que nous ne les assimilions pas, du point de la vue de la connaissance et de la pratique, nous ne passions pas à la prochaine tranche de dix (versets). Le Prophète nous enseigna à la fois le savoir et la pratique. » (Ahmed, V, 410 ; Haythamî I, 165)

***

Au moment d’envoyer Muadh ibn Jabal au Yémen en tant que gouverneur, le Prophète (pbsl) lui prodigua les conseils suivants :

 

« En vérité, tu vas te rendre dans une contrée où habitent des personnes appartenant aux Gens du Livre. Là, il te faut les inviter à prononcer la chahada, c’est-à-dire le fait qu’il n’existe pas d’autres divinités en dehors de Dieu, et que je suis Son Messager. À ceux qui se plieront à ton invitation, informe-les que Dieu a décrété d’effectuer cinq prières obligatoires par jour. S’ils obéissent en acceptant cela, fais-leur savoir qu’il leur revient comme obligation de s’acquitter de la zakat qui repose sur une part des biens que les riches doivent aux pauvres. S’ils obéissent aussi à cela, qu’ils évitent de retenir leurs biens les plus précieux de manière à ne pas subir la malédiction de l’opprimé, car il n’y a aucun rideau entre Dieu et la malédiction proférée par celui-ci. » (Bukharî, zakât, 41, 63 ; Muslim, Iman, 29-31)

  1. De la rédhibition de l’inexact sans compensation

 

Afin que les gens embrassent l’islam, Dieu veut qu’ils récitent la chahada et coordonnent leur vie selon ses principes. Quant à la chahada proprement dite, elle exprime tout d’abord le fait que toutes les divinités ne sont qu’un pur néant. Dans l’esprit des gens, les croyances, les pensées erronées et toutes les catégories de fautes qui laissent des traces au fin fond de l’homme disparaissent, et ce en quasi-totalité. Par la suite, et à la place, fut établie la « croyance en un Dieu Unique ».

Quand notre Prophète (pbsl) annonçait l’islam aux gens de Quraysh, il se comportait toujours gentiment et tendrement envers eux. Il travaillait à convaincre leurs pensées et à réchauffer leur cœur avec l’islam. Même durant cette période scabreuse, il disait « non ! » de manière claire et nette à ceux qui voulaient faire des concessions avec lui quant aux « principes de la foi ».

Pendant les années qui suivirent, bien que les habitants de Ta’if eussent voulu coûte que coûte devenir musulmans, ils refusèrent ce qu’on exigeait d’eux, à savoir l’abandon de l’adoration des idoles et le versement de la zakât. Dans ce processus, sa méthode consistait à choisir la facilité concernant toute catégorie de problèmes n’entraînant pas l’homme au péché ; les limites clairement définies quant à certains sujets tels que la foi et l’adoration pouvant être résumées sous forme d’insertion avérée. Ainsi donc, il garde toujours par un exemple sublime le souvenir du Seigneur ; et pour conquérir le cœur des gens, jamais il ne bafouait les limites du Seigneur.

 

  1. De l’abrogation en suggérant une alternative

 

Le cercle licite de l’islam est tellement large qu’il peut contenir en son sein tous les besoins naturels de l’homme. Pour cette raison, quand l’islam rend un acte illicite ou interdit, il propose également son principe alternatif. L’islam n’a pas laissé l’humanité sans espoir face à ses besoins. Par exemple, quand il interdit l’union illégitime (mariage illégal), il soumet à cela une alternative et propose le contrat de mariage (mariage religieux), encourageant même cette démarche. Quand l’islam interdit les boissons enivrantes, il rend licite toutes les boissons non alcoolisées qui ne sont pas nuisibles pour la santé de l’homme. Quand l’islam interdit les taux d’intérêts, ce qui est un véritable cancer dans la vie économique et sociale, il autorise le commerce et le prêt soumis à la bonne volonté et remboursable. Quand l’islam supprima les fêtes qui eurent lieu à Médine pendant la fameuse Période de l’Ignorance, il les substitua par les fêtes de « Ramadan » et de « Tabaski » (ou Fête du Sacrifice).

Ce procédé, et en particulier ce qui concerne l’éducation de l’enfant, est d’une importance notoire. Seulement, de par l’énergie et la motivation que porte naturellement leur curiosité, celle-ci liée à leur nature émotionnelle attachée à leur statut, les enfants ont du mal à obéir à des injonctions comme « ne fais pas ceci ! » ou « ne fais pas cela ! ». Leur adresser une alternative telle que « fais plutôt comme ceci » ou « fais plutôt comme cela » s’avère beaucoup plus influent. De façon générale, si d’aucuns parviennent aussi à la même acceptation, la psychologie a démontré que les enfants assimilent plus facilement les injonctions positives que négatives.

Des exemples significatifs sont présents dans la vie du Prophète (pbsl) :

Rafi ibn Amr (que Dieu soit satisfait de lui) raconte :

« Lorsque j’étais enfant, il m’arrivait de jeter des pierres sur les dattiers appartenant aux Ansars. En raison de ce forfait, ils m’attrapèrent un jour et me conduisirent chez le Prophète.

Le Messager de Dieu me demanda alors :

-Mon petit ! Pourquoi jettes-tu des pierres sur les dattiers ?

-Ô Messager de Dieu ! répondis-je, c’est la faim qui me fait agir de la sorte.

-Ne fais plus cela ! Ramasse plutôt celles (les dattes) qui sont tombées et manges-en ! me dit-il alors en embrassant ma tête.

Puis il fit l’invocation suivante :

-Seigneur Dieu ! Contente son estomac ! » (Abû Dâwûd, Jihad, 85 /2622 ; Ibn Maja, Tijarat, 67)

  1. Les explications rationnelles et logiques

 

Le Coran ne prend pas l’homme pour un robot exécutant des ordres sans aucun questionnement. Il apporta une réponse à toute question telle que « pourquoi » et « comment », fit descendre les principes de la foi à sa perception et définit les sagesses inhérentes au « halal » (licite) et du « haram » (illicite). Il encouragea à la méditation quant au Détenteur de l’univers, de l’homme et sa propre existence. Ainsi donc, en s’adressant à toute sa raison, à ses sentiments, à son ego, le Coran considère l’homme comme un être honoré « détenteur de conscience, de raison et de logique ».

Ce procédé coranique fut imité avec conviction par le Prophète (pbsl). Quand celui-ci exhortait ses compagnons à une chose, il s’adressait à leur raison, à leur savoir, à leur expérience, à leurs pensées et sentiments ; quand ces derniers voulaient renoncer à une chose, il utilisait les moyens de conviction qui les avaient déjà conquis de l’intérieur.

Abû Razin al-Ukaylî – que Dieu soit satisfait de lui – raconte :

« -Ô Messager de Dieu, lui demandai-je un jour, comment Dieu fera-t-Il revivre la création ? Quel peut être l’exemple qui, dans ce monde, pourrait illustrer ce fait ?

-N’as-tu jamais observé comment un peuple traverse toute une saison de sécheresse ? répliqua le Prophète. Et comment, lorsque vient le printemps, tout redevient verdoyant ?

-Si, bien sûr, répondis-je.

-Voilà une preuve tangible du pouvoir qu’a Dieu de recréer toute chose. Dieu ressuscitera aussi les morts de cette façon ! » (Ahmad ibn Hanbal, IV, 11)

  1. L’attention particulière

 

Notre Prophète (pbsl) connaissait chacun de ses compagnons aussi bien qu’il maîtrisait les grains du chapelet qu’il égrenait ; il déterminait parfaitement les niveaux de compréhension, d’intelligence, de savoir, de curiosité et d’aptitude.

Il manda ses compagnons en les nommant à diverses fonctions comme instituteur, commandant, gouverneur, avocat… Chacun d’eux accomplit ses devoirs avec justice. Afin qu’ils fussent convenablement éduqués et qu’ils apprissent comme il faut les nouvelles recommandations et interdits, il donnait beaucoup d’importance à l’éducation en montrant personnellement à certaines personnes la bonne façon de se couvrir la tête et à d’autres la façon de protéger leurs yeux des choses illicites. Il répondait à leurs questions en fonction de leurs besoins et de leur aptitude. Par exemple à la question : « Quel est l’acte le plus vertueux ? » Selon l’interlocuteur, le moment et le lieu, il donnait différentes réponses et conseillait l’acte le plus adéquat :

« La foi en Dieu, le jihad sur le sentier de Dieu et le hajj ! » (Bukharî, Hajj, 4)

« Le rappel de Dieu (dhikrullah) ! » (Muwatta, Kur’ân, 24)

« Aimer pour Dieu ! » (Abû Dâwûd, Sunna, 2)

 

« La prière ! » (Ibn Maja, Tahara, 4)

 

« Le service envers le père et la mère ! » (Ibn Asîr, Usudu al-gaba, IV, 330)

 

« L’hégire ! » (Nasaî, Ba’ya, 14)

 

Le Prophète (pbsl) forma un lien individuel avec chacun de ses compagnons. Il les conseillait souvent et les appréciait ; souvent aussi il les sanctionnait, parfois les effrayait et en fin de compte trouvait un chemin pour atteindre le cœur de tout à chacun.

Notre Prophète (pbsl) encourageait ceux dont la vocation était liée au domaine des différents savoirs, demandant à ce qu’ils se spécialisent dans le domaine où ils excellaient. Entre autres, le Coran et son exégèse (tafsir), la mémorisation et la rédaction de certains hadiths, les questions profondes de jurisprudence (fiqh), l’apprentissage de langues étrangères, le domaine des langues en général et de la littérature… Par conséquent, la société islamique se colora, enrichie de personnes dotées de savoirs divers et ce faisant parvint à une structure originale qui allait la maintenir sur ses propres assises.

  1. La modération sans causer des ennuis à son interlocuteur

 

L’un des procédés auxquels notre Prophète (pbsl) accordait autant d’importance était la pratique de la modération en matière de religion.

« Facilitez ! Ne compliquez pas ! Annoncez de bonnes nouvelles ! Ne haïssez pas ! » (Bukharî, Ilim, 11) disait-il tout en signalant aux éducateurs la bonne manière de se comporter envers leurs interlocuteurs.

L’islam est une religion de facilité. Il n’entraîne pas l’homme sur des sujets qui dépassent sa propre capacité. Il a légiféré en préconisant la constance dans les adorations même si celles-ci sont peu nombreuses. Notre Prophète (pbsl) avertissait pareillement ses compagnons qui ne se conformaient pas à ce principe. Un homme vint au Prophète et lui dit :

« Un tel, quand il nous dirige dans la prière, il la prolonge au point que, à cause de cela, je n’arrive pas à venir à la prière du matin. »

Sur ce, le Prophète réunit ses compagnons et déclara avec résolution :

« Ô vous les gens ! Il y a parmi vous des personnes qui se font détester ! Quiconque dirige la prière, qu’il la fasse courte ; car il y a parmi les fidèles des vieillards et des enfants. » (Bukharî, İlim, 28, Adhan 61-63, Adab 75, Ahkâm 13)

Notre Prophète (pbsl) ne permit pas à ceux de ses compagnons qui voulaient jeûner, prier et réciter le Coran beaucoup plus que lui-même le conseillait et à ce titre il leur ordonna de se conformer à sa propre sunna.

  1. Rendre l’apprentissage captivant grâce à des méthodes variées

 

Quand le Messager de Dieu (pbsl) voulait raconter quelque chose, il posait préalablement des questions à ses compagnons, faisant ainsi hisser leur curiosité. Ensuite, en donnant des réponses qui satisfaisaient cette curiosité, il assurait la pérennité des sujets qu’il leur enseignait. Souvent aussi, il tentait d’amener son interlocuteur à trouver les réponses aux questions qui lui étaient posées en répondant lui-même à des questions.

Fréquemment aussi, il transmettait le message qu’il désirait faire passer par voie d’esprit (dans le sens du terme : faire de l’esprit) voire de plaisanterie. Quant à cette question de plaisanterie, notre Prophète (pbsl), homme juste et véridique à tous les points de vue, coloriait en cas de nécessité son « éducation-enseignement » conformément aux divers tempéraments de ses compagnons, et particulièrement en utilisant le moyen de la plaisanterie. Les belles plaisanteries permettent d’alléger certaines lourdeurs, la fatigue, et apaisent l’homme. Cependant, alors que celui-ci est souriant et de bonne humeur, il peut très facilement apprendre qu’il demeure grimacier. Rester constamment concentré épuise le cerveau et fait que la pensée stagne. Des pointes d’humour, belles et utiles, faites de temps à autre rajeunit l’homme et facilite une bonne concentration.

Il se servait également de la méthode répétitive quand il expliquait divers sujets. Par conséquent, ceux qui n’avaient pas l’aptitude de comprendre et de mémoriser immédiatement comprenaient plus facilement le problème dès la deuxième ou troisième perception. Il répétait à maintes reprises de nombreux sujets du Coran. Le point important ici, c’est l’application de la répétition selon plusieurs modalités, de manière à ce que tout interlocuteur ne fût pas ennuyé.

De la même manière, il facilitait la conservation dans l’esprit des principes qu’il enseignait grâce à des méthodes théoriques et pratiques. Par exemple, quand il était en train de conseiller quelqu’un, il disait ceci :

 

« Avant que cinq choses n’arrivent, sache d’abord cinq choses : ta jeunesse avant ta vieillesse ; ta santé avant la maladie ; ta richesse avant la pauvreté ; ton temps libre avant les occupations ; ta vie avant la mort. » (Hakim, IV, 341/7846)

Il expliquait aussi des sujets en exemplifiant par des figures, des outils et divers évènements, cela assurant de toute évidence la durabilité de l’éducation et de l’enseignement. Notre Prophète (pbsl) traçait souvent des figures au sol et souvent aussi prenait des exemples tirés de la vie même des compagnons et qui avait attiré leur attention.

Ibn Mas’oud (que Dieu soit satisfait de lui) rapporte :

« Le Prophète traça un carré. Puis il traça en son milieu un trait qui en sortait. Il traça ensuite de petits traits qui se dirigeaient vers le précédent. Puis il dit : “ Tel est l’homme et ce carré représente son terme qui l’entoure de toutes parts. La ligne médiane qui sort du carré représente ses espérances. Quant à ces petits traits, ce sont les accidents qui le guettent. Si l’un d’eux parvient à le manquer, l’autre le saisit par les mâchoires.” » (Bukharî, Riqaq, 4)

Quand notre Prophète (pbsl) appelait les gens à l’islam, et particulièrement durant les jours douloureux de la période mecquoise, il faisait la lecture du Coran et leur donnait des exemples à partir des situations vécues par les communautés précédentes. (Ibn Hisham, Siratu’n-Nabî, I, 381) Exemplifier les sujets par des contes et des évènements active aussi la compréhension tout comme cela facilite l’explication. La raison en est que ces exemples élucident le sujet, le réanime et l’instaure tout bonnement dans le cœur et l’esprit des gens. D’autre part, relativement aux divers contes et informations, étant donné qu’il n’y a pas d’ordre ou d’interdit à l’encontre de ceux qui écoutent, ce procédé paraît encore audible aux cœurs et aux oreilles et incite les gens à l’effort et à l’envie.

  1. Ouvrir l’esprit

 

Lorsque l’occasion se présentait, le Messager de Dieu (pbsl) travaillait à ouvrir l’esprit de ses compagnons. Il leur annonçait la bonne nouvelle du paradis alors même qu’ils étaient déjà au monde et leur apprenait à courir derrière les modèles dans le but d’obtenir la satisfaction divine. Durant les périodes les plus difficiles, il leur faisait la promesse de meilleurs jours qui les attendaient à l’avenir, tenant ainsi vif leur espoir et soutenant leurs sentiments de patience et de résolution. Ces réalités ne sont certes pas des promesses ou des paroles vides. En fait, quand le temps fut venu, chacun se réalisa. Tous les compagnons furent des témoins oculaires de toutes ces réalités.

  1. De l’éducation systématique et sans remboursement

 

Pour assurer le succès de l’éducation, il est indispensable que celle-ci soit effectuée dans un cadre de discipline et de programmation bien définie. S’approcher d’une manière systématique et disciplinée laisse voir également l’importance accordée au sujet. Que cela se passât à la maison d’al-Arqam pendant la période mecquoise ou à Médine à la mosquée dans les chambres avoisinantes, notre Prophète (pbsl) accordait une importance particulière à l’éducation de l’homme. Par exemple, beaucoup d’importance fut donnée à l’instruction-éducation et à la réalisation des actes d’adoration en communauté.

Lors des prières effectuées en communauté, le Messager de Dieu (pbsl) donnait beaucoup d’importance à l’organisation même des rangs (qui à vue d’œil semble être simple) et la recommandait pratiquement constamment à chaque prière. La raison en est qu’une éducation désordonnée et irrégulière se reflète au résultat. Les croyants doivent réagir de la plus belle et excellente des manières.

Une des conditions de la systématisation dans le domaine de l’éducation est de s’appliquer à suivre le résultat des activités éducatives. Cela peut-il s’avérer influent pour l’élève ? Cela peut-il s’adresser au cœur de l’élève ? Notre enfant a-t-il acquis l’habitude de la prière ? L’effectue-t-il quand il est seul ?

Notre Prophète (pbsl) ne se contenta pas d’enseigner les actes d’adoration à sa descendance communautaire (ahl al-bayt), il l’encouragea même à pratiquer les adorations nocturnes.

  1. Encourager la rédaction et la mémorisation

L’Envoyé de Dieu (pbsl) est un prophète universel qui est apparu dans une société dans laquelle la récitation et l’écriture n’étaient pas répandues. Dans une formule coranique, il est rapporté que lui-même n’avait jamais lu aucun livre ni écrit aucun (avant le Coran). (al-Ankabut, 29/48) Cependant la mission prophétique débuta par les versets suivants : « Lis, au nom de ton Seigneur… » (al-‘Alaq, 96/1), « qui a enseigné par la plume (calame) » (al-‘Alaq, 96/4), « Nun. Par la plume et par ce que les scribes écrivent ! » (al-Qalam, 68/1), après avoir attiré sur l’importance du savoir et de l’écriture ; une forte mobilisation quant à l’instruction et l’écriture à un plus haut niveau s’engagea alors dans la communauté islamique.

Notre Prophète (pbsl) fit écrire préalablement les révélations du Coran. Pour lui, l’écrit, même s’il ne servait (apparemment) à rien, était cependant nécessaire au premier degré pour la mémorisation et la publication du Coran. Pour cette raison, quant à l’expansion du texte à l’échelle de la communauté musulmane, il prit toutes les mesures nécessaires sans perdre de temps. De même, le nombre de personnes connues qui furent nommées secrétaires de révélation dépasse les quarante.

Le Prophète de l’univers (pbsl) tira profit de l’écriture dans les activités d’éducation et d’enseignement. Comme il existe un danger de confusion avec le Coran et si nous faisons exception de la première période qui fut défendue pour cette raison, la rédaction des évènements fut également encouragée par le Messager de Dieu (pbsl). Abdullah ibn Amr ibn al-As (que Dieu soit satisfait de lui) raconte :

Tout ce que j’entendais du Messager de Dieu, je l’écrivais pour le mémoriser. Les Quraysh me défendirent d’agir ainsi :

« Quand le Prophète parle alors qu’il est dans un état de mécontentement et silencieux, écris-tu tout ce que tu ressens de lui ? » me demandèrent-ils.

Là-dessus, j’abandonnai l’écriture. Puis lorsque je vins auprès du Prophète, il me dit ceci tout en indiquant de sa main sa bouche bénie :

« Ecris ! Je jure au nom d’Allah le Tout-Puissant qui détient la force de mon ego que rien d’autre de juste ne sortira d’ici. » (Abû Dâwûd, Ilim, 3)

Un homme des Ansars avait coutume de s’asseoir près du Prophète (pbsl) et d’écouter des hadiths. Celui-ci en tirait du plaisir mais ne pouvait en aucun cas les mémoriser. Il s’en plaignit au Prophète (pbsl) qui lui dit, indiquant l’écriture avec sa main :

« Demande l’aide de ta main droite. » (Tirmidhî, Ilim, 12)

 

 

 

 

 

Articles liés

Tags

Partager

Exprimez-Vous