L’écologie: Histoire de la trahison du dépôt

Mar 12, 2019 par

Dr. Ahmet Yaman

 

Le Coran décrit avec une précision absolue et extrême comment Allah a créé l’univers puis détaille la façon dont Il a présenté Ses bienfaits à Sa création ainsi que le devoir qui incombe à l’espèce humaine, et cela avec émotion en appelant ce devoir « amana » (dépôt).

« La corruption est apparue sur la terre et dans la mer à cause de ce que les gens ont accompli de leurs propres mains ; afin qu’[Allah] leur fasse goûter une partie de ce qu’ils ont œuvré ; peut-être reviendront-ils (vers Allah). »[1]

Le mot écologie qui est dérivé du grec oïkos (maison) et logos (sagesse) est utilisé pour désigner la science de l’étude des plantes et des animaux et leurs interférences avec leur environnement animé et inanimé.

La révolution industrielle occidentale du 19ème siècle a abouti à une croissance rapide et à une avancée technologique, mais l’industrialisation croissante a également laissé place à une destruction aveugle de l’environnement avec la décharge de déchets industriels, la pollution atmosphérique et l’urbanisation non planifiée. Cela incita les scientifiques à envisager la question des problèmes environnementaux qui croissaient sans cesse.

C’est ainsi que le terme écologie a été utilisé pour la première fois par le zoologue Ernst Haeckel en 1896.

Ce terme moderne de l’écologie dans la science environnementale qui est supposé avoir émergé aux USA avec E.A. Birge et H.C. Cowles en 1891, en Suède avec F.A. Forel en 1892 et au Danemark avec E.B. Warming en 1896 a en fait été reconnu beaucoup plus tôt dans l’Orient. [2]

Effectivement, Al-Birunî, un scientifique musulman qui a vécu au 11e siècle, auteur de « L’économie de la Nature », souligna l’équilibre inné de la nature qui est ce qu’on appelle maintenant « l’écosystème«  (cf. Mehmet Bayraktar, L’Islam et l’écologie, Ankara, 1992). Les principaux thèmes de l’écologie sont :  la nourriture des êtres vivants, leur habitation et l’environnement dans lequel ils peuvent survivre et se développer. Ces sujets ont été étudiés en détail par Ibn Khaldoun qui a vécu au 14ème siècle et qui a jeté les bases de la sociologie. [3]

Cet article s’efforce de sensibiliser le lecteur sur les devoirs du musulman envers l’environnement tel qu’il est instruit dans le Coran et les dits prophétiques.

Ainsi donc, puisque nous étudierons les concepts liés aux fondements de l’écologie moderne, nous verrons clairement que ce concept est apparu en fait quatorze siècles plus tôt dans un système déjà présent en Orient.

Allah statue clairement que l’univers a été créé en totale harmonie et avec équilibre :

« Allah, c’est Lui qui a créé les cieux et la terre et qui, du ciel, a fait descendre l’eau ; grâce à laquelle Il a produit des fruits pour vous nourrir. Il a soumis à votre service les vaisseaux qui, par Son ordre, voguent sur la mer. Et Il a soumis à votre service les rivières.

« Et pour vous, Il a assujetti le soleil et la lune à une perpétuelle révolution. Et Il vous a assujetti la nuit et le jour. » [4]

« Nous avons créé toute chose avec mesure, [5]

« Et quant au ciel, Il l’a élevé bien haut. Et Il a établi la balance,

Afin que vous ne transgressiez pas dans la pesée :

Donnez [toujours] le poids exact et ne faussez pas la pesée. »[6]

En fait, Allah est le Créateur de la beauté et l’excellence ; de ce fait sa création ne peut être qu’excellente et belle. Le Coran décrit comment Allah a créé l’univers avec une précision absolue et un parfait équilibre, puis il détaille ensuite comment Allah a présenté les services dus à sa création comme étant un devoir pour l’humanité ; et avec une grande émotion le Coran fait référence à cette obligation comme étant un « dépôt » :

 « Nous avions proposé aux cieux, à la terre et aux montagnes la responsabilité (de porter les charges de faire le bien et d’éviter le mal). Ils ont refusé de la porter et en ont eu peur, alors que l’homme s’en est chargé ; car il est très injuste [envers lui-même] et très ignorant. »[7]

Le fleuve Sakarya (en Turquie) a connu en septembre 1994 une catastrophe piscicole. Des centaines de poissons ont été retrouvés morts à la surface de l’eau. Quelle en fut la cause ? Une fabrique de sucre ou une autre origine … ? Mais l’essence fut l’irresponsabilité. L’irresponsabilité de la société, de l’État, les photographies exposant cette catastrophe. Tout comme les catastrophiques incendies de forêt dont nous avons été hier témoins…

Malheureusement, l’équilibre de l’univers a été spolié par les humains qui, pendant un certain temps, se sont éloignés des commandements divins ; se dispensant des devoirs divins qui leur incombaient. Par conséquent, l’écosystème a subi de grands dommages. Le Coran fait référence à ce fait en employant le terme de « corruption » :

« La corruption est apparue sur la terre et dans la mer à cause de ce que les gens ont accompli de leurs propres mains ; afin qu’[Allah] leur fasse goûter une partie de ce qu’ils ont œuvré ; peut-être reviendront-ils (vers Allah). » [8]

Le fait que l’homme détruise de ses mains l’équilibre existant est une véritable « Trahison du dépôt », alors que, dans l’Islam, toutes les créatures vivantes autres que l’être humain commémorent leur Créateur, le glorifient et lui demandent protection comme des croyants :

Ce qui est dans les cieux et ce qui est sur la terre glorifient Allah… »[9]

Le Prophète Muhammad (ﷺ), Prophète de la religion dont les créatures autres que l’être humain portaient une grande attention à ce très sensible équilibre naturel, a donné, lui aussi, des instructions qu’il mit en pratique dans sa vie, pour protéger l’équilibre de l’écosystème.

Ces instructions sont pour nous, homme moderne qui n’avons pu prendre conscience du problème qu’au 20ème siècle, montrent qu’il avait été traité, et dans quelle dimension il l’avait été il y a 14 siècle. Le Prophète Muhammad (ﷺ) a déclaré les 12 miles de la région boisée de la capitale Médine al Munawarah Parc National et y a interdit que l’on touche aux animaux, aux oiseaux, aux arbres et aux fleurs comme la stipule à titre d’exemple ce hadith :

D’après Ibn ‘Abbâs (qu’Allah agrée le père et le fils), l’Envoyé de Dieu (paix et bénédiction d’Allah sur lui) a dit au jour de la prise de La Mecque :

« … Ce pays, Dieu l’a rendu sacré, le jour où Il a créé les cieux et la terre. Ce territoire restera sacré par l’ordre d’Allah jusqu’au Jour de la Résurrection. Il n’a été permis à personne avant moi d’y livrer combat et la durée de cette autorisation ne dépasse pas un certain laps de temps. Ce territoire restera sacré par l’ordre d’Allah jusqu’au Jour de la Résurrection. On ne doit pas couper ses épines, ni effaroucher son gibier, ni ramasser les objets trouvés à moins que ce ne soit pour les rendre à leurs propriétaires, ni arracher ses herbes fraîches. »

Al’ Abbâs lui dit alors : « Ô Envoyé d’Allah ! Fais une exception pour l’Idhkhir (plante de la famille des graminées à odeur aromatique) qu’on emploie dans certaines industries (telles : l’orfèvrerie et les forges) et dans les maisons. »

Le Messager d’Allah (ﷺ) ajouta : « Excepté l’Idhkhir ». [10]

Un endroit appelé Al-Ghaba, à douze miles en dehors de cette zone, avait déjà été alloué aux gens pour couper du bois en quantité restreinte afin de faire face à leurs besoins. Cependant, ceux qui voulaient couper un arbre ne pouvaient le faire qu’à la condition d’en planter un autre. [11]

La vallée de Wajj, située dans la campagne de Ta’if près de La Mecque, fut aussi proclamée lieu protégé et cet ordre fut donné: « Vous ne toucherez pas aux arbres épineux ni à la brousse de la vallée de Wajj et vous n’y chasserez pas les animaux. Ceux qui violent cette interdiction seront dévêtus et fouettés. Ceux qui en dépit de la punition qu’ils auront reçue récidiveront seront arrêtés et amenés en présence du Prophète (ﷺ). »[12]

Le Prophète Muhammad (ﷺ) qui sa vie durant a planté 500 plants a recommandé aux musulmans de planter les semis d’arbre en leur possession lorsque le Jour de la Résurrection (Yawm al Qiyamah) subviendrait : « Si le Jour du Jugement dernier arrive et que l’un d’entre vous détient une pousse de palmier, qu’il le plante d’abord ! » [13]

Et Selon Abdullah Al Habachi, le Prophète (ﷺ) a dit : « Celui qui coupe un cèdre (sans raison), Allah oriente sa tête vers l’enfer ». [14] Abû Dawûd a été interrogé au sujet du sens de cette tradition et il a dit : « C’est une tradition brève. C’est-à-dire que quiconque coupe inutilement ou par injustice et sans raison un cèdre qui faisait de l’ombre à un voyageur ou à une bête, Allah le transportera la tête la première en Enfer. »

Le Prophète (ﷺ) a apporté à la propreté de l’environnement une grande importance. Il (ﷺ) a d’ailleurs indiqué que toute forme de propreté était une partie de la foi. C’est pour cela qu’il ne circulait pas sans avoir nettoyé au préalable une chose qui n’était pas propre. Il maudissait ceux qui se soulageaient dans les lieux publics où tout le monde passait ou se reposait à l’ombre.[15]

À son époque, même le Prophète (ﷺ) avait planifié l’urbanisation comme un des thèmes principaux de l’écologie. Il avait déterminé la distance qui devait séparer deux maisons, mais aussi la largeur des routes de la ville pour que le trafic soit fluide et reposant à 7 zira (5,5 m.).[16]

Les musulmans qui préservent correctement le « dépôt » peuvent espérer courir vers le Paradis attendu et être en paix avec tout le monde dans un lieu où coulent des rivières vertes.[17]

On voit donc que l’écologie qui est à l’ordre du jour au 19ème ainsi qu’au 20ème siècle a en fait été traitée il y a 13 ou 14 siècles auparavant.

Du fait de l’insensibilité manifestée devant les instructions religieuses couvrant tous les domaines de la vie, le système universel a subi un ordre contraire à sa nature.

Il ne fait pas de doute que les structures économiques des pays dont les leaders qui déchargent chaque année 57% de dioxyde carbone dans l’atmosphère et signent des accords pour « protéger les plantes et les animaux vivant sur terre », préparant ainsi le « nouvel ordre mondial », comprennent, s’ils le veulent, que : » Allah est beau et aime la beauté. »

À ce moment précis, le monde sera totalement différent.

[1]                             Saint Coran, sourate Ar-Rûm (30), verset 4.

[2]                                             Encyclopédie Britannica, volume 7/914.

[3]                                             Ibn Khaldoun, Al Mukaddima 1/107 ; Encyclopédie Britannica volume 7/914.

[4]                                             Saint Coran, sourate Ibrâhîm (14), versets 32 & 33.

[5]                                             Saint Coran, sourate Al-Qamar (54), verset 49.

[6]                             Saint Coran, sourate Al Rahmân (55), versets 7 à 9.

[7]                             Saint Coran, sourate Al Ahzâb (33), verset 72.

[8]                                             Saint Coran, sourate Ar-Rûm (30), verset 4.

[9]                             Saint Coran, sourate Al-Isrâ’ (17), verset 44 ; At-Taghâbun(64), verset 1 ; Al-Jumu’a (62),verset 1.

[10]                                          Muslim, Livre du Pèlerinage (15), Traduction française, Hadith 2412 & proches 2413 -2414.

[11]                                          Al-Bukhârî,, At’ ima 46; Abû Dâwûd, Adhab 162.

[12]                                          Muhammad Hamidullah, Le Prophète de l’Islam, 2/332 ; Al-Wasaiq, 236.

[13]                                          Ahmad, 3/184-191; Al Bazzar.

[14]                                          Sunan Abû Dâwûd 5239, Livre 43, Hadith 467.

[15]                                          Muslim, Tahara, 68.

[16]                                          Al-Bukhârî, Mazalim 29; Muslim, Musakat 31; İslam Peygamberi 1/297.

[17]                                          Cf.  M.F. Abdülbakî, el-Mucemul-Müfehres Cennet md.

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