Le siècle de la science

Mar 13, 2019 par

Ekrem Sağıroğlu

Afin de bénéficier et de s’imprégner des progrès qui eurent lieu dans le domaine de la science et de la raison du 18e siècle, il semble nécessaire de savoir qu’au 19è siècle une ère scientifique fut inaugurée et que consécutivement survint la révolution industrielle avec son cortège de nouvelles découvertes et inventions, avec comme résultat une nouvelle civilisation et conception.

Il est possible de dire de ce siècle qu’il fut le démarrage du processus de mécanisation.

Cependant un changement plus rapide et plus considérable que celui apporté par la mécanisation dans le domaine de la civilisation se produisit dans les âmes et les esprits.

Avant toute chose, il est nécessaire d’affirmer que la raison de l’homme s’est affranchie de la pression exercée par l’Église qui la maintenait dans une sorte d’indisposition durant des siècles. Mais sans se limiter à cela, elle continua dans la voie de la réfutation des croyances religieuses en se servant du savoir qu’elle bénéficia de l’Église comme une révolte contre les pressions et contre l’Église elle-même.

Ces évolutions, en fin de compte, se transformèrent en un système de pensée positiviste. La tendance scientiste et rationaliste se systématisa puis s’institutionnalisa. À cet égard nous pourrions dire que le mouvement philosophique le plus important qui a marqué cette ère fut le positivisme.

Le positivisme, dans l’univers de l’existence et en sa qualité de conception consistant à ne rien accepter comme vérité toute chose invisible à l’œil nu, non démontrable par l’expérimentation, sans aucune preuve, a en conséquence dominé la pensée humaine.

Selon les affirmations de cette croyance scientiste qui a marqué le 19e  siècle et a connu un plus grand succès au 20e siècle, toute chose inexpérimentable de façon mathématique ou imperceptible par les sentiments n’a pas le droit « d’être vrai » en termes de qualification.

Le travail ne se limite pas à cela. Certains penseurs ont avancé que la science a également une fonction idéologique. En fait, si on se reporte déjà à l’époque de Descartes et à son système, la science apparait en face de nous comme un concept idéologique au point d’être même utilisée par opposition à la notion de réalité divine. Autrement dit, la science ne se contente pas seulement d’affirmer et de maintenir sa propre existence, elle veut également détruire toutes sortes de croyances et concepts existant dans la forme divine, spirituelle et métaphysique.

La science constitue ainsi une croyance selon laquelle ce qui est scientifique est forcément véridique et qu’il n’existe pas de vérité en dehors de la science. En d’autres termes :

Tout ce qui est scientifique est vrai ; tout ce qui est vrai est scientifique.

Curieusement, cette tendance n’étant pas une tendance qui s’est étiolée dans le passé contrairement à ce qui est advenu d’un certain nombre de courants philosophiques, elle reste également dominante de nos jours, ayant toutefois changé quelque peu de forme et bénéficiant d’une portée beaucoup plus élargie et d’une influence particulièrement  élevée. Force est de constater que ce courant négationniste nommé positivisme en son temps se manifeste aujourd’hui sous le nom de scientisme et est devenu l’idéologie dominante de notre époque.

Désormais une partie bien déterminée de l’humanité ne croit peut-être pas à cent pour cent au positivisme mais au « scientisme ».

En s’assimilant au matérialisme qui est une vision plus négationniste et plus sévère que le positivisme, ces individus partisans conçoivent le matériel comme étant la seule vérité et mènent une vie quasiment emprunte de matérialisme.

Par le courant dit « rationaliste », courant qui connait une autorité illimitée, la pensée et la compréhension de la vie que tous les suffixes terminant en « isme » ont offert à l’humanité, notre siècle trace désormais le caractère de l’homme et décrit la nature de la structure intellectuelle.

Ce faisant, il est possible de dire de ce siècle qu’il est un siècle de science, mais cette science n’est ni pure ni authentique ; c’est une science qui porte un message de négation et qui considère qu’il n’existe pas de choses dont elle n’aperçoive et comprenne le sens ; bref, en un mot, c’est une « science » qui présente une perspective idéologique de nature négationniste.

Cependant, il existe encore un évènement tout aussi douloureux : il s’agit du fait que cette « science » a confondu le concept « utile » avec celui de « nocif » en violant ses propres règles en ce qui concerne l’humanité, même si cette logique des choses s’avère juste dans le monde matériel. Elle n’a pas non plus considéré ses propres règles parce que l’homme garant de cette « science » ne voit aucun inconvénient à produire des choses nuisibles et à les soumettre à l’humanité.

Si nous réfléchissons quelque peu en usant d’un simple raisonnement, nous serons en mesure de percevoir ces vérités. Par exemple, supposons qu’il y ait un pont en bois situé sur une quelconque voie routière et qu’un rapport technique ait mesuré l’effondrement de ce pont à une probabilité d’un pour cent, il est certain que tout passage sur ce pont aurait été officiellement interdit et qu’on aurait affiché un panneau « interdiction de passer ». Pourquoi ? Parce qu’ici la raison et la science exigent cela.

En conséquence, il est possible de résumer en ces deux expressions la nature de ce scientisme en état d’influence plus grandissante qui, compte tenu du fait qu’elle s’éloigne davantage de la source divine et s’isole de l’influence exercée par l’investissement spirituel, est en train de préparer un véritable effondrement moral et biologique ainsi qu’un désastre de l’humanité tout entière.

Selon la conception de cette science, l’ère de la « religion » et de la « métaphysique » est désormais close et, en lieu et place, l’ère de la science s’est installée.

Suivant l’expression des vieux pionniers de ce mouvement « la science est la religion du futur », c’est-à-dire  qu’à l’avenir, l’humanité adoptera la science au lieu de la religion.

Ainsi donc, c’est de cette manière que s’est installée une mentalité qu’on peut déchiffrer à travers cet énoncé : « Je crois en ce que j’ai vu de mes propres yeux et en ce que j’ai ressenti au moyen de mes cinq organes sensoriels et non parce que quelqu’un d’autre a dit que. »

Les individus dont la mentalité est d’asseoir le scientisme à la place de la religion, autrement dit les croyants de la science, ont malheureusement atteints un stade tel qu’ils ne croient pas en autre chose, c’est-à-dire qu’ils ne croient ni en la religion ni en tout ce qui est spirituel.

Ceux qui se rattachent au chemin de la science avec une foi forte et inébranlable croient qu’ils peuvent développer une théorie intégrante assez suffisante à l’explication de chaque chose qui en relève.

À présent, l’ère de cette science, avec sa partie intellectuelle et au nom de la philosophie et de la science, est en train de creuser des fossés de négation et d’erreurs qui seront  finalement détruits ; par le plaisir et la distraction qu’elle prétend garantir, elle se trouve dotée d’un statut de « religion ».

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