Le gain licite et son importance

Mar 13, 2019 par

Doç. Dr. Fahreddin Yıldız

Il est mentionné dans le Saint Coran : « Ô gens ! De ce qui existe sur terre, mangez-le licite et le pur…[1] »

C’est un droit et même un besoin inné pour l’homme de travailler à la mesure de ses capacités pour subvenir à ses besoins vitaux. Toutefois, pour éviter les injustices et abus d’autorité dans la vie communautaire, il doit être établi un ensemble de règles et principes fondamentaux qui régiront les rapports des hommes entre eux tant dans la vie sociale que dans le monde du travail.

En effet, afin d’assurer une existence paisible pour chaque individu dans la communauté, Allah l’Exalté a établi un certain nombre de sentences explicites référant au licite et l’illicite ; par l’entremise de Ses nobles prophètes qu’Il envoya à différentes époques, Il dicta aux hommes Ses lois et paracheva le tout avec l’Islam.

Dans sa législation, l’Islam n’a fait preuve ni de déficit ni d’excès concernant les actes interdits ou permis ; au contraire, Il a établi la voie du juste milieu. Il est donc du devoir de l’homme de fonder son existence dans cette voie du juste milieu. Dans l’idéal de réussir à l’examen de sa servitude vis-à-vis de son Créateur, une connaissance parfaite des thèmes du licite et l’illicite ainsi qu’une application modérée de ceux-ci s’impose à l’homme.

LES CONCEPTS DU LICITE ET L’ILLICITE

Défini dans le dictionnaire comme étant ce qui est permis, le mot “halal” englobe tous les actes que l’homme peut librement commettre. Par conséquent, toutes les nourritures et boissons dont la consommation est permise ainsi que toutes les actions que l’homme peut commettre sans contraintes rentrent dans le concept du “halal.

Fondamentalement, la quasi-totalité de tous les bienfaits d’Allah est saine et permise à l’homme, à moins qu’il existe un texte explicite qui interdit une chose. En effet, toutes les choses assujetties à l’homme sont licites et permises et quant aux illicites, le Coran en a fait mention. Cette situation nous montre qu’en Islam, la marge du licite est largement supérieure à celle de l’illicite. L’homme peut jouir à satiété de tous les bienfaits divins à condition qu’il soit conforme aux normes de l’éthique en évitant les gabegies.

Quant au “haram”, il concerne tout acte dont l’accomplissement a été formellement interdit à l’homme par Allah l’Exalté à travers un texte explicite. Dans la langue arabe, le mot “haram” est un mot très riche, car étant employé dans plusieurs circonstances. Cependant, en Islam, c’est un concept qui désigne tout ce qui est contraire aux règles fondamentales et universelles de la morale, tout comportement qui déshonorerait l’homme et s’avèrerait nuisible à son existence.

En Islam, tous les actes interdits ont été explicitement cités par Allah l’Exalté Lui-même ; et dans le Coran, il est mentionné que Seul Allah l’Exalté détient l’autorité de l’interdiction. Par conséquent, quiconque en dehors d’Allah l’Exalté n’a le droit de légiférer sur le licite et l’illicite. De cette manière, admettre comme licite ce qui a été rendu licite et illicite ce qui a été rendu illicite dénote de la foi islamique. En outre, considérer comme illicite ce qui est licite et licite ce qui est illicite est un acte qui annule la foi en Islam. Il est donc de notre devoir d’accepter bon gré mal gré les sentences divines concernant le licite et l’illicite ; de tirer profit de tous les bienfaits divins dans un cadre licite et de nous éloigner, autant que faire se peut, de tous les actes blâmables.

La raison fondamentale du caractère interdit d’une chose ou d’une action réside premièrement dans le fait qu’elle s’avèrerait nuisible à l’âme, à l’esprit, à la dignité humaine et à la Religion ; enfin, dans le fait que celle-ci serait en contradiction avec les principes fondamentaux qui assurent la protection des individus de la communauté.

Ainsi donc, le licite et l’illicite sont les principes de base qui différencient une religion d’une autre. De surcroît, ces éléments nous montrent à quel point toutes les créatures sont assujetties au Créateur. En Islam, les actes ne valent que par les intentions qui les précèdent. Toutefois, une bonne intention ne justifie pas la licéité d’un acte illicite. D’autant que l’on doit utiliser les moyens licites pour parvenir à un idéal noble. C’est pour cela que l’Islam encourage ses adeptes à assurer leurs gains à partir de revenus licites et interdit formellement les ressources obtenues de façon illégale.

LE GAIN LE PLUS LICITE

Dans le Coran, il est précisé que tous les efforts consentis par l’homme pour assurer sa subsistance et celle de sa famille sans dépendre d’autrui sont mis au compte de l’adoration. L’Islam a établi un principe de licéité en ce qui concerne l’acquisition d’un bien ou patrimoine, au point qu’il encourage ses adeptes à se procurer leurs biens par le labeur et interdit tout gain illicite comme le vol, l’usurpation, le prêt à intérêt, les jeux de hasard et les dessous-de-table. En Islam, la voie du gain licite et naturel est sans nul doute le labeur ; c’est pour cela que le Coran nous exhorte au travail afin de subvenir à nos besoins vitaux, en observant bien sûr les règles qu’il a établies sur l’exploitation des sources de revenus licites. Le Prophète () nous a enseigné que « le gain le plus valeureux et licite est celui que l’homme se procure par la sueur de son front[2]. ». Il s’agit autrement dit de tous les efforts physiques et intellectuels que l’homme fournit pour s’assurer une subsistance sont des moyens légaux d’acquisition.

Contrairement à cela, tous les moyens d’acquisition sans labeur tels l’exploitation humaine, le vol, le prêt à intérêt, l’usurpation et les dessous-de-table sont illégaux.

Dans le Coran et la Sunna, les principes fondamentaux concernant les voies d’acquisition légales sont, en général, caractérisés selon les besoins de chaque époque. Il incombe donc aux croyants d’assurer la prospérité de leurs affaires en demeurant dans le cadre de ces principes. En ce qui concerne les principes fondamentaux régissant les rapports des hommes dans la vie sociale et le monde du travail, nous pouvons en citer quelques-uns : la sincérité, l’intégrité et la confiance.

De nos jours, l’influence des sanctions légales contre les infractions dans les relations commerciales à petite ou moyenne envergure est pratiquement limitée. Cela conduit les personnes cupides à se procurer illicitement des revenus. L’obtention du gain licite passe par la connaissance des règles du licite et l’illicite et l’application de celles-ci sans outrepasser les bornes. Dans le cas contraire, on ne pourra assister qu’à l’augmentation des pillages aux profits des personnes malhonnêtes et insensibles qui, au nom de leurs ressources, usurpent et dépouillent avec fourberie les biens d’autrui.

L’Islam nous enseigne que les actes d’adoration effectués par des personnes se nourrissant de choses dont la base est illicite demeurent vains, tout comme les gains et bénéfices acquis illégalement n’ont aucune valeur. De ce fait, une foi inébranlable est la seule condition pour l’assurance d’un gain licite, d’une vie paisible et d’une communauté saine. Et tout ceci ne sera rendu possible qu’avec des personnes intègres dotées d’une bonne moralité, qui s’éloignent de l’injustice, ne consomment pas l’illicite et qui sont conscientes de leurs responsabilités vis-à-vis d’elles-mêmes, de leurs semblables et de leur Créateur. Pour terminer, je vous exhorte à méditer sur ce verset :

 

« Et mangez de ce qu’Allah l’Exalté vous a attribué de licite et bon. Craignez Allah, en qui vous avez foi [3]. »

  [1]Saint Coran, sourate La Vache (2), verset 168.

[2]Al-Bukharî, Büyû, 15; Musnad, IV, 141.

[3] Saint Coran, sourate La table Servie (5), verset 88.

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