La fraternité religieuse

Mar 12, 2019 par

Sâmi Ramazanoğlu

Allah Ta’âlâ dit :

« Les croyants et les croyantes sont alliés les uns des autres. » (Coran, At-Tawba, 9/71) C’est-à-dire qu’il est affirmé que tous les croyants, sous la condition d’être réunis dans la foi, demeurent dans les affaires de ce monde et de l’autre, s’entraidant les uns les autres.

Il n’y a aucun doute que le sentiment religieux soit plus fort que le lien familial qui a comme fondation la terre.

Servir la religion n’est possible que dans le cas où les musulmans se réunissent autour du même objectif dans le monde musulman, avec les mêmes sentiments pour protéger l’islam et la Chari’a contre tous les dangers et parvenir à la victoire.

Les musulmans entre eux se réunissent de la façon ordonnée par Allah Ta’âlâ et s’ils suivent une autre voie que celle montrée par Allah, cela signifie qu’ils sont établis dans le fossé de la souffrance.

Dans ce cas, ils seront obligés de se soumettre aux ennemis de la religion, de tomber sous leur domination et de vivre sous leurs ordres.

Allah Ta’âlâ dit dans le premier verset de la sourate al-Anfal :

« (…) Craignez Allah, maintenez la concorde entre vous et obéissez à Allah et à Son messager, si vous êtes croyants. » C’est-à-dire craignez Allah en évitant les mésententes et les disputes qui peuvent amener le châtiment d’Allah, et pratiquez la bonne entente entre vous.

S’ils luttent entre eux dans ce cas, il y aura nécessairement mésentente et l’objectif ne sera pas atteint.

Allah Ta’âlâ, dans le verset 46 de la sourate al-Anfal, dit ceci :

« Et obéissez à Allah et à Son messager ; et ne vous disputez pas, sinon vous fléchirez et perdrez votre force. »

 

Allah le Tout-Puissant indique dans ce verset qu’Il interdit aux croyants de tomber entre eux en contentieux ; dans le cas où une telle chose survient, les deux situations suivantes vont apparaître :

  1. Cette situation amènera l’insuccès, la froideur et la peur.
  2. Cette situation amènera la perte de toute force et de tout effort, la perte de la sérénité et du désir.

Dans ce cas, si les cœurs et les objectifs se réunissent, il y aura nécessairement sérénité et soutien, les aspirations atteindront leur finalité.

C’est pour cette raison qu’Allah Ta’âlâ a voulu que les hommes se réunissent cinq fois par jour dans les lieux de prière et une fois par semaine à la mosquée, deux fois par an à l’occasion des fêtes en s’assemblant en un lieu commun et, une fois dans leur vie, accomplir le voyage jusqu’à Baytullah (la Maison d’Allah) pour se rassembler lors du pèlerinage et pour se tenir ensemble à ‘Arafat.

Le Seigneur de l’abondance a créé tous Ses serviteurs pour qu’ils obéissent à Muhammad, pour qu’ils se soumettent à Ses lois et réalisent la fraternité religieuse. Il les a créés pour les soutenir, à la condition de prendre sous protection tous les droits des membres de la communauté de Muhammad avec la réunion du cœur et de la parole.

La réunion des uns avec les autres, en s’aidant et en s’entendant, en est donc le but.

C’est pourquoi Allah Ta’âlâ ordonne aux croyants :

« Entraidez-vous dans l’accomplissement des bonnes œuvres et de la piété et ne vous entraidez pas dans le péché et la transgression. » (Coran, Al-Maida, 5/2)

Le Prophète Muhammad dit dans un hadith :

« Ne soyez pas jaloux les uns des autres, ne vous entraînez pas à la destruction, ne vous détestez pas, soyez des serviteurs d’Allah en toute fraternité. »

Dans la sourate Ash-Shura, aux versets 38-39, Allah Ta’âlâ dit :

« Qui répondent à l’appel de leur Seigneur, accomplissent la Salat, se consultent entre eux à propos de leurs affaires, dépensent de ce que Nous leur attribuons, et qui, atteints par l’injustice, ripostent. »

 

 

***

Pendant la période de l’ignorance (Jahiliya) précédant l’avènement de l’islam, les tribus qui voulaient se protéger de l’agression des autres tribus passaient des accords. Cet accord s’appelait hilf (au pluriel ahlaf).

Dans les différentes époques et régions de l’Arabie, le hilf avait tantôt de nobles périodes et tantôt de fâcheuses. C’est pourquoi notre maître, le Prophète (sallallahu alayhi wa sallam), avait mis en place un autre type d’accord allant à l’encontre de celui de l’époque de l’ignorance : il s’agit de l’accord de la fraternité religieuse.

Les immigrés de l’islam, en ayant tout laissé à La Mecque, étaient partis à Médine. Les Ansars de Médine, quant à eux, ont accepté de les recevoir et de les considérer comme hôtes :

« Il [appartient également] à ceux qui, avant eux, se sont installés dans le pays et dans la foi, qui aiment ceux qui émigrent vers eux (…) » (Coran, Al-Hashr, 59/9)

En revanche, cette situation d’hôte ne pouvait pas durer dans le temps, car il était difficile pour ces migrants qui possédaient richesse et travail à La Mecque de vivre sous une quelconque dépendance.

Après la construction de la mosquée Saâda, le Prophète rassembla un jour dans la maison d’Anas ibn Malîk quatre-vingt-six croyants parmi les Ansars et les migrants et les a unis deux par deux par les liens de la fraternité.

Cette fraternité mutuelle, appelée « muâhât » est un évènement unique dans l’Histoire et aucun autre exemple similaire ne s’est encore vu. Chez aucun peuple, cette unité n’a été aperçue.

Ramazanoğlu Mahmud Sâmî (Musâhaba – 1, s. 16 – 22)

.

 

 

Articles liés

Tags

Partager

Exprimez-Vous