Est-ce vraiment une nécessité de commettre des péchés?

Mar 12, 2019 par

Pr. Dr. Süleyman Derin

 

L’Islam est sans conteste la religion la plus appropriée aux besoins de l’humanité. Il répond à tous nos besoins qui émanent de notre humanité même. Autrement dit, les choses qui sont permises dans l’Islam sont à même de satisfaire tous les besoins de l’être humain sans que celui-ci ait à commettre des péchés. Ceci n’est pas toujours le cas au sein des autres religions. Par exemple, le mariage leur étant interdit, beaucoup de prêtres sont susceptibles de commettre la fornication ou d’autres péchés semblables. L’Islam encourage le mariage à l’égard de tous, sans exception, afin que nul ne soit privé de satisfaire ses pulsions sexuelles de façon légitime. Il est regrettable que de nos jours la majeure partie des péchés qui sont commis par les êtres humains le soit à cause de leurs croyances qui vont à l’encontre de leur nature. L’Imam Rabbanî enseigne combien la pratique de l’Islam est relativement aisée :

« La grâce la plus précieuse que Dieu ait prodiguée à l’humanité, c’est la facilité de la mise en pratique des prescriptions religieuses. L’Islam favorise l’aisance dans tout ce qu’il prescrit. Par exemple, les prières rituelles que l’Islam ordonne d’accomplir prennent moins d’une heure sur une journée de 24 heures. Allah le Tout-Puissant accepte aussi dans les prières la récitation du Coran qui soit la plus commode. Si le musulman, pour une raison ou une autre, ne peut pas prier debout, il est autorisé à prier en position assise ; s’il ne peut pas prier en position assise, alors il peut prier en position couchée. Et si cela s’avère encore impossible, il peut prier par signes. En cas de pénurie d’eau, le recours à la terre demeure un moyen symbolique pour procéder à l’ablution rituelle[1]. »

 

L’Imam Rabbanî enseigne également comment Dieu rend aisé l’Islam pour toutes sortes d’obligations, comme l’aumône généreuse. L’attachement aux biens terrestres étant une chose naturelle (humainement parlant), toute idéologie qui rejetterait cette réalité ne pourrait en aucun cas être bienfaisante pour l’humanité. L’Islam accepte cette réalité, mais avertit tous ceux qui voueraient un culte aux biens temporels, chérissant plutôt le fait que ceux-ci soient raisonnablement partagés avec les pauvres :

 

« L’aumône obligatoire constitue seulement un quarantième de la richesse si l’on est considéré comme aisé. Cette aumône n’est obligatoire que si elle est tirée des biens commerciaux et des animaux qui paissent gratuitement dans les pâturages. Dieu prescrit seulement le pèlerinage une fois dans sa vie et seulement si on en a les moyens financiers. »

 

Ceux qui n’ont aucune connaissance de l’Islam pensent que cette religion est pleine de restrictions et d’interdictions. De telles personnes croient que la vie du musulman est pleine de misère étant donné qu’il ne peut pas agir comme bon lui semble. Mais ce constat est bien sûr tout à fait faux.

Pour l’Imam Rabbanî, Allah le Tout-Puissant a seulement interdit les choses qui sont nocives pour les humains. En second lieu, les choses interdites sont très limitées en nombre par rapport aux choses permises (halal) :

« Allah le Tout-Puissant permet l’utilisation de la plupart des produits alimentaires, des boissons et des matériaux servant à confectionner des vêtements. Il n’a finalement interdit que peu de choses et nous devons savoir à cet égard qu’Il a décrété cela pour le bien de l’humanité.

 

« S’Il a interdit le vin, il a permis l’usage de nombreux jus de fruits qui sont excellents pour la santé et savoureux. La consommation de cannelle, d’eaux florales et de diverses sortes de jus est autorisée. Ces boissons favorisent en outre la bonne santé et sont très faciles à boire. Si l’on délaisse ces bonnes choses au détriment de boissons alcoolisées qui troublent l’esprit et mettent la vie en danger, quel bénéfice peut-on y trouver ? Combien est grande la différence entre ces deux sortes de boissons ! »

 

Pour l’Imam Rabbanî, étant donné que la religion se révèle facile d’accès et naturelle, il n’est en conséquence guère possible de comprendre ces soi-disant croyants qui suggèrent que la religion est difficile et qu’elle doit être réformée de manière à la rendre plus aisée. Ces derniers ont déjà détruit leur propre nature et sont tombés dans la perversion. Ou peut-être ne sont-ce que des hypocrites qui prétendent croire uniquement pour des intérêts mondains (temporels) :

« En dépit de cette accessibilité, si l’on estime que les prescriptions de l’Islam sont difficiles d’accès, la raison en est que les cœurs endurcis souffrent d’un déficit de jugement qui soit juste et précis (insaf). Ce sont des cœurs malades.

 

De la même manière que pour un individu en bonne santé les choses aisées s’avèrent difficiles pour un individu malade, de même ceux dont les mondes intérieurs sont obscurcis par leur ego trouveront difficiles (voire inaccessibles) les prescriptions de l’Islam.

 

Quiconque souffre d’une quelconque maladie (spirituelle) du cœur ne veut pas pleinement croire à ce que le Prophète a apporté. Sa foi se trouve uniquement sur (le bout de) sa langue, pas dans son cœur. »

 

Cet avertissement de l’Imam Rabbanî s’avère particulièrement important parce que certaines personnes dans le monde musulman demandent des réformes intérieures en tentant de modifier les injonctions de l’Islam en fonction de leurs caprices. De telles personnes ne sont pas sérieuses dans leurs intentions ; si l’Islam eût été modifié comme elles le voudraient, après un certain temps elles seraient encore malheureuses et demanderaient d’autres changements jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien de la religion. Leur pratique de l’Islam est, au mieux, réticente. Pour l’Imam Rabbanî, un vrai croyant pratique l’Islam avec amour et diligence :

« Le signe de la vraie foi, c’est lorsque le croyant accomplit les prescriptions (Islamiques) en toute aisance. Son cœur est heureux. Ceux qui n’ont aucune considération pour l’Islam et qui ne veulent pas suivre ses prescriptions ne sont pas dignes d’être appelés croyants, mais plutôt hypocrites. Allah le Tout-Puissant les décrit ainsi dans le Saint Coran : (…) Ce à quoi tu les appelles l leur parait énorme (…)[2] »

 

Mawlânâ Rumî met en garde ceux qui voudraient commettre des péchés en modifiant la Loi :

 

« Tu as interprété le sens de la Parole sans tache : change-toi toi-même, et non le Livre saint.

 

Tu interprètes le Qor’ân selon ton désir : par toi, le sens sublime est altéré et perverti[3]. »

 

Pour l’Imam Rabbanî, l’amour voué à ce monde est la source de tous les péchés et de toutes les erreurs. On peut facilement effacer ses péchés en réclamant le pardon de Dieu, mais l’obscurité qui a trouvé place dans le cœur en raison de cet amour (voué au monde) ne peut plus être facilement extirpée[4].

Par conséquent, afin d’éviter de commettre des péchés, l’Imam Rabbanî nous enseigne qu’il ne faut pas fréquenter des gens qui ne pensent qu’à leurs intérêts mondains. Pour lui, le fait de côtoyer de telles personnes est synonyme de poison qui tue l’âme.

 

[1]             Maktubat, Lettre 191.

[2]        Ash-Shûrâ, 4213.

[3]             Mathnawî, I, 1080, Trad. E de Vitray-Meyerovitch.

[4]             Lettre 171.

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