Du musulman qui appelle au souvenir de Dieu

Mar 13, 2019 par

 

Prof. Dr Ismail Lutfi Çakan

De nos jours, s’il arrivait de faire toutes sortes de recherches et d’études scientifiques impartiales pour déterminer au sein de l’opinion publique le groupe de personnes le plus mal connu, il est fort probable que « l’islam et les musulmans » soient retenus ; car quoique qu’ils ne le méritassent pas, les musulmans sont ceux qui subissent les plus lourdes accusations. Au fond de cette manipulation se cache l’influence des moyens de communication de masse.

Ceci étant, au regard de la compréhension du sens réel de l’image de l’islam en général et du musulman en particulier que les organes de presse et de publication présentent au monde, il est nécessaire de discerner à grande échelle le problème dans une perspective historique ; pour mieux dire, de le prendre sous la fenêtre des vérités invariables du Coran à son rapport.

D’emblée, il ne faut pas oublier que Pharaon et ses hommes se sont opposés au message prophétique de Moïse et de son frère Aaron (Musa et Harun = sur eux la paix), affirmant qu’ils étaient « deux hommes comme nous[1] ; mais bien que Pharaon ne fût qu’un être humain, il s’était autoproclamé « la plus grande divinité (existante)[2] ».

Dès que le Prophète (pbsl) commença à prêcher la croyance en l’unicité de Dieu[3], des accusations inimaginables furent formulées à son encontre[4] : les poètes[5], les prédicateurs[6], les magiciens[7] disaient qu’il n’était nullement prophète[8], qu’il avait été instruit par quelqu’un d’autre[9], qu’il inventait[10], qu’il était une source du mal[11]. Il y avait entre toutes ces accusations une en particulier qui était remarquable et intéressante : « Il calomnie Allah », dirent-ils.[12] Les païens, en accusant le Prophète (pbsl) se permettait de défendre Dieu alors qu’ils ne croyaient pas en Son unicité.

Bien qu’ils n’aient aucun souci d’ordre religieux et ne se trouvent dans aucune position de soumission, ne possédant d’ailleurs guère une telle intention, les échappés de la religion moderne qui, à l’encontre des musulmans, se prononcent dans les sujets religieux ou du moins critiquent l’islam, ne sont-ils pas aussi les représentants de la même incohérence ? Selon eux, l’image de l’islam et du musulman ne peut jamais être décrite. La vérité des pensées ainsi que la conception contemporaine se rapportent à l’image de l’islam et du musulman au même titre que certaines des accusations formulées à l’encontre de notre cher Prophète (pbsl) par les païens déjà cités plus haut.

Il est étrange que ces mêmes Mecquois, avant même la déclaration de sa mission prophétique, l’aient surnommé « Muhammad al-amin ». Ainsi donc, après la déclaration de sa mission prophétique et selon les propos de certains païens tels Abû Lahab et Abû Jahl, ennemis de l’islam et hommes parmi les plus avancés de la société mecquoise de l’époque, Muhammad, séparateur de peuple, était un homme qui amenait la confrontation entre les gens. Quel qu’en fût le prix, on ne devait pas le laisser tranquille, mais soumis à toutes sortes de tortures, voire à complètement disparaître. Son hégire à Médine fut la conséquence d’une telle atmosphère de pression. Suite à des réalités similaires, d’autres prophètes du passé n’ont-ils pas été écartés de leur peuple respectif ? N’y avait-il pas parmi eux, à l’instar d’Abraham qui fut jeté dans le feu, des gens condamnés à être brûlés vifs ?

Par conséquent, signalons encore une fois que par de telles propagandes à l’atmosphère délétère l’image de l’islam et du musulman ne peut être correctement esquissée. Et même s’il arrivait qu’elle soit esquissée, elle ne pourrait être celle de l’islam et du musulman. La raison en est qu’en réalité l’image est le produit d’un point de vue et que cela dépend d’un point de vue à l’autre…

Dans le Coran, les versets qui s’adressent directement aux musulmans, qui énumèrent les devoirs des croyants et qui les comparent aux adeptes d’autres religions, sont des déclarations divines irréfutables qui définissent la véritable image du musulman. Seulement le fait que l’opinion publique contemporaine n’accorde pas l’expertise de ce sujet est certes une réalité. Dans l’Histoire également, la situation a toujours été malheureusement identique.

Dans l’histoire de l’humanité, la vraie image du croyant que les prophètes en premier lieu et les croyants ensuite ont représentée a été soumise à des évaluations diverses et négatives par les foyers de force présentes au sein des sociétés de ces diverses époques. Par exemple, lorsqu’on raconte des faits qui se sont produits à une époque où des Envoyés furent mandatés auprès de leur peuple respectif, à ceux qui affirmèrent : « Nous voyons en vous un mauvais présage… »[13], et le fait même que ces derniers prirent Moïse et ceux qui étaient avec lui pour des personnes ayant en elles un mauvais présage, force est de constater que tout cela attira une certaine attention.[14] D’autre part, Moïse (Moussa = sur lui la paix) et son peuple subirent toutes sortes d’accusations telles que le défaitisme.[15] Parfois aussi on les accusait de malséance, de stupidité, de mensonge et d’anormalité.[16]

Prendre tous les Envoyés de Dieu pour des hommes de mauvais augure signifie en substance les accuser de défaitisme et les considérer comme des facteurs de trouble. C’est à cet effet qu’un prophète tel que Moïse ainsi que ceux qui ont cru en son message ont été accusés de terrorisme par Pharaon et ses partisans.

Le prophète Lot (sur lui la paix) et ses fidèles furent accusés de « vivre honnêtement ».[17] Youssouf (sur lui la paix) fut emprisonné à cause du fait qu’il refusa les avances de la femme de son maître.[18] D’autres accusèrent Chouayb (sur lui la paix) à cause de la prière qu’il avait effectuée, et pourtant on le trouvait humble et très intelligent.[19] Les païens mecquois empêchèrent également les premiers musulmans d’accomplir leur prière et les retinrent de toute servitude.[20]

De nos jours également, en matière d’accusation, on ne se contente pas de décrire le comportement des musulmans, mais le fait qu’ils soient musulmans et qu’ils veulent vivre l’islam dans la mesure de leurs efforts. La raison en est que chez de telles personnes les accusations de fondamentalisme ou de radicalisme religieux se fondent en se focalisant sur les pensées et non sur les actions. Les musulmans sont perçus avec l’œil du « coupable potentiel ». Les dirigeants qui disent que le chemin du fonctionnariat est fermé au religieux et qui s’en réjouissent, les politiques qui forment des coalitions en mettant en avant la condition de « liquidation des religieux dans les différents cadres de l’État », les administrations qui veulent appliquer des visas à la foi, doivent encore une fois passer en revue la continuité des personnes qu’ils défendent et représentent.

Tout comme cela fut le cas jadis, aujourd’hui aussi la réalité se trouve au fond des examens et des comportements que les puissances et les foyers non-musulmans font à l’égard des musulmans eux-mêmes, ladite réalité étant clairement déterminée dans le verset coranique suivant : « Ni les Juifs, ni les Chrétiens ne seront jamais satisfaits de toi, jusqu’à ce que tu suives leur religion. »[21]

 

Ces derniers ne seront jamais satisfaits du Prophète (pbsl) tant que les musulmans n’embrassent pas leur religion. En d’autres termes, ils ne renonceront jamais à s’opposer aux musulmans. Pour eux, si les musulmans ne font rien, ils continueront à constituer un danger potentiel. Ils continueront hasardeusement dans leurs accusations de terreur religieuse, de fondamentalisme et de radicalisme religieux. Désormais il est visible que le nouvel objectif du pacte de l’OTAN dont la Turquie est membre, c’est l’islam désigné sous l’appellation de « religion radicale » …

Nulle faiblesse pour le musulman qui trouverait sympathiques les Occidentaux et ceux qui regardent le monde selon leur opinion parce qu’il a la responsabilité d’être simplement un musulman à la fois pur et responsable. S’il y a des gens qui s’en incommodent, c’est bien leur problème. Quant à l’acquisition de la force et des valeurs susceptibles de les amener obligatoirement à la patience, c’est bien la nécessité de la mise en évidence de la lumière et du capital émanant du musulman.

Tenter de corriger l’image face au travail de propagande ne peut être considéré que comme une tactique. Mais ce qui doit être nécessairement fait, c’est de se comporter de manière beaucoup plus sincère, plus intelligente et plus qualitative sur ce point qui indispose l’ennemi. Autrement dit, les musulmans d’aujourd’hui peuvent mieux faire de ce qu’on attend d’eux, animés par la vision d’être des musulmans beaucoup plus qualitatifs que d’accoutumée et de protéger par la même occasion l’image originelle du musulman.

Si après cette démonstration nous devions revenir à notre sujet, nous dirions que la réalité que certains musulmans, de par leur témoignage de vie, donnent l’occasion de se rappeler de Dieu est liée soit au fait qu’ils invoquent trop Dieu ou soit qu’ils sont détenteurs d’une sublime crainte révérencielle (taqwa). Les guides religieux et les croyants responsables qui ne passent pas leur temps à discuter de sujets inutiles ou bien à proférer des paroles tout aussi inutiles, qui indiquent le droit chemin aux croyants, qui invoquent en abondance le nom de Dieu (Allah) partout où ils se trouvent, quand on les considère en vertu de ces qualités supérieures, cela donne de toute évidence l’occasion de se souvenir de Dieu. C’est pour ce fait qu’ils sont considérés comme les « plus précieux des musulmans ».

La formule concernant le « musulman qui appelle au souvenir de Dieu » mentionnée dans les hadiths est la même que celle, issue du Coran, qui vante les qualités de celui-ci : « Et qui profère plus belles paroles que celui qui appelle à Allah, fait bonne œuvre et dit : ‹Je suis du nombre des Musulmans›? »[22]

 

Œuvrer pour incarner le musulman qui appelle au souvenir de Dieu dans ce cadre, au minimum faire des efforts pour demeurer en compagnie de telles personnes, apporte la possibilité de résoudre radicalement certains problèmes tels que l’image de l’islam et du musulman.

Si le musulman qui appelle au souvenir de Dieu est aussi nécessaire et précieux, les édifices qui rappellent l’islam quant à sa domination et son triomphe sont des données autant nécessaires que précieuses, notamment des édifices qui symbolisent de grandes conquêtes à l’instar de la Basilique Sainte-Sophie (Agia Sophia à Istanbul devenue mosquée. NDT) et ne peuvent être comparées à autre chose. C’est la raison pour laquelle il ne peut y avoir de motif clair pour condamner au silence de telles personnes de valeur. Ces catégories d’actions et de décisions notifiant le ternissement de l’histoire et le noircissement de l’avenir ne concernent que les applicateurs.

Sous la démonstration de notre sublime Livre « comme des onagres épouvantés s’enfuyant devant un lion »[23], ceux qui s’effraient du Coran, de l’islam, des mosquées et ceux qui les prennent pour cible, doivent avant toute chose revoir leur propre image. Quant aux musulmans, ils ne doivent pas s’inquiéter outre mesure et se dire mutuellement que les paroles de leurs détracteurs (accusations, dénis et propagandes) ne les concernant pas…[24]

Quoi que le monde puisse dire, l’objectif du musulman, c’est d’être un bon musulman, un musulman qualitatif, si possible le meilleur et le plus qualitatif. Notre hadith du « musulman qui appelle au souvenir de Dieu », quand on le considère, caractérise cet objectif.

Il ne peut y avoir de joie aussi grande que d’être victorieux d’une telle compétition sacrée. « Et que pour cela les rivaux rivalisent. » [25]

 

 

 

 

[1] Ibn maja, Zuhd, 4; Ahmed ibn Hanbal, VI, 409.

[2] Coran, al-Mu’minin, 23/47; al-Qasas, 28/38.

[3] Coran, al-Hijr, 15/6. Voir aussi al-Mu’minun, 23/70.

[4] Coran, al-Isra, 17/47.

[5] Coran, at-Tur, 52/30.

[6] Coran, at-Tur, 52/29.

[7] Coran, Sad, 38/5. Voir aussi Yunus, 10/2 ; al-Anbiya, 21/3.

[8] Coran, ar-Ra’d, 13/43.

[9] Coran, an-Nahl, 16/103.

[10] Coran, as-Sadja, 32/3; al-Anbiya, 21/5.

[11] Voir Coran, an-Nisa, 4/78.

[12] Coran, ash-Shura, 42/24; an-Nahl, 16/101; Saba, 34/83. Ainsi donc, le plus grand péché est d’associer quelque chose à Dieu (voir Coran, an-Nahl, 16/48).

[13] Coran, Ya-Sin, 36/18.

[14] Coran, al-A’raf, 7/131.

[15] Coran, al-A’raf, 7/127.

[16] Concernant les fausses accusations sans fondement complotées contre eux : voir Coran, al-A’raf, 7/60 ; 66-69 ; al-Mutaffiffîn, 83/39-32 ; al-Mu’minun, 23/11 ; an-Najm, 53/60).

[17] Coran, al-A’raf, 82. Voir aussi an-Naml, 27/56.

[18] Coran, Yusuf, 12/32.

[19] Coran, Hud, 11/87.

[20]Voir Coran, al-Alaq, 86/9-10, 14-17.

[21] Coran, al-Baqara, 2/120.

[22] Coran, Fussilat, 41/33.

[23] Coran, al-Muddattir, 74/50-51.

[24] Coran, Ya-Sin, 36/76.

[25] Voir Coran, al-Mutaffiffîn, 83.

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