Comment éliminer les causes de la paresse dans les affaires religieuses

Mar 12, 2019 par

Pr. Dr. Süleyman Derin

Dans la plupart de ses lettres, l’Imam Rabbanî s’efforce de mettre en évidence la réticence de l’ego à remplir les obligations religieuses. Il donne pour cela de nombreux exemples de cette paresse et nous montre les méthodes pour résoudre ce problème, quelque chose qui concerne directement tous les musulmans. Selon l’Imam Rabbanî, les causes de la réticence à l’accomplissement des devoirs religieux proviennent de diverses sources. La première cause de la paresse, c’est notre ego ainsi que l’action de Satan le maudit. Autant l’ego que Satan usent de divers artifices pour empêcher les musulmans de s’acquitter de leurs devoirs, leur donnant aussi de faux espoirs pour croire au pardon d’Allah. L’ego et Satan font croire aux croyants que quoiqu’ils fassent, Allah doit pardonner. Une autre cause importante est l’ignorance et un manque de connaissances sur la religion. L’Imam Rabbanî écrit dans sa 73ème lettre :

« Ô fils ! Il existe deux causes à la négligence des devoirs religieux : la première est de considérer les injonctions de la Charia comme non valide et l’autre est de considérer la grandeur et la magnanimité d’Allah inférieures à celles des humains. Tu dois comprendre que dans les deux cas, tu auras commis un grave et hideux péché. »

Afin de résoudre ce problème, l’Imam Rabbanî souligne que, telle une question de fait, l’accomplissement des devoirs religieux est autant bénéfique pour nous dans ce monde ici-bas que dans l’autre monde. Malheureusement, la plupart des gens pensent qu’en accomplissant uniquement les commandements religieux ou bien en s’abstenant de commettre des actes illicites (haram), cela ne profite qu’à eux-mêmes en termes de bénéfice. Nous devons abandonner l’idée que de tels actes visent uniquement le bénéfice d’Allah.

Le but de l’accomplissement de la Loi islamique est de protéger les droits des serviteurs d’Allah. Notre culte ou notre obéissance à Allah n’a aucun avantage pour Lui en aucune façon. Ainsi donc, tout serviteur d’Allah doit s’acquitter de ses devoirs en usant d’actions de grâce. En nous faisant part de Ses commandements et en nous explicitant Ses interdits, Allah le Très-Haut nous a effectivement accordé une grande largesse. Par conséquent, c’est en obéissant aux injonctions de la Loi que nous devons faire montre de gratitude envers Allah. (Lettre 73).

Afin de mieux expliciter ce point, l’Imam Rabbanî donne l’exemple suivant :

« Si un homme de haut rang (un notable) nous obligeait à faire quelque chose dont tous les bénéfices nous reviendraient, nous en serions très heureux et nous obéirions volontairement à ses ordres et avec gratitude. Cependant, il est intéressant de noter que même si nous savons que les commandements d’Allah sont bénéfiques pour nous, des milliers de fois plus que n’importe quel mortel pourrait nous en faire profiter, nous nous comportons encore paresseusement en dépit des recommandations que le Prophète (saws) nous a données. Ou bien si nous faisons une petite faveur à quelqu’un pour la gloire de la religion de manière à ce que nous en ressentions de la fierté et que nous rendions les autres mal à l’aise, cela signifierait minimiser la grandeur d’Allah. »

Si nous ne donnons pas la même valeur aux recommandations du Prophète (paix et bénédiction d’Allah sur lui), l’être humain le plus digne de confiance, le « Muhbir i sâdik », par rapport aux recommandations venant d’un menteur, alors nous pouvons affirmer que notre foi est tronquée. Admettons un individu connu pour être un menteur et que ledit individu nous informerait d’un quelconque danger, telle une invasion ennemie, les gens doués d’intelligence devraient au moins vérifier la véracité de ses dires, en supposant qu’il puisse y avoir une certaine part de vérité en eux.

En d’autres termes, quand nos intérêts matériels sont en jeu, nous prenons au mot les paroles d’un menteur alors que la plupart d’entre nous prenons les avertissements du Prophète à la légère, même si ceux-ci concernent la ruine éternelle. Si les musulmans prenaient les paroles du Prophète au sérieux, ils modifieraient leurs habitudes et chercheraient des solutions à leur oisiveté. En effet, combien inutile serait notre foi si nous ne l’orientons pas vers la vérité, dans la même mesure que nous serions capables de suivre si facilement les informations recueillies auprès de sources douteuses. En conséquence, selon l’Imâm Rabbanî, quiconque prétend être un croyant en surface n’a aucune valeur auprès de la Cour divine ; il faut atteindre le stade de ‘ilm-i yakini (certitude de la connaissance) pour nous pousser à faire des œuvres pies.

Parmi les œuvres pies devant être accomplies, l’Imam Rabbanî apporte un avertissement spécial quant aux obligations financières de l’Islam :

« Ô mon fils ! notre nafs est dans son essence très avare. Il n’aime pas particulièrement aider les autres financièrement. Ces douces paroles que je prononce ne devraient pas te tromper quant à cela. Tu dois savoir que toutes les richesses et les possessions appartiennent en réalité à Allah. C’est la raison pour laquelle le serviteur d’Allah ne peut refréner à aider financièrement autrui ou différer les droits d’autrui. Par conséquent, le croyant ne doit pas faire montre d’inactivité quant au remboursement de ses dettes ou au droit des pauvres. »

(Selon l’Islam, les gens pauvres et nécessiteux ont un droit annuel de 2,5 % de l’épargne nette des personnes les plus riches ; c’est ce qu’on appelle la zakat. Cette zakat n’est nullement un cadeau des riches, mais un droit donné aux plus démunis tels que les nécessiteux, les étudiants, les voyageurs sans le sou…).

L’Imam Rabbanî nous enseigne aussi un moyen simple et pratique de payer sa zakat. Il conseille que nous attribuions au début de l’année une certaine somme tirée de nos économies avec l’intention de satisfaire à l’obligation de la zakat et que nous la distribuions tout au long de l’année. Si un musulman donne la charité sans intention de payer la zakat annuelle, cet acte n’est pas considéré comme une zakat, mais comme un acte de charité. La richesse distribuée avec l’intention de payer la zakat est le seul moyen de satisfaire à l’obligation de la zakat. (Lettre 73).

Payer ses dettes en ce bas-monde est chose assez aisée, mais il ne sera cependant pas aisé de s’en acquitter auprès de la Cour divine. On peut en effet payer intégralement ce qui revient à autrui, mais concernant la vie d’outre-tombe, cela devient un problème plus difficile. (Lettre 73).

Le temps de la jeunesse est celui le plus propice pour accomplir des œuvres pies. Le croyant emprunt de sagesse ne gaspille pas cette période de la vie, car il n’est pas assuré de vivre jusqu’à un âge avancé. En supposant même qu’il puisse vivre jusqu’à un âge avancé, comment pourrait-il être sûr de posséder assez d’énergie pour s’acquitter de ses obligations ? La faiblesse due à la vieillesse peut empêcher de remplir complètement ces obligations. Il n’est certes pas difficile pour un jeune de les remplir puisqu’il a le pouvoir et l’énergie conséquente. S’il reportait, étant jeune, ses obligations (religieuses) à demain, il n’y aurait rien qui puisse justifier cela. (Lettre 73).

l’Imam Rabbanî donne quelques conseils intéressants en matière de procrastination (tendance à tout remettre au lendemain). Il dit que nous devons reléguer nos œuvres profanes au profit des œuvres religieuses, plutôt qu’inversement :

« Si le fait de vous occuper d’œuvres liées à la vie future vous empêche d’accomplir celles d’ici-bas, quel bonheur y a-t-il à retirer ? D’autre part, si votre engagement dans ce monde vous empêche d’accomplir vos obligations religieuses, comme cela est regrettable ! Le peu d’œuvres accomplies quand le nafs et Satan détiennent un grand pouvoir sur les désirs mondains est nettement mieux que de nombreuses œuvres pies accomplies à d’autres moments de la vie (en particulier durant la vieillesse où le nafs est plus faible). La similitude avec cette réalité est que lorsqu’un pays est attaqué par une armée puissante, le courage des soldats est grandement apprécié. Toutefois, lorsque ce même pays est en paix et qu’il n’y a aucune menace venant de l’ennemi, le courage des soldats n’est pas autant valorisé. » (Lettre 73).

Afin de donner de l’importance aux droits d’autrui et préférer les œuvres de l’au-delà à celles d’ici-bas, il nous faut être satisfait des exigences minimales de la vie.

La chose importante à retenir ici est que l’on doit abandonner tout excès de gains matériels, même s’ils sont licites, et garder seulement ce qui est le plus nécessaire. Même avec peu, le disciple doit émettre l’intention de posséder assez d’énergie pour remplir ses obligations religieuses. Par exemple, en voulant acheter un vêtement, il faut acheter suffisamment de tissu pour couvrir le corps, y compris les parties intimes, et le protéger du froid et de la chaleur. Cette mesure peut être prise dans toutes les actions admissibles. (Lettre 73).

Si ces principes édictés par l’Imam Rabbanî sont appliqués, chacun sera en mesure de servir Allah selon les besoins.

Veuille Allah nous donner l’énergie nécessaire pour Le servir et pour éliminer tous les sentiments négatifs existants.

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