Comment avoir un cœur libre et sain

Mar 13, 2019 par

Osman Nuri Topbaş

 

Notre Créateur nous accorde d’innombrables moyens pour atteindre le salut en ce monde ; et à l’intérieur de celui-ci, il existe une sagesse divine qui nous met à l’épreuve. Les Livres divins, les Prophètes et les Amis de Dieu invitent l’humanité à la Vérité et, par conséquent, au Paradis en qualité d’ambassadeurs de la Divine Réalité. Notre Seigneur dit :

 

« Dieu appelle à la demeure de la paix et guide qui Il veut vers un droit chemin. » (Coran, Yûnus, 10/25)

 

Toute invitation exige certaines conditions, et tout bienfait exige certaines difficultés. Notre Seigneur explique ce que sont ces difficultés :

 

« Le jour où ni les biens, ni les enfants ne seront d’aucune utilité, sauf celui qui vient avec un cœur sain. » (Coran, ash-Shuara, 26/88-89)

 

Un cœur libre est celui dont les attributs ont été pris en compte. Dieu est satisfait lorsqu’Il s’aperçoit que Ses attributs sont présents dans le cœur de Son serviteur. Afin d’être digne de l’invitation de Dieu le Tout-Puissant, en l’occurrence le Paradis et ses bienfaits éternels, nous devons nous garder des préoccupations du monde et diriger notre cœur vers Lui seul. C’est ce que nous devons faire, car Dieu veut que nous ayons un cœur libre et une âme préparée à recevoir les attributs divins.

 

Voici une parabole citée dans le Mathnawî de Mawlana Jalâl ud-Dîn Rumî :

 

« Un ami proche du prophète Joseph était venu d’une contrée lointaine afin de demeurer quelque temps avec lui. Tous deux étaient de très proches amis depuis leur enfance. Le prophète Joseph bavarda avec lui un long moment avant qu’il ne dise sur un ton humoristique :

« Alors, dis-nous ce que tu nous as apporté de ta contrée ? »

Son ami se sentit honteux car il n’avait rien à offrir à son hôte et resta perplexe jusqu’à ce qu’il lui réponde sérieusement :

 

« J’observe beaucoup de choses dans ce monde éphémère, pensant ainsi à ce que je pourrais bien faire pour toi. Pourtant, je n’ai aucune affection pour ces choses. Comment pourrais-je estimer un seul petit bout d’or par rapport à un gisement (d’or), ou comment pourrais-je considérer une seule goutte d’eau par rapport à une mer (entière) ? Je ne vois pas de semence égale à ta beauté dans tous les entrepôts d’Egypte. Tout présent que l’on t’offre devrait être aussi beau que toi. Par conséquent, de mon cœur libéré j’ai pris un miroir immaculé et brillant. Ô Joseph, tu es aussi lumineux que le soleil ! J’ai pris de mon cœur un tel miroir ; en lui, tu contempleras ta beauté et tu pourras t’admirer en t’y regardant. Je t’ai apporté ce présent afin que tu puisses voir ton beau visage dans ce miroir ainsi que les attributs de ton Seigneur, en te souvenant ainsi de moi. »

 

L’invité prit un miroir qui était placé sous son bras et l’offrit au prophète Joseph. »

 

Mawlana Jalâl-ud-Dîn Rumî a dit :

 

« Qu’est-ce que le miroir de l’existence ? Le miroir de l’existence est non-existence. Ô Amoureux de Dieu ! Si tu n’es pas un fou, saisis la non-existence à la présence de ton Seigneur. »

 

« Les nuages dans le ciel, ainsi que l’eau de la mer ne possèdent pas de couleur qui leur soit propre. Ce qui leur donne leur couleur, c’est le soleil qui brille dans le ciel. Le sujet ici est de passer de la multitude à l’unité, et de sa propre couleur à celle de Dieu. Ainsi, vous feriez mieux de vous dépouiller de votre moi pour que vous vous dirigiez vers le néant. Vous verriez alors les attributs divins refléter dans votre cœur.

Si vous désirez que Dieu devienne votre ami, vous devez savoir que vous ne pouvez pas vous présenter devant votre ami sans un présent à lui offrir. Se présenter devant ses amis sans présent, c’est comme se rendre au moulin sans blé. »

 

Dieu le Tout-Puissant demandera à Ses serviteurs le Jour du Jugement :

 

« Qu’as-tu pour Moi ? »

 

Et Il ajoutera :

 

« Vous êtes venus à Moi, seuls, sans rien apporter avec vous, comme Nous vous avons créés. Dites-moi quelles sont les choses dont vous disposez pour le Jour du Jugement ? Ne savez-vous pas que dans l’au-delà chacun devra Me faire face ? N’avez-vous pas pris au sérieux ce que disait le Coran au sujet du Jour du Jugement ? »

 

« Ô humain, (être) parfait ! Ô, celui qui a été créé dans la meilleure forme ! Comment oses-tu te présenter devant Dieu les mains vides ?

 

Ô humains ! Préparez-vous à vous tenir devant Dieu. Tâchez de dormir moins, de manger moins et de boire moins. »

 

Les êtres humains doivent réaliser leur impuissance devant la grandeur et l’omnipotence de Dieu. C’est notre Seigneur qui a créé toute chose, en conséquence Il est supérieur à tout. Tout présent que nous Lui prenons existe déjà dans Son incomparable trésor. Notre Seigneur est la Beauté Absolue. Il est la Source de toute chose belle. Ainsi, la chose la plus précieuse est un cœur sain dans lequel les attributs divins sont reflétés. Le meilleur présent que nous pouvons offrir à Dieu le Tout-Puissant est un cœur sans entrave.

 

Alors, comment peut-on devenir si insouciant et vouloir asservir cette précieuse entité, notre cœur, aux amours erronés et éphémères ? Peut-il y avoir de catastrophe plus grande que la pollution du cœur ? Les désirs mondains sont-ils l’unique moyen d’obtenir la satisfaction divine ?

 

Un cœur libre est comme une cloche de verre où brille la lumière de la foi. Et avec cette lumière de la foi dans le cœur, tout croyant est en mesure de faire la distinction entre le bien et le mal, entre ce qui est autorisé ou non autorisé dans la religion. Un des Compagnons du Prophète (pbsl), qui était un bon exemple en la matière, a déclaré :

 

« Un jour, je vins auprès du Prophète ; celui-ci me dit :

 

– Es-tu venu me demander ce que signifie la bonté ?

 

« Oui, Messager de Dieu, répondis-je.

 

Et il me dit ensuite ces paroles :

 

– Consulte ton cœur. La bonté est quelque chose que ton cœur confirme d’accomplir. Les mauvaises actions ou le péché sont des choses que ton cœur ne confirme pas d’accomplir, même si de nombreuses fatwas peuvent les affirmer. » (Ahmad ibn Hanbal, Musnad IV, 227-228)

 

Le Prophète (pbsl) avait donc conseillé à cet éminent Compagnon de saisir ce qui est bon et de laisser ce qui est mauvais en consultant son cœur. Par conséquent, le Prophète (pbsl) a affirmé qu’un cœur libéré de tout mal est capable de faire la distinction entre le bien et le mal, car un cœur libre est la boussole infaillible de la Vérité. Un cœur libre ne peut devenir malade que s’il est exposé à des désaccords, à des désirs ambitieux et à toutes sortes de péchés. Le Prophète (pbsl) dit à ce propos :

 

« Quand un croyant commet un péché ; un point noir se forme sur son cœur. S’il se repent immédiatement pour ce péché commis, son cœur est poli et devient clair comme avant. S’il ne se repent pas et continue de commettre ce péché, le nombre de points noirs augmente jusqu’à ce qu’ils couvrent tout le cœur. Ceci est la condition avec laquelle Dieu nous informe dans le Coran quand Il dit : « Pas du tout, mais ce qu’ils ont accompli couvre leurs cœurs. » (Mutaffifin, 83/14) ; (Tirmidhî, Tafsir, 83; Ibn Maja, Zuhd, 29; Ahmad ibn Hanbal, Musnad, II, 297)

 

Hasan al-Basri donne quant à lui les conseils suivants :

 

« Le cœur devient rouillé à cause d’une des six actions suivantes :

  1. Commettre un péché avec l’espoir de se repentir un jour.
  2. Apprendre, mais ne pas agir en conséquence.
  3. Ne pas être sincère dans les actions et les comportements.
  4. Ne pas être reconnaissant des bienfaits de Dieu à notre égard.
  5. Ne pas être satisfait de la part que Dieu a répartie entre Ses créatures.
  6. Ne pas saisir l’avertissement après l’inhumation d’un cadavre. »

 

Le cœur est affecté par les conditions avec lesquelles il est entré en contact. Si les conditions reflètent une bonne atmosphère, il reçoit une lumière glorieuse. En revanche, si les conditions reflètent une mauvaise atmosphère, il s’obscurcit.

 

On dit que la Pierre Noire qui est exposée dans le coin de la sainte Ka’ba est descendue du Paradis sur Terre. Au début, elle n’était pas noire, mais elle l’est devenue ensuite parce qu’elle a été touchée par des gens au cœur noir et rempli de péchés.[1] On dit aussi que l’autre moitié de la Pierre Noire qui, à l’intérieur, fait face à la Ka’ba est toujours blanche, tandis que la partie externe qui est touchée par les gens, elle, est noire.[2]

 

Dès lors nous devrions comprendre que si les péchés des hommes sont tellement efficaces pour changer une pierre blanche en pierre noire, ils sont aussi capables de noircir leur cœur qui serait davantage affecté. Ainsi donc, nous devons être davantage attentifs et maintenir notre cœur libre de tout mauvais effet.

 

Lorsque le cœur est couvert par les taches du péché, il devient aveugle et inattentif. À l’instar des taches présentes sur un miroir qui rendent la vue peu claire, les taches du péché rendent aveugle l’œil du cœur ; il est incapable de discerner le vrai du faux, le bien du mal. Et, avec le temps, la lumière de la foi qui apporte la vie au cœur disparaît. Par conséquent, quiconque possède un tel cœur ressemble à un cadavre dans sa tombe. Un poème présente la chose ainsi :

 

C’est la foi qui est le plus grand capital de l’homme !

C’est le cœur qui rouille qui est la plus grande charge sur l’homme !

 

Un cœur spirituellement mort perd sa capacité de discerner le bien du mal. Il commet de grands péchés sans pouvoir donner un sens à ce qu’il fait. Les paroles d’Omar ibn Abd al-Aziz soulève ce point :

 

« La violation de l’interdit, c’est comme toucher le feu. Seuls ceux dont le cœur est mort peuvent le toucher. S’ils étaient vivants, ils sentiraient la douleur. »

 

Les êtres humains sont particulièrement insouciants quant aux questions morales et spirituelles, hormis celles qui ont trait à ce monde transitoire. Le pire exemple d’insouciance, c’est de ne ressentir aucune peine pour ses actes mauvais ou coupables. Wahb ibn Munabbih articule ce point de manière très efficace :

 

« Les êtres humains sont tellement étranges ! Ils pleurent pour ceux qui sont morts physiquement, mais pas pour ceux qui sont morts de cœur et d’esprit. Considérant que la véritable mort est celle du cœur, pas celle du corps ! »

 

C’est pourquoi les Amis de Dieu conseillent aux gens d’être attentifs à leurs déficits spirituels et à leur au-delà, et non aux choses qui sont liées à ce bas-monde matériel.

 

De tels conseils suscités par les Amis de Dieu permettent de nettoyer la rouille qui s’est déposée avec le temps sur les cœurs. Leur force spirituelle est telle qu’elle ne peut être reçue que par ceux dont les cœurs ont été scellés par la colère divine. Ceux-ci ne peuvent pas recevoir la Réalité puisque leurs cœurs ont été assombris par les péchés qu’ils ont commis.

 

Abû Turab al-Naqshabî a dit :

 

« Trois signes montrent qu’un cœur a été assombri :

  1. Un tel cœur n’a plus conscience de commettre des péchés.
  2. Un tel cœur ne prend plus plaisir à la prière.
  3. Un tel cœur ne prend plus aucun conseil au sérieux. »

 

Nous sommes censés adopter les Livres divins, les Prophètes et les conseils des Amis de Dieu ; ils nous ont été donnés dans le but que notre condition spirituelle soit exposée.

 

Mawlana Jalâl ud-Dîn Rumî a dit :

 

« Celui qui demeure attaché à ce monde, qui n’a aucun rapport avec les fidèles pieux et les hommes (attachés à) Dieu et qui suit les sollicitations de son ego est considéré comme mort, même s’il est physiquement vivant. »

 

Selon un récit d’Abû Umamah, le Prophète (pbsl) a dit :

 

Luqman (sur lui la paix) avisa son fils de la manière suivante :

 

« Reste dans le cercle de ceux qui possèdent la connaissance et la sagesse ! Suis les conseils de ceux qui possèdent la sagesse ! Dieu le Tout-Puissant revivifie les cœurs morts avec la pluie de la sagesse de la même façon qu’il revivifie les terres mortes après la pluie. » (Haythamî, I, 25)

 

Dieu nous dit ce qu’il faut faire pour guérir un cœur malade et pour le garder spirituellement en bonne santé :

 

« Ceux qui ont cru, et dont les cœurs se tranquillisent à l’évocation d’Allah. N’est-ce point par l’évocation d’Allah que se tranquillisent les cœurs. » (Coran, Rad, 13/28)

 

Le cœur, qui est le souverain de notre existence physique, ne peut être mis au repos que lorsqu’il atteint une lumière qui différencie le vrai du faux, et ce n’est qu’ensuite qu’il peut garder les autres organes sous contrôle. C’est alors qu’il peut atteindre son statut de véritable serviteur de Dieu.

 

Les maîtres spirituels qui sont conscients de l’importance du souvenir de Dieu enseignent que nos âmes doivent être sans cesse occupées par Son souvenir.

 

Yahya ibn Muaz dit à ce propos :

 

« Renouvelez vos âmes par le souvenir de Dieu parce qu’elles peuvent facilement être induites en erreur. »

 

Il faut donc laisser derrière soi les intérêts de ce monde et pratiquer le souvenir de Dieu dans le but d’obtenir Son amour, ce qui est le chemin le plus court pour L’atteindre. Alors le cœur devient un miroir où les mystères de la Vérité sont reflétés.

 

Iyad ibn Fudayl a dit :

 

Dieu déclare quand Il se manifeste la nuit :

 

« Où sont ceux qui, durant le jour, proclament leur amour pour Moi ? Tous les amoureux ne désirent-ils pas vouloir rester seuls avec l’objet de leur amour ? Maintenant, Je garde un œil sur ceux qui se souviennent de Moi et j’éclairerai leurs yeux dans mon Paradis. »

 

On raconte que Dieu le Tout-Puissant révéla au prophète David (paix sur lui) les paroles suivantes :

 

« Ô David ! Celui qui ne se souvient pas de Moi à minuit ne M’aime pas d’un véritable amour ! »

 

Il est donc essentiel de bénéficier de la grâce de la nuit pour être un sincère et fidèle serviteur de Dieu.

 

L’un des conseils qu’Abû Bakr donna à Omar fut celui-ci :

 

« Ô Omar ! N’oublie jamais qu’il y a des devoirs que Dieu veut que nous accomplissions la nuit. Ces devoirs ne peuvent pas être accomplis pendant la journée. Il y a (certes) des devoirs à accomplir au cours de la journée. Et ces devoirs ne sont pas ceux de la nuit. »

 

On demanda à Bishri Khafi, qui était réputé pour ses longues adorations nocturnes, la raison pour laquelle il n’avait jamais cessé de les pratiquer. Ce dernier répondit :

 

« Le Prophète, dont les péchés ont été pardonnés par Dieu, avait coutume de pratiquer des adorations nocturnes, à tel point que ses pieds enflaient. Eh bien, comment puis-je dormir sans avoir la garantie que l’un de mes plus petits péchés ait été pardonné ? »

 

Le sultan des âmes, Mawlana Jalâl ud-Dîn Rumî, a dit :

 

« Ô amoureux de Dieu! Sois parmi ceux qui dorment peu la nuit et ceux qui demandent pardon au crépuscule ! Mets-toi en mouvement, même aussi légèrement qu’un fœtus dans l’utérus, de telle façon que tu puisses obtenir de nombreux bénéfices. Si tu sors de ce monde étroit et plein de détresse, à l’image de l’utérus, tu entreras dans un vaste monde.

Dans la nuit noire, il y a d’innombrables beautés. L’eau de la vie qui est devenue une amie de l’obscurité est cachée dans la nuit.

Ne viens jamais à moi avec ton impotence spirituelle ; la nuit est la nuit pour toi, mais pour moi elle est crépuscule.

Celui qui peut saisir la réalité de la nuit n’aime pas dormir ; il s’échappe du sommeil. De nombreuses âmes éclairées et d’innombrables vies s’animent la nuit ; elles ne dorment pas, mais adorent et invoquent Dieu.

La nuit est le voile de la fiancée pour que l’inconnaissable dévoile son trésor.

Comment le jour peut-il être égal à la nuit ? La nuit est pour toi semblable à un chaudron obscur parce que tu n’as pas goûté à la douceur de la nuit. Et tu n’as pas compris la véracité de la nuit… »

 

Mawlana Jalâl ud-Dîn Rumî a traduit en paroles dans son ouvrage « Al-Diwan al-Kabir » l’amour et la passion qu’il expérimenta lui-même la nuit :

 

« Ô échanson ! Remplis la coupe avec l’amour divin !

 Ne parlez pas de pain à l’ivrogne !

 Offre le vin divin aux âmes qui le désirent,

 Quoi d’autre désire celui qui nage déjà en pleine mer ?

 Remplis de vin divin la coupe, et offre-le !

 De grâce, que la nuit ne se transforme pas en jour !

 Que je puisse triompher de mon sommeil.

 Ceux qui dorment ne peuvent pas réaliser ce qu’est la nuit ![3]

 

La nuit, et en particulier le crépuscule, est un moment propice pour se rapprocher de Dieu. Nous devrions mettre à profit de tels moments. Si nous n’en profitons pas, cela signifie que nous avons le cœur insensible à cause de nos péchés.

 

Hasan al-Basri a dit :

 

« La raison pour laquelle vous ne vous réveillez pas la nuit pour adorer, c’est que vous avez certainement commis quelque péché. C’est pourquoi interrogez votre ego chaque soir. Repentez-vous à votre Seigneur afin que vous soyez en mesure de vous réveiller au milieu de la nuit. Les adorations nocturnes deviennent une charge pour celui qui est vaincu par ses péchés pendant le jour. »

 

Afin de pouvoir bénéficier du goût spirituel de la nuit, il faut se garder de commettre des péchés pendant la journée et transporter la grâce du crépuscule toute la journée.

 

Quelqu’un demanda une fois à Ibrahim Ethem ce qu’il fallait accomplir pour se réveiller la nuit en vue des adorations nocturnes. Celui-ci lui répondit :

 

« Si vous ne vous êtes pas rebellés contre Dieu au cours de la journée, Il vous aidera à vous tenir en Sa présence pendant la nuit. C’est un grand privilège que d’être en Sa présence pendant la nuit. Les pécheurs ne peuvent en aucun cas obtenir ce privilège ! »

 

Bien sûr, l’adoration doit être effectuée en toute vigilance. Ibn ‘Abbas a dit à ce propos :

 

« Deux unités de prière effectuées avec vigilance ont plus de valeur que passer toute une nuit en prière en ayant un cœur insouciant. »

 

Quant à Abû al-Darda :

 

« Une heure de méditation a plus de valeur que quarante jours de prières surérogatoires. »

 

Par conséquent, il est clair que les prières sont seulement valables et acceptables que lorsqu’elles sont effectuées en toute vigilance et respect. C’est ce caractère qui a rendu particulier les Compagnons du Prophète (pbsl) et ceux qui les ont suivis ; ils possédaient tous un cœur sensible. Abdullah ibn Mas ‘oud avait coutume de dire à ce propos :

 

« Vous priez plus que les compagnons de Dieu, cependant ils n’étaient pas préoccupés par ce monde alors que (vous) vous l’êtes, et ils étaient davantage enthousiasmés au sujet de l’au-delà. »

 

Hasan al-Basri a dit aussi :

 

« C’étaient des hommes appartenant aux Salafs (les Prédécesseurs). Ils avaient l’habitude de lire le Coran et d’adorer pendant une nuit entière. Et les gens qui étaient autour d’eux voulaient savoir ce qu’ils faisaient la nuit parce que leurs visages étaient constamment épuisés et pâles. Il y en avait d’autres aussi qui adoraient et lisaient le Coran la nuit. Pourtant, ils avaient l’air d’avoir dormi toute la nuit. Il n’y avait aucun signe de fatigue et de pâleur sur leurs visages. »

 

Les bien-aimés serviteurs de Dieu présentent donc ce caractère ; ils sont privilégiés devant leur Seigneur car ils ont un cœur sensible. Les prières ne sont acceptées devant Dieu que si elles sont accomplies avec sincérité.

 

 Puisse Dieu nous accorder la possibilité de suivre le Prophète (pbsl) ainsi que les Amis de Dieu, ses héritiers, afin que nous puissions atteindre Sa bénédiction !

 

Amin !

 

 

 

[1] Tirmidhî, Hajj, 49/877.

 

[2] Voir Sa’id Bektaş, Fadlu’l-Haceri’l Esved ve Makami Ibrahim, p.36-38, Beyrouth, 1420 ; Muhammad Ilyas Abdülgani, Tarihu Mekkete’l Mükerrameti Kadimen ve Hadisen, p.43, el-Medinetu’l-Muneverre, 2001.

 

[3] Al-Diwan al-Kabir, traduit par Emin Işık, Professeur émérite, Faculté de Théologie Marmara, Istanbul.

 

 

 

Articles liés

Tags

Partager

Exprimez-Vous