Cet évangile est un autre évangile

Mar 13, 2019 par

Ali Rıza Temel

Barnabé était une personnalité de la première période de l’ère chrétienne. Il était membre d’une famille juive chypriote issue de la lignée de Lévi. Son véritable nom était Joseph. Même si la question relative à son appartenance ou non au cercle des disciples de Jésus reste un sujet polémique, néanmoins dans les premières pages et dans plusieurs passages de l’évangile qu’il a rédigé, il ressort qu’il fut l’un de ses disciples. Qui plus est, dans les mêmes passages, figure la réponse que Jésus lui avait adressée quand ce dernier lui avait posé une question.

On trouve le nom de Barnabé répété plusieurs fois dans le chapitre intitulé « les travaux des prophètes » tiré du livre « kitab-i Mukades », notamment au passage où il est stipulé « qu’à Antioche et Jérusalem il travailla fortement à l’expansion du christianisme ».

Luc était connu pour être un « homme de bien, imprégné de la foi inspirée de Barnabé ». Jusqu’en 325 de notre ère, l’évangile de Barnabé fut reconnu par les églises d’Alexandrie comme étant un évangile authentique. Malgré cela, le consul de Nicée (aujourd’hui Iznik en Turquie) décida de le supprimer car il considérait comme œuvre inventée tout évangile autre que les quatre reconnus et choisis. Lorsqu’on compare l’évangile de Barnabé avec les autres, ayant recours pour cela à l’approche des faits, à la méthodologie et au recueil des véritables informations qui en sont issues, il ressort que cette œuvre est la plus véridique quant à son reflet sur Jésus et son époque.

S’inspirant de certains emprunts tirés de cet évangile qui évoque la croyance en Dieu conformément au principe du tawhid (unicité divine) et qui dévoile en même temps d’une manière très nette l’avènement du Prophète Muhammad (pbsl), réfutant par ailleurs toute idée de divinité de Jésus, nous voulons montrer que ce dernier a prêché les mêmes vérités que les autres prophètes.

Voyons d’abord ce qu’a répondu Jésus à Philippe au sujet de la croyance en l’unicité divine quand ce dernier lui a demandé « nous voulons connaître Dieu » :

« Dieu est un bien sans lequel il n’y a pas de bien. Dieu est un être sans qui rien n’existe. Dieu est une vie sans qui rien ne vit. Il est si grand qu’il remplit tout et qu’il est partout. Il est le seul qui soit sans égal. Il n’a pas eu de commencement et il n’aura jamais de fin, mais il a donné commencement à tout et à tout il donnera fin. Il n’a ni père, ni mère, ni enfants, ni frères, ni compagnons. Et comme il n’a pas de corps, il ne mange pas, il ne dort pas, il ne meurt pas, il ne marche pas, il ne se meut pas, mais il demeure éternellement, sans ressemblance humaine, car il est incorporel, sans composition, immatériel, d’une substance parfaitement simple. Il est si bon qu’il aime seulement la bonté. Il est si juste que lorsqu’il punit ou pardonne, on ne peut pas le reprendre. Bref, je te le dis Philippe, ici-bas tu ne peux ni le voir, ni le connaître parfaitement, mais dans son royaume, tu le verras pour toujours. En lui consiste toute notre félicité et notre gloire ! » (Barnabé, 17)

Nous pouvons d’emblée remarquer que la définition de Dieu n’a rien d’incompatible avec celle énoncée dans le Coran et que ces expressions sont exactement conformes à de nombreux versets coraniques. Ce sont pratiquement les mêmes expressions que l’on trouve dans le verset nommé « Ayat al-Kûrsî » et la sourate al-Ihlas. Alors qu’au 27ème chapitre de l’évangile de Barnabé est narrée la discussion entre Abraham et son père au sujet de Dieu, l’évènement suivant s’y déroule : « Combien y a-t-il de dieux, ô père ? » demanda Abraham. « Il y en a une infinité, mon fils » répondit le vieillard. « Père, dit alors Abraham, que ferai-je si je sers un dieu et qu’un autre veuille me faire du mal parce que je ne le sers pas ? Une discorde s’élèvera certainement entre eux et il y aura la guerre parmi les dieux. Mais si par hasard le dieu qui me veut du mal tue mon Dieu, que ferai-je ? Il me tuera certainement moi aussi ! »

Ces expressions conduisent aux versets coraniques suivants :

« Allah ne S’est point attribué d’enfant et il n’existe point de divinité avec Lui ; sinon chaque divinité s’en irait avec ce qu’elle a créé et certaines seraient supérieures aux autres. (Gloire et pureté) à Allah ! Il est supérieur à tout ce qu’ils décrivent. » (al-Mu’minun 23/91)

« S’il y avait dans le ciel et la terre des divinités autres qu’Allah, tous deux seraient certes dans le désordre. Gloire donc à Allah, Seigneur du Trône ; Il est au-dessus de ce qu’ils lui attribuent ! » (an-Anbiya 21/22)

Dans le chapitre 28 de l’évangile de Barnabé, le dépôt de la hache sur l’épaule de la grande idole opéré par Abraham après qu’il eût détruit les autres idoles et l’engagement des Babyloniens de se saisir de lui à cause de cet acte et sa totale négation d’une quelconque qualité divine qu’on attribuait aux étoiles, à la lune et au soleil, constituaient dans leur totalité des expressions conformes à ce qui figure dans le Coran à ce sujet. Nous trouvons l’expression suivante au chapitre 208 : « Vive Dieu ! Abraham aima tellement Dieu que non seulement il mit en pièces les fausses idoles et qu’il abandonna son père et sa mère, mais il voulut tuer aussi son propre fils pour obéir à Dieu. »

On remarque dans l’évangile de Barnabé que Jésus s’était violemment opposé à ceux qui l’appelaient « Dieu (Allah) » ou « Seigneur «, allant même jusqu’à les maudire. Quand un lépreux lui avait demandé : « Mon Seigneur, accorde-moi la santé », il répondit : « Es-tu donc stupide ? Demande à Dieu ton Créateur en L’implorant. Lui seul peut t’accorder la santé parce que moi je suis un être humain comme toi. » (Chapitre 10)

De même il répondit ainsi à dix lépreux qui lui avaient demandé « Accorde-nous la santé » : « Hélas, pauvres que vous êtes ! Avez-vous perdu la raison pour dire « donne-nous la santé » ? Ne voyez-vous pas que je suis un homme comme vous ? Appelez Dieu qui vous a créés et Lui, qui est tout-puissant et miséricordieux, vous guérira ! » (Chapitre 19)

Le prophète Jésus exprime sa colère envers ce titre de Dieu qu’on lui octroie : « Alors Jésus éprouva une grande crainte et, tourné vers Dieu, lui dit : “Ôte-moi du monde, Seigneur, car le monde est fou. Bientôt ils m’appelleront Dieu !” Ayant dit cela, il pleurait. » (Chapitre 47)

« Que soit maudit quiconque mettra dans mes paroles que je suis le fils de Dieu. » (Chapitre 53) « Pierre répondit : “Tu es le Christ, fils de Dieu !” Jésus se fâcha alors et le reprit avec colère : “Va-t-en loin de moi, car tu es le diable et tu cherches à m’entraîner au mal.” » (Chapitre 70)

« Jésus dit : “Vraiment vous avez commis un grand péché, ô Israélites, en m’appelant votre Dieu, moi qui suis qu’un homme. Je crains que Dieu n’inflige un grand fléau à la cité sainte à cause de cela et qu’il ne la livre à la servitude étrangère. Que soit mille fois maudit Satan qui vous y a poussé !” » (Chapitre 93)

À la suite de ce même chapitre, le prophète Jésus dit : « Je proclame à la face du ciel et je prends témoin tout ce qui habite sur la terre que je suis homme, né d’une femme, mortel, soumis au jugement de Dieu, supportant les misères du manger et du dormir, du froid et du chaud, comme les autres hommes. C’est pourquoi quand Dieu viendra juger mes paroles, il frappera comme une épée tous ceux qui croiront que je suis plus qu’un homme. »

Et au 212ème chapitre il dit : « Seigneur, Dieu fort et jaloux qui venge l’idolâtrie des pères idolâtres jusqu’à la quatrième génération, maudit à jamais quiconque contaminera l’évangile que tu me transmis en y écrivant que je suis ton fils, car moi qui ne suis que boue et poussière, serviteurs de tes serviteurs, jamais je n’ai pensé que j’étais ton bon serviteur. En effet, je ne puis rien te rendre pour ce que tu m’as donné puisque tout t’appartient ! »

Nous lisons également au chapitre 128 : « Or donc, frères, moi, un homme, poussière et boue cheminant sur la terre, je vous dis ceci : faites pénitence et reconnaissez vos péchés ! Je sais, frères, que Satan vous a trompés au moyen de l’armée romaine quand vous disiez que j’étais Dieu. »

Et au chapitre 206 : « Dieu, notre Créateur, est unique, et moi je ne suis que son serviteur, un messager de Dieu que vous appelez Messie. »

Selon l’évangile de Barnabé, le prophète Jésus a annoncé le fait qu’un prophète allait surgir après lui et qu’il avait personnellement préparé sa venue ; en cela le nom et les caractéristiques du Prophète à venir (pbsl) furent alors décrites. Voici quelques paroles parlantes que le prophète Jésus a lui-même dites à ce sujet :

« Je vous le dis en vérité, les prophètes, quand ils sont venus, n’ont apporté l’empreinte de la miséricorde de Dieu qu’à une seule nation : leurs discours ne s’adressaient qu’au peuple auquel ils étaient envoyés. Mais quand le Messager de Dieu viendra, Dieu lui donnera une sorte de sceau dans sa main, si bien qu’il portera le salut et la miséricorde à toutes les nations du monde qui recevront sa doctrine. Il viendra avec puissance sur les impies et il détruira si bien l’idolâtrie que Satan sera confondu. C’est ce que Dieu promit à Abraham en disant : “Voici que je bénirai dans ta semence toutes les tribus de la terre. Et de même que tu as mis en pièces les idoles, Abraham, ainsi fera ta semence.” Quant à moi, je suis venu dans ce monde pour préparer la voie au Messager de Dieu qui portera le salut au monde. » (Chapitre 72)

« Alors il enverra son Messager, sur la tête duquel se posera une nuée blanche. Aussi sera-t-il reconnu par un élu de Dieu et il sera manifesté par lui au monde. Il viendra avec une grande puissance contre les impies et il détruira l’idolâtrie sur la terre. Je me réjouis de ce que notre Dieu sera connu et glorifié par lui et qu’on reconnaîtra que je suis véridique. Alors il tirera vengeance de ceux qui diront que je suis plus qu’un homme. En vérité, je vous le dis, dans son enfance la lune bercera son sommeil et, devenu grand, il la saisira dans ses mains. » (Chapitre 72)

Le rôle de couverture d’ombre que joua le nuage au-dessus du Prophète (pbsl), la division de la lune en deux suite au signe du doigt, sont des miracles très connus. Pendant le voyage que le Prophète (pbsl) effectua avec son oncle à Damas, lorsque Bahira, le moine de Busra, vit le nuage en train de tourner au-dessus de notre Prophète (pbsl), il comprit aussitôt qu’il s’agissait du prophète attendu et à cet effet conseilla à Abû Talib de liquider leurs marchandises ici-même et de rebrousser chemin immédiatement. Cela pour que rien ne puisse leur arriver. Les juifs et les chrétiens croyaient bien à l’avènement d’un tel prophète, mais avaient l’espoir qu’il surgisse parmi eux. Si l’annonce relative à l’avènement de ce prophète n’était pas inscrite dans les livres (antérieurs), comment reconnaître alors sa venue et ses miracles ? Ces paroles du prophète Jésus sont, à cet effet, particulièrement percutantes :

« Jésus répondit : “Vive Dieu en présence de qui se tient mon âme, je ne suis pas le Messie qu’attendent toutes les tribus de la terre, comme Dieu l’a promis à notre père Abraham en disant : “Dans ta semence, je bénirai toutes les tribus de la terre ! Mais quand Dieu m’enlèvera du monde, Satan suscitera de nouveau cette maudite sédition : il fera croire aux impies que je suis Dieu et fils de Dieu, et mes paroles et ma doctrine seront si altérées qu’il restera à peine trente fidèles. Alors Dieu aura pitié du monde et il enverra son messager pour lequel il a tout fait.” » (Chapitre 96)

Il est même écrit dans cet évangile que l’indication relative à la venue de notre Prophète (pbsl) a été fournie au prophète Adam. En effet nous lisons : « Se dressant sur ses pieds, Adam vit, en l’air, une inscription brillante comme le soleil. Cette inscription disait : “Il n’y a qu’un seul Dieu, et Muhammad est le Messager de Dieu”. » (Chapitre 39)

Le prophète Jésus exprima d’une manière claire et nette le fait que tous les livres célestes avaient été falsifiés et par conséquent qu’un dernier prophète allait apparaître pour y apporter les corrections nécessaires : « Recevez comme vrai tout ce qui est conforme au livre de Moïse. Car Dieu est un, la vérité est une. En conséquence, la doctrine est une, le sens de la doctrine est un et c’est pourquoi est une aussi la foi. Je vous le dis en vérité, si la vérité n’avait pas été effacée du livre de Moïse, Dieu n’aurait pas donné le second livre à David, notre père. Et si le livre de David n’avait pas été altéré, Dieu ne m’aurait pas envoyé l’évangile, car le Seigneur notre Dieu est immuable et il a tenu un seul langage à tous les hommes. C’est pourquoi, quand le messager de Dieu viendra, il purifiera tout ce que les impies auront altéré dans mon livre. » (Chapitre 124)

Après avoir mis en exergue toutes ces vérités et preuves concernant le prophète Jésus, force est de constater qu’il ne reste plus d’autre alternative que d’y apporter foi.

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