Attention nous devenons égoïstes !

Mar 12, 2019 par

Tuba Sökmen

Dans la vie sociale, nous sommes tous certainement l’épouse, la mère, l’enfant, le petit-fils ou petite-fille, la belle-fille, la belle-sœur, la tante, l’ami(e), le voisin, le médecin, le patient, le professeur ou l’élève de quelqu’un.

Selon le statut de la personne et notre degré de parenté avec elle, notre rôle dans la société se forme et nous avons des responsabilités à assumer. Que ce soit en termes de bien ou de mal, en partie ou en totalité, de façon volontaire ou avec force, ces fonctions sont remplies et des efforts sont déployés pour les accomplir.

Ces fonctions, dans le cas où elles sont accomplies à temps, volontairement et justement, et que les attentes des personnes sont prises en compte, la vie sociale peut alors fonctionner sans subir de dommages : pour cette raison, l’ordre apporte dans notre vie une richesse qui, malgré les sacrifices et la fatigue, assouvit notre âme nourrit notre sérénité.

Dans le cas où ces fonctions sont accomplies de façon banale et inconsciente, ou bien même par la force, les attentes des personnes ne peuvent être satisfaites, l’ordre social s’en trouvera endommagé. Par conséquent, des soucis seront à même d’être engendrés dans la communication, la production et le service.

Quand on prend en compte les fonctions d’un individu avec un regard plus large, il influence directement l’ordre social dans lequel il se trouve.

Pour parvenir à un ordre social et au bonheur éternel, il faut réfléchir sur l’égoïsme et ses causes de façon plus attentionnée.

Pourquoi un certain nombre d’individus luttent et contestent pour accomplir les fonctions qui leur ont été données ? Chez d’autres, il existe un bonheur et une satisfaction dans leur cœur ainsi que la sérénité. Pourquoi, sans qu’il y ait d’obligation juridique, des individus sont-ils satisfaits d’accomplir le sacrifice de leur vie pour les autres et de faire toutes sortes d’efforts ? Alors que d’autres sont malheureux à l’idée de les accomplir, ou bien ils se sentent imbéciles. Quelle en est la raison ?

Il est évident que la théologie peut apporter des réponses plus profondes, plus précieuses et ayant plus de fondement. Mais moi ici, je voudrais attirer l’attention sur un sujet différent : la conscience de la responsabilité des individus…

Pour que le sacrifice effectué par l’individu puisse engendrer des sentiments de sérénité et de satisfaction, il faut qu’il y ait eu préalablement la conscience de sa responsabilité. Chez les individus dont ce sentiment de responsabilité est acquis, en effectuant la fonction donnée, ils seront à même de se libérer de son poids tandis que ceux qui n’ont pas cette conscience ne considèrent pas la fonction à accomplir comme un devoir, mais comme une charge. Le travail accompli en tant que fonction est effectué en totalité avec soin, tandis que la fonction considérée comme une charge est effectuée sans volonté et de façon négligée.

Lorsqu’on considère l’évolution sociale de l’homme, nous nous apercevons que les fonctions prises augmentent avec l’âge. En premier lieu, il vient au monde en étant l’enfant issu de deux personnes, puis on se rend compte qu’il est le petit-fils ou le neveu d’autres personnes. Ensuite, il devient l’ami, l’élève de quelqu’un d’autre. Ces fonctions augmentent avec l’âge et le statut social puis se diversifie : en faveur des individus que nous côtoyons, nous devons accomplir des tâches et fonctions différentes.

Ici, le point le plus important c’est le sentiment de responsabilité de l’individu ; avec les rôles et les fonctions qui augmentent, cela apparaît comme une mise à jour, comme si un bâton enchanté avait tout bouleversé.

De plus, le sentiment de responsabilité doit se réaliser avec volonté et, en parallèle, avec les phases d’évolution sociale, physique et psychologique de l’individu. Un enfant qui supporte des responsabilités compatibles avec son âge peut, face aux relations en croissance et les différents rôles, accroitre des comportements conciliables et conformes. De cette façon, il est en mesure de prendre conscience du fait que dans la société il sera amené à accepter les tâches comme des fonctions et à les effectuer de la manière la plus juste.

Actuellement, l’humanité se trouve dans une phase d’égoïsme croissante, notamment à cause du capitalisme ; le point oublié étant que notre qualité de sujet doit nous inciter à accomplir toutes nos responsabilités.

Dans ce nouveau monde où les divorces augmentent, où le partage diminue, où les voisins ne se connaissent pas, où les personnes âgées sont poussées dans les maisons de retraite, où les hommes ne se prêtent plus d’argent, nos tâches humaines importantes ont été oubliées ou font même oublier.

L’homme a toujours demandé « le plus » pour lui-même : « le plus » sain, « le plus » sûr, « le plus » rassasié, « le plus » confortable, « le plus » chaud, « le plus » amusant, « le plus » beau, « le plus » éduqué, « le plus, le plus… »

Pour ces « le plus » personne n’a voulu payer la contrepartie et ensuite l’homme s’est aperçu qu’il n’était pas heureux dans ces « le plus ». Les individus qui se sont fait écraser sous le slogan du média populaire « vivez pour vous ! » ont renoncé d’eux-mêmes au bonheur. Personne n’a voulu partager ce qu’il possédait et la maladie s’est propagée rapidement. Au bout du compte, la société est devenue égoïste. Les plus grands architectes de l’égoïsme relatif aux jeunes, dont les parents et la société elle-même en subiront les conséquences, sont les parents eux-mêmes.

Les familles dont le nombre d’enfants diminue utilisent toutes leurs ressources en faveur d’un enfant unique, mettant toutes leurs possibilités à son intention plus qu’il n’en faut, supportant et accomplissant à la place des enfants des tâches que ces derniers devraient accomplir pour qu’ils ne se fatiguent pas et qu’ils ne puissent pas les accomplir entièrement en prenant tout sur eux. En réalité, ces familles sont la cause d’une jeunesse qui grandit avec égoïsme.

L’enfant qui grandit dans un cocon, qui ne voit pas la nécessité de faire des efforts, qui obtient tout ce qu’il veut sans effort, quelle est donc la chose qui peut lui éviter d’attendre de son entourage le même intérêt pendant son adolescence et sa vie d’adulte ? Une personne qui ne fait pas d’effort pour son existence, quelle conscience peut-elle avoir face à ses devoirs vis-à-vis des autres ? Au cours de son évolution un enfant conditionné pour « vivre pour lui-même », pourquoi partagerait-il son chocolat avec son camarade ?

Au sein de la structure familiale turque, la déresponsabilisation des enfants qui commence par la mère est la raison d’une génération égoïste et irresponsable.

Quelles responsabilités peuvent prendre les enfants auxquels, depuis l’enfance, on ne leur donne pas l’autorisation de manger seuls, de faire leurs devoirs seuls, de se changer, de contrôler leur hygiène, d’avoir froid ou de transpirer ?

Une génération qui grandit en se faisant mener et qui n’a pas conscience de ses besoins et de ses responsabilités, à quel niveau peut-elle être sensible aux besoins et aux attentes d’autrui ?

Au cœur de l’accroissement économique, notre pays, dont la population jeune est importante et qui aspire à un avenir plein d’espoir, est marqué malheureusement par les enfants que nous éduquons dans l’égoïsme et l’irresponsabilité.

La clé d’une société saine est sans conteste l’éducation de générations heureuses. L’individu, quand il se lève le matin, doit être heureux en allant à son travail ; peu importe les conditions dans lesquelles il travaille, il doit l’accomplir avec amour. Afin de poursuivre des relations avec son entourage, il doit faire des sacrifices, il doit trouver son emploi convenable, il doit être sensible aux attentes et besoins des gens qu’il côtoie, et éduquer des générations qui seront bénéfiques pour son environnement.

Pour ceci, il faut éduquer les enfants dans le sens de la responsabilité ; leur donner la possibilité de grandir en devenant responsables est notre tâche la plus importante. L’accroissement de la responsabilité ainsi que la discipline intérieure sont les tâches primordiales des parents et des enseignants.

Dans tous les domaines de la vie de notre enfant, la façon de lui soumettre ces choses sera en mesure de lui faire acquérir le sens de la responsabilité.

Notre réflexion se poursuivra le mois prochain où nous traiterons des diverses approches et recommandations pour gagner en responsabilité.

 

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